Ali Guenoun :
« En Algérie, le débat communautarisé empêche l’émergence
d’une mémoire nationale plurielle »
entretien avec Ali Guenoun, réalisé par Nadjia Bouaricha et publié par El Watan le 20 août 2016
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Quel a été l’apport du Congrès de la Soummam à la Guerre de Libération ?
Il serait intéressant de rappeler que cette réunion nationale, qui s’est tenue dans la région d’Ifri Ouzellaguen (rive gauche de la Soummam) en zone 3 (Kabylie) à partir du 20 août 1956, a rassemblé pour la première fois, depuis le déclenchement du 1er Novembre 1954, les dirigeants de quatre zones sur cinq de l’intérieur qui souffraient d’un manque flagrant de coordination avec tous les dangers, dont l’anarchie, que cette situation pouvait engendrer sur la bonne marche de la lutte pour l’indépendance. Seule la zone 1 (Aurès-Nememchas), embourbée dans des problèmes de succession après la mort de Mostefa Ben Boulaïd, et les représentants du FLN à l’extérieur n’ont pas pris part aux travaux de ce Congrès.
Autour de la tête pensante Ramdane Abane, que des archives montrent au centre du commandement du FLN, étaient présents : Youcef Zighoud et ses adjoints Lakhdar Bentobbal, Benmostefa Benaouda, Ali Kafi, Brahim Mezhoudi et Hocine Rouibah pour la zone 2 (Nord constantinois) ; Belkacem Krim et ses adjoints Saïd Mohammedi, Amirouche Aït Hamouda et Kaci Hamaï pour la zone 3 (Kabylie) ; Amar Ouamrane et ses adjoints Slimane Dehilès, Si M’hammed, et Ali Mellah (Si Cherif) pour la zone 4 (Algérois) et Larbi Ben M’hidi (président du Congrès) pour la zone 5 (Oranie) qui a préféré laisser Abdelhafid Boussouf, son adjoint, s’occuper sur place des affaires de sa zone.
Les décisions du Congrès, préparées à l’avance par Abane et ses proches collaborateurs (dont Amar Ouzegane), entérinées par les autres dirigeants présents, ont porté sur les buts de la lutte et les conditions du cessez-le-feu, l’organisation du FLN/ALN à l’échelle nationale et les règles de son fonctionnement.
Les congressistes ont surtout décidé de la « primauté du politique sur le militaire » et la « primauté de l’intérieur sur l’extérieur ». Il était « logique, écrit Abane, que l’extérieur soit l’accessoire de l’intérieur. Il est impossible, insiste-t-il, de diriger l’action de l’extérieur (…) L’intérieur doit entraîner l’extérieur parce que celui-là a une meilleure vue d’ensemble et détient les forces essentielles de la Révolution ». (Cité par Claude Paillat, Dossier secret de l’Algérie. 13 mai 58/28 avril 61).
Dans le but de prévenir toute tentative de pouvoir personnel tant redouté, on a décidé la consécration du principe de direction collégiale. Le Congrès a aussi créé les organes de direction de la Révolution et désigné les dirigeants : le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), organe souverain et délibérant, composé de 17 membres titulaires et 17 suppléants, une sorte de Parlement où sont rassemblées des personnalités politiques de divers horizons qui ont intégré le FLN ; le Comité de coordination et d’exécution (CCE), composé de cinq membres issus du CNRA présents en Algérie, était la plus haute autorité de la guerre. Ce commandement unique de la Révolution avait parmi ses plus importantes prérogatives la désignation des chefs de Wilaya et des représentants du FLN à l’extérieur.
Le Congrès a harmonisé les unités de l’ALN, divisé l’Algérie en six Wilayas et procédé à leur délimitation qui était jusqu’alors source de conflits entre les chefs de la guerre.
Au niveau de l’administration locale, les congressistes ont retenu la création des « assemblées du peuple » et l’adoption du mode de recouvrement des amendes et des cotisations qui était en cours dans les assemblées villageoises, notamment en Kabylie.
Le texte de la Soummam définit le futur Etat algérien comme « une République démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination ». Il s’oppose ainsi à tout projet théocratique.
