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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les sauvageons devant la justice varoise

Les nuits ont été tendues dans certains lieux du Var (La Seyne, Hyères, Draguignan, Fréjus, Barjols, Brignoles, Le Luc, et certains quartiers de Toulon), mais rien de comparable à ce qu'ont vécu certaines cités d'Ile de France. Voici des comptes-rendus brefs, rédigés à partir des articles de la presse locale, des premières comparutions en justice des jeunes "émeutiers" de l'ouest varois (TGI de Toulon et Draguignan). [Première publication, le 17 novembre 2005,
mise à jour le 2 décembre 2005.]

Le Préfet du Var avait décidé de ne pas prendre d’arrêté restreignant la circulation des mineurs le soir, « les circonstances actuelles ne le nécessitant pas ». La seule mesure prise a été l’interdiction de la vente et du transport de carburant par jerricans.

Deux policiers blessés à La Seyne

Après cinq ans de calme, la cité Berthe, à La Seyne, a connu dans la nuit de dimanche (6 novembre) à lundi de sérieuses violences, au cours desquelles deux policiers ont été légèrement blessés et une douzaine de véhicules incendiés.

Dimanche vers 20 heures, les forces de l’ordre ont été appelées par des habitants de la cité, signalant un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes. Quelques instants plus tard, des poubelles et quatre voitures garées à proximité du bâtiment F1 du Vendémiaire étaient incendiées, tandis que plusieurs abribus étaient cassés et du mobilier urbain arraché. Des actions qui ont débouché sur un affrontement avec les forces de l’ordre, avec tirs de grenades lacrymogènes. C’est à ce moment, vers 22 heures, que deux policiers ont été blessés.

Retour au calme… du moins jusqu’à deux heures du matin le mercredi suivant. Cette fois, un bâtiment communal qui abritait le service DSU (Développement socio-urbain) a été ravagé par les flammes. « C’est désolant ! s’est insurgé Arthur Paecht, maire de La Seyne. Ce sont des années de savoir-faire disparues. On avait concentré en ce lieu l’ensemble des dossiers relatifs à la rénovation de la cité. »

Prison ferme pour deux jeunes incendiaires du Luc

Le tribunal correctionnel de Draguignan, statuant en procédure de comparution immédiate, a condamné jeudi 10 novembre à trois et quatre mois de prison ferme deux jeunes gens qui, au cours des deux nuits du 5 au 7 novembre, ont incendié une quinzaine de voitures au Luc, ainsi que la porte de la coopérative vinicole. Il leur était aussi reproché leur participation la nuit suivante au caillassage d’une voiture de gendarmerie et d’un véhicule de la mairie.

« On s’est monté la tête avec l’actualité » Julien, 18 ans, sans emploi ni ressources propres, et Mohamed, 19 ans, lui aussi inactif et domicilié chez ses parents dans une HLM, ont expliqué avoir agi ensemble, chacun entraînant l’autre, « chauffés par ce qu’on voyait à la télé… »

L’obligation d’indemniser les victimes et de chercher activement un emploi fait partie des conditions que le tribunal a posées pour la mise à l’épreuve des deux jeunes, condamnés à dix-huit mois de prison, assortis de qua¬torze mois de sursis pour Julien et quinze mois pour Mohamed.

Prison ferme pour trois jeunes gens interpellés à Toulon

De graves incidents – véhicules incendiés, caillassage en règle des sapeurs-pompiers et des forces de police – se sont déroulés au quartier de La Beaucaire dans la nuit de mercredi (9 novembre) à jeudi. Deux gardiens de la paix ont été blessés, légèrement pour l’un d’entre eux mais beaucoup plus sérieusement pour le second (atteint par une pierre jetée d’un étage, il s’est vu délivrer une ITT de plus de 30 jours, pour une double fracture à une main.)

Les forces de l’ordre sont parvenues à interpeller trois jeunes gens, Brahim H., 18 ans, lycéen en BEP Mécanique auto, Samir B., 18 ans, étudiant en BTS d’électronique, et Choukri L., 20 ans, que les policiers avaient remarqués jetant pierres, pavés et autres objets. Selon les premières constatations, l’un avait dans sa poche un chiffon imbibé d’essence, et une bouteille remplie de produit inflammable avait été retrouvée à proximité.

Jugés en procédure de comparution immédiate le lundi 14 novembre, tous trois ont été condamnés à des peines de prison ferme, huit mois pour deux d’entre eux, dix mois pour le troisième. Le président du tribunal, Patrick Ardid, a également ordonné leur maintien en détention. La décision des magistrats était conforme aux réquisitions du parquet, sauf pour Brahim, le seul ayant déjà effectué de la prison, envers qui avait été requis un an de prison. Ils devront également indemniser le préjudice moral de deux policiers, blessés dans la soirée, alors que les suspects étaient déjà menottés.

