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Édition du 1er au 15 octobre 2025

Affaires sensibles : « La première guerre d’Algérie », avec Alain Ruscio

Présentation par France culture

Lors de cette émission de Fabrice Drouelle, dans sa série « Affaires sensibles » sur France inter, diffusée le 22 sptembre 2025, l’invité était Alain Ruscio. Alain Ruscio est historien, spécialiste de l’histoire de la colonisation française. Son dernier livre, La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852, est paru en 2025 à La Découverte.

La presse de l’époque l’a raconté ; des politiques illustres l’ont dénoncé ; les auteurs s’en sont parfois enorgueillis : oui, la colonisation française de l’Algérie a été une guerre d’extermination.

A partir de 1830, et pendant une vingtaine d’années, les militaires français envoyés de l’autre côté de la Méditerranée ont expulsé, exproprié, assujetti, massacré les Algériens, 500 000 environ, au nom d’une mission civilisatrice. Cette conquête, si l’on peut dire, a été sanglante. Et publique, au sens où personne en métropole ne l’ignorait.

Près de deux siècles plus tard, un rideau est tombé sur cette guerre, celui de l’oubli. Et du déni. Mais occulter ce moment sombre ne l’efface pas de notre histoire : il en fait terriblement partie. Le rappeler déclenche aujourd’hui des cris d’orfraie parmi des politiques, qui veulent réécrire un récit pourtant factuel et étayé, ainsi que les historiens l’ont démontré.

Sources documentaires


Ecouter l’émission


« La première guerre d’Algérie : histoire d’une petite apocalypse »

sur le site de la BnF

Ci-dessous, le récit documentaire de Franck Cognard en partenariat avec rétronews.fr, le site de presse de la BnF. Alain Ruscio est interviewé dans cet article de Retronews du 28 janvier 2025 sur « La première guerre d’Algérie : histoire d’une petite apocalypse ». Propos recueillis et mis en forme par William Blanc.


De la conquête d’Alger en 1830 à la fin de la IIe République, les forces militaires françaises en présence sur le sol algérien se sont livré à des actes d’une violence inouïe, par ailleurs largement médiatisée. Récits sanglants d’une « mission civilisatrice ».

Fantôme de notre histoire, toujours là mais souvent ignorée, la conquête et la colonisation de l’Algérie reste en France un sujet mal connu, malgré de nombreux travaux universitaires. Dans une somme récente, La Première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête de résistance, 1830-1852 (La Découverte), l’historien Alain Ruscio, spécialiste du fait colonial, revient sur cet événement majeur qui a marqué les deux côtés de la Méditerranée.


Retronews : Le sujet que vous abordez est énorme. Sur quelles sources vous êtes-vous appuyé pour l’analyser ?

Alain Ruscio : Sur une multiplicité d’écrits, tant littéraires que privés, des archives, des correspondances, mais aussi des œuvres picturales (la conquête de l’Algérie a suscité nombre de peintures). J’ai également travaillé sur la presse, notamment grâce à RetroNews. Et la compulsant, j’ai d’ailleurs été surpris. Je suis habitué à étudier sur les deux guerres de décolonisation : l’Indochine (1945-1954) et l’Algérie (1954-1962), et j’ai constaté que les journaux de la IVe et de la Ve Républiques avaient beaucoup moins la volonté d’informer (et étaient bien plus sujets à la censure) que la presse de la Monarchie de Juillet.

Par exemple, pour la guerre d’Indépendance de l’Algérie, la pratique de la torture était évoquée au coup par coup – en dehors de la presse engagée. Pendant la conquête, les aspects les plus détestables de la colonisation, comme les razzias, étaient au contraire souvent exposés et pouvaient même susciter de l’indignation, voire des oppositions et des débats à la Chambre des députés et à celle des pairs.

Il y a eu ainsi des polémiques importantes au sujet des enfumades, pratique qui constituait pour des militaires français à asphyxier jusqu’à la mort des Algériens, la plupart civiles. L’enfumade des grottes du Dahra, qui a fait des centaines de victimes en juin 1845, a été documentée très rapidement. Le 17 juillet 1845, Le Constitutionnel reproduit ainsi dans ses colonnes le témoignage d’un officier espagnol qui a assisté aux faits :

« Rien ne pourrait donner une idée de l’horrible spectacle que présentait la caverne.

Tous les cadavres étaient nus, dans des positions qui indiquaient les convulsions qu’ils avaient dû éprouver avant d’expirer, et le sang leur sortait par la bouche.

Mais ce qui causait le plus d’horreur, c’était de voir des enfants à la mamelle gisant au milieu des débris de moutons, de sacs de fèves. »

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