Voici une archive filmique rare et précieuse : un extrait de 25 minutes de la longue déposition de Jean-Luc Einaudi lors de la septième audience du procès de Maurice Papon, à la Cour d’assises de Bordeaux, le 16 octobre 1997. Un moment décisif dans le retour dans la mémoire collective française de ce crime policier raciste et colonial qu’a été la répression sanglante des Algériens de la région parisienne.
Jean-Luc Einaudi, qui a publié en 1991 La bataille de Paris, fruit d’une longue enquête auprès des témoins de l’évènement, a été appelé à témoigner par certaines parties civiles. La veille, depuis le box des accusés, l’ancien préfet de police de Paris a répété sans vergogne la version officielle de 1961 : il n’y avait eu ce 17 octobre que trois morts, dont 2 Algériens, et les milliers de manifestants raflés par la police parisienne avaient été bien contents d’être « mis à l’abri » du FLN.
Pesant soigneusement chacun de ses mots, écrasé par le poids de la responsabilité qui est alors la sienne, au cours d’une déposition exceptionnellement longue et qui fait sensation, le citoyen chercheur Einaudi a ruiné implacablement ces mensonges. Ses derniers mots sont : « Monsieur Papon voulait que la vérité ne puisse pas se faire. Finalement cette vérité a fait son chemin. Je suis venu ici en mémoire de ces victimes algériennes, enterrées comme des chiens dans la fosse commune réservée aux musulmans inconnus du cimetière de Thiais. »
Cette intervention dans le procès sur la carrière coloniale criminelle de Maurice Papon a contribué à la condamnation de ce dernier à 10 ans de réclusion criminelle pour son rôle dans la déportation des juifs de Gironde vers Drancy puis Auschwitz.
Nous faisons suivre la vidéo d’un extrait d’Ici on noya les Algériens de Fabrice Riceputi qui contextualise ce moment historique.
Extrait de Fabrice Riceputi, Ici on noya les Algériens, La bataille de Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier et raciste du 17 octobre 1961.
Préface de Gilles Manceron et précédé de « Une passion décoloniale » par Edwy Plenel. Paris, Le passager clandestin, 2021, pp 33-43, disponible en format poche (2024).
La salle d’audience de la cour d’assises de la Gironde, spécialement aménagée pour l’occasion, est bondée. Sur l’estrade qui fait face au public, outre les quatre juges et les deux avocats généraux, se trouvent les dizaines d’avocats des parties civiles, ceux de la défense, les jurés. Sur la droite, dans un box, protégé du public par une vitre blindée et un garde du corps, l’accusé. À l’extérieur, dans une autre salle également remplie de journalistes français et étrangers qui n’ont pu trouver place dans le tribunal, on retransmet les débats sur grand écran. Les audiences, comme l’avaient été celles des procès Barbie et Touvier, sont intégralement filmées.
« Derrière le président […], une grosse caméra noire a remplacé le buste de Marianne, ou l’allégorie de la Justice, qui, dans les salles d’assises, préside traditionnellement les débats. À Bordeaux les audiences quotidiennes seront toutes filmées et les cassettes rejoindront chaque soir les archives sous escorte policière.[1] »
C’est un procès dit « pour l’histoire », le procès le plus médiatisé depuis l’après-guerre. On juge l’ancien ministre du Budget Maurice Papon pour son concours actif dans la déportation entre 1942 et 1944, alors qu’il était secrétaire général à la préfecture de la Gironde, de 1 690 juifs, en huit convois, de Bordeaux à Drancy, dernière étape avant Auschwitz.
Mercredi 15 octobre
Un peu étrangement, avant d’évoquer Vichy, il faut parler de la guerre d’Algérie. Car l’accusé dont on examine aujourd’hui comme il se doit le curriculum vitae eut, dès son recyclage dans la préfectorale d’un État républicain restauré, une activité coloniale de premier plan. En 1945, après avoir été jugé bon pour le service par une commission d’épuration, il poursuivit en effet sa carrière à la sous-direction des affaires algériennes de l’Intérieur, puis fut, à deux reprises, de 1949 à 1951 et de 1956 à 1958, préfet de Constantine. Enfin, il dirigea la préfecture de police de Paris durant les dernières années de la guerre d’Algérie, de 1958 à 1962[2]. Il ne quitta ce poste qu’en 1967.
