PROGRAMME
18h30 – Foyer du Colisée : témoignages et projections
- le peintre Jean-Jacques Lebel, dont trois oeuvres figurent dans l’exposition du Louvre-Lens
- Geneviève Buono et Claude Chevallier, de la Compagnie Sophie l’a dit avec des extraits de leurs deux spectacles La Fontaine d’or et La Première
- Sinda Guessab et Samir Guessab, qui interprètent la pièce Je vous ai compris, le 26 septembre, sur la Scène du Louvre-Lens
- les oeuvres des artistes plasticiens, Ammar Bouras, Mustapha Boutadjine, Farid Mammeri, Mustapha Sedjal
- Alice Cherki : la parole d’une psychanalyste
20h30 – Grande salle
- Introduction par Gilles Manceron, historien, Ligue des droits de l’Homme, et Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité
- Roland Rappaport et Jean-Philippe Ould-Aoudia : des avocats contre la torture pendant la guerre d’Algérie
- Projection d’extraits du film Les traces et l’oubli, mémoire artistique de la guerre d’Algérie, présentés par son réalisateur, Hamid Smaha
- Anissa Bouayed, commissaire d’expositions au Mama (Alger) et au Mucem (Marseille)
- Table ronde avec René Gallissot, Mohammed Harbi, historiens, et Benjamin Stora, président du Musée national de l’immigration
Le grand tableau antifasciste collectif
L’un des tableaux auxquels Jean-Jacques Lebel a “participé” et qui figure dans l’exposition Louvre-Lens, le Grand tableau antifasciste collectif, date de 1960. Longtemps censuré, il s’affirme collectif parce qu’y travaillèrent Enrico Baj, Roberto Crippa, Gianni Dora, Erro, Jean-Jacques Lebel et Antonio Recalcati.
«En 1960, la France fait la guerre en Algérie. La torture de celles et ceux qui sont suspectés d’appartenir au FLN ou de l’aider se pratique de façon régulière. En 1958, Henri Alleg publie La Question».[…] A peine paru aux Editions de Minuit, le livre est interdit en France.[…] Le Grand tableau antifasciste naît dans ce contexte. Ce n’est pas une peinture d’histoire, au sens habituel du terme, mais un montage de formes symboliques : gueules ouvertes, corps écartelés, visages aux regards haineux ou terrifiés, dents et griffes. Une croix gammée fait allusion aux crimes nazis – dont la torture. On reconnaît le style de plusieurs des participants – les corps sinueux de Lebel, les têtes compressées d’Erro, les généraux grotesques et décorés de Baj. Les six peintres prennent le parti de l’expressionnisme gestuel, de la caricature, du grotesque. »
«En 1960 et 1961, Jean-Jacques Lebel et ses plus proches amis organisent trois manifestations artistiques, les Anti-Procès. En 1960, ils ont lieu à Paris et à Venise. En 1961, le troisième et dernier ouvre à Milan, à la gallerie Brera, le 5 juin. La distribution est, vue d’aujourd’hui, éblouissante. Se retrouvent notamment, sous le signe de l’anticolonialisme, Victor Brauner, Lucio Fontana, Roberto Matta, Henri Michaux, Meret Oppenheim, Robert Rauschenberg, Jean Tinguely et Cy Twombly. Il y a également les auteurs du Grand tableau, mais aussi Gérard Deschamps, Daniel Pommereulle ou Takis. A cette liste, s’ajoute celle des signataires du manifeste des 121 contre la guerre d’Algérie – Maurice Blanchot, Jean-Paul Sartre, Nathalie Sarraute, Michel Leiris, Alain Resnais. Un exemplaire de l’appel est collé dans l’angle inférieur droit du Grand tableau.»
«Dix jours après le vernissage, surgissent des carabinieri. Sur ordre du procureur de la questura de Milan, Luigi Costanza, ils s’emparent du Grand tableau et du Flux de la Sharpeville asexuée d’Erro, coupables de « vilipendio della religione dello stato » (« outrage à la religion d’Etat »). Décrochées, roulées, les toiles disparaissent dans les caves du palais de justice de Milan. Jean-Jacques Lebel est placé en garde à vue pendant deux jours, une pétition circule immédiatement en Italie, que signent, entre autres, Fellini, Antonioni, Moravia et Strehler. »
En 1983 une avocate, amie de Baj, décide de reprendre le dossier. Au bout de deux ans, elle obtient enfin une réponse de la questura : la procédure contre Lebel et ses amis a été abandonnée fin 1969, sans qu’ils en soient prévenus. Et la toile existe toujours. Elle est rendue à Baj en 1987, dans un état déplorable, pliée, à demi ruinée.
A la Fête de l’Humanité, à La Courneuve (93), ce dimanche 14 septembre, à l’Agora, de 13h à 13h30, Patrick Apel-Muller et Alain Ruscio vont annoncer l’initiative organisée à Lens par la LDH sur l’exigence de vérité sur la mort de Maurice Audin et rappeler “l’Appel des 171” lancé lors de la soirée au Tarmac le 24 mars dernier.