27 septembre 2004 – La deuxième Intifada palestinienne entre maintenant dans sa cinquième année. Pendant que le monde a les yeux tournés sur l’Irak, le gouvernement israélien viole en toute impunité les droits humains des Palestiniens. Les médias internationaux sont en général plus enclins à écouter le point de vue israélien. De plus, durant la dernière année, l’appui et l’implication de la communauté internationale dans le processus de paix a sensiblement diminué.
Plusieurs ont perdu espoir face à la stagnation du processus de paix d’Oslo qui semble au point mort. Depuis 1948, les Palestiniens voient la promesse d’un État palestinien disparaître peu à peu. Selon le plan Sharon, on parle maintenant de 11% de la Palestine historique qui seraient concédés aux Palestiniens. En fait, ce n’est pas un État palestinien qui se profile mais une série de bantoustans.
Les victimes s’accumulent
Depuis la visite d’Ariel Sharon à la Mosquée Haram Al Sharif en septembre 2001, plus de 4 000 Palestiniens et Israéliens ont été tués (1008 Israéliens et 3344 Palestiniens).
-82% des victimes palestiniennes étaient des civils.
-Chaque jour, deux ou trois Palestiniens sont tués par des soldats, des policiers ou des colons israéliens. Avec le même taux de mortalité, il y aurait 35 Britanniques tués quotidiennement (pour les Etats-Unis cela donnerait 157 tués par jour).
-621 des victimes étaient des enfants palestiniens de moins de 17 ans.
-411 ont été tués par balles (200 ont été atteints au visage ou à la tête).
-333 venaient de la bande de Gaza.
-Plus de 10 000 enfants ont été blessés.
-424 Palestiniens « recherchés » par l’armée israélienne ont été tués (exécutions extrajudiciaires). Lors de ces incidents, plus de 250 personnes qui étaient sur place par hasard (et qui n’avaient rien à voir avec les Palestiniens recherchés) ont été également été tuées.
Les prisonniers palestiniens
Israël continue d’utiliser la législation héritée du mandat britannique qui permet la détention sans procès pour une durée illimitée. Il y a actuellement 78 enfants palestiniens en détention. Il y a 100 femmes palestiniennes et 377 enfants palestiniens dans les prisons israéliennes. 80% des détenus sont victimes de la torture. 1
Une économie dévastée
L’économie palestinienne a subi des dégâts pour plus d’un milliard de dollars lors d’attaques de l’armée israélienne. Le PIB des territoires palestiniens a baissé de 50% depuis le début de l’Intifada. 2
L’éducation est affectée
298 écoles ont été partiellement détruites par des attaques de l’armée israélienne. 4 enfants ont été tués lorsqu’ils étaient à l’école à Gaza.
L’enjeu de l’eau
En quatre ans, le prix de l’eau a augmenté de 300% dans les territoires palestiniens. La consommation par personne ne dépasse pas 70 litres par jour. Chaque Israélien consomme cinq fois plus qu’un Palestinien. Chaque colon israélien dans les territoires occupés consomme 20 fois plus qu’un Palestinien. 200 communés n’ont pas accès à l’eau potable. L’eau potable à Gaza n’atteint pas les standards en vigueur.
La population ne peut se déplacer
Seulement en Cisjordanie, il y a 703 points de blocage. Un déplacement de Ramallah à Hébron, qui prend normalement une heure, peut durer jusqu’à 12 heures. 86 Palestiniens sont morts à cause de ces blocages, dont 30 enfants. 55 femmes ont accouché le long des check-points, dont 20 ont perdu leur enfant.
Le Mur
Le Mur est trois fois plus long et deux fois plus élevé que le Mur de Berlin. À Qalqilia, 40 000 résidents sont enfermés à l’intérieur du Mur et il faut une permission spéciale pour en sortir. Plusieurs communautés sont coupées de leurs écoles, de leurs champs, de leur travail. Il y a 11 portes dans le Mur qui ouvrent pour seulement 55 minutes par jour. Aucun changement significatif n’a été apporté au plan initial en dépit des pressions internationales.