C’est à Maurice Papon lui-même que le président Jean-Louis Castagnède demande d’abord de raconter cette partie de sa carrière, ce qu’il fait bien volontiers. C’est un homme solidement préparé, sûr de lui et pugnace, nullement sur la défensive, qui prend la parole avec autorité. À quatre-vingt-sept ans, il n’a rien perdu de sa superbe :« Une voix sûre, qui prend son temps. Une expression aisée, qui sent le passé, un phrasé impeccable, conjugué au subjonctif et où il est question de carrière que l’on « embrasse », de sentiments qui « honorent » et de « charité parentale[3]».
À plusieurs reprises, le greffier de la cour d’assises indique dans les minutes du procès les postures théâtrales ainsi que les mouvements d’humeur d’un homme habitué au commandement et souffrant mal la contradiction. Les nombreux avocats des parties civiles le questionnent rudement, tentant de le déstabiliser. Il s’agace, mais a néanmoins réponse à tout. On aborde ses activités dans l’Est algérien, haut lieu de l’insurrection nationaliste. La terrible répression du soulèvement de Sétif en mai 1945, sur laquelle il fut d’abord chargé d’informer le ministre de l’Intérieur puis dont il dut gérer les suites en 1949 ? Elle « a, dit-il, soulevé [son] cœur et [son] esprit[4]». Plus tard, en poste comme préfet Igame (inspecteur général de l’administration en mission extraordinaire) dans un Constantinois où il avait tous les pouvoirs et que l’on nommait parfois «la Paponie», ne dirigea-t-il pas contre les civils algériens une répression des plus féroces, incluant, selon nombre de témoins, rafles, tortures, exécutions sommaires ? Ayant toujours « réprouvé la torture » et les exactions, la main sur le cœur, il écarte ces accusations qui le blessent. Devenu soudainement un brin orientaliste, il va même jusqu’à déclarer son amour pour un islam si « longtemps caressé » en Afrique du Nord, indiquant fièrement que « dans les wilayas musulmanes, […], on [l]’appelait alors “le Mâhadi” ». Ce qui signifie, poursuit-il doctement, « “le maître”, mais cela voulait dire le sage, le juste, et c’est peut-être la meilleure décoration que j’ai recueillie dans ma carrière ». Visiblement satisfait par l’effet de ce cliché du paternalisme colonial, l’accusé « éteint son micro d’un geste énergique » et se rassied, note le greffier[5].
On en vient à la préfecture de police de Paris, qu’il dirigeait lors de la manifestation des Algériens[6], le 17 octobre 1961. Papon ne redoute manifestement pas d’aborder ce sujet. Il connaît par cœur la partition de sa défense, pour l’avoir déjà jouée avec succès en 1961. Il y a là au contraire, selon lui, une excellente occasion de marquer des points décisifs pour la suite de ce procès. Elle lui permet en effet de rappeler à tous quel serviteur efficace et loyal de la république gaullienne il a été après Vichy. Et combien le général de Gaulle lui-même lui a manifesté sa confiance la plus entière, le couvrant d’éloges pour avoir « tenu Paris » face au FLN. Ce qu’il a fait, assure-t-il, sans violences excessives, même s’il convient que ses agents étaient alors rendus nerveux par les récents attentats du FLN contre la police parisienne. Il n’y eut pourtant, affirme-t-il comme en 1961, que deux morts parmi les Algériens, ce qui est trop, mais doit être replacé dans le contexte de la guerre sans merci livrée par le FLN jusque sur le territoire français. Pour lui, le vilain mot de « rafle » ne saurait être employé à propos des 11 700 manifestants « appréhendés » cette nuit-là selon ses services. Il les a tout simplement « mis à l’abri » des violences éventuelles. Enfin, ajoute-t-il, croit-on vraiment que de Gaulle l’aurait maintenu à son poste à Paris de 1958 à 1967, un record depuis Lépine, si les accusations délirantes de « massacre » lancées à l’époque par des irresponsables étaient fondées[7] ?
Parmi de nombreux autres témoins de moralité de haut rang, sa défense a d’ailleurs cité Pierre Messmer. L’ancien résistant et ministre des Armées de de Gaulle viendra en personne le lendemain matin confirmer sa version des faits et lui apporter une caution inattaquable. Michel Debré et Roger Frey, respectivement Premier ministre et ministre de l’Intérieur à l’époque des faits, étant morts, « reste à l’ancien préfet de police, qui a la malchance de vivre encore à quatre-vingt-sept ans, de répondre de la République et de la France », dit l’accusé, debout depuis trois quarts d’heure, la main tendue comme au Parlement. Et d’ajouter : « La France, tant que j’aurai un souffle, je n’y laisserai pas toucher[8] ».
