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Édition du 1er au 15 septembre 2025

Le film « Bande-son pour un coup d’Etat » de Johan Grimonprez

La plateforme Arte a diffusé, avant une sortie au cinéma dans une version longue intitulée « Soundtrack for a coup d’Etat » en septembre 2025, un documentaire complexe et passionnant qui articule l’histoire des décolonisations africaines et le rôle du jazz américain.

Signé du Belge Johan Grimonprez, Bande-son pour un coup d’état raconte le mouvement d’indépendance congolais à la fin des années cinquante et au début des années soixante sous une forme radicale, un peu compliquée peut-être surtout au début, mais il faut persévérer pour comprendre comment s’articule l’histoire de la décolonisation, celle de la guerre froide et de la diplomatie mondiale, dans une forme qui est résolument musicale.

Quand je dis qu’il faut s’accrocher, c’est que ça commence en trombe, que le montage alterne images d’archives, lectures et cartons explicatifs à une vitesse effrénée, sans d’abord vraiment se choisir semble-t-il de sujet précis. Or il y a un bien un point de départ au film : c’est en 1961 l’irruption dans la salle où siège le Conseil de Sécurité de l’ONU de deux musiciens afro-américains, la chanteuse Abbey Lincoln et le batteur Max Roach, pour dénoncer l’assassinat du premier ministre congolais Patrick Lumumba quelques jours plus tôt, un assassinat comme la concentration d’enjeux politiques, économiques et culturels, que le film s’applique ensuite à relier dans un long flashback. Il y est question des mouvements coloniaux africains, de ceux qui agitent le Congo belge en particulier, dont l’indépendance paraît d’abord se faire en douceur, c’est-à-dire à une table de négociation, en 1960. Lumumba est la grande figure de cette indépendance, proche du mouvement des Non-alignés, proche de l’initiative bien vite avortée des Etats-Unis d’Afrique : un homme qui refuse en pleine guerre froide de prendre parti pour un bloc ou un autre, et qui entend faire vivre son pays des immenses réserves naturelles dont il dispose et notamment l’uranium, indispensable pour fabriquer la bombe nucléaire. Vous voyez la complexité du tableau géopolitique, dont le Congo est à ce moment-là de la guerre froide et de la course à l’armement, un centre névralgique.


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