Histoire politique des immigrations (post)coloniales.
France, 1920 – 2008
Coordonné par Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat (Editions Amsterdam, 2008)
Depuis une vingtaine d’années, l’histoire de l’immigration en France est passée du statut d’objet plus ou moins illégitime dans le champ des sciences sociales à celui d’objet relativement reconnu, comme en témoigne la création de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Mais l’histoire politique de l’immigration, l’histoire non pas tant des politiques migratoires que des immigrés en tant que sujets, reste encore a écrire.
Ce déficit d’histoire a des conséquences fâcheuses tant du point de vue scientifique que politique. Alors que l’histoire de l’immigration et de la colonisation est au cœur de controverses mémorielles parfois houleuses, les termes du débat se fondent souvent sur une vision partielle ou erronée des mouvements politiques de l’immigration postcoloniale. Des événements historiques, comme la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 ou des mobilisations comme les mouvements de jeunes musulmans de France, font l’objet soit de discours mystificateurs, soit de disqualifications symboliques.
Ce livre voudrait contribuer à combler ces lacunes en offrant une vision panoramique et dynamique de l’histoire des luttes de l’immigration postcoloniale depuis un siècle. Rassemblant les meilleurs spécialistes du monde universitaire sur la question et les analyses de nombreuses figures importantes du « mouvement autonome de l’immigration », il propose une représentation inédite d’une histoire méconnue et constitue le premier ouvrage de référence sur le sujet publié en France.
Contributeurs : Salah Amokrane, Boualama Azahoum, Saïd Bouamama, Ahmed Boubeker, Philippe Dewitte, Éric Fassin, Michel Ganozzi, Youssef Girard, Nacira Guénif-Souilamas, Mohamed Harbi, Abdelli Hajjat, Saïda Kada, « Kahina X », Tarik Kawtari, Claudie Lesselier, Thierry Levasseur, Yamin Makri, Alain Morice, Laure Pitti, Saadene Sadgui, Sadek Sellam, Xavier Vigna et Michelle Zancarini-Fournel.
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L’histoire du Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA)
Entretien avec Abdellali Hajjat
Abdellali Hajjat est sociologue, maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Ouest Nanterre et membre de l’Institut des sciences sociales du politique.
Sur le Mouvement des travailleurs arabes (MTA), qui organisa notamment la première grève ouvrière contre le racisme en 1973, on lira ce entretien avec Abdellali Hajjat, [« L’expérience politique du Mouvement des travailleurs arabes », publié le 7 février 2017 sur le site Contretemps./rouge]
Extrait : « Le “mythe de l’échine courbée” est largement remis en cause par l’histoire politique de l’immigration postcoloniale, en particulier du Mouvement des travailleurs arabes (MTA). Le MTA est créé en juin 1972 par des militants arabes et français proches des maoïstes de la Gauche prolétarienne (GP), dont l’expérience politique commune s’est formée dans les comités Palestine. […] Dès la fin des années 1960 et le début des années 1970 se dégagent les principaux champs de lutte de l’immigration présents jusqu’à nos jours, dans lesquels s’est inscrit le MTA : Palestine, crimes racistes, foyers de travailleurs immigrés, logements insalubres, cartes de séjour et de travail, revendications spécifiques des ouvriers étrangers, etc. »
La marche contre le racisme et pour l’égalité (1983)
par Abdellali Hajjat (Editions Amsterdam, 2013)
Trente ans après, que reste-il de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de l’automne 1983 ? Initiée par des jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux et des militants antiracistes de la Cimade à la suite des rébellions urbaines de la banlieue lyonnaise, cette mobilisation sans précédent symbolise l’apparition dans l’espace public des enfants d’immigrés post-coloniaux.
La Marche représente une sorte de « Mai 68 » des jeunes immigrés qui prennent la parole contre les crimes racistes, pour l’égalité devant la justice et la police, le droit au travail, le droit au logement, l’accès à la culture, etc. S’appuyant sur une étude empirique, La Marche pour l’égalité et contre le racisme se donne pour objectif d’éclairer certaines zones d’ombre d’un événement mythique mais méconnu. Il s’agit aussi pour Abdellali Hajjat d’une porte d’entrée idéale pour éclairer les relations sociales entre groupe national majoritaire et groupes minoritaires, au travers d’enjeux cruciaux pour la société tout entière : légitimité de la présence des immigrés sur le territoire, reconnaissance des déviances policières violentes, recrudescence des crimes racistes, passage de la rébellion violente à l’action collective non-violente, politisation des jeunes de cité, question post-coloniale, construction du « problème musulman », etc.
L’histoire de la Marche constitue un puissant révélateur de ces enjeux politiques toujours d’actualité.
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Les « émeutes » de 2005 dans les quartiers populaires
Parmi les nombreuses publications, on peut lire en ligne :
• « Nous n’avons vu que des ombres », par Alain Bertho, dans la revue Mouvements 2006/2 (no 44)
« La révolte des banlieues ou les habits nus de la République », par Yann Moulier Boutang (pdf)
La « génération Adama » (2020)
• Sur le Bondyblog : A la rencontre de la génération Adama, par Anissa Rami