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Édition du 1er au 15 octobre 2024
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« Algérie du possible », un film de Viviane Candas

Viviane Candas est auteure et réalisatrice. Elle a réalisé le documentaire Algérie du possible (2016), qui suit le parcours de son père, Yves Mathieu (1924-1966), anticolonialiste en Afrique noire puis avocat du FLN, qui a exercé des responsabilité dans l'Algérie indépendante jusqu'à sa mort en 1966 dans des conditions mal élucidées. Viviane Candas a aussi le projet d'un web-documentaire "Notre histoire – Histoire de l'Algérie postcoloniale", à partir des entretiens inédits avec des personnalités contemporaines de la guerre d'Algérie réalisés pour le film Algérie du possible.

Le film Algérie du possible


Le projet de web-documentaire « Notre histoire – Histoire de l’Algérie postcoloniale »

Ce projet de web-documentaire est né dans le sillage du film Algérie du possible autour du parcours de l’avocat anticolonialiste Yves Mathieu (1924-1966). Le nom choisi souligne que cette page du passé concerne aussi bien la France que l’Algérie. Ont témoigné dans le film Ahmed Ben Bella, premier président de la République algérienne, Mohammed Harbi, conseiller du président Ben Bella, Ali Haroun, dirigeant du FLN en France, Jacques Vergès, avocat du FLN et dix autres personnes engagées pour l’indépendance algérienne. Mais leurs entretiens complets ont valeur d’archives et « Notre Histoire » s’est fixé pour premier objectif leur mise en ligne sous forme de web-docs et d’un livre numérique.

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Que disent ces entretiens ?

« La première mythologisation de l’expérience algérienne vient du fait que c’est la première entreprise nationaliste qui ait réussi » en Afrique, explique Mohammed Harbi, qui tire un bilan de la tentative d’autogestion après l’indépendance et du rôle de l’Algérie dans les indépendances africaines.

« Nous aurions pu faire beaucoup mieux », confie Ali Haroun, qui dit son désaccord avec le régime installé en 1962 et évoque le combat de Krim Belkacem dont il fut l’avocat.

Jacques Vergès revient sur la stratégie de défense de rupture du Collectif des avocats du FLN face au mépris des autorités françaises pour les Algériens insurgés et rappelle le caractère internationaliste de la révolution algérienne.

« Ces hommes là méritent qu’on leur dise merci ! », conclut Ahmed Ben Bella à propos de ses rencontres avec Nelson Mandela et tous les leaders de cette Afrique dont il a voulu l’unité. Un autre responsable algérien, Mourad Lamoudi, présent à l’entretien, ajoute ses réflexions.

Amar Bentoumi, militant de l’indépendance algérienne et homme politique, raconte la mise en place en 1963 du premier ministère algérien de la Justice, la répression après le coup d’État du 19 juin 1965 et donne son point de vue sur les régimes successifs.

L’avocat Henri Coupon, qui appartenait à la même génération engagée contre le fascisme et le colonialisme qu’Yves Mathieu, revient sur le Collectif des avocats du FLN avec des souvenirs émouvants et parfois drôles sur ses clients.

Condamnée en France pour son soutien au FLN, puis psychiatre dans l’Armée de libération algérienne à Tunis, Annette Roger-Beaumanoir apporte un témoignage sur la politique de santé publique dans l’Algérie indépendante.

Cherif Meziane se rappelle sa condamnation à mort à 19 ans par un tribunal militaire français après les attentats de Marseille en 1958 et évoque aussi l’expérience autogestionnaire d’après l’indépendance.

Rappelant les conditions dans lesquelles ont été signés les décrets de mars 1963 sur les biens vacants et l’autogestion, le juriste algérien Mohamed Bedjaoui explique le manque de préparation du peuple algérien à cette expérience.

Issu de la Résistance et des « porteurs de valises » auprès des indépendantistes algériens, Jean-Marie Boëglin raconte la création du Théâtre national algérien, évoque les figures marquantes de Mohamed Boudia et Cherif Belkacem et son arrestation après le coup d’État du 19 juin 1965.

Ancienne journaliste, Denise Mendes parle de l’atmosphère enthousiaste de l’Algérie des années 60, qui apparaissait comme un phare du Tiers Monde pour les révolutionnaires d’Amérique latine.

Encore adolescents à l’époque, Abderrahmane Bouhadef comme Jean-Marc Gregorio racontent les campagnes d’alphabétisation et de reboisement auxquelles ils ont participé en 1963, et le coup d’État de juin 1965, tout comme Nadia Braïk, alors encore enfant, se souvient de l’assassinat de sa tante par l’OAS en France pendant la guerre d’indépendance.

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Tous ces témoignages révèlent des contradictions qui sont source de questionnements. L’historien Gilles Manceron, qui soutient ce projet, relève, par exemple, qu’Ali Haroun justifie la décision du FLN, en 1958, d’étendre les attentats à la France métropolitaine ou celle, en 1991, d’interrompre le processus électoral devant la poussée islamiste, ce sur quoi un autre témoin comme Mohammed Harbi a de sérieuses réserves. Un travail historique reste à faire à partir de ces archives orales, comme de toute autre archive.

Viviane Candas

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