Le désengagement de Gaza
Au début, Sharon a accepté la feuille de route avec 15 amendements imposés par son cabinet, dont le refus de cesser la construction des colonies. L’essentiel des colonies de Cisjordanie restera en place. Quant à Gaza, Sharon ne parle pas d’un retrait, mais d’un redéploiement, et promet au contraire que l’armée israélienne demeurera sur place. À Rafah, l’armée israélienne continue de détruire des maisons (6 par jour en moyenne), pour « nettoyer » la frontière avec l’Égypte.
Destruction massive de maisons3
« Depuis 1967, Israël a démoli environ 11.000 habitations palestiniennes dans les territoires occupées », dont quelque 4.000 depuis le début de l’Intifada en septembre 2000.
« 95 % n’ont rien à voir avec des raisons de sécurité », a ajouté M. Halper, précisant qu’il existait deux types de démolitions : ceux de maisons construites illégalement, faute d’autorisation par Israël, et les « punitions collectives ».
« Les destructions de maison par ordre d’un tribunal ont lieu en zone C » (sous totale administration israélienne) de Cisjordanie, soit quelque 60 % de ce territoire, où les Palestiniens se voient systématiquement refuser tout permis de construire, a-t-il indiqué.
« L’idée est de confiner les Palestiniens dans ces îlots que nous appelons zones A et B », sous contrôle administratif de l’Autorité palestinienne, a-t-il estimé.
« La seconde grande forme de démolition de maison est la punition collective », a souligné le coordonnateur de l’ICAHD, en référence aux destructions d’habitations des familles de Palestiniens impliqués dans des violences ou simplement situées dans des zones de combats.
« Cela fait partie d’une campagne active pour prendre le contrôle de tout le pays et soit en chasser complètement les Palestiniens (…) soit les confiner dans ces îlots », a-t-il ajouté.
« Ces îlots tracent les contours de ce bantoustan palestinien », parachevé par la construction en Cisjordanie d’une clôture de « sécurité » israélienne, a souligné M. Halper.
Ces derniers temps, l’armée israélienne détruit à Rafah une moyenne de six maisons par jour, afin de dégager un no man’s land entre la bande de Gaza et l’Egypte, qui permettra à Israël un meilleur contrôle frontalier. Jusqu’ici, ce sont près de 2 200 maisons qui ont été ainsi démolies dans cette seule zone.
Un calme relatif ?
Durant la dernière année, le mouvement de résistance pacifique s’est renforcé. Les attentants-suicide ont diminué 4, pas tellement à cause du Mur, mais parce que des Palestiniens ont critiqué ces actions. Mais pendant ce temps, les attaques contre les Palestiniens continuent, alors que les médias internationaux prétendent que le calme est revenu. Des dizaines de Palestiniens ont été tués, 166 seulement dans le mois de mai (19 israéliens, dont 18 soldats). Le ratio des décès est de 12 Palestiniens pour un Israélien.
Le Dr. Barghouthi a terminé sa conférence de presse en déclarant que les Palestiniens n’ont aucune raison d’arrêter de résister. « Soit nous vivons comme des esclaves, sous occupation, soit nous continuons à lutter pour notre liberté », a-t-il conclu, indiquant qu’il choisissait, bien entendu, la seconde option.
- 7 366 Palestiniens sont aujourd’hui en détention, dont 760 en détention administrative (sans accusation ou jugement) [Le Monde
du 29 septembre 2004.] - La Banque mondiale évalue à 26 % la population au chômage (10 % avant l’Intifada), 47 % vivent en dessous du seuil de pauvreté (342 euros pour une famille de six personnes), contre 20 % en 2000. [Libération du 29 septembre 2004.]
- D’après Jeff Halper, coordonnateur du Comité israélien contre les destructions de maisons (ICAHD), invité par Amnesty international pour une rencontre-débat le 29 septembre 2004. [AFP]
- 137 attentats-suicides ont été perpétrés depuis quatre ans (dont 8 par des femmes) – des dizaines ont été déjoués. 2002 en a connu 60, et 13 ont été commis en 2004.