Disons, pour donner le ton, que la « ferme Ameziane » porte assez mal son nom. Son ex-propriétaire doit dans sa tombe maudire les militaires et la postérité pour avoir perpétué son patronyme, histoire de désigner ce lieu de perdition de « l’espèce humaine » (Robert Antelme), réquisitionné pour la torture. Arrivé à la page 38, on attend toujours la ferme Ameziane dont Claire Mauss-Copeaux sème le nom comme de petits cailloux blancs. Mais dans le titre il y a bien « et au-delà …». Pour le moment, c’est la vie d’une famille algérienne qui se déroule sous sa plume. Ce livre est, après tout, un des premiers, sinon le premier livre d’histoire français de la « guerre d’Algérie » à parler vraiment « des Arabes » et à les présenter comme des égaux, c’est-à-dire n’appartenant pas à une catégorie inférieure, ainsi que le veut le code habituel de l’ex-système colonial. Pour C.M.C. (pour alléger la lecture), chez l’Arabe, l’homme surpasse le poux (p. 27). Ce n’était pas l’avis du colonisateur. Je suis frappé de constater combien cette minuscule bête, qui encombre encore aujourd’hui régulièrement les tignasses des petites têtes blondes bien propres sur elles dans les école françaises sans qu’on en ressorte un succédané de « code de l’Indigénat », comme ces petites bêtes, disais-je, marquent encore et toujours dans les récits actuels la mémoire des ex-colonisés. A telle enseigne que le recteur d’Université algérienne M. Ali Kouadria, maquisard à 16 ans près de Souk-Ahras pour cause d’injustice, peut en témoigner à la radio dans une table ronde de Radio-Algérie-Internationale (décembre 2014) dans un français des plus académiques. On pouvait, dans l’enfance d’Hadjira, aller « chez les uns et chez les autres pour les goûters », mais c’étaient les parents qui étaient racistes (p. 36). A méditer.
Le retentissement des événements de Guelma, une douzaine d’années plus tôt (p. 41-42), se fait sentir bien que l’action ne s’y déroule pas. Hadjira est de Constantine. Ces événements ont tout simplement fait tâche d’huile. Le système colonial porte bien son nom. C’est un « système » au sens systémique du terme, dans lequel des événements, des acteurs, des époques et des lieux différents entrent en interaction. C’est toute l’histoire du « temps long » ou au moins de la moyenne durée qui est ici à l’oeuvre, sous la plume d’une historienne. Malgré ce qu’affirment les mémorialistes, en particuliers les Français pieds-noirs qui, se saisissant d’un fait, se contentent d’en invoquer les causes immédiates comme le plumitif les « chiens écrasés ». Car si on ne lie pas entre eux, comme le fait au contraire C.M.C. dans ses ouvrages, la violence de guerre coloniale et les événements qui s’en déduisent, on ne peut établir l’histoire que d’un certain point de vue, étriqué et fallacieux.
C’est sans doute sans le vouloir que C.M.C. rend un hommage indirect à un des historiens militaires (note 13) – lesquels ne font pas partie de ses références favorites – qui révèle au passage que « le premier attentat »contre-insurrection » a été commis le 17 novembre 1954 [16 jours après le début de l’insurrection fatale]. Il visait un militant nationaliste du MTLD à Alger ». Les lecteurs avertis avaient pour habitude de croire ce que leur écrivaient les historiens, qui font remonter la primeur de la contre-insurrection européenne au 10 août 1956 à Alger (attentat dit de la rue-de-Thèbes). Qu’il me soit permis, à propos de l’évocation de la répression qui suivit la « grève des huit jours » du 28 janvier à Alger (p. 62) de compléter le renvoi que C.M.C. opère (en note 15) vers le quotidien local La Dépêche de Constantine d’une part, et le livre d’Ahmed Boudjériou [parent d’un chef maquisard], Mintaka 25 Constantine, d’autre part. Il me semble que, par principe, il aurait été complet de faire en outre référence à des archives, au moins françaises, pour compléter le point de vue du quotidien colonial et celui du mouvement insurrectionnel. Remarque purement formelle.