Ce texte progressiste s’éloigne du chauvinisme et du racisme et situe l’ennemi en prenant en considération les différentes composantes de l’Algérie : « La ligne de démarcation de la Révolution ne passe pas entre les communautés religieuses qui peuplent l’Algérie, mais entre, d’une part, les partisans de la liberté, de la justice, de la dignité humaine et, d’autre part, les colonialistes et leurs soutiens, quelle que soit leur religion ou leur condition sociale. »
Il est évident que nous ne pouvons donner ici que des indications qui nous paraissent éclairer le lecteur. Plusieurs travaux très sérieux d’historiens (Mohammed Harbi, Gilbert Meynier, Daho Djerbal…) contribuent à la compréhension de cet épisode important de l’histoire de l’Algérie et ses prolongements.
Des dirigeants de la Révolution se sont pourtant opposés à la tenue de ce Congrès…
Comme tout mouvement révolutionnaire, la composante du FLN et de l’ALN était loin d’être homogène comme l’histoire officielle veut le fait croire. La tenue du Congrès de la Soummam et ses décisions ont été vécues comme une usurpation de la légitimité historique par certains premiers dirigeants du FLN de l’intérieur comme de l’extérieur.
Ce sont des cadres des Wilayas I et V et des membres de la délégation extérieure, à l’exception de Hocine Aït Ahmed, qui ont violemment remis en cause les résolutions du Congrès. Pour son soutien aux décisions de la Soummam, Aït Ahmed était soupçonné de « kabylisme » parce qu’il était kabyle comme Abane.
Le Congrès était perçu comme une initiative kabyle dont Ben M’hidi était la caution «arabe». Ahmed Ben Bella, qui était au Caire, motive son opposition aux décisions du Congrès par quatre points essentiels.
Il souligne, d’abord, l’absence des représentants de l’Oranie, des Aurès-Nememchas, de la zone de Souk Ahras et de la délégation extérieure pour remettre en cause la représentativité du Congrès.
Puis, il refuse d’admettre la validité des principes de la « primauté du politique sur le militaire » et celui de la « primauté de l’intérieur sur l’extérieur ».
Il s’élève, ensuite, contre la présence d’anciens responsables de partis, comme ceux de l’ex-MTLD, perçus comme des « arrivistes ». Ben Bella et ses camarades se sont retrouvés exclus des postes importants. Alors qu’ils se voyaient les détenteurs d’une légitimité historique du fait qu’ils ont fait partie de ceux qui ont décidé du passage à la lutte armée, ils se retrouvent doublés par des « arrivés tardifs » : Ramdane Abane, Benyoucef Ben Khedda et Saâd Dahlab.
Il faut dire que ces critiques étaient prévisibles. Le climat de confiance entre eux était, depuis longtemps, délétère comme le montre la correspondance, publiée par Mabrouk Belhocine, Le courrier Alger-Le Caire 1954-19561. Le grief le plus important que tenait Abane et les chefs de l’intérieur contre les représentants du FLN à l’extérieur était leur incapacité d’alimenter les maquis en armes et de « jouer » aux chefs de la guerre.
Enfin, il se dresse contre la remise en cause du caractère islamique des futures institutions politiques de l’Algérie. Mais Ben Bella contestait surtout le fait que les rapports avec l’Egypte soient énoncés comme des rapports d’alliance et non de subordination. Il réagissait à un point précis du texte de la Soummam dans lequel est précisé que la Révolution algérienne « n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington ».
Les oppositions aux décisions de la Soummam peuvent aussi s’expliquer par plusieurs facteurs. Entre autres, le refus de désignation par le CCE de cadres au niveau des Wilayas. La cooptation de Mahmoud Chérif en wilaya I, par exemple, a été très mal vécue par les combattants des Aurès.
Cette nomination a été à l’origine de l’affaire Lamouri, en 1958, (dont Harbi a montré l’importance) où plusieurs officiers issus de cette wilaya ont été jugés et exécutés pour trahison. Les combattants de cette wilaya n’ont jamais accepté unanimement la décision de la Soummam d’envoyer des chefs issus de l’extérieur ou d’autres régions du pays.
Ces derniers étaient considérés comme des éléments exogènes venus discipliner les Aurésiens, d’où leur échec à mettre de l’ordre. La dissidence qu’a connue cette wilaya, à l’origine des décisions du Congrès la Soummam et du CCE, n’a pris fin, comme le montre bien le témoignage de Mostefa Merarda « Bennoui » (Sept ans de maquis en Aurès), qu’en 1960 lorsque des chefs originaires de la région ont pris le commandement.
Abane a payé de sa vie la tenue du Congrès de la Soummam…
L’assassinat de Abane par ses camarades, en décembre 1957, est certainement lié aux décisions de la Soummam mais cela n’explique pas tout. D’ailleurs, les points les plus importants du texte de la Soummam ont été vite vidés de leur sens. La remise en cause de la « primauté du politique sur le militaire » et celle « de l’intérieur sur l’extérieur » ont été avalisées à la réunion du CNRA qui s’est tenue du 20 au 27 août 1957, soit un an après le Congrès de la Soummam. Les chefs militaires ont décidé lors de cette réunion que « tous ceux qui participent à la lutte libératrice, avec ou sans uniforme, sont égaux ; en conséquence, il n’y pas de primauté du politique sur le militaire, ni de différence entre l’intérieur et l’extérieur ».
Les institutions nées du Congrès de la Soummam, comme le CNRA, ont été progressivement dépossédées de leurs prérogatives. Abane était très critiqué par les militaires qui lui déniaient sa mainmise sur les affaires de la guerre. Sans appuis de chefs de Wilaya, donc sans force armée, Abane s’est retrouvé très diminué. Son assassinat a donné libre cours à la violence comme mode de gestion des différends à l’intérieur du FLN/ALN. L’illégalité gagnera du terrain.
Les chefs politiques s’inclinent devant les chefs en armes.
Peut-on dire que les événements de l’été 1962, qui ont abouti à la désignation de Ben Bella à la tête de l’Etat algérien, ont représenté un putsch contre l’idéal d’un Etat démocratique comme consigné dans la Plate-forme de la Soummam ?
Ben Bella et ce qui est appelé l’armée des frontières ou le « groupe d’Oujda » a porté atteinte au processus de transition comme décidé au Congrès de la Soummam et au CNRA de janvier 1960. Comme le montre bien l’historien Amar Mohand Amer dans sa sérieuse thèse de doctorat sur « La crise du Front de libération nationale de l’été 1962 »2, le principe de la « primauté du politique sur le militaire» n’a pas été respecté par Ben Bella qui s’est rangé rapidement du côté des chefs de « l’armée des frontières ».
Sa marche sur Alger, en septembre 1962, dont le bilan est estimé à plusieurs centaines de morts, pour imposer l’autorité du Bureau politique, a été un coup dur à la légalité et à la solution politique. Par ailleurs, nous pensons que les aspects doctrinaux n’étaient pas les facteurs essentiels à l’origine de la crise de l’été 1962, mais plutôt la lutte pour le pouvoir et l’incapacité des dirigeants de la guerre à résoudre démocratiquement et pacifiquement les problèmes accumulés pendant la période de la lutte armée. Cette prise du pouvoir par la force a servi de fondement à l’autoritarisme qui s’est installé depuis.
Pourquoi cette date du 20 août 1956, qui a représenté un tournant décisif dans la Guerre de Libération, continue d’être à ce jour sujet à polémique ?
La polémique ne se situe pas chez les historiens qui refusent d’ajouter à la polémique, même si celle-ci n’est pas toujours négative. Ils militent pour la séparation de leur travail du débat politique qui a d’autres buts et visées.
La polémique que nous évoquons ici se situe dans les débats politiques qui manipulent l’histoire pour apporter des réponses ou une caution aux questions du présent et du futur. Il faut replacer tout ce débat dans son contexte qui est celui de la course mémorielle liée à l’histoire de groupe. Il ne faut pas perdre de vue les positions de chacun lors de certains épisodes de la guerre mais aussi après l’indépendance et surtout leurs positionnements aujourd’hui. Le passé est souvent convoqué pour expliquer le présent. On se sert souvent du passé pour régler des contentieux hérités des sept années de guerre.
