Roms : « La misère ne fait pas partie de leur culture »
La ville de Toulon et son agglomération à la main de l’UMP n’échappent pas bien entendu au phénomène. Avec une population – les Roms ! – montrée du doigt et, au besoin, délogée par la force publique sous les feux médiatiques. Sans que cela ne soulève l’indignation générale. Sans non plus et surtout que soit respecté le droit au relogement.
Un travail de sensibilisation a donc toute sa place aujourd’hui sur la voie publique. Avec en prime une interpellation en bonne et due forme du ministre Manuel Valls sous forme de tract intitulé « Stop à la chasse aux Roms ».
C’est tout le sens de la présence les défenseurs des Droits de l’Homme samedi matin [7 septembre 2013] sur une place publique du Port du Levant (la place du Mûrier). Histoire de combler le déficit d’informations dont semble souffrir un grand nombre de personnes, en allant à leur rencontre. Une prise de conscience pour faire pression sur les élus.
Une réponse humaine à la détresse
« Ce sont des citoyens européens, des être humains. On se doit d’avoir une réponse humaine à leur détresse », commence Julien Carboni. Le président de la section toulonnaise de la Ligue des droits de l’Homme dénonce ensuite un déplacement de l’argumentation sociale, seule pertinente, en argumentation ethnique délétère et stérile. « Non, insiste-t-il, ce n’est pas dans leur culture d’être dans la misère, mais ils sont emprisonnés dans la pauvreté. »
En cause, entre autres, les mesures transitoires qui bloquent le libre accès au travail et enferment les Roms dans la précarité et la misère. Ces dernières restreignent, en effet, jusqu’à fin 2013, l’accès au marché du travail des ressortissants de Roumanie et de Bulgarie – deux pays d’où viennent en majorité ces populations. Les considérant de fait comme des ressortissants non communautaires (de seconde zone ?), alors que leurs pays sont membres à part entière de l’Union européenne.
Pour mémoire, la levée immédiate de ce « traitement particulier », particulièrement injuste, exigée aujourd’hui par les partisans de la LDH dépend d’une simple décision du gouvernement.
Concernant ensuite « les expulsions continuées par le gouvernement actuel », Julien Carboni se souvient de celle ordonnée dans un bâtiment des Lices, à Toulon : « Il y avait des bébés, des familles entières. Bien sûr qu’il ne fallait pas les laisser vivre dans ces conditions-là, sans eau, sans hygiène. Mais … » Le militant des droits de l’homme rappelle l’existence d’une circulaire interministérielle, celle du 26 août 2012, qui définit une méthodologie pour les services de l’État et les acteurs locaux « afin de trouver des solutions d’urgence ».
Travail, logement digne, santé, scolarité…
Or, et ceci est une évidence : « Les associations présentes sur le terrain témoignent que les conditions de relogement et de scolarisation ne sont pas respectées par les préfectures. » Les familles expulsées du quartier des Lices, explique-t-il, « on les retrouve aujourd’hui sous les ponts, dans d’autres squats ».
Une défaillance de l’État que la LDH dénonce avec force, en estimant « que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, contrevient à sa responsabilité ministérielle et républicaine en entretenant la discrimination à l’égard des Roms en cette période de profonde crise sociale… »
Et pour ne pas accepter l’inacceptable, la LDH rappelle que « personne ne devrait être privé des conditions d’accès au travail, à un logement digne, à la santé, à la scolarité, et à l’ensemble des droits communs.» Personne, les Roms pas plus que d’autres.
«Des solutions existent !»
De Gardanne à Aubervilliers
La section toulonnaise de la Ligue des droits de l’Homme rappelle que des solutions existent et cite en exemple des initiatives mises en place dans certaines municipalités de gauche. Ces villes «démontrent que, grâce à la volonté et au courage politique, des solutions humanistes peuvent être mises en place», souligne la LDH.
La commune de Gardanne (PCF) a en effet mis à disposition des Roms un terrain d’accueil en aménageant le puits Z, un ancien site minier équipé des conditions sanitaires essentielles. Aubervilliers (PS) donne également l’exemple avec la création d’un site d’insertion.
Elus et citoyens sont donc invités partout à relever le défi. Celui de plus de dignité et de fraternité.