Je sais que C.M.C. se pose fréquemment comme témoin historique à charge à l’encontre de cette catégorie substantielle de la nation qu’est l’armée. Il est bon de sérier les problèmes. Elle et moi ne parlons pas des « compétences techniques » (armement, professionnalisme, endurance, etc…) qui ne nous intéressent pas – de même que la technique du boucher reste le dernier de nos soucis. Elles ne nous intéressent pas, bien que de nos jours, c’est ce qui attire les medias et l’admiration de ceux qui les regardent. Je veux simplement parler du devoir d’obéissance qui est consubstantiel à l’armée et derrière lequel s’est honteusement réfugié le pouvoir politique pour lui imposer ses tristes desseins. Les responsabilités sont au final très largement partagées et si on ne peut reprocher à un militaire d’obéir aux ordres, on doit aussi reprocher aux politiques d’antan d’en avoir abusé, et à leurs successeurs et héritiers de ne cesser de faire aujourd’hui la sourde oreille. C’est actuellement cette situation qui est blâmable et moralement condamnable. Cela reste pour moi une sorte de credo jusqu’au jour où le vrai courage aura raison. C.M.C. le sait, ayant été la première à déverrouiller les directives ministérielles et celles du haut commandement qui, on le sait, ont pu conduire à alimenter la spirale infernale de la violence de guerre en Algérie. (C.M.C., Appelés en Algérie, la parole confisquée).
C’est en page 64 que la torture fait son apparition au sens large. En experte ès décryptage de l’archive militaire, C.M.C. offre au lecteur, au détour d’une évocation de la « bataille d’Alger », un exemple de ce langage codé et falsifié où se mêlent curieusement et sans vergogne fourberie et stupidité du commandement. Je ne résiste pas au plaisir de citer la note 16 : « De récentes expériences effectuées dans certaines régions ont mis en lumière le parti qui pouvait être tiré, surtout dans les villes, d’interrogatoires poussés à fond et immédiatement exploités » (Général Dulac, responsable du 2ème Bureau de l’état-major, mars 1957). On sait que la torture fut officiellement avérée très tôt dès l’année 1955 par des rapports de hauts-fonctionnaires de la Police nationale. Cela n’a pas empêché le scribe du général Dulac d’user d’allégorie dans un très pur style scriptural. L’armée est, elle aussi, un « système » qui peut très bien tourner en circuit fermé. Ce système est critiquable et C.M.C. ne se prive pas de le faire. Pour autant, ce système autonome reçoit des ordres ou au moins des consentements tacites, écrits ou au moins oraux, du pouvoir politique civil et – cela reste pour moi une obsession – c’est ce dernier qui est en premier lieu blâmable et aujourd’hui toujours moralement condamnable. Les arguties juridiques et les diverses amnisties sédimentées entre elles ne m’arrêtent pas pour autant de penser. Je sais gré à C.M.C. d’avoir enfoncé le clou en ce sens dans la conclusion partielle (p. 73-74) du paragraphe qu’elle consacre à « Deuil et douleur : le quotidien de la guerre ». Quel titre ! Il est vrai que les archives militaires sont innombrables et que l’historien n’a qu’à montrer un peu de patience et de pugnacité pour y découvrir beaucoup de choses. Mais les archives civiles le sont beaucoup moins.
Revenons à Hadjira, car « La fuite chez tata Yamina » (p. 66) a quelque chose d’émouvant, raconté par une Algérienne qui se remémore une manifestation violente d’Européens. C.M.C. est certainement la seule à montrer – comme j’espère moi-même pouvoir le faire un jour – l’envers de la guerre d’Algérie dans le concret et au niveau des gens. Ce que ne font pas les mémorialistes pieds-noirs – ils font même le contraire – et ce que ne savent pas faire non plus la plupart des historiens français qui ne prennent pas la peine de faire émerger ce genre de témoignage. Dans ce récit d’Hadjira, ce que les mémorialistes pieds-noirs nomment habituellement la « horde fanatique et sanguinaire » d’une part et les pauvres innocents sans défense d’autre part, sont l’inverse de ceux qu’on pense.