Nous constatons que dans la lutte pour le pouvoir et la répartition du « gâteau national », le lien national est fortement éprouvé. La politique est discréditée. Le souci, c’est que dans ce jeu de rivalité et de concurrence entre les élites, on assiste à une régionalisation et à une personnalisation des antagonismes.
A notre avis la polémique autour du Congrès de la Soummam s’inscrit dans cette logique. En s’attaquant au Congrès de la Soummam, comme cela a été fait par Ali Kafi et Ahmed Ben Bella, c’est souvent la personne de Abane qui est visée. Le problème est que cette polémique tourne autour de la défense ou du dénigrement de tel ou tel personnage qui est identifié à une wilaya ou à une région, d’où le danger de l’ethnicisation du débat. C’est un débat communautarisé qui empêche l’émergence d’une mémoire nationale plurielle.
Les débats sur la nation algérienne
dans le mouvement pour l’indépendance de l’Algérie
par Gilles Manceron
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Sous le titre « Conceptions, définitions, débats sur la nation algérienne en France et en Algérie durant la période coloniale et la guerre d’indépendance », le texte ci-dessous est le résumé de l’intervention de Gilles Manceron au colloque « Les assises de la Soummam, 60 ans après, quelles leçons ? » qui s’est tenu les 25 et 26 août 2016 sur les lieux où s’était réuni le Congrès de la Soummam. Un colloque international auquel a participé l’historien Ali Guenoun et auquel un public nombreux a pris part, dont voici le programme et dont de nombreux médias algériens en 2016 ont rendu compte.
Le texte complet de cette intervention a été publié dans la revue Mémoire, n°3, avril 2018, éditée par l’Association Med-Action dans la Wilaya de Béjaïa, et aussi dans les Actes du colloque international, Akfadou, 25-26 août 2016, Les assises de la Soummam, 60 ans après, quelles leçons ?, publication coordonnée par Tahar Khalfoune, éditions El Ibriz, Alger, 2018.
Du temps de la colonisation française, comment était désignée, définie et décrite l’entité politique et démographique qui deviendra l’Algérie à l’issue de sa guerre d’indépendance ?
Le mot « Algérie » est apparu en 1803 sous la plume du philosophe Charles Fourier (1772-1837), admirateur de l’expédition de Bonaparte en Egypte et favorable à ce que les « grands Etats d’Europe » soumettent les « régions barbares », ce qui revenait, pour la France, à « conquérir Maroc et Algérie ». Au moment de l’expédition de juillet 1830, on parlait côté français d’« Alger » pour désigner la ville et le territoire alentour qu’elle administrait directement, et de la « Régence d’Alger » pour désigner l’ensemble de la province vassale de l’empire ottoman, mais sans désigner ni définir le peuple qui habitait ce qui deviendra l’Algérie indépendante. Fourier répète en 1831 le terme d’« Algérie », qui est repris en 1834 dans un livre intitulé De l’Algérie et de sa colonisation, puis qui se répand en France sous la Monarchie de Juillet.
Dans cette période, on s’interroge sur le choix d’une « colonisation partielle » ou d’une « colonisation totale » de cet espace entre le Maroc et la Régence de Tunis, mais toujours sans nommer l’ensemble des « peuplades » qui l’habitent. Les Français ont employé le terme d’« Algérie » mais n’ont pas voulu désigner sa population comme « les Algériens ». Durant les guerres qu’ils ont menées pour contrôler ce territoire, ils ont parlé des « indigènes » ou des « naturels » qui y vivaient en les appelant du nom de leur région ou tribu, ou bien des en les désignant comme « Cabaïls », « Cabiles », « Kabyles », « Bédouins », « Maures » ou, plus rarement, « Arabes ».
