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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

une loi pour chasser plusieurs dizaines de milliers de bédouins de nationalité israélienne

Le parlement israélien a approuvé en première lecture le 24 juin 2013 une loi, connue sous le nom de Plan Prawer-??Begin, dont l'objectif est de contraindre plusieurs dizaines de mil­liers de bédouins du Néguev (Pales­ti­niens d’Israël) de quitter leurs terres et leurs vil­lages et de se regrouper dans des villes et quar­tiers qui leur seront assignés. Le vote a été acquis à 3 voix de majorité. La loi doit revenir à deux reprises devant la Knesset pour être applicable. Il n'est pas trop tard pour tenter d'y faire échec – en particulier en signant et en diffusant la pétition d’Adalah (orga­ni­sation de défense juri­dique des Pales­ti­niens d’Israël).

Communiqué de l’Ufjp1

La chasse aux Bédouins du Néguev est ouverte

Le lundi 24 juin 2013, la Knesset, le parlement israélien, a approuvé en 1ère lecture la loi Prawer – Begin : 43 pour / 40 contre – ce qui laisse 37 votes blancs ou absents.

Tout est donc en place pour chasser « légalement », la population bédouine (30 000 à 70 000 personnes) du Néguev / Naqab.

La loi dépossède les Bédouins Palestiniens de leur terre, de leurs moyens d’existence traditionnels et porte atteinte à leur structure sociale. Elle les force à s’entasser dans des zones urbaines appauvries où leur potentiel propre de développement sera contrarié. Le Tribunal Russell sur la Palestine parle non seulement d’une politique d’Apartheid mais, également, d’un sociocide pour qualifier la politique israélienne à l’encontre de la société palestinienne, c’est à dire la destruction systématique de leur langue, de leur culture et de leur nation.

La loi Prawer-Begin est en contradiction avec les recommandations du Comité de l’ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels, qui a interpellé l’Etat d’Israël pour qu’il mette fin aux expulsions et à la destruction des villages “non reconnus”. Elle est aussi contraire aux recommandations du CIEDR, le Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale : celui-ci, en 2007, est intervenu auprès de l’Etat israélien pour qu’il reconnaisse les villages bédouins, permette aux Bédouins de continuer à travailler leurs champs et renonce aux transferts opérés sans le consentement des habitants des villages.
La demande à Israël de retirer le plan Prawer a été faite en mars 2012 par le CIEDR et en juillet 2012 par le Parlement européen.

La loi Prawer – Begin approuvée comprend des articles qui seront encore plus accablants pour les Bédouins, dont

  • La loi sera exécutoire dans 3 ans et non dans 5 ans comme prévu initialement ;
  • Un Comité ministériel sera nommé pour suivre la mise en œuvre du programme sur la base des rapports périodiques qu’il recevra ;
  • 250 policiers seront ajoutés aux effectifs chargés de la mise en œuvre du plan.

Cette loi est d’autant plus scandaleuse que les Bédouins demandent seulement d’avoir la maîtrise sur 5% de leurs terres. A noter également que les Bédouins sont des citoyens israéliens !

Adalah (Centre juridique pour les droits des minorités arabes en Israël) a fait un inventaire des lois discriminatoires à l’égard des citoyens palestiniens.

Depuis 1948 la liste compte plus de 60 lois qui concernent tous les aspects de la vie, y compris la propriété de la terre, l’accès aux ressources de l’Etat, les prisonniers, les droits civiques et politiques …

Le 28 juin 2013

Le bureau National de l’UJFP

Pétition

Arrêtez le Plan Prawer !

Ci-??dessous la tra­duction fran­çaise de la pétition. Pour la signer, cliquer ici

Nous appelons le gou­ver­nement israélien à retirer le Plan Prawer qui envisage le dépla­cement forcé de plus de 70.000 Bédouins arabes ori­gi­naires de la région, citoyens d’Israël, hors de leurs terres ances­trales dans le désert du Naqab (Néguev) au Sud d’Israël. Le gou­ver­nement d’Israël doit recon­naître les vil­lages “non reconnus” des Bédouins arabes et leurs droits ances­traux sur les terres, cesser les démo­li­tions de maisons, fournir les ser­vices fon­da­mentaux et engager un dia­logue signi­fi­catif avec la com­mu­nauté bédouine arabe et les diri­geants poli­tiques arabes. Il est temps de réparer un tort his­to­rique, de mettre en pra­tique une véri­table égalité et de garantir le respect des droits de l’homme.

Israël entend déplacer des milliers de Bédouins

par Serge Dumont, Le Temps, le 27 juin 2013

Le «plan Praver» prévoit de déplacer de force entre 40?000 à 70?000?Bédouins. (Reuters)

Le gouvernement israélien prévoit de vider des dizaines de villages non reconnus et de relocaliser leurs habitants. Un premier vote a été approuvé au parlement. Mais les Bédouins refusent de partir

«S’il faut de la violence pour nous faire entendre, il y aura de la violence. On se couchera sous les bulldozers.» A 10 kilomètres au sud de Beer-Sheva, «capitale» du désert du Néguev, Fahdi, ses frères, et quelques dizaines de membres plus éloignés de sa famille nombreuse sont sur le pied de guerre. Réunis dans leur cabane de tôle ondulée où flotte une forte odeur de tabac froid et de sueur, ils tentent de digérer le vote en première lecture par la Knesset, dans la nuit de lundi à mardi, du «plan Praver» prévoyant le dé­placement forcé de 40?000 à 70?000?Bédouins sur les 220?000 que compte le Néguev.