J’apprends par une note (p. 71) – les notes de bas de page, peu nombreuses, sont en revanche très signifiantes – que « c’est le 27 août 1959, lors d’une tournée des popotes à Saïda, que le président de la République Charles de Gaulle donne enfin l’ordre d’arrêter la torture, personnellement, et de vive voix, au colonel Bigeard, mais comme il ne s’est pas préoccupé de veiller à ce que cette décision soit appliquée, le système a perduré. Quand Bigeard quitte son commandement le 29 octobre 1959, il réunit ses hommes et leur déclare : »Lorsque le Général de Gaulle et M. Delouvrier sont venus à Saïda, ils m’ont dit : ‘Plus de tortures’. Alors moi, Messieurs, je vous dis : ‘Plus de tortures mais torturez quand même’ »», cité par Gérard Périot, Deuxième classe en Algérie, 1962, p. 201 ». Notons que ce récit de 1962 peut être considéré comme un témoignage source et qu’entre les deux citations, celle empruntée à De Gaulle et celle de Bigeard, était intervenu le discours sur l’autodétermination. Le livre de C.M.C. aide à établir un parallèle entre deux mondes : le monde d’Hadjira, écrabouillée et restée par chance vivante, et celui des « écrabouilleurs ». Bigeard, général le plus décoré de l’armée française (à moins que ce ne fût Salan mais chacun de ces deux hommes pouvait rivaliser avec l’autre en matière de stupidité politique) fut ministre et député à l’Assemblée nationale, avant tout « grande gueule » et menteur jusqu’au seuil de la mort (voir une de ses dernières bravades contre Massu en 2000).
Un bref item retient l’attention (p. 74). Le détournement, le 22 octobre 1956, de l’avion de ligne Rabat-Tunis et l’arrestation d’une importante partie des hauts dirigeants politiques nationalistes, sont qualifiés de « crime d’État ». Cela invite au commentaire. La plupart des historiens s’en tiennent aux faits : un détournement d’avion et ses conditions rocambolesques. Le comment semble plus important que le pourquoi. En deux mots C.M.C. en tire immédiatement les conséquences. Quelle qu’ait été la stupidité du commandement militaire, la légèreté du secrétaire d’Etat aux forces armées et la faiblesse du chef du gouvernement, ce tragi-comique épisode démontre à l’évidence dès le début de l’insurrection, à un moment où le FLN-ALN tenait aux Français la dragée haute, le caractère voulu comme inflexible de la guerre contre-insurrectionnelle française et la fausseté des attitudes politiques de nos gouvernants. Comment des hommes au pouvoir, en train d’engager des négociations secrètes, pouvaient-ils dans le même temps faire comme si ce n’était que façade et supprimer les interlocuteurs ? Là est le « crime d’État ».
C’est à partir de la page 70 que l’on voit Hadjira s’inviter plus longuement dans le livre par la parole. On observe comme un tournant, après que C.M.C. ait planté le décor. Car ce livre est avant tout un témoignage. A partir de la page 77 on s’aperçoit que ce n’est pas une histoire de torture. C’est une histoire de militante révolutionnaire. C.M.C. a écrit pour Hadjira une micro-histoire de « la guerre d’Algérie vue par les Algériennes » (selon une terminologie empruntée à B. Stora et R. de Rochebrune).
