Communiqué de la Coalition d’associations de victimes
CFDA, SOS Disparus, Djazaïrouna, Somoud 1
Le changement et la démocratie en Algérie passeront par la Vérité et la Justice
La revendication de la Vérité et de la Justice par rapport aux crimes commis dans les années 90 est inévitablement liée à celle du respect des libertés fondamentales et d’un Etat de droit en Algérie. A l’heure de la mobilisation pour une transition démocratique, la Coalition d’associations de victimes
2 estime que la revendication de Vérité et de Justice, vecteur déterminant du succès d’une action pensée en profondeur, doit être, plus que jamais, mise en avant.
La Coalition d’associations de victimes – CFDA, SOS Disparus, Djazairouna et Somoud – a toujours estimé que l’édification d’un Etat de droit en Algérie ne peut faire l’impasse sur l’établissement de la Vérité et de la Justice pour les victimes des violations des droits de l’homme. La spécificité de l’histoire algérienne ne permet pas d’occulter les liens existants entre le conflit des années 90, d’une part, et la forme du système politique actuel et le fonctionnement de la société, d’autre part.
La Coalition tient à souligner que demander la Vérité sur le sort des victimes, ainsi que la désignation des commanditaires et auteurs des violations des droits de l’homme, participent de la lutte contre l’impunité morale et politique, aussi bien des tenants du régime politique en place, que des membres des groupes terroristes islamistes.
La position selon laquelle l’exigence de Vérité et de Justice serait une étape secondaire qui ne pourra advenir qu’après une éventuelle transition constitue, selon la Coalition, une erreur stratégique. Il faudrait alors par conséquent considérer que l’exigence du respect du droit de réunion pacifique ou de toute autre liberté est aussi une étape secondaire qui ne pourra survenir qu’après une éventuelle transition. Or, il est évident que dans le contexte actuel, l’exigence de respect des libertés doit être maintenue, tout en demandant la fin de ce régime autoritaire. Dans cette perspective, la Coalition estime indispensable d’intensifier la pression visant à obtenir la Vérité et la Justice et de poursuivre, au sein de la société civile, la réflexion sur ces questions en vue de tracer les voies d’une alternative, fondée sur ces principes, portée par l’ensemble des forces vives de la société.
A cet égard, la Coalition tient à rappeler que la revendication de Vérité et de Justice ne concerne pas uniquement les victimes directes des violations des droits de l’homme commises durant le conflit des années 1990. Comme le respect des droits de l’homme et des libertés publiques, l’égalité sociale et la lutte contre la corruption, la Vérité et la Justice sur les crimes du passé concerne l’ensemble de la société algérienne. Elles sont une question centrale dans la lutte pour la fin du régime actuel, la démocratie et la mise en place d’un Etat de droit dans notre pays.
Le 5 mars 2011
Représentants de la Coalition d’associations victimes
Contact : Adnane Bouchaïb – 07 70 58 85 55
L’Entv à l’index
L’association SOS Disparus est très remontée contre l’ENTV [la Télévision alkgérienne] et tient à le faire savoir. Nacéra Dutour, sa présidente, se plaint du fait que la Télévision algérienne continue d’organiser des «débats à sens unique» sur le dossier des disparus.
Ainsi, celle-ci reproche à l’ENTV d’avoir laissé Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), procéder en direct, jeudi, à un lynchage en règle des responsables de SOS Disparus sans pour autant avoir donné l’occasion à ces derniers de se défendre.
Lors de son intervention, Farouk Ksentini aurait notamment déclaré que le dossier des disparus était «clos» et que l’association SOS Disparus, qui est «dirigée par une vieille femme, ne représente plus personne». Pour prouver l’«inconsistance» du discours tenu par Farouk Ksentini, Mme Nacera Dutour a fait savoir que les familles de disparus se sont rendues en grand nombre le lendemain (vendredi) au siège de la CNCPPDH pour y observer un sit-in. L’idée était également de solliciter audience au président de la CNCPPDH afin de lui demander des explications. M. Ksentini a, selon Mme Dutour, «refusé de rencontrer les familles de disparus, car il n’avait aucun argument à faire valoir».
Lors d’une visite effectuée, hier, au siège de la rédaction d’El Watan en compagnie de Hassan Farhati, un membre de SOS Disparus, Nacéra Dutour a soutenu que «les familles de disparus ne se laisseront jamais achetées et qu’elles sont déterminées à poursuivre leur combat jusqu’à ce qu’elles obtiennent justice et vérité». A rappeler que l’Etat a reconnu l’existence de 8024 cas de disparition. Il considère toutefois que le dossier est clos. L’Etat se dit «responsable mais pas coupable», selon la formule de Farouk Ksentini. Pour le gouvernement, qui ne souhaite pas ouvrir d’enquête, ces disparitions sont le fait d’«agents isolés». La charte pour la paix et la réconciliation nationale de 2006 interdit néanmoins toute poursuite. En revanche, ce texte prévoit 3 à 5 ans de prison pour ceux qui essaieraient de remettre en cause la réconciliation nationale.
- Source : http://www.algerie-disparus.org/cfda1/index.php?option=com_content&view=article&id=337:la-chenagement-et-la-democratie-en-algerie-passeront-par-la-verite-et-la-justice&catid=67:documents&Itemid=183.
- La Coalition d’associations de victimes a été créée le 24 février 2006 par les associations de victimes du terrorisme islamiste, Somoud et Djazairouna, et les associations de victimes de disparitions forcées du fait d’agents de l’Etat, Sos Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA).