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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024
Au cimetière de Béziers, une stèle glorifiant des membres de l'OAS (photo Pascal Guyot)

Annulation de la cérémonie de Polop (Espagne)

D'après un article publié par le quotidien El Periódico, dans son édition du 31 mai 2014, la commune de Polop (Alicante) annule la cérémonie organisée par l'ADIMAD le 7 juin prochain : elle aurait été un hommage à peine voilé aux terroristes de l'OAS qui se sont opposés à l'indépendance de l'Algérie. Vous trouverez ci-dessous la version originale de cet article d'El Periódico, – précédée d'une traduction artisanale améliorable et suivie d'un article paru dans l'Humanité du 2 juin qui évoque les enjeux de cette affaire tout en confirmant la décision du maire de renoncer à l'hommage organisé par l'Adimad. Voir également le dossier particulièrement bien documenté d'Anne Guérin-Castell : http://blogs.mediapart.fr/blog/anne-guerin-castell/300514/cinquante-trois-ans-apres-l-oas-l-honneur-en-espagne
[Mis en ligne le 1er juin 2014, mis à jour le 2]

Polop annule l’hommage aux ultras du colonialisme français

[Traduction améliorable]

Finalement, le cimetière municipal de Polop (Alicante) n’accueillera pas la manifestation d’hommage au colonialisme prévue par des Français d’extrême droite le 7 juin. Cela a été confirmé hier à El Periódico par le maire, le socialiste Gabriel Fernández Fernández, qui a désapprouvé l’hommage après les informations publiées par notre journal sur la véritable intention de l’association qui en est à l’origine, l’Adimad, qui rassemble d’anciens membres de l’OAS, groupe armé opposé à l’indépendance de l’Algérie, considéré comme terroriste en France et auquel on attribue plus de 2000 morts.

L’événement consistait à mettre en place deux stèles rendant hommage à ceux qui se sont opposés à l’indépendance de l’Algérie et au « peuple espagnol » qui, sous le régime de Franco, a accueilli les exilés de la colonie française, parmi lesquels se trouvaient des membres de l’OAS. Toutefois, selon la convocation interne de l’Adimad, à laquelle notre journal a eu accès, il était prévu d’ajouter les noms « gravés dans le bronze » de Roger Degueldre, créateur des commandos Delta, bras armé de l’OAS ; de Jean Bastien-Thiry, organisateur d’un attentat contre le général Charles de Gaulle; et de Albert Dovecar et Claude Piegts, tous deux condamnés pour l’assassinat du commissaire central d’Alger.

L’hommage indigne les victimes de l’OAS, qui poursuivent une bataille juridique contre l’Adimad et ont accusé le maire de pratiquer un « double langage ». « Il [cet hommage] a causé un certain émoi que nous ne voulons pas entretenir », a admis Fernandez, qui maintient que l’intention du conseil municipal n’était autre qu’un geste de « reconnaissance envers les habitants de la ville et de la région qui étaient en Algérie ». Et il insiste sur le fait que le projet de l’Adimad, association présidée par Jean-François Collin, membre du Front national (FN), n’avait aucun lien avec l’extrême droite française. « Les plaques que nous avions autorisées ne disaient rien de mal, mais peut-être y avait-il, derrière, une organisation qui avait des intentions différentes, nous avons donc décidé de couper court avant que ne se créent davantage de doutes, se défend le maire.

Pression diplomatique

Fernández soutient qu’il a pris la décision sans que les autorités diplomatiques françaises ou espagnoles n’aient demandé à la municipalité de s’expliquer. Cependant, comme notre journal a pu l’apprendre, l’ambassade de France elle-même a fait savoir à la Maison de France d’Alicante que la question « préoccupait beaucoup » l’ambassadeur de France en Espagne, Jérôme Bonnafont. L’association culturelle française s’est totalement désolidarisée de l’hommage.

Esquerra Unida, qui avait demandé l’annulation du projet, a appelé le ministère de l’Intérieur au respect [respecto]. Le député EUPV-Els Verts au Congrès, Richard Sixto, a rappelé hier que ces hommages « ont été interdits en France » et que « c’était le franquisme qui avait accueilli ces groupes d’extrême-droite ». « Il ne s’agit pas d’une initiative privée, comme le soutient de façon regrettable le maire de Polop, c’est un acte politique d’hommage à l’un des terroristes reconnus coupables de l’attentat contre de Gaulle ». Sixto demande au ministre Jorge Fernandez Diaz de faire la lumière sur l’origine de l’autorisation donnée à un projet qui serait illégal de l’autre côté des Pyrénées. « Que ferait le ministre si un hommage à l’ETA était organisé en France ? » a demandé Sixto.

