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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Non à un projet de loi
pseudo laïque
qui cherche à recréer un « apartheid postcolonial »

Les sénateurs ont adopté le 15 mai 2019, à l’initiative d'élus LR, dans le cadre de l’examen de la loi dite "pour une école de la confiance", un amendement interdisant pour une femme voilée d’accompagner une sortie scolaire. C’est une véritable agression contre ces femmes, un obstacle à leur intégration et à celle de leurs enfants, qui vise à recréer un "apartheid postcolonial". L'amendement, qui doit passer devant une commission mixte puis revenir devant l'Assemblée nationale, est dénoncé par de nombreux éducateurs, parents d'élèves et associations. Quelques exemples des protestations.

Tous les parents ont le droit d’accompagner leurs enfants
lors des sorties scolaires

Pétition adressée aux Député.e.s de l’Assemblée Nationale
par Guémar K., mère d’élèves.

Je m’appelle Guémar, j’habite à Lyon et je suis maman de deux enfants qui sont aujourd’hui adolescents. Travaillant à temps plein et comme de nombreux parents d’élèves mon emploi du temps chargé ne m’a pas trop permis d’accompagner mes enfants lors de sorties scolaires quand ils étaient plus petits.

Je me souviens de Yasmina qui avait accompagné ma fille lors des sorties aux parcs et aux musées, une enrichissante expérience qui restera un mémorable souvenir d’enfance pour ma fille. Je me souviens aussi de la bienveillance et de la prudence de Karima qui accompagnait la classe de mon fils lors des sorties au cinéma et à la bibliothèque. Je garde aussi un bon souvenir d’Emilie qui participait activement lors des Kermesses de fin d’année.

Si Yasmina, Karima et Emilie n’avaient pas accepté bénévolement d’accompagner et d’aider mes enfants, peut-être qu’ils n’auraient jamais eu la possibilité de découvrir l’école Nationale de Musique, le Planétarium, les sorties et pique-niques dans les Parcs de la Tête d’Or et celui de la Feyssine, les musées, le Canoé kayak à Miribel Jonage, à la piscine, les rencontres sportives, les sorties à la ferme avec la fabrication du fromage, du pain… et bien d’autres. C’est grâce à la disponibilité de ces femmes et ces hommes que nos enfants peuvent s’ouvrir au monde.

Philippe Merle / AFP
Philippe Merle / AFP

Je tiens à les remercier chaleureusement pour contribuer chaque jour à la réalisation des sorties scolaires en donnant de leur temps et de leur énergie au profit de nos enfants et des enseignants.

Mais aujourd’hui, je déplore que ces parents soient marginalisés en raison de leur foi.

Chaque individu porte en lui sa foi et a le droit de l’afficher, ceci n’est en rien un écart au règlement intérieur de l’école quand les couleurs et les valeurs de la République en vigueur sont respectées.

Cette pétition fait suite à l’amendement voté le mercredi 15 mai par le Sénat alors qu’il avait été rejeté par l’Assemblée Nationale qui « interdit aux parents d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires lorsqu’ils portent « des signes religieux » : foulard, voile, kippa, la calotte, le Tsitsit, habit de Nonne, voile de sœurs chrétiennes, soutane, croix de Jésus… »

Imaginez le traumatisme et la marginalisation que cela pourrait engendrer sur ces enfants innocents qui voient leurs parents écartés de la sphère éducative scolaire !!!

Mais laissez ces femmes et hommes accompagnateurs (et trices) libres d’aller et venir afin de rendre service à l’école de la République en donnant un coup de main aux enseignants lors des sorties scolaires. L’Etat devrait les remercier et non pas les exclure sachant qu’ils le font bénévolement. SOYONS UNIS ET DONNONS NOUS LA MAIN POUR ACCOMPAGNER ENSEMBLE NOS ENFANTS A L’ECOLE.

Cela est contraire aux valeurs de l’amour, de l’entraide et de la fraternité entre les êtres humains qui se doivent un respect mutuel quelles que soient leurs appartenances (ou non) religieuses et sexuelles.

« La liberté commence où l’ignorance finit », citation de Victor Hugo (1802-1885).

La liberté est l’état d’une personne ou d’un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une personne ou par un pouvoir. La liberté de conscience, liberté de Culte, d’opinion, de pensée, d’expression, de presse, de mouvement, d’association, économique… et il y en a tant d autres.

