L’historien Claude Liauzu est décédé dans son sommeil le 23 mai dernier.
Claude Liauzu était né à Casablanca, le 24 avril 1940. Avec sa femme Josette Liauzu, également enseignante et historienne, il a enseigné dix ans en Tunisie comme coopérant. Il s’était fortement engagé pour l’indépendance de l’Algérie. De retour en France, Claude Liauzu est nommé enseignant-chercheur à l’université Denis-Diderot-Paris-VII. Parmi ses nombreux ouvrages, citons : Race et civilisation (Syros, 1992), La société française face au racisme (Complexe, 1999), Colonisation : droit d’inventaire (Armand Colin, 2004).
Claude Liauzu, avec Gérard Noiriel et Gilbert Meynier, a été l’un des initiateurs de la pétition des historiens contre la loi du 23 février 2005 concernant le «rôle positif de la présence française outre-mer» — pétition qui a réuni plus de mille historiens et enseignants. La mobilisation de l’opinion a contraint Jacques Chirac à annuler la partie de l’article 4 de la loi qui enjoignait aux enseignants de faire état du rôle positif de la colonisation française. Il a publié, en collaboration avec Gilles Manceron, La colonisation, la loi et l’histoire (Syllepse, 2006), un ouvrage qui fait le bilan de cette mobilisation.
Il a également été l’un des fondateurs du Comité de vigilance face aux usages politiques de l’histoire (Cvuh). Le président du comité, Gérard Noiriel, a déclaré que Claude Liauzu « a participé à toutes les grandes initiatives que notre comité a prises depuis deux ans. Il a beaucoup contribué à faire progresser la réflexion collective sur les usages de l’histoire.»
Son dernier combat aura été une pétition contre la création, par Nicolas Sarkozy, d’un ministère dont l’intitulé associe «immigration» et «identité nationale». L’initiative a recueilli des centaines de signatures d’historiens et d’universitaires. «Nous ne pouvons accepter qu’une campagne présidentielle se joue sur de prétendues oppositions entre immigration et identité nationale , écrivent ses auteurs. […] Plus que toute autre, la société française s’est construite à travers les immigrations, comme un creuset intégrant la pluralité, s’enrichissant d’elle. […] Chaque fois qu’on a prétendu poser les problèmes sociaux en fonction de l’obsession de la pureté des origines, cela a abouti à de graves crises, à un recul de la démocratie.»