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Version originale

Polémico monumento impulsado por la extrema derecha1

Polop cancela el homenaje a los ultras del colonialismo francés

El alcalde socialista da marcha atrás y desautoriza el acto para despejar «dudas»

Era un tributo velado a terroristas opuestos a la independencia de Argelia

SÁBADO, 31 DE MAYO DEL 2014

Finalmente, el cementerio municipal de Polop (Alicante) no acogerá el acto de tributo al colonialismo promovido por la ultraderecha francesa para el 7 de junio. Así lo confirmó ayer a EL PERIÓDICO el alcalde de la localidad, el socialista Gabriel Fernández Fernández, que desautorizó el homenaje después de la información publicada por este diario sobre la verdadera intención de la asociación impulsora del acto, Adimad, que reúne a exmiembros de la OAS, grupo armado contrario a la independencia de Argelia considerado terrorista en Francia y al que se atribuyen más de 2.000 muertes.

El acto consistía en la colocación de dos estelas que rendían tributo a quienes se opusieron a la independencia de Argelia y al «pueblo español» que, durante el franquismo, acogió a los exiliados de la colonia francesa, entre los que había miembros de la OAS. Sin embargo, según la convocatoria interna de Adimad, a la que tuvo acceso este diario, estaba previsto añadir los nombres «grabados en bronce» de Roger Degueldre, creador de los comandos Delta, brazo armado de la OAS; Jean Bastien-Thiry, que atentó contra el general Charles de Gaulle; y Albert Dovecar y Claude Piegts, condenados ambos por el asesinato del comisario central de Argelia.

El homenaje indignó a las víctimas de la OAS, que mantienen una batalla legal con Adimad y acusaron al alcalde de utilizar un «doble lenguaje». «Se ha armado un revuelo en el que nosotros no queremos estar», admitió Fernández, que mantiene que la intención del ayuntamiento no era otra que un «reconocimiento a las personas del pueblo y la comarca que estuvieron en Argelia». E insiste en que el acto promovido por Adimad, asociación presidida por Jean François Collin, miembro del Frente Nacional (FN), no tenía vinculación con la ultraderecha francesa. «Las placas que autorizamos no decían nada malo, pero puede que haya detrás alguna organización que quiera hacer algo diferente, por eso hemos decidido cortar antes de que se sigan creando más dudas», defiende el alcalde.

PRESIÓN DIPLOMÁTICA / Fernández sostiene que tomó la decisión sin que las autoridades diplomáticas francesas o españolas requirieran explicaciones al consistorio. No obstante, según ha podido saber este diario, la embajada francesa sí hizo llegar a la Maison de France en Alicante que el asunto «preocupa mucho» al embajador francés en España, Jêrome Bonnafont. La asociación cultural francesa se desvincula totalmente del homenaje.

Esquerra Unida, que había pedido la anulación del acto, preguntará al Ministerio del Interior al respecto. El diputado de EUPV-Els Verds en el Congreso, Ricardo Sixto, recordó ayer que este tipo de homenajes «han sido prohibidos en Francia» y que «fue el franquismo quien acogió a estos grupos de extrema derecha». «No se trata de ningún acto privado, como lamentablemente aduce el alcalde de Polop, es un acto político de homenaje a uno de los terroristas condenado por el atentado contra De Gaulle». Sixto preguntará al ministro Jorge Fernández Díaz que aclare quién autorizó un acto que sería ilegal al otro lado de los Pirineos. «¿Qué haría el ministro si en Francia se organizara un homenaje a ETA?», se preguntó Sixto.

Laura L. David / Valence

Elianne Ros / Paris


Au cimetière de Béziers, une stèle glorifiant des membres de l'OAS (photo Pascal Guyot)
Au cimetière de Béziers, une stèle glorifiant des membres de l’OAS (photo Pascal Guyot)

L’Espagne face au spectre de l’OAS

par Jean-Baptiste Malet, L’Humanité du 2 juin 2014

Les autorités ont suspendu l’inauguration d’une stèle révisionniste à Polop (région d’Alicante).

«Suite à une campagne de pressions des gaullos/socialauds/cocos et ex-porteurs de valises, le maire de Polop a décidé de suspendre l’inauguration de la stèle ! » Ainsi s’insurge dans un communiqué Jean-François Collin, ex-conseiller municipal FN, ancien de l’OAS et président de l’Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus &l’Algérie française (Adimad), la vitrine légale de ces anciens terroristes.

Plus d’un demi-siècle après les accords d’Évian qui mirent fin à la guerre d’Algérie, les seniors du crime organisé concentrent désormais leurs efforts sur un intense travail de lobbying auprès d’élus locaux – qui jusqu’à présent n’étaient que français – avec pour objectif d’édifier des monuments glorifiant l’Algérie française et la lutte armée de ses partisans. Certaines stèles, comme celle de Marignane (Bouches-du-Rhône), ont fait l’objet d’intenses batailles juridiques entre l’Adimad et l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo), présidée par Jean-François Gavoury, fils du commissaire central d’Alger Roger Gavoury, assassiné par l’OAS en 1961.

