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le congrès de la Soummam 56 ans après, quelle histoire pour 50 ans d’indépendance ?

Après les colloques d'historiens organisés à Alger, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance, par La Tribune et par El Watan, deux journées de rencontre-débats consacrées au Congrès de la Soummam se sont tenues les 12 et 13 juillet 2012 à Ifri-Ouzellaguen, lieu où s'est déroulé l'“acte fondateur” de l’État algérien en août 19561. C'est une association de jeunes, l'AAJ Horizons d’Ouzellaguen, animés de la volonté de «libérer les activités culturelles de la commune» de la routine des «anniversaires de circonstances» et de «favoriser l’action durable et continue, où le citoyen sera constamment sollicité et sensibilisé», qui a organisé non sans mal ces deux journées et défini leur programme. Des rencontres dont l'historien Daho Djerbal a souligné l'originalité, dans un entretien donné au quotidien L'Expression : «D'habitude, on se retrouve dans des colloques universitaires ou dans des cérémonies organisées par des partis, ou par d'autres institutions officielles de l'Etat. Donc, pas de dialogue. Mais à cette occasion, il y a eu un dialogue, “un débat entre histoire et mémoire”. Cela est le premier aspect qui est très important. Il y avait à la fois des gens âgés qui ont connu et vécu la période» et des jeunes, notamment «de l'association Horizons qui a pris l'initiative d'organiser cette rencontre.2»

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Ouzellaguen : rencontres-débats sur le Congrès de la Soummam

par Hocine Aït Djoudi, El Watan, le 25 juillet 2012

Des historiens de renom ont donné les 12 et 13 de ce mois de juillet une série de communications lors des rencontres-débats sur le congrès de la Soummam organisées par l’association Horizons à la maison de jeunes d’Ighzer Amokrane et au musée d’Ifri, dans la commune d’Ouzellaguen (Béjaïa).

«Le Congrès de la Soummam, 56 ans après, quelle histoire pour 50 ans d’indépendance ?». Tel est le thème retenu pour ces rencontres-débats. Dalila Aït El-Djoudi, chercheure à l’IEP d’Aix En Provence, spécialiste en histoire militaire, s’est chargée de rappeler le tragique itinéraire révolutionnaire de Abane Ramdane. «Un dirigeant autoritaire qui a pris des coups de son vivant et après sa mort», affirmera-t-elle d’emblée. Pourquoi dérangeait-il et continue-t-il de déranger à ce jour ? Pour l’oratrice, «ses détracteurs l’accusaient de manœuvres visant à écarter un certain nombre de personnes politiques de la direction de la guerre et de pratiquer un pouvoir trop personnel. Le projet de société démocratique, social et laïc qu’il prônait a suscité aussi de vives critiques. Il sera isolé puis assassiné dans le pur style mafieux».

Que reste-t-il dans les mémoires, aujourd’hui ? «Un sujet de polémique dont le personnage constitue une ligne de fracture entre deux projets de société», répondra l’historienne.

Foued Soufi, chercheur au Crasc d’Oran, estime pour sa part que «Abane a commis quelques erreurs tactiques et n’a pas été très pédagogue. Il a posé des problèmes politiques mais des militaires ainsi que des membres de la délégation extérieure, se sentant ciblés, se sont rebiffés». M. Soufi ne manquera pas de noter qu’«après la mort de son principal soutien, à savoir Larbi Ben M’Hidi, et n’ayant pas de troupes militaires derrière lui, Abane finira par rencontrer son destin».

Une remarque pertinente a attiré, toutefois, l’attention de l’auditoire : Fatima Zohra Guechi, chercheure à l’Université de Constantine, indiquera que «la primauté du politique sur le militaire était une des résolutions destinées pour le futur État algérien indépendant. Ceci n’a pas été compris par certains dirigeants de la révolution lors de la guerre d’indépendance».

Cette lutte fratricide pour le leadership a été aussi, selon Ouarda Siari Tengour, chercheure au Crasc de Constantine, à l’origine de l’absence d’un représentant des Aurès-Nemamcha au Congrès de la Soummam.

Le fait saillant de la kabylisation de la direction de la révolution, décriée par certains, a été par ailleurs relevé par Ali Guenoun, historien à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, dans sa communication intitulée «la suprématie de la Wilaya III dans la direction de la guerre». Il citera, entre autres, Amirouche, Ouamrane, Abane, Krim et Ali Mellah. «Ce n’est pas une question de hasard mais ce sont les circonstances qui ont fait que les kabyles soient à la tête du FLN et de l’ALN. Il fallait se remettre dans le contexte de l’époque pour comprendre», suggérera-t-il. Daho Djerbal, maître de conférences à l’Université d’Alger, lira, pour sa part, un témoignage enregistré auprès d’Ouamrane et ne manquera pas de battre en brèche certaines idées reçues : «le peuple algérien ne s’est pas levé comme un seul homme contre le colonialisme français le 1er novembre 1954. C’est une contre-vérité historique. A l’est du pays, seuls quelques dizaines de militants armés ont entrepris des actions», précisera-t-il en soulignant particulièrement la polémique née de l’institution des grades par le Congrès de la Soummam et de la désignation des officiers par le CCE.

