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Après le démantèlement de la stèle OAS de Marignane

En application d'une décision rendue par le Tribunal administratif de Marseille le 7 juillet 2008, les services de la Mairie de Marignane ont fait procéder le 18 novembre 2008 à l'enlèvement de la stèle OAS présente depuis le 5 juillet 2005 au cimetière Saint-Laurent de Marignane1. Nous reprenons ci-dessous les réactions d'associations qui se félicitent de l'enlèvement d'une stèle qui n'a pas sa place sur le domaine public, et un article représentatif de la presse algérienne.
[Page mise en ligne le 20 novembre 2008, complétée le 23 novembre]

La Ligue des droits de l’Homme

Communiqué

20 novembre 2008

La Ligue des droits de l’Homme se félicite de ce que la municipalité de Marignane ait appliqué le 18 novembre la décision rendue en juillet dernier par le tribunal administratif de Marseille ordonnant le démantèlement de la stèle en hommage aux tueurs de l’OAS installée en 2005 au cimetière de la ville. Il est heureux que ce monument qui ravivait de vieilles haines ait disparu de l’espace public et que la municipalité ait annoncé son intention d’ériger à sa place une stèle à tous les morts de la guerre d’Algérie.

Il s’agit maintenant de faire de même avec le monument du cimetière de Haut-Vernet à Perpignan, édifié en 2003 et dont celui de Marignane était la copie conforme, ainsi qu’avec les plaques et autres monuments en hommage aux mêmes assassins édifiés dans des lieux publics, à Nice, Théoule-sur-Mer, Béziers et autres lieux. 


Ce qui est en cause, c’est la nécessité de ne plus s’enfermer dans des conflits d’hier et de créer les conditions de relations apaisées entre la France et l’Algérie, comme entre les Français héritiers d’histoires familiales différentes durant ce conflit.

L’ANPROMEVO et l’association Marchand-Feraoun

Communiqué commun

18 novembre 2008

Au nom de l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France, de la femme de ménage au haut fonctionnaire, de l’appelé du contingent à l’officier supérieur et au magistrat, comment ne pas s’indigner qu’il ait fallu attendre plus de trois ans et passer par des procédures judiciaires pour qu’il soit mis fin à une situation déshonorante à l’égard de la République.

Là où l’État et ses services se sont révélés, selon le cas, impuissants, défaillants, voire absents, la justice a su, en toute indépendance, rappeler qu’on ne pouvait pas impunément glorifier les membres d’une organisation criminelle, dont certaines victimes ont été citées à l’ordre de la Nation et dont l’acte de décès est revêtu de la mention « Mort pour la France ».

L’OAS a été une organisation paramilitaire, aux méthodes terroristes, qui a tenté – en vain, mais au prix de quelque 2200 victimes civiles et militaires – de s’opposer, par le putsch, la sédition armée, l’assassinat individuel, le massacre collectif, l’attentat aveugle ou ciblé, à la politique algérienne du Gouvernement, approuvée démocratiquement par les Français.

Ériger en combattants, résistants et patriotes ceux qui ont déserté et tourné contre la République les armes qu’ils en avaient reçues est inadmissible. Eriger en martyrs et en héros ceux qui ont agressé et tué des dizaines de représentants des forces de l’ordre, du monde enseignant et de l’institution judiciaire est en contradiction avec le respect de l’autorité du policier, de l’instituteur et du juge exigé des jeunes aujourd’hui.

L’application de la décision du tribunal administratif de Marseille, ordonnant le démantèlement de la stèle de Marignane, marque la fin d’un épisode honteux de ces menées révisionnistes qui n’auraient jamais dû être tolérées.

Il importe donc de poursuivre la dénonciation et obtenir l’enlèvement de ces plaques et monuments de la discorde implantés sur le domaine public à Nice, à Théoule-sur-Mer, à Perpignan, à Béziers et ailleurs. Nous appelons celles et ceux qui soutiennent cette démarche à nous rejoindre, en particulier les rapatriés dont la douleur est instrumentalisée par des individus qui ne représentent qu’eux-mêmes et n’ont d’autre objectif que la revanche au mépris d’une mémoire légitime.


