Le 22 avril, une vingtaine de personnes ont été empêchées d’assister au premier conseil municipal ; selon le maire, la limitation du nombre de personnes avait été décidée pour des raisons de sécurité, car selon lui « des manifestants un peu agités » étaient attendus.
Dimanche 27 avril 2014, le maire a tenté d’empêcher le dépôt par le groupe des élus de gauche au conseil municipal d’une gerbe au monument aux morts de la ville, à l’occasion de la cérémonie de la Journée nationale de la déportation – le prétexte invoqué par le maire était cette fois que le dépôt de gerbe est « œcuménique et consensuel. Les partis politiques quels qu’ils soient, en dehors du maire de la ville, ne sont donc pas autorisés à déposer.»
Néanmoins, grâce au concours de l’Association Nationale des Anciens Combattants Résistants (ANACR), des représentants du groupe d’opposition ont pu contourner l’oukase du maire.
L’une des premières décisions du nouveau maire a été de baisser les subventions aux associations de 20 % (la Ligue des droits de l’Homme recevait 200 € par an). Mais le problème emblématique à Mantes-la-Ville concerne la salle de prière :
A Mantes-la-Ville, le maire FN veut
bloquer la construction d’une salle de prière
Cyril Nauth, a remporté le siège de maire avec 30,26% des suffrages et 61 voix d’avance sur la sortante socialiste Monique Brochot (29,35%).
« Nous sommes hostiles à ce projet et nous dénonçons le coup politique de l’ancienne maire pour s’attirer le vote communautaire des musulmans », affirme Cyril Nauth, le nouveau maire Front national de Mantes-la-Ville (Yvelines). Le projet : la construction d’une nouvelle salle de prière acceptée par l’ancienne municipalité, alors dirigée par Monique Brochot (PS).
L’Association des musulmans de Mantes-Sud (AMMS) dispose d’un pavillon loué à la ville. Un bâtiment d’une capacité de quelque 300 personnes, « qui n’est pas aux normes », selon Abdelaziz El Jaouhari, le président de l’AMMS.
Début octobre 2013, le conseil municipal, alors à majorité socialiste, décide d’acquérir l’ancienne trésorerie de la ville, qui appartient à la communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines. L’objectif de ce rachat : vendre ensuite ce bien à l’AMMS pour aménager une nouvelle salle de prière. Le coût total, d’environ 650 000 euros, doit être couvert par l’association. La nouvelle salle pourra accueillir environ 700 personnes.
L’agglomération et la ville se sont mises d’accord pour le rachat, mais il n’a pas été entériné avant les municipales… et la défaite de la maire socialiste.
Obstacles juridiques
Or, lors de la campagne, le futur maire FN a promis de s’opposer au projet de salle de prière, invoquant des problèmes de stationnement dans le quartier et dénonçant un « vrai danger financier », si l’association ne rassemblait pas la somme pour acheter les locaux.
Peut-il réellement s’opposer au projet, alors que la mairie socialiste a déjà signé la promesse de vente ? « Il s’agit d’une promesse unilatérale de vente et non d’un compromis, le vendeur ne peut se rétracter », remarque Bernard Dolez, professeur de droit public à l’université de Lille-II et de Paris-XIII.
« Si la ville ne souhaite plus réaliser la vente, une demande d’exécution forcée de la vente a peu de chances d’aboutir », poursuit-il. Mais la ville pourra alors être condamnée à verser des dommages et intérêts à l’AMMS, ceci aux frais des contribuables.
« On va voir ce que ça peut coûter, mais pour respecter l’électorat mantevillois, on est prêts à payer cette somme, qui ne sera pas indécente, je pense », assure Cyril Nauth.
« Discrimination »
« Nous allons étudier toutes les possibilités juridiques et légales pour que le projet n’aille pas à son terme. Nous avons demandé un délai d’un mois, jusqu’à la mi-mai, pour étudier le projet. S’il n’est pas possible d’y mettre un terme, on se soumettra à la loi mais rien n’est fait pour l’instant », a-t-il précisé.
« A part pour nous discriminer, je ne vois aucune raison de s’opposer à ce projet, déplore Albelaziz El Jaouhari. Nous sommes attachés à la construction d’une salle de prière digne de ce nom depuis 25 ans. Les autres cultes disposent de lieux, je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour nous car le pavillon que nous occupons actuellement va être démoli. »
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Ci-dessous un communiqué de l’Association des Musulmans de Mantes Sud qui dénonce les actes racistes dont ils sont victimes. L’association rappelle par ailleurs qu’elle a signé la promesse de vente, versé les 10% et qu’elle a aujourd’hui tout l’argent nécessaire à l’achat de cette salle…
Communiqué de l’AMMS
Actes racistes à l’encontre de la Mosquée de Mantes la Ville
Aujourd’hui, la boite aux lettres de la Mosquée a été remplie de tranche de terrine de porc moisie. C’est indéniablement un acte raciste et provocateur. C’est la première fois en douze années d’existence de la Mosquée qu’elle fait l’objet d’une telle attaque raciste.
Dans la nuit de lundi à mardi, les alarmes intérieures du local de la rue des merisiers qui doit abriter la nouvelle salle de prière ont retenti toute la nuit. Une intrusion ou tentative d’intrusion dans le local aurait eu lieu ?
Pour la communauté musulmane Mantevilloise, ces actes sont d’autant plus préoccupants qu’ils interviennent dans un contexte social et politique dégradé sur le Ville. Les déclarations de responsables publics pour empêcher le projet de la nouvelle salle de prière d’aboutir sans aucune raison valable ne peuvent qu’encourager de tels actes.
Dans le Mantois, et sur toutes ces dernières décennies, les communautés ont cohabité pacifiquement. Ce savoir-vivre a consolidé la paix sociale et le bien vivre-ensemble et a permis d’endiguer les mouvances extrémistes de tout bord.
L’Association des Musulmans de Mantes Sud a déposé plainte. Au-delà du travail que la justice doit accomplir, il est important de faire cesser les amalgames et les provocations sur le projet de la nouvelle salle de prière notamment par les Responsables publics. Le climat inquiétant installé
légitime aux yeux de certains le passage à l’acte pour des actes racistes et/ou violents.
Le 16 avril 2014