Toulon : six cents manifestants pour la paix à Gaza
C’est devant la mairie que le silence s’est abattu. Grondant, brûlant. Soixante longues secondes d’hommage aux victimes de l’offensive israélienne à Gaza. Près de 600 personnes retenant leur souffle, précieux, avant de reprendre leur rugissement de colère.
C’est à l’appel de la Ligue des droits de l’Homme que le rassemblement a eu lieu, place de la Liberté à 15 heures. Militants issus d’organisations variées, simples citoyens, tous affichaient un regard grave.
L’appel au cessez-le-feu
Rassemblée, la foule piquetée de drapeaux palestiniens, politiques et syndicaux a ensuite écouté avec attention et émotion les prises de parole successives. Attia Zohra, de l’association Femmes du monde, a dénoncé la « prison à ciel ouvert» que constitue la bande de Gaza, avant que sa voix ne se brise d’émotion.
Unanimes, les orateurs ont appelé à un cessez- le-feu immédiat, jugeant disproportionnée l’intervention israélienne sur une « bande de terre pas plus longue que la distance de Toulon à Solliès ».
Après les interventions, toutes ponctuées d’applaudissements, le cortège s’est ébranlé pour une longue boucle. Pas d’excès à signaler, hormis celui de zèle, lorsqu’il s’est agi de reprendre en coeur les slogans : « Gaza debout, jamais à genou » et « Pour une paix juste et durable à Gaza ».
Un appel à ceux qui peuvent – doivent – faire pression sur les belligérants.
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Le conflit entre Israéliens et Palestiniens est depuis de nombreuses années au cœur des préoccupations de la Ligue des droits de l’Homme. En témoigne la résolution qu’elle a adoptée lors de son 82e congrès, à Evry, les 7, 8 et 9 juin 2003. Nous en donnons de larges extraits ci-dessous 1.
Résolution de la LDH (extraits)
Depuis plus de [60] ans, la Palestine, qui fut sous mandat britannique, est une terre de sang et de larmes : les décisions, en 1948, de la communauté internationale n’ont pas permis aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre en paix. […]
La LDH rappelle que la revendication nationale de ces deux peuples conduit à la création de deux États : Israël et Palestine, qui ont tout autant le droit de vivre en paix. À ce titre, la création d’un État palestinien viable à Gaza et en Cisjordanie est un droit incontestable et l’abandon de toutes les colonies en est le corollaire indispensable. […]
La révolte du peuple palestinien n’est que la conséquence d’injustices permanentes et répétées, de dénis du droit, aggravés par un recours quotidien à la force toujours plus inacceptable. Aujourd’hui, c’est un peuple tout entier qui ne peut ni travailler, ni se déplacer, ni se soigner ou s’éduquer ; qui, tout simplement, ne peut pas vivre.
Il appartient à la LDH de rappeler que ceux qui se livrent à ces crimes de guerre ou qui donnent l’ordre de les commettre devront rendre compte de leurs actes.
La société israélienne elle-même subit les conséquences de ce qui se passe à ses frontières. La liberté de l’information est mise en cause, les opposants marginalisés et les discriminations contre les Arabes israéliens s’amplifient, notamment lorsque l’on tente d’interdire par divers moyens aux représentants de cette minorité d’exercer leurs droits : c’est le caractère démocratique de la société israélienne qui est, en définitive, atteint.
Rien, par ailleurs, absolument rien, ne peut justifier la violence aveugle à laquelle se livrent certaines organisations palestiniennes. Les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupation y compris par les armes. Mais, toute lutte, aussi légitime soit-elle, est comptable des moyens qu’elle utilise. […]
Parce que chaque vie a la même valeur, la LDH refuse de se livrer à un exercice d’arithmétique entre des drames réciproques, ce qui ne peut conduire qu’à absoudre l’insoutenable d’où qu’il vienne. Elle n’entend pas, cependant, mettre à égalité celui qui occupe et celui qui est occupé. La LDH réaffirme la légitimité du droit du peuple palestinien à vivre libre.
- La résolution adoptée est reprise dans le rapport 2003 de la LDH : Le conflit israélo-palestinien et ses conséquences en France.