Béziers : l’institut Boris Cyrulnik ferme pour
“incompatibilité avec une mairie FN”
Le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui avait ouvert son deuxième Institut de la Petite enfance (IPE) de France à Béziers le 31 janvier dernier, a décidé, avec ses collaborateurs, dont Laurence Rameau et Philippe Duval, de fermer son établissement biterrois «pour incompatibilité avec une mairie Front National».
Pour rappel, la formation, reposant sur la théorie de l’attachement et destinée surtout aux professionnels de la petite enfance, était dispensée dans les locaux du Clesi, quai Port-Neuf. De nombreuses personnalités scientifiques du monde de la petite enfance se relayaient pour assurer les enseignements tout au long de l’année sous forme de séminaires.
Robert Ménard : « Cette nouvelle est stupéfiante »
Le maire de Béziers, Robert Ménard a tenu à réagir : « Cette nouvelle est stupéfiante. Stupéfiante car j’ai eu au téléphone un membre du conseil d’administration de l’IPE, structure qui se réunit dix fois l’an, lequel n’était pas au courant de ce départ ! Stupéfiante également parce que les déclarations de Mme Rameau relèvent de la diffamation. Faire un parallèle entre le soutien du FN à ma municipalité et la mort en déportation des parents de M. Cyrulnik est de la plus haute gravité. Notez que, dans le même temps, l’IPE reste à Cholet alors même que son maire a été condamné pour apologie de crime contre l’humanité pour ses propos sur Hitler et les tziganes ! Je suis donc persuadé que l’étiquette politique est un prétexte. Je n’ose imaginer qu’une personnalité du monde intellectuel telle que M. Cyrulnik puisse cautionner les déclarations de Mme Rameau. En tout état de cause, je me réserve le droit de porter plainte. »
« Difficilement compatible avec le régime politique de la ville de Béziers »
« Les parents de Boris Cyrulnik sont morts dans un camp d’extermination nazi quand il avait 5 ans. Lui a réussi à s’échapper alors qu’il avait été arrêté sur Bordeaux. Il raconte d’ailleurs tout cela dans son livre Sauve-toi, la vie t’appelle. Vous comprenez bien qu’un IPE Boris Cyrulnik est difficilement compatible avec le régime politique de la ville de Béziers », a indiqué Laurence Rameau.
Boris Cyrulnik confirme
Contacté par téléphone, Boris Cyrulnik indique « avoir pris la décision de partir de Béziers avant les résultats des élections municipales à Béziers. Je m’étais parfaitement entendu avec le Clesi et l’ancienne municipalité. Puis le fait que la mairie soit devenue FN nous a confortés dans notre décision de partir. Je partage entièrement les réponses de Mme Rameau. Ce qu’elle a dit est totalement vrai. Quant à notre présence à Cholet, le problème se pose différemment. Nous sommes accueillis depuis le début par une structure universitaire. Ce qui nous convient. Je m’en tiendrai là ».
L’IPE de Béziers a donc fermé. La nouvelle antenne régionale a ouvert à Nîmes.
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Dans l’après-midi du 1er octobre 2014, le site internet du Nouvel Observateur publiait une mise au point de Boris Cyrulnik 1.
Il me paraît important de préciser quelques points quant au départ de notre Institut de la petite enfance de Béziers.
Notre institut est itinérant
Contrairement à ce qui a pu être écrit ailleurs, nous ne fermons pas notre institut. C’est une structure itinérante, qui a pour but de former en un an des assistantes maternelles selon la théorie
de l’attachement – la plus efficace en la matière. Il est donc dans l’ADN de notre institut de se déplacer d’année en année dans une ville différente : le Havre, Strasbourg, Nîmes, etc.
L’an passé, nous avons été invités par le maire de Montpellier 2 à nous installer chez lui. Proposition que nous avons acceptée. Les élections municipales n’avaient pas encore eu lieu, Robert Ménard n’était donc pas encore maire de Béziers.
Aujourd’hui, nous honorons notre engagement envers Montpellier 3, rien de plus. Il ne faut pas interpréter notre départ comme un rejet du mandat de Robert Ménard.
Notre projet est éducatif, pas politique
Je ne suis pas un amoureux du Front national. Le fait qu’un maire FN soit aujourd’hui à la tête de Béziers ne m’y retient pas particulièrement. Mais encore une fois, il avait été acté préalablement que nous partirions. C’est important de le dire, car nous craignons d’être engagés dans un combat qui n’est pas le nôtre. Notre projet n’est pas politique, il est éducatif. Nous œuvrons à développer l’accueil et la prise en charge de la petite enfance.
La tâche est déjà lourde : la France a besoin de 400.000 à 500.000 assistantes maternelles supplémentaires. François Hollande n’a, pour l’instant, annoncé que l’ouverture de 100.000 postes supplémentaires. C’est un progrès, mais il est encore insuffisant.
Nous restons concentrés sur notre mission, sans faire de politique.
- Référence : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1245737-mon-institut-boris-cyrulnik-quitte-beziers-non-ce-n-est-pas-a-cause-de-robert-menard.html.
- Note de LDH-Toulon : Sans doute Boris Cyrulnik confond-il Nimes et Montpellier.