Pour l’Association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

Le secrétaire général Jean-Philippe Ould Aoudia

Pour l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)

Le président Jean-François Gavoury

L’Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis

Communiqué

le 18 novembre 2008

L’ANPNPA se félicite du démantèlement de la stèle érigée à Marignane et qui prétendait honorer nervis et assassins de l’OAS du titre de Combattant et de Patriote.

Laver ainsi cette indignité ne saura pourtant faire oublier aux pieds noirs, au peuple algérien et à leurs amis combien la spirale infernale des meurtres de cette organisation terroriste fasciste a terriblement assombri la fin de la guerre de libération d’un peuple et forcé un autre à l’exil.

Laver un peu plus et un peu mieux cette indignité demande de poursuivre la dénonciation des crimes jadis commis par l’OAS, de ses complices passés et de ses chantres actuels, d’exiger l’enlèvement des autres de ces sinistres plaques ou stèles qui ont été érigées ailleurs en France, et de cultiver le respect mutuel et l’amitié entre peuples algériens et français.

Le président de l’ANPNPA, Jacques Pradel

Le MRAP salue la disparition de la stèle de la Honte

Communiqué

Paris, le 18 novembre 2008

Ce 18 novembre 2008 au matin, la stèle de la Honte érigée dans le cimetière de Marignane pour « honorer » les responsables de l’OAS condamnés à mort et exécutés, a disparu de l’espace public.

Après la décision du Tribunal Administratif de Marseille de demander son démantèlement du Cimetière, des tergiversations avaient fait craindre le pire : à savoir que cette sage mesure reste inappliquée. Sa disparition ne peut donc que réconforter tous les républicains.

Cette stèle, copie de celle de Perpignan, avait été érigée en juillet 2005, mais les réactions coordonnées de nombreuses organisations démocratiques, régionales et nationales, avaient fait obstacle à son inauguration.

Maintenant, il reste à avancer sur le même chemin afin que les autres stèles de Béziers, Théoule, Perpignan,… disparaissent à leur tour de l’espace public.
En effet, il n’est pas tolérable que des manifestations d’ »hommage » à des terroristes qui ont la mort sanglante de milliers de personnes sur la conscience et qui ont tenté de renverser la République, puissent se dérouler en présence des drapeaux sur ces monuments aussi bien que sur les tombes de tels criminels.

C’est un outrage aux symboles de la République tel que sanctionné par l’article 433-5-1 du code pénal.

La presse algérienne fait un large écho à l’enlèvement de cette stèle.

Plusieurs associations et ONG ont salué la disparition du symbole «de la honte»

Une stèle en hommage à l’OAS et aux assassins de Mouloud Feraoun démantelée à Marignane

Par Sihem Ammour, La Tribune d’Algérie, le 23 novembre 2008

Plusieurs associations et ONG ont salué le démantèlement d’une stèle érigée à la mémoire de membres de l’OAS, dont le chef du commando qui avait assassiné Mouloud Feraoun, condamnés à mort par la justice française, puis exécutés pour leurs crimes.

Ce monument provocateur avait été autorisé en 2005 par l’ex-maire de la ville, Daniel Simonpiéri, ancien membre du Front national de Jean-Marie le Pen. Rappelons que, depuis, une polémique ne cessait d’enfler autour de cette stèle où était inscrites trois dates provocatrices pour la mémoire des victimes de l’OAS, à savoir :
– celle du 6 juillet 1962 : fusillade de Roger Degueldre, responsable des «commandos delta» de l’OAS, un de ces commandos qui, le 15 mars 1962, assassina méthodiquement et de sang-froid Mouloud Feraoun et 5 autres inspecteurs de l’éducation nationale,
– celle du 7 juin 1962 : fusillade d’Albert Dovecar et Claude Piegts qui avaient participé à l’assassinat du commissaire Roger Gavoury
– et la date du 11 mars 1963 : fusillade de Jean-Marie Bastien-Thiry, l’organisateur des attentats manqués contre de Gaulle à Pont-de-Seine et au Petit-Clamart.

