Le dévoilement de la stèle et les dépôts de gerbes à Aix-en-Provence :
Déclaration commune de 9 organisations politiques et associatives aixoises
HONTE ET INFAMIE
Vendredi 7 juin, plusieurs centaines d’Aixois se rassemblaient devant l’IEP pour exprimer leur tristesse et leur indignation après le meurtre du jeune Clément Méric par des militants d’un groupuscule fasciste. Le même jour, Maryse Joissains, maire d’Aix en Provence inaugurait une stèle érigée en l’honneur des « combattants pour que vive l’Algérie française » auxquels elle a rendu un hommage appuyé.
Reprenant à son compte les rengaines racistes sur les bienfaits civilisateurs de la colonisation française et l‘arriération du peuple algérien “qui n’a même pas su profiter de ses ressources naturelles”, elle a légitimé, à cette occasion, l’idéologie nauséabonde des activistes de l’OAS dont les crimes ont été condamnés sans appel par l’histoire et par la République.
La coïncidence de ces deux événements jette une lumière crue sur les passerelles qui se multiplient, en France, et aussi dans notre ville, entre la droite et l’extrême droite.
Du déchaînement homophobe des anti-mariage pour tous à la résurgence des discours ouvertement racistes et xénophobes, des responsables et élus de la droite « décomplexée » font, chaque jour plus nombreux, le choix d’une radicalisation qui renforce une ultra-droite de plus en plus violente et organisée.
A l’heure où le meurtre de Clément Méric nous montre que le ventre d’où est sortie la bête immonde est toujours fécond, les Aixoises et les Aixois attachés à la Démocratie et à la République ne peuvent qu’être scandalisés et révoltés par les propos de Mme Joissains.
Aix en Provence, le 11 juin 2013
Aix Solidarité – Association des Travailleurs Maghrébins de France – Ligue des droits de l’Homme – Europe Ecologie Les Verts – Parti Communiste Français – Parti de Gauche – Partit Occitan – Parti Socialiste – Unis pour un Monde Solidaire / FASE
Perpignan : un face à face sans débordement
Hier, 50 personnes se sont opposées, en silence, à l’hommage à la stèle aux hommes “tombés pour que vive l’Algérie française”. Hier matin 9 h, à quelques pas de l’entrée du cimetière nord, les membres du Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée (PCF, NPA, LDH, Mouvement de la paix, Survie, Arac, Ancac, EELV, ANPNPA) ont déroulé deux banderoles : Non à l’hommage de la honte et Hommage à toutes les victimes de la guerre d’Algérie. C’est au cimetière du Vernet qu’a été érigée en 2003 la stèle de la discorde, en hommage “aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l’Algérie française”. De l’autre côté du rond-point, une dizaine d’hommes et de femmes venus pour honorer “la mémoire de personnes qui ont été fusillées par de Gaulle”. Au centre, pour les séparer et éviter tout débordement, alors que les deux rassemblements ont été interdits et le cimetière fermé par arrêté préfectoral, une soixantaine de gendarmes.
Deux lectures
«Nous sommes mobilisés pour protester contre la présence de cette stèle, où sont inscrits 116 noms de terroristes de l’OAS, dans un cimetière, un lieu de paix et de recueillement», explique Roger Hillel membre du Collectif. Face à lui, une autre vision de l’histoire de la guerre d’Algérie, rappelée à forte voix par Jean-Pierre Prévoteaux venu «à titre individuel en tant que Français» déposer au pied de la stèle deux roses rouges ornées du drapeau tricolore. Un geste qu’il ne pourra pas faire en cette journée symbolique, alors que la veille cette stèle a été fleurie en toute discrétion. A 11 h 30, après avoir entonné le Chant des Africains, les pro-OAS sont repartis sans avoir déposé de fleurs. Et les anti-OAS ont replié leurs banderoles. Sans heurts. Chacun ayant exprimé sa vision de cette page sombre de l’histoire. Les forces de l’ordre déployées devant le cimetière ont empêché tout contact entre les deux rassemblements.