La cérémonie au « mémorial des soldats héraultais morts en AFN » me laisse un goût amer.
C’est le 26 novembre 1957 que j’étais traduite devant le Tribunal Correctionnel de Montpellier, avec 5 camarades communistes, dont Gilbert Martelli qui fut plus tard, maire de notre ville. Notre crime ? Nous avions manifesté, avec des centaines d’autres pacifistes, contre l’envoi des « rappelés » en Algérie, en allant en gare de Sète, bloquer les trains de jeunes gens, partant vers la guerre, peut-être la mort, en tout cas vers l’horreur.
Et on me dit aujourd’hui que ces jeunes ont sacrifié leurs espérances de vie (et de bonheur) pour la patrie ? Qu’ils sont morts pour que « d’autres s’investissent dans un avenir de paix » (cf. Midi Libre) ? Sonnez, tambours, résonnez, trompettes ! Je ne suis pas certaine que ces jeunes « se sacrifiaient ». Je pense qu’ils ont « été sacrifiés ». Sur l’autel de la patrie ? Je ne le crois pas davantage. On les a sacrifiés à l’idéologie colonisatrice. La même qui fait écrire (cf. L’Hérault du Jour) encore aujourd’hui : Afrique « Française » du Nord. La même qui voudrait réhabiliter l’OAS. Et pourquoi pas l’usage de la torture ?
Je comprends que les familles qui ont perdu un des leurs dans cette « sale guerre » aient besoin d’un lieu pour se recueillir. Je comprends que l’on reconnaisse enfin que ces jeunes sont morts dans une « guerre » alors qu’on nous a asséné pendant des années le nom « d’évènements » d’Algérie. J’aurais aimé d’ailleurs que dans les discours on ait eu une pensée pour les morts algériens. Les souffrances des familles sont les mêmes : (leurs) « sanglots font un seul glas »(Aragon).
C’était une guerre. Mais, hélas, pas pour l’honneur de la Patrie. Et pour cette guerre comme pour tant d’autres, on peut redire avec Anatole France : « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels »… Enfin, pas seulement des industriels…
Sète, le 31 octobre 2009
Armande
Un Mémorial à Sète inauguré par la foule
« C’était une cérémonie de haute tenue. » Sincèrement ému, le préfet de Région Claude Baland a présidé hier matin, sur la Corniche à Sète, la cérémonie d’inauguration du Mémorial dédié aux 218 enfants héraultais tombés en Afrique du Nord.
Une cérémonie consensuelle qui a réuni des dizaines d’associations d’anciens combattants du Département, autant de porte-drapeaux, des personnalités politiques de tous horizons, les autorités militaires et des centaines d’anonymes souvent touchés directement par les conflits de la deuxième moitié du siècle dernier en Afrique du Nord.
Fruit de longues années de négociations, l’imposant Mémorial dévoilé par Claude Baland, le maire de Sète François Commeinhes et le président de l’association pour le Mémorial héraultais
Jacques Bousquet, est posé face à la Grande bleue sur la promenade Maréchal Leclerc non loin d’un autre monument, celui de Rose Roc érigé en souvenir des déportés de la Seconde guerre mondiale. « C’est un apport supplémentaire contre l’oubli », a indiqué le maire de Sète. « Il honore les militaires nés, résidants ou inhumés dans l’Hérault, qui sont morts dans les combats d’Algérie, du Maroc ou de Tunisie. 228 noms sont pérennisés dans l’acier », a insisté Jacques Bousquet.
Nombre d’intervenants ont également insisté sur les dizaines d’années qui sont passées avant que l’Etat ne reconnaisse la réalité de la guerre d’Algérie. Aujourd’hui, cette reconnaissance est entière. Le préfet a parlé « d’une nécessaire initiative de mémoire » pour qualifier cette cérémonie.
La cérémonie s’est achevée par la lecture des 218 jeunes héraultais morts en Afrique du Nord et à ce jour identifié par l’association pour le Mémorial, puis par un dépôt de gerbes.
- Repris du blog de Cessenon.