Dans sa chronique quotidienne du procès, le journaliste Éric Conan souligne que l’effet produit par cette audience est « catastrophique[9] ». De fait, sorti inchangé de sa naphtaline et réaffirmé avec un culot hors du commun par Maurice Papon, confirmé avec autorité par des témoins au-dessus de tout soupçon, le mensonge d’État de 1961 peut toujours, trente-six ans plus tard, se faire passer pour la vérité.
Jeudi 16 octobre
Le lendemain, selon le même chroniqueur, est « l’envers de la journée précédente, du fait d’un seul témoin[10] » : Jean-Luc Einaudi, appelé à témoigner par certaines parties civiles. Comme il le confirme au président, ce témoin, né en 1951, n’a pas vécu la guerre d’Algérie à l’âge adulte. Il est, de son métier, éducateur et non historien, mais il a écrit un livre intitulé La bataille de Paris. 17 octobre 1961, publié six ans auparavant[11].
C’est à ce titre qu’il témoigne. Les parties civiles lui ont confié une lourde responsabilité, celle d’être leur seul « témoin d’immoralité » sur la période algérienne de Maurice Papon. Elles comptent sur lui pour démontrer une continuité criminelle et dissimulatrice entre son action sous Vichy et celle qu’il mena durant la guerre d’Algérie. Elles auraient pu choisir de concentrer l’attaque sur la torture et les exactions commises dans le Constantinois, alors que Papon y dirigeait les opérations d’écrasement du nationalisme, ou encore sur la tuerie du métro Charonne, le 8 février 1962, elle aussi commise sous ses ordres. Mais c’est principalement l’évocation de la répression du 17 octobre 1961 qu’elles ont retenue pour le confondre.
Exactement dix ans auparavant, Jean-Luc Einaudi commençait son enquête. Il collectait, en sillonnant l’Algérie, des témoignages sur le passage de Papon à Constantine et sur la répression du 17 octobre 1961. L’occasion qui se présente ici à lui de faire avancer la reconnaissance du drame dont il s’est fait l’historien, pour laquelle il milite, avec d’autres, depuis 1991, est proprement inespérée. Elle ne doit pas être manquée. Jusque-là, l’éducateur n’a jamais témoigné que devant des juges pour enfants. Et, même s’il s’est longuement préparé à cette épreuve avec l’avocat Pierre Mairat, un certain « vertige », dira-t-il, le saisit alors qu’il lui faut s’avancer à la barre de cette cour d’assises intimidante et s’exprimer, à deux pas de Maurice Papon lui-même, devant la presse nationale et internationale[12].
Autorisé à parler par le président, il se lance, carrure de rugbyman et regard doux, voix grave et débit lent, solidement agrippé à la barre. Et cet homme « habité » par les faits qu’il raconte, notent les journalistes, capte rapidement l’attention de la cour et du public pour ne plus la lâcher. « Le cauchemar des victimes, écrit Sud-Ouest, est encore le sien[13]». Il se livre à une véritable « leçon d’histoire », d’une longueur et d’une densité très rarement autorisées dans un tribunal. Pourtant, nul ne l’interrompt. Les CRS eux-mêmes, signale-t-on, ont abandonné leur poste de surveillance des abords de la salle pour venir « l’écouter avec attention »[14].
Ce que relate Einaudi, bien peu en ont alors connaissance. Et c’est effroyable. Il accumule sans aucune note les dates et les heures, les lieux du drame, le nom des victimes et des témoins, les descriptions circonstanciées des violences policières, les déclarations des protagonistes. Selon lui, la vérité est bien éloignée de la version donnée la veille par Papon. Ce qu’il démontre, c’est que, le 17 octobre 1961 et les jours suivants, en plein Paris, la police française commit, avec une violence inouïe, un véritable « massacre » de manifestants algériens entièrement pacifiques. Einaudi se livre, écrit Le Monde, à une « déposition-réquisitoire [15]». La démonstration est d’autant plus accablante qu’elle s’en tient soigneusement aux faits et évite tout excès de langage. C’est sous les ordres de Papon que ce massacre «au faciès » eut lieu, rappelle-t-il. Et ce dernier ne fit rien pour l’empêcher, ni pour l’interrompre. Davantage, Einaudi cite des mots adressés alors par le préfet de police à ses agents qui sonnent comme des encouragements à utiliser les moyens les plus violents, et même à tuer. Et des agents tuèrent en effet, détaille-t-il, au pont de Neuilly, au pont Saint-Michel, sur les Grands Boulevards, au Palais des sports de Versailles, au centre d’identification de Vincennes et dans bien d’autres lieux de la banlieue parisienne. Des jours durant, la Seine et les canaux charrièrent des cadavres d’Algériens morts par balle, par strangulation, par pendaison, par noyade ou des suites de matraquage à coups de crosse ou de bidule[16].
