Marseille: une école du 3e arrondissement
rebaptisée du nom d’Ahmed Litim, tirailleur algérien
Voir la déclaration du maire
par L.R. avec AFP, publié par BFM Marseille le 10 novembre 2022.
Anciennement nommée d’après le maréchal Bugeaud, l’école porte désormais le nom d’un jeune tirailleur algérien tué par les occupants nazis en 1944.
L’école Bugeaud, dans le 3e arrondissement de Marseille, a été officiellement renommée ce jeudi. Elle se prénomme désormais l’école « Ahmed Litim », du nom du tirailleur algérien tué par les occupants nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Je pense qu’il faut regarder l’histoire en face, et je préfère que cette école porte le nom d’un héros plutôt que le nom d’un bourreau », a déclaré le maire de Marseille Benoît Payan, présent pour l’inauguration, au micro de BFM Marseille Provence.
L’école Ahmed Litim, située dans le quartier de la Belle de Mai, portait jusqu’à présent le nom d’un colonisateur de l’Algérie, le maréchal Bugeaud.
« Bugeaud, c’est quelqu’un qui a fait des massacres, poursuit Benoît Payan, qui a assassiné des femmes et des enfants en Algérie. Ahmed Litim, c’est un jeune soldat engagé qui est mort pour nous, mort pour la France, mort pour Marseille. »
« Cette histoire, nous continuerons de l’enseigner »
L’histoire d’Ahmed Litim, a raconté le maire lors de la cérémonie de dénomination, c’est celle « d’un enfant d’Algérie (…) engagé, très jeune, dans l’Armée d’Afrique », mort le 25 août 1944, fauché par un obus allemand, en participant à libérer la ville, rapporte l’AFP.
Si le nom de Bugeaud est désormais effacé de cette école, il ne sera pas de l’histoire. Ses crimes « ne doivent pas être effacés de notre mémoire », a mis en garde Benoît Payan. « L’Histoire de la France, c’est aussi celle de Bugeaud, de la colonisation ou de la collaboration. Cette histoire, nous continuerons de l’enseigner et de l’apprendre à nos enfants ».
« Nous saluons la position de la ville de Marseille qui a consisté à débaptiser l’école Bugeaud », a réagi auprès de l’AFP Samia Chabani, du centre de ressources sur l’histoire et les mémoires des migrations à Marseille, Ancrages.
Ancrages milite pour « que les civils ou militaires auteurs de violences et de guerre coloniale ne soient plus honorés dans l’espace public », et demande notamment que les associations valorisant l’histoire et « les mémoires des descendants des migrations postcoloniales » soient représentées à la commission des noms de rues.
La réaction du « Guide du Marseille colonial » :
Débaptiser l’école Bugeaud c’est bien ! Et le nom de la rue ?
Une décision qui suit celle de la ville de Brest en mars 2022
À Brest, l’école maternelle Bugeaud
ne s’appellera plus ainsi
publié par Le Télégramme de Brest le 17 mars 2022.
Source
L’école maternelle de la rue Bugeaud, dans le quartier Saint-Martin à Brest, va changer de nom : finie la référence au sanglant général, place à Alice Abarnou, résistante brestoise.
La polémique avait fleuri en juin 2020, au moment où quelques statues étaient déboulonnées, et où le chroniqueur Jean-Michel Aphatie s’interrogeait sur Twitter : « Une école maternelle à Brest est baptisée du nom de Thomas Bugeaud, général, « enfumeur » de femmes, d’enfants et de vieillards lors de la conquête de l’Algérie, en 1845. Scolariser des enfants sous le parrainage d’un massacreur ? Étonnant, non ? ».
Une figure brestoise de la Résistance
La réflexion a, depuis, fait son chemin du côté de la Ville, comme de celui du conseil de l’école maternelle. L’établissement va désormais prendre le nom d’Alice Abarnou (1914-1983). La Brestoise avait intégré la Résistance dès septembre 1940. À la suite de son arrestation, le 20 mai 1941, elle avait été incarcérée, notamment en Allemagne, jusqu’à la Libération. Ses actions lui valurent d’être promue officier de la Légion d’honneur en 1958.