L’inauguration de la plaque où on peut lire : « A la mémoire de Henri Curiel, né le 13 septembre 1914 au Caire (Egypte), assassiné à Paris, 4 rue Rollin, le 4 mai 1978, victime de son engagement anticolonialiste et de ses idéaux de paix ».
à la mémoire d’Henri Curiel.
La plaque n’a pas encore été scellée. Il est clair que son emplacement doit être, conformément à la délibération adoptée le 16 novembre 2018 par le Conseil de Paris, au dessus de la fontaine, en bas de l’escalier de la rue Rollin, là où l’inauguration a eu lieu, et non en haut de l’escalier, dans la partie de la rue où il y a très peu de passants. C’est le seul emplacement possible pour qu’elle soit réellement visible des Parisiens.
Un juge d’instruction a été nommé en janvier 2018 et l’avocat William Bourdon poursuit désormais les efforts, longtemps menés par Me Linda Weil-Curiel, pour établir la vérité. En dehors de ce témoignage nouveau publié en 2015, selon la famille et les chercheurs qui ont travaillé sur cet assassinat1, nous savons de quel côté chercher les commanditaires. Il faut regarder vers les bonnes relations des autorités françaises de l’époque avec l’Afrique du sud de l’apartheid, et vers le président de la République à ce moment,
Valéry Giscard d’Estaing, qui était seul en mesure de donner le « feu vert » aux services secrets français pour organiser, avec des tueurs recrutés pour l’occasion, quels qu’ils soient, un tel assassinat2.
- Lire en particulier : René Gallissot, Henri Curiel : le mythe mesuré à l’histoire, Riveneuve, 2009.
- Dans leur livre, « Un président ne devrait pas dire ça… ». Les secrets d’un quinquennat (Stock, 2016), Gérard Davet et Fabrice Lhomme rapportent leur conversation avec un autre président de la République, François Hollande : « Les morts, ce ne sont pas seulement celles qu’un chef d’Etat subit, il y a aussi celles qu’il décrète. On appelle cela les « opérations Homo », un autre grand tabou de la République. Homo pour « homicide ». Ou comment, dans la plus parfaite illégalité internationale, les services spéciaux exécutent des « cibles » désignées par leur hiérarchie et/ou le pouvoir politique. […] Le chef de l’Etat a l’art de ne pas dire les choses, parfois. En clair, il faut comprendre qu’il a autorisé les services secrets à assassiner des « ennemis d’Etat ». […] « J’en ai décidé quatre au moins », avoue-t-il le 9 octobre 2015, lorsqu’on lui demande combien d’opérations « Homo » il a autorisées. « Mais d’autres présidents en ont fait davantage », précise-t-il aussitôt. » (p. 485-486). Dans le cas d’Henri Curiel, ce qui est particulièrement grave, c’est qu’il a été qualifié de « patron des terroristes », puis assassiné, alors qu’il était un militant contre l’injustice coloniale et pour la paix.