C’est le même Papon, ajoute-t-il enfin, qui inventa la version outrageusement mensongère, défendue bec et ongles par le gouvernement Debré, restée officielle jusqu’à ce jour de 1997, soutenue la veille encore devant cette cour, selon laquelle il n’y aurait eu que deux morts algériens. Einaudi, reprenant les conclusions de son livre, évalue quant à lui le nombre des victimes de la police à « un minimum de deux cents morts, vraisemblablement autour de trois cents ». Et il conclut ainsi :
Monsieur Papon voulait que la vérité ne puisse pas se faire. Finalement cette vérité a fait son chemin. Je suis venu ici en mémoire de ces victimes algériennes, enterrées comme des chiens dans la fosse commune réservée aux musulmans inconnus du cimetière de Thiais[17].
À quelques mètres de la barre où s’est tenu Einaudi durant deux heures trente, Maurice Papon, jusqu’alors plutôt serein, accuse le coup. « Rompant [avec] sa naturelle impassibilité, l’ancien préfet tapote nerveusement la tablette de sa main droite », écrit Le Monde[18].
Au président Castagnède qui lui demande s’il veut réagir à ce qu’il vient d’entendre, le prévenu ne trouve rien d’autre à dire que sa « stupéfaction ». Il renvoie une réponse à plus tard. Son avocat, Me Varaut, a réalisé que quelque chose d’inattendu et de fort préjudiciable aux intérêts de son client venait de survenir. Selon lui, c’est un « discours politique » qui a été tenu par Einaudi. Il dénonce une manœuvre traîtresse des parties civiles. Ces dernières viennent, dit-il, d’ouvrir « un procès dans le procès ». Il doit même avouer n’avoir pas « prévu l’importance » de cette évocation du 17 octobre[19]. Commentant devant la cour cette prétendue négligence et révélant son trouble après la déposition d’Einaudi, Me Varaut a encore ces mots surprenants : « J’aurais dû le prévoir compte tenu que l’affaire de Charonne [sic] est une vieille obsession politique[20] ».
Cette confusion entre la répression du 17 octobre 1961, dont il vient pourtant d’entendre parler durant deux heures, et celle qu’il mentionne, le meurtre de neuf Français par la police lors d’une manifestation anti-OAS en février 1962, au métro Charonne, paraît aujourd’hui parfaitement incongrue dans la bouche d’un avocat posant volontiers en ténor du barreau. Mais elle est alors encore courante et fort symptomatique. Elle en dit long sur le sentiment d’impunité du notable de la Ve République. Le drame de Charonne a été abondamment commémoré par la gauche depuis 1962, au point d’incarner dans la mémoire collective, y compris dans celle de l’avocat royaliste de Papon, toutes les répressions liées à la guerre d’Algérie et opérées sur le territoire français[21].
Le 17 octobre 1961, quant à lui, a été longtemps « oublié ». Ce que ne réalisent manifestement pas encore Papon et son avocat, c’est qu’à compter de ce jour, c’en est bel et bien fini de cet oubli national sur lequel ils croyaient encore pouvoir compter. L’avocat ayant fait observer que son client est « très fatigué », l’audience est levée.
Pour la presse française et étrangère, qui s’ennuyait ferme depuis l’ouverture du procès six jours auparavant, un véritable événement vient d’avoir lieu : on a découvert d’autres cadavres dans les placards de Papon, des placards et des cadavres qui sont, cette fois, ceux de la République et non pas ceux de Vichy. Me Pierre Mairat raconte que, lorsque Jean-Luc Einaudi et lui-même sortent de la cour d’assises, ce 16 octobre 1997 en fin d’après-midi, une foule hérissée de micros et de caméras se rue vers eux et assaille de questions ce témoin qui vient d’accabler avec tant de force Maurice Papon et de mettre en lumière une tragédie « oubliée »[22]. Einaudi, plusieurs jours durant, enchaîne les interviews. Le soir même, tous les médias évoquent, parfois longuement, le drame qui vient, contre toute attente, de ressurgir à Bordeaux. Au point d’obliger le gouvernement à s’exprimer, en la personne de deux de ses ministres. Il faut, disent-ils, « faire la lumière » sur cet événement. Par un heureux hasard de calendrier, le lendemain de cette audience est le trente-sixième anniversaire du 17 octobre 1961. Il est abondamment commémoré dans la presse française.