Le régime de Louis-Philippe et les suivants ont fait le choix de faire venir dans le territoire des populations venues d’Europe. Quant aux gens qui le peuplaient, une minorité de responsables français, partisans d’une colonisation violente, ont préconisé, soit de les exterminer, soit de les refouler avec, à terme, à peu près le même effet, mais la plupart d’entre eux, de la Monarchie de Juillet à la Troisième République, ont été favorables à une « colonisation pacifique ». Pour eux, il s’agissait d’opérer une « fusion des races », c’est-à-dire de forger un « peuple nouveau » — le général Clauzel employait déjà ce terme en 1833 — à partir des naturels « arrachés à leur arriération » et des diverses populations, cette Algérie pouvant même, pour certains, devenir, à terme, indépendante. Ce sont les seuls Européens membres de cette « nation nouvelle » — parfaitement mythique — qu’on a désignés à l’époque coloniale comme « les Algériens » — le terme de « Musulmans » étant choisi pour désigner les indigènes.
Telle était la vision coloniale française de la population de l’Algérie pendant toute la période de la colonisation. Le caractère très majoritairement arabo-berbère et musulman de cette population n’était pas reconnu. De 1830 à 1962, aucune des forces politiques françaises n’a voulu voir que c’est à partir de ce fait culturel, linguistique et religieux très majoritaire que se constituait une nation algérienne. D’où leur refus au XXe siècle du nationalisme algérien porté par l’ENA et le PPA-MTLD, puis par le FLN dans son manifeste du 1er Novembre 1954. Y compris le PCF dont la théorie de la « nation en construction » énoncée par Maurice Thorez en 1939 n’a été qu’une variante de la « fusion des races » des partisans de la « colonisation pacifique ». Malgré le fait qu’il a employé ensuite les mots de “nation algérienne” et même — plus rarement et plus discrètement — d’« indépendance », il a conservé cette conception jusqu’en 19623 , contrairement aux communistes algériens qui ont fait le choix en 1955 de rejoindre la guerre d’indépendance nationale.
Le 5 juillet 1962 a marqué la victoire de la conception portée par le mouvement national, fondée sur l’affirmation démocratique de ces caractères très majoritaires de la population algérienne. Caractères qu’aucune des grandes forces politiques de la société française entre 1830 et 1962 n’a été capable de reconnaître, y compris — en dehors de rares moments et de rares personnalités — les courants socialistes et communistes, ou la France Libre durant la Seconde guerre mondiale4 .
Les débats sur la nation algérienne au sein du mouvement national
Mais au-delà de cette base commune affirmée par le mouvement national algérien depuis les années 1920 jusqu’à l’indépendance, celui-ci a connu à plusieurs reprises des débats importants autour d’une définition plus précise de la nation algérienne. En particulier lors de deux moments-clés : en 1949 au sein du PPA-MTLD, et en 1956 lors du congrès FLN de la Soummam.
L’objet de cette communication est de montrer que, d’une part, la brochure signée en 1949 du pseudonyme collectif de « Idir El Watani » par trois membres du PPA-MTLD, et, d’autre part, les textes préparés et adoptés par les délégués du congrès FLN de la Soummam en août 1956 portaient chacun, malgré leur statut très différent, des réflexions importantes sur la définition et la description de la nation algérienne. Or, l’histoire a fait que ces réflexions ont été par la suite dénigrées ou écartées alors qu’elles laissaient entrevoir des perspectives extrêmement riches pour l’avenir de la nation algérienne.
- Mabrouk Belhocine, Le Courrier Alger-Le Caire 1954-1956 et le Congrès de la Soummam dans la Révolution, Casbah éditions, Alger, 2014.
- Amar Mohand Amer, La crise du Front de libération nationale de l’été 1962. Indépendance et enjeux de pouvoirs, thèse de doctorat d’histoire dirigée par le professeur Omar Carlier soutenue le 14 avril 2010 à l’Université Paris Diderot (Paris 7), UFR Géographie, Histoire, Science de la Société (GHSS). Un ouvrage reprenant cette thèse va paraître prochainement aux éditions Frantz Fanon, Tizi Ouzou.
- Voir sur ce point l’article d’Alain Ruscio sur notre site, « Les communistes français et l’indépendance de l’Algérie », qui présente sa propre analyse de la position du PCF sur l’indépendance algérienne.
- Voir sur ce point l’intervention de Gilles Manceron au colloque qui a fait suite au rapport Stora, « Oppositions intellectuelles à la guerre d’Algérie », à l’Institut du monde arabe et à la Bibliothèque nationale de France : « La Ligue des droits de l’homme entre anticolonialisme et réformisme colonial ».