La crise du FLN à l’été 1962 et ses enjeux de pouvoir a été abordée par Amar-Mohand Amer, chercheur au Crasc d’Oran. Il soutiendra que «les évènements ayant marqué l’année 1956 ont des répercussions directes sur ce qui s’est passé en 1962» en exhibant le livre de Mabrouk Belhocine, Le courrier Alger-Le Caire 1954-1956, qu’il qualifie de très explicite à ce sujet. […]

L’ensemble des participants à ces rencontres-débats ont estimé que le Congrès de la Soummam a été pour beaucoup dans le triomphe de la révolution algérienne malgré les crises qu’il a engendrées et les liquidations physiques qui en ont résulté.

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56 ans après, le Congrès de la Soummam revisité

par Ouhnia Kamel, Liberté Algérie, le 14 juillet 2012

La réhabilitation et la réappropriation de la date historique du 20 Août 1956, coïncidant avec la tenue du Congrès de la Soummam, un tournant décisif pour le processus de Libération nationale, la contribution à l’écriture et lecture objective de l’histoire de la Révolution algérienne, en vulgarisant le contenu, les portées stratégiques et l’importance des résolutions de la plate-forme issue de cette rencontre historique d’Ifri, tels sont les objectifs assignés à ces deux journées d’étude organisées ce week-end par l’Association des activités de jeunes (AAJ – Horizons) d’Ouzellaguen (Béjaïa).

Encadrées par des historiens et autres chercheurs universitaires de renom, ces rencontres-débats ont été organisées sous le thème générique “Le Congrès de la Soummam, 56 ans après, quelle histoire pour 50 ans d’Indépendance”, et ce, dans le cadre des festivités du cinquantenaire de l’Indépendance.

Lors du cycle de conférences animées hier au siège du musée d’Ifri, lieu de la tenue du Congrès de la Soummam, Dalila Aït El-Djoudi, docteur en histoire militaire et études de défense, et chercheur associé à l’IFP d’Aix-en-Provence, a fait une brillante intervention sous le thème “Abane Ramdane, héros du passé dans les débats du présent”. “Abane Ramdane, l’un des principaux artisans de la Révolution algérienne, fut étranglé un certain 27 décembre 1957 au Maroc, victime d’un guet-apens tendu par ses pairs”, lancera-t-elle d’emblée, ajoutant que “c’était un dirigeant puissant et autoritaire qui a pris des coups de son vivant et après sa mort. Son combat pour un projet de société moderne, démocratique et laïc, lui a valu de vives critiques. Figure ambivalente, il fut assassiné par les siens, alors qu’il était en mission politique au Maroc, accompagné de Krim Belkacem et Mohamed Cherif. Sa liquidation a engendré une banalisation du crime politique en Algérie”. Pour ses bourreaux, a-t-elle précisé, tuer Abane, c’est éliminer toute alternative politique émanant d’un vrai militant nationaliste, de surcroît rassembleur hors pair.

La conférencière a tenu à rappeler que “Ben Bella était le premier homme politique algérien à évoquer l’assassinat de Abane, lors d’un meeting tenu au lendemain de l’Indépendance. Alors que son successeur, Boumediene, était contre la révélation de ce crime politique”.

Pour conclure, l’oratrice estime qu’“aujourd’hui, le débat doit s’orienter vers tous ces crimes politiques et l’impunité de leurs auteurs. On a tellement banalisé cette violence politique qu’on a assisté à sa réédition avec l’assassinat en direct de Mohamed Boudiaf, il y a 20 ans”.

Pour sa part, l’historien français Jean-Charles Jauffret, professeur à l’Institut d’études politiques (IEP) d’Aix-en-Provence, donnera une communication intitulée “L’année 1956 et les réactions des hommes du contingent français face à la guerre”.

Que reste-t-il dans la mémoire des éléments du contingent français ?” s’est-il interrogé, avant d’affirmer que “la France avait mobilisé, durant la guerre d’Algérie, pas moins de 500 000 hommes auxquels il faudra ajouter les quelque 100 000 harkis”.

Selon le Pr Jauffret, les soldats engagés dans cette guerre ont été bernés, puisqu’on leur a fait croire qu’ils allaient intervenir dans une opération visant à mettre de l’ordre dans les villes d’Algérie.

Par ailleurs, le conférencier fera état des résultats d’un sondage qu’il a réalisé sur un échantillon d’anciens soldats du contingent français ayant pris part à la guerre d’Algérie.
Sur 1 000 personnes sondées, 25% pensent qu’ils n’avaient rien à faire en Algérie, 64% parlent d’une expérience douloureuse avec un sentiment de honte, 5% estiment avoir défendu la patrie, alors que 3% seulement sont fiers d’avoir accompli leur devoir”, a-t-il indiqué.

Interrogé sur l’opportunité et l’utilité d’organiser ces journées d’étude sur le Congrès de la Soummam, le président de l’association Horizons, Kamel Tabet, estime que “c’est par devoir de mémoire que nous avons initié ces deux journées d’étude en vue d’exhumer un pan important de notre Histoire. Car, j’estime aujourd’hui qu’aborder un sujet aussi sensible que polémique, tel que le Congrès de la Soummam, est chose ardue. Ceci dit, pour cerner les tenants et aboutissants de cet événement que nous considérons comme acte fondateur de la nation algérienne, notre association a fait appel à des spécialistes en matière d’histoire, afin de le traiter en toute objectivité”.


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