Deux jeunes Seynois en détention provisoire

Interpellés lundi soir dans la cité Berthe à La Seyne, et soupçonnés d’avoir commis des violences (jets de pierres, bouteilles et cocktails molotov) sur un groupe de policiers, deux jeunes gens ont été placés mercredi 9 novembre en détention provisoire par le tribunal correctionnel de Toulon présidé par Patrick Ardid, conformément aux réquisitions du ministère public.
L’un est étudiant en BTS âgé de 20 ans, sans casier judiciaire et « issu d’une famille manifestement honorable » [Var-Matin dixit]] ; le second, âgé de 25 ans, a déjà été condamné mais n’a plus eu aucun incident depuis 2001 et il a un travail régulier. Outre des suspicions contestables : « Il n’a été reconnu par aucun des policiers visés par l’agression, d’une part; d’autre part, la provocation à un attroupement armé qui lui est également reprochée ne repose que sur une dénonciation anonyme », a plaidé Me Vidal. L’affaire a été renvoyée, les deux prévenus placés en détention provisoire.


Prison ferme pour les deux jeunes gens de La Seyne

[Var-Matin, 2 décembre 2005 (extraits).]
Interpellés le 7 novembre au soir, au plus fort des violences urbaines qui embrasaient le quartier de la cité Berthe, à La Seyne, deux jeunes gens ont été condamnés hier matin à de la prison ferme, par le tribunal correctionnel de Toulon. Nizar Ben Nejma, 20 ans, lycéen et inconnu de la justice jusque-là, et Himède Saïdi, 25 ans, cinq condamnations au casier judiciaire, répondaient de violences commises sur des policiers, en intervention au cours de cette soirée.

L’un des quatre fonctionnaires avait d’ailleurs été légèrement blessé au visage, lorsque le parebrise du véhicule de police avait explosé sous l’effet d’un pavé. Considéré comme un meneur, Saïdi se voyait également reprocher la « provocation à un attroupement armé ».

S’ils admettent leur présence sur les lieux, le soir du 7 novembre, ils contestent toute participation aux incidents qui s’étaient prolongés plusieurs heures.

« Je n’ai rien fait, a soutenu Nizar Ben Nejma.
J’étais là, c’est vrai, mais seulement comme observateur… »
« Je cherchais mon petit frère parce que je ne voulais pas qu’il soit mêlé à ça », a indiqué Himède Saïdi, qui avait d’abord prétendu se trouver dans un centre commercial au moment des faits reprochés. Mais, à cette heure précise, l’établissement était fermé. […]

Nizar Ben Nejma a été condamné à six mois de prison ferme et Himède Saïdi à dix-huit mois. Tous deux ont été maintenus en détention. Solidairement, ils devront verser 1 000 € de dommages et intérêts au policier blessé et 500 € à chacun des trois autres agents.


Deux et trois ans de prison ferme pour les incendiaires de Barjols

Cinq autobus de ramassage scolaire brûlés, ainsi que trois voitures de particuliers, la nuit du 9 au 10 novembre avait été chaude à Barjols.

Les deux jeunes gens du village, identifiés comme responsables de ces faits au terme d’une rapide enquête de gendarmerie, se trouvaient le 16 novembre en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Draguignan.

Yannick V., 22 ans, est sorti de prison le 28 juillet dernier, après avoir purgé un an ferme pour des violences infligées à un autre jeune. « A ma sortie de prison, j’aurais dû être encadré par le service de probation. Mais personne ne m’a aidé. J’ai été voir les assistantes sociales et l’ANPE, on m’a claqué la porte au nez. Depuis je dors dans la rue, je ne mange pas tous les jours. Si on a fait ça, c’était sur le coup des nerfs et parce qu’on avait beaucoup bu. »

A ses côtés, son ami Laurent G., 18 ans, ouvrier boulanger, vivant chez ses parents, n’a pas pu expliquer à la présidente Mme Martin-Mounis ce qu’il faisait dans cette équipée. C’est pourtant lui qui est allé acheter à Brignoles les canettes de bière et l’essence avec laquelle ces récipients ont été remplis, avant d’être lancés enflammés sur les véhicules. « On a voulu faire parler de nous, faire comme à la télé. Je ne comptais pas en faire autant, a-t-il lâché penaud. Croyez-moi, je regrette. »
Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur : trois ans de prison ferme contre Yannick et deux ans contre Laurent, avec incarcération immédiate.

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