Certes, la loi n’est pas encore définitivement votée puisque la procédure israélienne prévoit qu’elle doit être approuvée à trois reprises pour être promulguée. Mais la majorité y est favorable, de même que des petits partis d’opposition.

Terres prises par Tsahal

«Dans ce pays, même les chiens sont mieux considérés que les Bédouins, lâche Zaïd, l’un des cousins de Fahdi. On nous accueille à bras ouverts dans l’armée, mais lorsque nous demandons des droits égaux au reste de la population, on nous crache au visage.»

Dans les années suivant la création de l’Etat hébreu, en 1948, de nombreux Bédouins, dont certains sont liés à des tribus s’étendant en Egypte, en Jordanie et en Syrie, ont été «déplacés» au profit de Tsahal (l’armée) qui a transformé leur territoire en un immense terrain de manœuvres.

Les villages qui ne voulaient pas déménager ont été punis en n’étant pas reconnus par l’Etat hébreu. Ils se sont progressivement transformés en bidonvilles de toile et de taule ne bénéficiant ni de l’électricité, ni de l’eau courante, ni d’un système d’égout. Encore moins de services sociaux, médicaux et éducatifs. Du fait de leur non-reconnaissance, leurs habitants n’ont pas de carte d’identité et ne sont pas répertoriés au Bitouah Leumi, l’équivalent de la sécurité sociale. Ils ne votent pas, ne paient pas d’impôt et n’ont droit à aucune aide.

Certains de ces hameaux ne portent même pas de nom. Ils sont complètement isolés au fond de routes poussiéreuses. Les enfants ne vont pas à l’école et font paître les chèvres et les quelques chameaux du clan. «Lorsqu’on a besoin d’argent, on vend quelques bêtes», lâche un ancien qui nous présente fièrement ses quatre épouses autour d’un café noir et très épais.

Israël entend déplacer des milliers de Bédouins

Un peu plus au sud, à une demi-heure de jeep environ, les cinq villages composant Wadi el Naama (14?000 membres de la tribu des Al Azazmeh) bénéficient d’un meilleur confort, mais ils sont installés à côté de l’incinérateur de déchets géant de Ramat Hovav, dont les fumées sont cancérigènes. Mais ils refusent de partir. «Nous étions là avant l’incinérateur et l’Etat n’a pas demandé notre avis quand il l’a construit», fulmine Mohamad, récupérateur de métaux et de pièces de voitures accidentées.

A en croire l’entourage du premier ministre Benyamin Netanyahou, c’est pour percer l’abcès des villages non reconnus que le gouvernement a endossé en septembre 2011 la plupart des recommandations présentées par Ehoud Praver, un ancien vice-président du Conseil national de sécurité, chargé – sans succès – de négocier un accord avec les chefs tribaux.

Revisité ensuite par le ministre sans portefeuille Benny Begin, une figure du Likoud qui ne fait plus partie du cabinet issu des élections législatives du 22 janvier dernier, le projet prévoit la destruction de 35 villages et groupes de hameaux, ainsi que la «relocalisation» de leurs habitants. Ceux-ci bénéficieraient d’une aide financier censée leur permettre d’acquérir un terrain inscrit au tabou (le registre national des propriétés). Budget: 330 millions de dollars.

Plan «raciste et obscène»

Le problème, c’est que les Bédouins ne veulent pas quitter leurs terres ancestrales. «Elles appartenaient à mes parents et avant eux à mes grands-parents qui les tenaient de leurs ancêtres bien avant que l’idée de créer un Etat juif ne soit lancée. Pourquoi est-ce que nous devrions partir?» interroge Fawzia, une étudiante dont les parents résident dans la seule maison digne de ce nom – quatre murs en ciment – du village non reconnu de Kasser al Sir.

Plutôt qu’une relocalisation dans de nouveaux lotissements, les représentants des Bédouins exigent que l’Etat reconnaisse les villages existants et leur accorde des conditions de vie décentes ainsi qu’un statut légal. «Cela coûterait beaucoup moins cher et prendrait moins de temps», estime Dov Khanin, député du parti progressiste judéo-arabe Hadash. Quant à son collègue Ahmed Tibi, il juge le plan Praver «raciste et obscène». «Nous allons assister à la plus grande expulsion de population depuis la nakba [ndlr: la «catastrophe» que représente pour les Palestiniens la création d’Israël en 1948]. Les Bédouins sont des gens pacifiques et discrets, mais ils ne se laisseront pas faire sans réagir parce que, au-delà de leurs terres, c’est leur dignité et leur mode de vie qui sont en jeu.»

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Plus d’informations :

  • Adalah – ?Centre Juri­dique pour les Droits de la Minorité Arabe d’Israël?–?
  • Forum de Coexis­tence du Neguev pour une Egalité Civique? : www.dukium.org
  1. http://www.ujfp.org/spip.php?article2794
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