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Édition du 15 octobre au 1er novembre 2024
Paul Teitgen par Marie Bellando-Mitjans

Bigeard : recul du gouvernement – le transfert aux Invalides ne doit pas se faire

Gérard Longuet vient d'annoncer le “report” du transfert des restes du général Bigeard aux Invalides 1. Le collectif qui s'était créé pour protester contre cette manoeuvre politicienne s'en félicite tout en demandant l'annulation définitive de ce projet. Nous remercions les 9 500 signataires de la pétition qui ont permis de parvenir à ce résultat. L'un d'entre eux nous a autorisé à reproduire ci-dessous la lettre qu'il a adressée au président de la République. Faisons un vœu : Paul Teitgen au Panthéon !

Communiqué du collectif

Le transfert de Bigeard aux Invalides ne doit pas se faire

Le 7 février 2012

Le gouvernement français, par la voix de son ministre de la Défense Gérard Longuet, avait tenté de lancer discrètement l’opération Transfert des cendres du général Bigeard aux Invalides. Dimanche 5 février dernier, tout aussi discrètement, Gérard Longuet a déclaré que ledit transfert pourrait n’avoir lieu qu’en septembre … c’est-à-dire après des élections présidentielles qui s’annoncent bien périlleuses pour la majorité actuelle.

Cette nouvelle déclaration est un recul. La protestation, à laquelle notre pétition (plus de 9 500 signatures à ce jour) a contribué, n’y est pas pour rien. Notre Collectif n’acceptera pas de nouvelles manœuvres politiciennes. Il continue à exiger le retrait pur et simple du projet gouvernemental.

Il invite toutes celles et tous ceux qui refusent l’instrumentalisation de l’Histoire à continuer à faire connaître et à faire signer la pétition.

L’un des premiers à s’associer à notre demande a écrit au président de la République :

Lettre ouverte à Monsieur Nicolas Sarkozy

Nancy, le 2 décembre 2011

Objet : dépôt des cendres du général Bigeard aux Invalides

Monsieur le Président de France,

J’ai l’honneur de vous informer que j’ai adhéré à la pétition demandant le retrait du projet visant à déposer les cendres du général Bigeard aux Invalides. Si de toute évidence, ce général, n’a certes à un certain moment pas manqué de courage, cela ne saurait en aucune façon absoudre l’irréparable. Tout petit déjà, mon père me relatait des séances de tortures que le poète Pierre Emmanuel disait à faire pâlir les enfers ; j’en ai encore aujourd’hui le frisson. Mon père encore me répétait souvent que la torture n’humiliait et n’avilissait que celui qui la pratique ainsi que ceux qui en sont restés les témoins muets, et ce pour quelques raisons que ce soit : la fin ne justifie jamais les moyens (vérité devenue viscérale au cours du long chemin qui l’a conduit des caves de la gestapo à Dachau en passant par le Struthof).

Cela étant, les Invalides n’étant jamais que le reflet de notre histoire avec ses grandeurs et ses turpitudes, je pense en effet que les cendres du général Bigeard pourraient y être déposées dans une urne en forme de gégène afin que chacun puisse se souvenir et se construire (et cela sans repentance aussi ridicule que stérile).

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, au plus profond respect que m’inspire votre haute fonction.

Jean-François Teitgen, Nancy

fils de Paul Teitgen

secrétaire général de la préfecture d’Alger

chargé de la police générale d’août 1956 à septembre 1957

durant ce que l’on a coutume d’appeler les « Événements »

et ancien résistant.

PS : Comme mon père, je sais que si demain je tombe, mon fils sortira de l’ombre à ma place.

Paul Teitgen par Marie Bellando-Mitjans
Paul Teitgen par Marie Bellando-Mitjans

«Ici, précisément ici, je voudrais élever une statue. Une statue de bronze par exemple car elles sont solides et on reconnaît les traits du visage. On la poserait sur un petit piédestal, pas trop haut pour qu’elle reste accessible, et on la borderait de pelouses permises pour que tous puissent s’asseoir. On la poserait au centre d’une place fréquentée, là où la population passe et se croise et repart dans toutes les directions.

«Cette statue serait celle d’un petit homme sans grâce physique qui porterait un costume démodé et d’énormes lunettes qui déforment son visage ; on le montrerait tenir une feuille et un stylo, tendre le stylo pour que l’on signe la feuille comme les sondeurs dans la rue, ou les militants qui veulent remplir leur pétition.

«Il ne paie pas de mine, son acte est modeste, mais je voudrais élever une statue à Paul Teitgen.»

Alexis Jenni, signataire de la pétition,

L’art français de la guerre (page 26), prix Goncourt 2011

Alors …

Paul Teitgen au Panthéon !

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