Est-il besoin dans cette note de lecture de revenir encore une fois sur le vécu d’une captive, fût-elle détenue à la ferme Ameziane mais aussi dans plusieurs autres centres de détention de l’armée ? On se l’imagine parfaitement. On en est déjà indigné. Le plus important n’est-il pas qu’Hadjira ait été, par elle-même et avec l’aide de C.M.C., libérée de son fardeau ? En revanche, la ferme Ameziane c’est aussi l’histoire de « ce petit jeune homme, ce petit soldat… il m’avait dit… Il devait avoir mon âge à l’époque… je vois encore son visage… très jeune, assez grand, beau garçon, quoi ! On devait lui faire de la peine, il est entré dans notre écurie : »Si vous avez besoin de quelques chose, dites-le moi ». J’ai ouvert de grands yeux ! »ça vous étonne ? » »oui ! » Mais vite j’ai répondu » s’il vous plait, des ciseaux ! » »je ne peux pas… » Je l’ai interrompu : » C’est pour nous couper les cheveux… pour avoir moins de poux » » Je ne vous promets rien ». Peu de temps après, il est revenu avec une paire de ciseaux […] à la fin il a repris ses ciseaux et il est parti […] Quelques jours plus tard la porte s’est ouverte avec fracas […] je vois une brassée de baguettes fraîches qu’un soldat nous jette. C’était lui » (p. 98). Simple parenthèse historique à méditer, et hommage aux anciens Appelés du contingent, eux aussi et pour la plupart broyés par la spirale infernale de la violence de guerre.
Cela prit beaucoup de temps à Hadjira pour se débloquer. Il y eut bien sûr son retour à la ferme Ameziane, que l’on voit apparaître – d’autres diraient : enfin ! – à la page 97. Mais aujourd’hui pour nous, nous qui ne sommes pas Hadjira, la « ferme Ameziane », ou du moins la représentation que nous nous en faisons, est une coquille vide. Tout est dans le cœur d’Hadjira et de C.M.C. C’est-à-dire dans ce livre. Il a été difficile pour l’ancienne détenue de raconter. Il fallait d’abord faire remonter (p. 84) : « …des monstres […] cette puissance de tout écraser que leur pays leur donnait ». Ce sont des militaires bien sûr dont parle Hadjira. Dans cette phrase est résumée toute la violence du système colonial. Dans la bouche d’Hadjira, le « pays » c’était les Français, nous citoyens, mais surtout nos représentants ;élus et nos gouvernants ; « leur » c’était le bras armé des militaires ; « tout écraser » c’était l’image de la domination ; « puissance » c’était le maintien à tout prix de cette domination. Dans ses échanges avec C.M.C., il lui est arrivé d’être « un peu bloquée ». Alors, « tes questions m’aidaient et je me secouais ». Elle sait gré à C.M.C. d’avoir « reconstruit mon itinéraire de militante ».
Puis de la page 95 à la fin (p. 119), Hadjira parle sans discontinuer. Tout y passe, le b-a ba de la torture bien sûr, sous toutes ses formes, mais aussi les exécutions des « camarades d’infortune qu’ils abattent dans la nuit » (p. 102) et les tentatives manipulatoires – style action psy – du commandant Rodier (que C.M.C. cite nommément sans que l’on sache s’il s’agit d’un pseudonyme ainsi qu’elle avait procédé dans La Source) qui eut devant elle « une jeune fille éduquée, appartenant à une bonne famille, ayant suivi des cours au collège de jeunes-filles, et travaillant aux PTT, émancipée, moderne ! »Comment avais-je pu aider les fellaghas » ? […] »Reprenez vos études, vous auriez une bourse pour aller en France, vous pourriez suivre les cours au lycée de Nantes et passer votre bac’‘ ». Et le pompon : « C’est fou ce que vous ressemblez à ma fille ! ». L’auteur de cette fiche de lecture, qui a dépouillé près de deux-cents dossiers individuels de suspects assignés à résidence est en mesure de confirmer, non pas directement le détail de ces « entretiens psychologiques » opérés par les commandants de camps, les « officiers psychologues » et les « moniteurs psychologues » mais l’esprit qui pouvait les animer.
Hadjira est libérée à l’été 1960. Elle avait été arrêtée en mai 1959. Il serait intéressant de pouvoir connaître par quel motif et dans quelles circonstances, qu’elles soient locales ou politiques.
