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Édition du 15 septembre au 1er octobre 2024

Hommage à Guy Hennebelle, passeur du cinéma algérien

À l’occasion de la parution du dernier numéro de la revue CinémAction, "Chroniques de la naissance du cinéma algérien. Guy Hennebelle, un critique engagé", son éditeur Charles Corlet, l’École normale supérieure et le Maghreb des films ont choisi d’honorer les quarante ans de la revue par une rencontre qui se tiendra le samedi 15 décembre 2018 (de 14 h à 18 h 30) à l’ENS (salle Dussane, 45 rue d’Ulm 75005 Paris). Nous en présentons ici le programme, après une brève présentation du livre qui lui est consacré.

Un livre de référence : Chroniques de la naissance du cinéma algérien

Cet imposant ouvrage, Chroniques de la naissance du cinéma algérien. Guy Hennebelle, un critique engagé (Éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, juin 2018, 540 p., 24 €), dirigé par Sébastien Layerle avec Monique Martineau-Hennebelle, sera une référence incontournable sur l’effervescence culturelle dans la jeune Algérie indépendante, à travers le prisme de la création cinématographique.

Assorti d’un riche appareil critique, son cœur est constitué par une sélection d’articles et chroniques écrits par Guy Hennebelle (1941-2003) dans le quotidien El Moudjahid, où il officia sous le pseudonyme de Halim Chergui de septembre 1965 à juin 1968. Cet ensemble est précédé d’un récit personnel et attachant de celle qui fut son épouse, Monique Martineau-Hennebelle (sous le titre « L’Algérie au cœur. Itinéraire personnel et professionnel de Guy Hennebelle »). Et d’une longue étude de Sébastien Layerle, maître de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à Paris-3, « Guy Hennebelle à travers les textes, ou la construction d’une réflexion critique sur le cinéma ».

Impossible de résumer tous les apports de ce travail, très rigoureusement édité, au-delà même de son apport majeur à l’histoire des cinémas militants et du tiers monde des années 1960 et 1970. À noter cependant qu’on ne peut lire sans un pincement de cœur les pages où Hennebelle (et Martineau-Hennebelle et Layerle après lui) rendent compte du bouillonnement entretenu dans ces années 1960 autour de la Cinémathèque algérienne, l’un des foyers de cette Alger qui était alors la « Mecque des révolutionnaires ». Car après des débuts aussi flamboyants que chaotiques, les décennies qui suivirent, marquées par l’autoritarisme croissant du régime né du coup d’État de Houari Boumediene en juin 1965, allaient voir se rétrécir presque jusqu’au néant l’espace dévolu à la création cinématographique, et même à la diffusion du cinéma (le nombre de salles de projection a été réduit à presque rien).

Et c’est pourquoi on ne peut être qu’admiratif face à l’étonnant dynamisme des réalisateurs algériens actuels, surtout depuis les années 2000 (pour n’en citer que quelques-uns : Merzak Allouache, Yamina Bachir-Chouikh, Rachid Benhadj, Malek Bensmaïl, Kamal Dehane, Nadir Moknèche, Djamila Sahraoui, Lyès Salem). Comme si, malgré les épreuves traversées, l’énergie créatrice des années 1960 dont rendait compte Guy Hennebelle avait cheminé souterrainement et resurgissait aujourd’hui.

Le programme de l’hommage à Guy Hennebelle du 15 décembre 2018

C’est en mai 1978 que Guy Hennebelle crée CinémAction, avec la revue Écran 78 dont il était l’un des collaborateurs réguliers et les Éditions de l’Atalante. Son titre Dix ans après Mai 68, aspects du cinéma de contestation a quasiment valeur de manifeste. La revue se veut plurithématique, n’excluant aucune étude ou réflexion sur les hommes, les œuvres ou les histoires du cinéma, ainsi que sur les différents champs des pratiques et des théories, « dans une optique non seulement cinéphile, mais aussi socioculturelle », précise Guy Hennebelle en 1983 (La Gazette CinémAction, n° 3). S’y côtoieront les cinémas d’avant-garde, ceux du Maghreb ou d’Afrique noire, voire de Hollywood ou des régions, aussi bien que les thèmes de l’Holocauste à l’écran, le cinéma au féminisme, vingt ans d’utopie cinématographique, les enseignements, les jeux de l’argent et du pouvoir, l’émigration…
Lieu : ENS (salle Dussane), 45 rue d’Ulm 75005 Paris.

14 h : présentation du n° 166 de CinémAction dirigé par Sébastien Layerle et Monique Martineau-Hennebelle, et évocation du rôle crucial de Guy Hennebelle et de CinémAction dans la connaissance et la diffusion du cinéma algérien.
Intervenants : Monique Martineau-Hennebelle (CinémAction), Sébastien Layerle (Paris 3), Mohand Ben Salama (co-coordinateur de Cinémas du Maghreb, CinémAction, n° 14, Papyrus éditions, 1981), Olivier Hadouchi (chercheur et programmateur indépendant) et Salima Tenfiche (Paris 8).
Table ronde modérée par Marie Pierre-Bouthier (ENS/Paris 1).

16 h : Projection de Elles (1966) et Algériennes, trente ans après (1995) de Ahmed Lallem.
En 1966, quatre ans après l’indépendance, de jeunes lycéennes algériennes livrent leurs espérances politiques et personnelles au sortir d’une guerre, et à l’entrée d’une nouvelle ère.
Trente ans après le court-métrage Elles, Ahmed Lallem (né en 1940 à Sétif) retrouve quatre de ces lycéennes, et les fait revenir sur ce qu’elles sont véritablement devenues dans l’Algérie contemporaine…

18 h : Verre de l’amitié.

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