Il en ira désormais ainsi chaque année. Tous les 17 octobre, on montrera les terribles photos d’Algériens brutalisés ou tués prises par Élie Kagan et par Georges Azenstarck, ou des images du film de Jacques Panijel, longtemps interdit, tournées dans les bidonvilles de Nanterre[23]. On publiera d’ahurissants témoignages de sauvagerie policière en plein Paris. Et l’on mentionnera, bien souvent aussi, le rôle joué par Jean-Luc Einaudi dans le retour mémoriel de l’événement.
Pour reprendre l’expression d’un auteur britannique, la République gaullienne, en commettant ce crime puis en le niant, avait fabriqué une « French memory’s bombe à retardement[24] ». Longtemps restée enfouie dans les tréfonds de la société française, cette bombe mémorielle explosa véritablement devant la cour d’assises de Bordeaux, trente-six ans plus tard. Ce 16 octobre 1997, une brèche s’est ouverte dans le mur de silence derrière lequel un consensus national avait si longtemps relégué le drame. Cette brèche ne s’est plus refermée. […]
[1] Éric Conan, Le procès Papon. Un journal d’audience, Paris, Gallimard, 1998, p. 27. Le film du procès, tourné en vertu de la loi Badinter de 1985, est conservé aux Archives nationales, sous la cote BB 30 AV Papon.
[2] Éric Conan, Le procès Papon…, op. cit., p. 26.
[3] Le film documentaire Maurice Papon, itinéraire d’un homme d’ordre (2011), d’Emmanuel Hamon, résume bien cette carrière. On peut y voir quelques brèves séquences du procès de Bordeaux.
[4] Catherine Erhel, Mathieu Aucher et Renaud de La Baume (éd.), Le procès de Maurice Papon, vol. 1, 8 octobre 1997 – 8 janvier 1998, Paris, Albin Michel, coll. « Les grands procès contemporains », 1998, p. 194.
[5] Ibid., p. 192.
[6] La « manifestation des Algériens », expression consacrée, comprit aussi des Algériennes (de même que de très rares non-Algériens). Elle fut cependant majoritairement masculine, à l’image de la population algérienne immigrée en France à cette date. Le FLN organisa les jours suivants des protestations de femmes contre les violences.
[7] Ibid., p. 198-203.
[8] Pascale Nivelle, « Maurice Papon devant ses juges », Libération, 22 octobre 1997.
[9] Éric Conan, Le procès Papon…, op. cit., p. 27.
[10] Ibid., p. 28.
[11] Jean-Luc Einaudi, La bataille de Paris. 17 octobre 1961, Paris, Seuil, 1991.
[12] Jean-Yves Guéguen, Ces hommes qui viennent du social, Paris, Dunod, 2004, p. 56.
[13] Dominique Richard, « Une leçon d’histoire », Sud-Ouest, 16 octobre 1997.
[14] Éric Conan, Le procès Papon…, op. cit., p. 28.
[15] Jean-Michel Dumay, « Les heures noires de la France ressurgissent à Bordeaux », Le Monde, 17 octobre 1997.
[16] Le bidule qui équipe alors les forces de l’ordre est une matraque en bois, souvent d’acajou, longue de près d’un mètre.
[17] Catherine Erhel, Mathieu Aucher et Renaud de La Baume (éd.), Le procès de Maurice Papon, op. cit., p. 236.
[18] Jean-Michel Dumay, « Les heures noires de la France ressurgissent à Bordeaux», art. cit.
[19] Catherine Erhel, Mathieu Aucher et Renaud de La Baume (éd.), Le procès de Maurice Papon, op. cit., p. 240.
[20] Ibid.
[21] Voir surtout le livre magistral d’Alain Dewerpe, Charonne, 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire», 2006, p. 646-669.
[22] Entretien de l’auteur avec Pierre Mairat, 25 mai 2015.
[23] Octobre à Paris (1962), de Jacques Panijel.
[24] Cette formule, titre d’un article de Richard J. Golsan («Memory’s bombes à retardement. Maurice Papon, crimes against humanity and 17 october 1961 », Journal of European Studies, vol. 28, n° 109-110, 1998, p. 153-172), est citée dans Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961. Les Algériens, la terreur d’État et la mémoire (Paris, Tallandier, 2008, réédité en poche en 2021), remarquable somme sur la répression de l’automne 1961 et son histoire mémorielle, abondamment utilisée pour écrire ce livre.