Dans son livre, C.M.C. a laissé Hadjira s’exprimer, comme elle « laisse le lecteur s’indigner de lui-même » (Primo Lévi). Elle l’a simplement incitée à le faire, sans la brouiller de commentaires. La première partie œuvre pour amener le témoignage, dans le style d’humanité qui caractérise l’auteur. A ce stade, Ameziane est en vue mais seulement à l’horizon. Le lecteur un peu instruit sur la guerre d’Algérie connaît déjà au moins le nom et le rôle de ce lieu. Sa localisation, pas si sûr. Sur l’ancien propriétaire, un certain M. Ameziane dont la ferme fut réquisitionnée, on aurait aimé avoir quelques renseignements. Qui était-il ? Militait-il ? Pour qui ? A-t-il été Indemnisé ? dépossédé ? Pourquoi ? Il y a une chance pour que la publicité faite à son nom, hier comme aujourd’hui, ne mérite pas une telle infamante postérité ?
La deuxième partie du livre, c’est le témoignage d’Hadjira. Brut de décoffrage et sans commentaire, mais on comprend à la fin tout le travail de C.M.C. pour parvenir, à moindre mal pour Hadjira, à l’accomplissement de ce travail d’histoire et de mémoire. Pas le travail d’écriture qui, pour un historien est en principe presque anecdotique, mais « le travail » au sens de la sage-femme.
Peut-être C.M.C. ne peut-elle pas faire autrement – dans ce livre-là – que de peu s’étendre sur la responsabilité du politique dans ce malheur général. Et de citer en permanence les soldats et les militaires ? Mais comment faire autrement puisqu’ils sont là en permanence ? Et puis ce livre n’est pas un ouvrage académique comme les autres, c’est un témoignage vivant. Il devient un document pour les historiens. Des livres académiques, les historiens du futur en feront encore et même des meilleurs que ceux d’aujourd’hui, grâce aux avancées de la recherche et de la découverte d’archives inédites. Mais des Hadjira, en chair et en os, il y en aura de moins en moins. Ainsi « Hadjira » est en passe de devenir un livre-source qui témoignera du travail de patience et d’empathie que C.M.C. aura mené avec son témoin.
Tous les récents livres de C.M.C. peuvent être estampillés « histoire et émotion ». C’est sa marque de fabrique. Ceux qui la lisent savent « d’où elle écrit ». Des scientifiques aussi éminents que Saül Friedlander (L’Allemagne nazi et les Juifs) et Germaine Tillion (Ravensbrück) se rejoignent pour dire – c’est un conseil qu’ils délivrent aux historiens – que l’historien, s’il reste tout de même forcément subjectif, doit tendre vers l’objectivité ; et que pour y parvenir, il est nécessaire pour lui d’avoir une réflexion sur lui-même, de savoir pourquoi et d’où il écrit et de le dire à ses lecteurs. C’est ce que fait C.M.C. au moyen de la citation de Jean Amery placée en exergue.
Il est regrettable que les éditeurs en mal de gros tirage fassent la fine bouche. Pourtant, on trouve chez les libraires crédules des auteurs négationnistes (discours fallacieux) et des mémorialistes peu scrupuleux (discours haineux) et dont, par pure charité, je tairai ici les noms. On se souvient des écrits sur la torture de l’Algérienne et psychologue Louisette Ighilariz aidée des journalistes Anne Nivat et Florence Beaugé il y a presque une génération. Ils avaient été rapidement éclipsés par les courageuses confessions du général Aussaresses, les timides repentirs du général Massu et les éternelles bravades du général Bigeard. Le tout ayant occupé la presse – non des moindres – et les prétoires pendant un certain temps. Ils sont à présent presque oubliés. Le livre de Hadjira et de C.M.C. en est une résurgence. Mais cette source on veut l’assécher. Le pays baigne aujourd’hui dans une atmosphère délétère de violence de guerre – ou plutôt de peur –. La guerre des autres, mais également la française, qui tue à des milliers de kilomètres des centaines ou des milliers d’innocents et qui vient périodiquement nous égratigner en représailles. La guerre en Algérie des années 50-60 est surannée. Elle n’intéresse plus que quelques femmes lucides.
Michel Mathiot
le 4 avril 2017