Lors d’un hommage rendu jeudi soir à Germaine Tillon, au Centre culturel algérien de Paris, Henri Pouillot, historien et fervent militant anticolonial, s’est dit «scandalisé» par la facilité avec laquelle ces milieux révisionnistes érigent des stèles glorifiant des actes criminels. Il s’est également interrogé : «Comment peut-on parler de Germaine Tillon sans parler de Mouloud Feraoun, de Max Marchand et de leurs collègues, assassinés, dans un centre social mis en place par cet humaniste, par les tueurs de l’OAS que certains glorifient aujourd’hui, avec la bénédiction de certains élus ?»

Le président de l’Association française pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo), Jean-François Gavoury, a affirmé que le combat mené contre «les actions révisionnistes» des anciens éléments de cette organisation criminelle s’explique par «le refus de transmettre une histoire falsifiée aux générations futures» dans un entretien publié dans la dernière livraison de l’hebdomadaire français Le Point.
Le fils du commissaire Gavoury, assassiné par la sinistre organisation criminelle, a expliqué : «Ce combat est un impératif républicain. Jusqu’en 2005, date à laquelle a été érigée la stèle de Marignane, enlevée le 18 novembre, les hommages des anciens de l’OAS aux leurs étaient plutôt discrets. J’aurais donc pu oublier tout ce drame si on n’était pas venu assassiner mon père une deuxième fois, ainsi que la mémoire des milliers d’autres victimes de l’OAS.»

La multiplication du nombre de ces monuments révisionnistes, notamment dans le sud de la France, ne cesse de susciter la colère de nombreuses associations et personnalités connues pour leur lutte contre les menées de ces nostalgiques d’un passé révolu et membres d’une organisation terroriste.

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) a salué la disparition de cette «stèle de la honte», ce qui ne peut donc que «réconforter tous les républicains». L’ONG s’oppose aussi à ce que des manifestations d’«hommage soient rendues et des stèles érigées à la mémoire de terroristes qui ont la mort sanglante de milliers de personnes sur la conscience». De son côté, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) attend désormais qu’on fasse de même avec le monument du cimetière de Haut-Vernet à Perpignan, édifié en 2003 et dont celui de Marignane était la copie conforme, «ainsi qu’avec les plaques et autres monuments en hommage aux mêmes assassins édifiés dans des lieux publics à Nice, à Théoule-sur-Mer, à Béziers et dans d’autres lieux». Soulignons toutefois que, ne s’avouant pas vaincue, l’Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française (l’Adimad), qui est à l’origine de l’édification de la stèle, a fait savoir qu’elle avait saisi le tribunal de grande instance (TGI) d’Aix-en-Provence pour «atteinte à la propriété privée». Le TGI devrait se prononcer le 2 décembre prochain. Et si le jugement est confirmé en grande instance, elle ne désespère pas de trouver une autre commune qui serait disposée à accueillir la stèle.

En revanche, Jean-François Gavoury a estimé que «le devoir de mémoire» revendiqué par les criminels de l’OAS est «une inversion des valeurs». Gavoury, qui est à l’origine du recours ayant abouti à la décision du 7 juillet dernier ordonnant le démantèlement de la stèle, a encore affirmé que «chaque fils, chaque fille, chaque veuve des victimes de l’OAS se reconnaît dans le combat que j’ai mené et qui a abouti à l’enlèvement d’un monument qui aurait dû, dès le départ, être considéré comme une menace de réécriture de l’histoire à
travers la pierre
».

Sihem Ammour

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