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Édition du 1er au 15 juin 2025

A Thiaroye, des fouilles ont commencé pour chercher les victimes du massacre colonial

L’entrée du « cimetière des Tirailleurs sénégalais » de Thiaroye (photo Senego)

La presse sénégalaise a annoncé qu’à la mi-mai 2025 une dizaine d’archéologues sénégalais ont entamé des fouilles au cimetière de Thiaroye à la demande du président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye. Il s’agit de trouver les fosses communes où, selon plusieurs chercheurs, pourraient avoir été entassées les victimes du massacre du 1er décembre 1944. Elles se trouveraient sous les tombes du cimetière ou dans son périmètre, où était situé le camp militaire français, avec cette difficulté que cette zone entourant le cimetière est aujourd’hui très urbanisée. Pour l’heure, l’opération est menée dans le plus grand secret, le survol de la zone étant interdit. Dans l’article ci-dessous, le media Senenews indique qu’auraient déjà été faites « des trouvailles qui pourraient faire vaciller le récit figé d’un massacre longtemps nié », sans plus de précisions.

Thiaroye 44 : Les premières découvertes des fouilles archéologiques secouent les certitudes

par Thierno Gueye, publié par Senenews, le 22 mai 2025.

Source  

Dans le secret des fouilles menées à Thiaroye, des indices émergent, puissants et fragiles à la fois. Sous les mains des archéologues, ces fragments oubliés défient le silence officiel. Des trouvailles qui pourraient faire vaciller le récit figé d’un massacre longtemps nié.

À Thiaroye, la terre semble enfin prête à raconter ce que les hommes avaient voulu taire. Comme une mémoire longtemps ensevelie qui s’ouvre à demi, son sous-sol commence à livrer ses secrets. Des vérités archéologiques jamais révélées viennent combler les silences d’un récit longtemps verrouillé, éclairer les zones d’ombre vieilles de plus de huit décennies. L’Histoire, figée depuis plus de 80 ans, s’apprête à être réécrite, à la lumière d’un passé resté trop longtemps enfoui : celui du massacre de 1944.

C’est le 19 février 2025, lors d’un Conseil des ministres désormais mémorable, que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, avaient exprimé leur volonté de faire toute la lumière sur cette tragédie longtemps étouffée. Depuis, l’État s’est engagé dans une quête de vérité, épaulé par des historiens sénégalais.

Une série d’initiatives a été lancée pour reconstituer les faits, non plus seulement à travers les archives, mais aussi en interrogeant la terre elle-même. C’est ainsi qu’ont été entamées des fouilles archéologiques dans les entrailles de Thiaroye 44, où l’on espère que les ossements parlent là où les livres se sont tus. Une sous-commission dédiée aux fouilles archéologiques des fosses communes et des sépultures, composée d’une dizaine d’archéologues sénégalais, dont un venu de Côte d’Ivoire, a été mise en place pour exhumer les fragments d’une vérité coloniale savamment maquillée.

Les premières découvertes secouent les certitudes

Discrets, méthodiques, encadrés par une sécurité militaire renforcée, les archéologues ont investi un site situé au cœur du camp militaire de Thiaroye. Là, dans un silence pesant, ils ont gratté la terre pendant dix jours, repoussant les couches d’oubli. Et déjà, les premières découvertes secouent les certitudes.
Des éléments matériels et des indices, encore à l’étude, ont surgi du sol, apportant de nouvelles pistes, peut-être décisives. Assez pour bouleverser la version officielle. Face à ces révélations, l’État a décidé de prolonger les recherches.

« Les archéologues ont terminé les dix premiers jours de fouilles depuis samedi dernier. Mais au vu des éléments horribles découverts sur le site, le Gouvernement a prolongé le délai des recherches de dix autres jours pour découvrir d’autres indices. Ces découvertes vont changer l’histoire », confie à L’Observateur une source proche du dossier. Ces premiers éléments viennent conforter la démarche initiée par les plus hautes autorités de l’État. Pour le Président et son Premier ministre, ces fouilles ne relèvent pas seulement d’un devoir de mémoire : elles répondent à une exigence de justice historique.

« Si on a la chance de retrouver des squelettes mutilés… »

Dans une interview accordée à L’Observateur, le 21 février dernier, le Pr Moustapha Sall, archéologue et vice-président de la sous-commission chargée des recherches sur le massacre de Thiaroye, semblait prédire ce qui se déroule aujourd’hui, avec une voix calme mais ferme, semblable à celle que l’on adopte pour dérouler un constat trop longtemps étouffé : « Nos archives ne sont pas dans les bibliothèques. Elles ne sont pas dans les discours. Nous, ce que nous interrogeons, c’est ce que les gens ont fait. Et ce qu’ils ont fait, la terre le sait encore. »

Pendant des décennies, le Sénégal, et au-delà, l’Afrique, s’est accommodé d’archives incomplètes, de rapports militaires volontairement lacunaires, de témoignages épars arrachés à des survivants à qui l’on avait même confisqué le droit de se souvenir à voix haute. Trop de silences entre les lignes, trop de noms sans sépulture. Alors les chercheurs ont fini par se tourner vers le seul témoin resté incorruptible : la terre elle-même. Et contrairement à ce que véhiculent les réseaux sociaux, les premières fouilles ont commencé depuis longtemps, dans la discrétion, mais avec la détermination d’une prière adressée à la mémoire du sol.

« Si on a la chance de retrouver des squelettes mutilés, expliquait le Pr Sall dans les colonnes de L’Observateur, avec nos collègues bio-anthropologues, on pourra même déterminer la nature des balles utilisées. Ce ne seront plus des hypothèses. Ce sera de la science. Ce sera la vérité. » Et chaque indice, chaque fragment mis au jour, viendra griffer le mensonge de l’oubli, redonner chair à des absents, et transformer à jamais le récit que l’on croyait clos.

Dix jours de prolongation, interdiction de survoler la zone des fouilles

En attendant la fin des fouilles et la remise du rapport final au chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, ainsi qu’à son Premier ministre, Ousmane Sonko — les deux hommes ayant eu l’audace politique d’initier une réparation historique tant attendue — les dix jours de prolongation accordés aux chercheurs s’annoncent d’une importance capitale. Selon L’Observateur, il est désormais formellement interdit de survoler la zone de fouilles. Aucun drone, aucune caméra ne doit capturer ce qui se joue là, dans les entrailles de la terre. La surveillance militaire a été renforcée, les abords verrouillés, comme pour protéger un secret trop longtemps enterré et sur le point d’éclater. Dans un reportage exclusif, L’Observateur évoque des vestiges et des preuves fossilisées dans la poussière, porteurs en eux de la puissance de bouleverser le récit officiel. Ils pourraient réécrire, avec précision et douleur, les dernières heures d’un massacre que la France elle-même vient à peine de reconnaître.


La vidéo de Radio France Internationale


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