JUSTE UN MOT : LAISSEZ LES PERSONNES VIVRE LEUR VIE LIBREMENT ET TRANQUILLEMENT. Ils ne font pas du prosélytisme, ils accompagnent juste leurs enfants ainsi que les enseignants lors des sorties scolaires. Et bénévolement, en donnant de leur temps avec bienveillance.

Après le vote au Sénat, la loi n’est pas définitivement adoptée puisqu’elle doit repasser devant l’Assemblée nationale et le gouvernement s’est montré plus que réservé quant à son « interdiction légale », rappelant qu’elle contreviendrait à un avis du Conseil d’Etat.

Merci de signer cette pétition et la partager pour que les députés n’inscrivent pas cet amendement dans la loi « pour une école de la confiance » !

Pour signer la pétition


Post-scriptum du 31 mai 2019 :

Très bonne nouvelle, ce matin nous sommes à plus de 65 118 signatures. Un grand BRAVO à tous. Ensemble continuons de partager autour de nous.

Nous avons actuellement le soutien des parents, grands-parents, parents d’élèves, le corps enseignant, des soutiens associatifs, politique, d’humoristes, de dirigeants d’entreprise, de créateurs, des spécialistes de la santé, de chercheurs, d’artistes et personnalités médiatiques.

Un grand BRAVO à vous tous. Vive la France et ses valeurs humaines et fraternelles.

Très belle journée à toutes et à tous.

Guémar K.

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Retrait de l’amendement sénatorial
visant les mères musulmanes

par la Commission Islam & Laïcité Source

Paris, le 19 mai 2019.

Le Sénat a voté ce mercredi 15 mai, par 184 voix contre 100, un amendement insérant dans le Code de l’éducation deux corps de phrase ayant pour effet unique d’interdire aux mères musulmanes portant un foulard d’accompagner les élèves lors des sorties scolaires : « dans les écoles, les collèges et les lycées publics et lors des sorties scolaires organisées par ces établissements, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves ou les personnes concourant au service public de l’éducation manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ».

Cette mesure est une atteinte à la laïcité. Contraire à l’esprit de la loi de 1905, qui, rappelons-le décide la séparation des Eglises et de l’Etat, défend la liberté religieuse voire l’organise, y compris au sein des établissements scolaires :

Article 1

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

Article 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes.

Pourront toutefois être inscrites aux dits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons1. »

Nous appelons l’ensemble des députés à retirer du projet de loi sur « l’école de la confiance », cet amendement attentatoire à la laïcité.

Nous soutiendrons les initiatives qui, au nom de la laïcité, au nom de l’égalité des citoyens, au nom du refus des discriminations religieuses, demanderont le retrait de cet amendement.

La loi de 1905 est une loi de liberté qui mérite d’être défendue contre les attaques, fussent-elles menées au nom d’une laïcité fallacieusement confondue avec une idéologie d’exclusion.


Pour une école laïque avec tous les parents

Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme Source

Paris, le 20 mai 2019.

La droite sénatoriale vient de voter un amendement à la loi Blanquer pour interdire aux mères accompagnatrices des sorties scolaires le port de signes religieux ostensibles, en fait, à lire le communiqué des sénateurs républicains, le port d’un voile… Les mères accompagnatrices n’étant, selon le Conseil d’Etat, ni des agents ni des collaboratrices de l’Education nationale, la limitation de leur liberté d’expression religieuse ne peut se fonder que sur le constat d’un prosélytisme agressif et pas sur une interdiction générale.

Les sénateurs républicains relancent donc une affaire de voile. D’affaires de voile en affaires de voile, le projet est explicitement d’étendre la neutralité de l’Etat à l’ensemble des citoyens et de renvoyer la liberté de conscience au for intérieur. Comme de plus c’est en fait une seule catégorie de signes religieux qui est visée, ce projet est explicitement discriminatoire.

Pour la LDH, la défense de la laïcité passe par le respect de la loi, de toute la loi et rien que la loi. C’est-à-dire la liberté de chacune et chacun, dans un cadre commun.

  1. Texte en vigueur de la loi de 1905 sur le serveur juridique de l’Etat, Légifrance.
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