Interrogée par BFM-TV et RMC sur le rapport américain détaillant les sévices infligés par la CIA à des personnes suspectées de terrorisme, Marine Le Pen a notamment déclaré :
« Moi, je ne condamne pas (…) Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire : “Ouh la la ! C’est mal”. »
Communiqué de l’ACAT 1
NON, MME LE PEN, LA TORTURE NE SERT À RIEN
Le 10 décembre 2014
Réagissant à la publication mardi 9 décembre du rapport du Sénat américain sur les tortures perpétrées par la CIA, Marine Le Pen, présidente du Front national, a estimé mercredi que la torture pouvait être « utile » pour lutte contre le terrorisme. L’ACAT rappelle que la prohibition de la torture est absolue et inconditionnelle, et que toute apologie de la torture doit être condamnée.
Selon Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT, « Comme sur la plupart des sujets, Marine Le Pen n’a pas la moindre idée de ce dont elle parle. Le Sénat américain a lui-même reconnu que les tortures infligées par la CIA n’ont servi à rien dans la lutte contre le terrorisme. Si Marine Le Pen croit que nous vivons dans un épisode de « 24 heures chrono « , elle se trompe. On lutte contre le terrorisme par la justice et la démocratie, jamais par la torture. »
« On a là une nouvelle preuve que le Front national ne s’embarrasse jamais de problèmes moraux. Après le racisme, la xénophobie, Marine Le Pen s’attaque à un autre fondement de l’Etat de droit : l’interdit absolu de la torture. En cette journée des droits de l’homme, Mme Le Pen fait un véritable bras d’honneur aux libertés les plus fondamentales. »
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Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94
Les explications laborieuses de Marine le Pen, accusée de vouloir « légitimer » la torture
Monde, le 10 décembre 2014
Elle se défend comme elle peut, assure avoir été mal comprise, rectifie, mais la boulette est faite, énorme. Mercredi matin 8 décembre, sur BFM-TV et RMC, la présidente du Front national réagit au rapport américain détaillant des sévices infligés par la CIA à des personnes suspectées de terrorisme et déclare : « Moi, je ne condamne pas […]. Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire : »ouh là là c’est mal ». » Aussitôt Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat à la famille, l’accuse de « légitimer la torture ». Quelques heures plus tard, l’accusée rétropédale : « J’ai dit : »on utilise les moyens qu’on peut », qu’on peut légalement utiliser », déclare Marine Le Pen, invitée de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.
La présidente du FN se justifie longuement, explique sa sensibilité au terrorisme par le fait que « avec Jean-Marie Le Pen », elle est « la seule responsable politique en France qui ait été directement victime d’un attentat terroriste quand notre immeuble a sauté avec une bombe de 20 kg de dynamite en 1976, qui a intégralement détruit l’immeuble, et qui aurait pu tuer l’intégralité de ses habitants ». Sans vouloir se déjuger, elle cherche à atténuer ses propos. Elle qualifie « d’utilisation industrielle de la torture » ce qui s’est passé à Guantanamo, juge les actes qui y ont été commis « profondément condamnables, particulièrement de la part d’un pays qui passe sa vie à donner des leçons de morale, en l’occurrence à la terre entière ».
« Angélisme »
Pour plus de clarté, Marine Le Pen ajoute encore : « La torture est interdite en France et c’est très heureux qu’il en soit ainsi. Tous les moyens mis à la disposition légalement des enquêteurs… ce sont des moyens de renseignement, ce sont des moyens de pression psychologique, parfois très fermes, à l’égard des terroristes, mais en aucun cas, le recours à la torture. Les choses sont très claires. »
Lorsqu’on lui demande pourquoi le FN s’est abstenu au Parlement européen sur un texte qui demandait l’éradication de la torture, elle se défend encore : « Nous nous sommes abstenus pas parce que nous défendons la torture, mais simplement parce que c’était encore une fois faire preuve d’angélisme, parce qu’on sait pertinemment qu’il y a des pays qui utilisent ces moyens de pression. Encore une fois, ce n’est pas le cas de la France, et je m’en réjouis », déclare-t elle.
Lorsqu’on lui rappelle que son père Jean-Marie Le Pen a été accusé d’avoir pratiqué la torture en Algérie, la présidente du FN rétorque : « Ces accusations ont été condamnées devant la justice. Il a été victime de diffamation. Dans l’histoire de France, il y a eu ce débat… Ce débat a été tranché, aujourd’hui personne ne le remet en cause. »