Gravés dans le marbre

Mais cette fois, ce n’était pas en France mais en Espagne que l’Adimad avait l’intention d’inaugurer un nouveau monument d’hommage à ses « résistants de l’Algérie française », dans l’enceinte du cimetière municipal de Polop (région d’Alicante). L’Espagne franquiste fut un soutien inconditionnel de l’OAS, depuis sa naissance à Madrid le 11 février 1961, jusqu’à l’accueil, un an plus tard de terroristes ayant pris le chemin de l’exil pour échapper à la justice française. L’OAS est à l’origine de plus de 2500 assassinats ayant visé en particulier des fonctionnaires de la République. Plus de 3000 factieux ont été condamnés, pendant et après la guerre d’Algérie, pour avoir apporté leur concours ou leur soutien à ses actes criminels. Parmi les condamnés, 41 l’ont été à la peine capitale mais celle-ci ne s’est appliquée qu’à quatre d’entre eux. À l’encontre du lieutenant déserteur Roger Degueldre, créateur des commandos Delta, le bras armé de l’OAS ; de Claude Piegts et Albert Dovecar, assassins du commissaire Gavoury; et de Jean Bastien-Thiry, responsable de l’attentat du Petit-Clamart dirigé contre le général de Gaulle. Et c’est en quoi le mausolée ibérique souhaité par l’Adimad s’avérait cette fois plus polémique encore que les stèles jumelles d’outre-Pyrénées. Dans une lettre confidentielle que l’Humanité a pu consulter, le président de l’Adimad affirme à ses membres que : « Les noms de Roger Degueldre, Albert Dovecar, Claude Piegts et Jean Bastien-Thiry sont gravés dans le marbre de la stèle de Polop. » Une stèle qui aurait donc été, selon la jurisprudence de Marignane, illégale en France. « Ce mausolée permettra de remercier chaleureusement, le peuple espagnol pour son accueil en 1962» ajoutait le président de l’Adimad, exprimant ainsi son intention d’honorer les autorités franquistes de jadis.

Le maire socialiste recule

« Ils ont simplement demandé le permis pour cette stèle, et ils l’ont obtenu », explique Gabriel Fernandez Fernandez, le maire socialiste (PSOE) de la commune de Polop qui compte près de 4 000 habitants dont une centaine de rapatriés d’Algérie. L’édile, parfaitement informé de l’hommage prévu le 7 juin – date anniversaire de l’exécution de Dovecar et Piegts – comptait dans un premier temps y participer. «Je ne veux pas savoir s’ils sont de droite ou de gauche, je ne cherche pas la polémique. C’ est simplement un hommage à ceux qui sont tombés en Algérie, un monument pour les rapatriés de la région », affirmait-il encore avant que l’affaire ne suscite une polémique dans la presse castillane et n’embarrasse les diplomates espagnols. Tandis que la diplomatie française restait silencieuse. Bien qu’une ville espagnole s’apprêtât à rendre hommage à Bastien-Thiry qui mitrailla, le 22 août 1962, la DS du général de Gaulle, l’ambassade de France répétait à l’unisson avec les diplomates du Quai d’Orsay que « l’initiative semble être totalement privée et n’associe en aucune manière les autorités françaises ». C’est seulement samedi dernier que le maire de Polop a annoncé que l’hommage était finalement suspendu, niant avoir reçu des consignes et assurant vouloir éviter… toute polémique. Hasard du calendrier, Jorge Fernandez Dias, Ministre de l’Intérieur espagnol, est en visite officielle aujourd’hui en France pour une rencontre avec son homologue Bernard Cazeneuve. Déjà interpellé dans son pays par les forces de gauche espagnoles sur cette affaire, le ministre le sera assurément aussi par la presse. En attendant, du côté de l’Adimad, le frontiste Jean-François Collin ne décolère pas. Menaçant, il assure que son association est « déterminée à continuer son combat pour la mémoire de la résistance Algérie française et à mener à bien ses projets, déjà avancés, dans deux autres pays méditerranéens ayant accueilli en 1962 les victimes de De Gaulle Charles ». Une intention que ne contredit pas le nouveau député européen FN Louis Aliot – dont la mère est une amie intime de Jean-François Collin – qui a récemment affirmé: « L’OAS, pour moi, ce sont des héros. Ils ont été durant la guerre d’Algérie ce qu’ont été les FTP et les FFI durant l’Occupation. »

Jean-Baptiste Malet
  1. Réf : http://www.elperiodico.com/es/noticias/internacional/polop-cancela-homenaje-los-ultras-del-colonialismo-frances-3287114
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