La stèle de l’OAS a été retirée du cimetière
Une stèle controversée célébrant les morts pour l’Algérie française a été enlevée tôt ce matin du cimetière de Marignane. Dans un bref courrier à l’association à l’origine de la stèle, le maire de Marignane Eric Le Dissès avait annoncé hier soir que « la stèle serait déplacée du cimetière Saint Laurent Imbert le mardi 18 novembre (aujourd’hui) ».
« Quand nous sommes arrivés à 6h ce matin, elle était déjà enlevée » a constaté Jean-François Collin, président de cette association intitulée l’Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française (Adimad). […]
MARSEILLE, 7 nov 2008 (AFP) – La mairie de Marignane (Bouches-du-Rhône) a déposé vendredi une requête devant le juge des référés du tribunal administratif de Marseille afin, selon elle, de pouvoir enlever en toute légalité une stèle à la gloire des morts pour l’Algérie française, a-t-on appris auprès d’un des avocats de la mairie.
En juillet, le tribunal administratif (TA) de Marseille avait donné quatre mois à la commune de Marignane pour démonter la stèle, délai qui expirait vendredi, jugeant que celle-ci présentait « une dimension polémique susceptible de heurter les usagers » du cimetière de la ville où elle est installée depuis 2005. La décision enjoignait « l’autorité compétente de prendre toutes les mesures nécessaires à l’enlèvement de la stèle érigée par l’association ADIMAD » (Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française).
Le maire DVD de Marignane Eric Le Dissès avait assuré il y a une semaine à l’AFP que la stèle serait démantelée avant le 7 novembre. Mais la défense de la ville estime que la décision du tribunal n’offre pas suffisamment de garanties juridiques lui permettant d’enlever en toute légalité cette stèle, a expliqué à l’AFP l’un de ses conseils. Pour prévenir toute action juridique contre elle, la mairie a donc sollicité vendredi le juge des référés du tribunal administratif pour obtenir une décision l’autorisant clairement à démanteler cette stèle. Une date d’audience devrait être connue dans les prochains jours, selon la même source.
Jean-François Gavoury, fils du commissaire central d’Alger Roger Gavoury assassiné en 1961 par l’OAS et auteur de la seule demande déclarée recevable par le tribunal administratif pour faire enlever la stèle, a expliqué à l’AFP avoir écrit au maire de Marignane pour lui proposer une solution « dans un souci d’apaisement ». Il demande au maire « qu’en vertu de ses pouvoirs de police il revête la stèle d’un voile noir jusqu’à son complet enlèvement du cimetière et interdise tout rassemblement devant cette stèle ».
A la Toussaint, un rassemblement avait été organisé avec des gerbes portant les portraits des quatre membres de l’OAS (Organisation armée secrète) condamnés à mort par les tribunaux militaires et exécutés, selon M. Gavoury. Deux de ces hommes avaient participé à l’assassinat de son père, dit-il.
La stèle devait à l’origine porter les noms de ces quatre membres de l’OAS mais ne mentionne plus que les dates de leur décès avec la mention «Aux combattants tombés pour que vive l’Algérie française».
L’Adimad a vu rejetée la semaine dernière sa demande de sursis à exécution de la décision du tribunal administratif. L’amicale a fait appel en septembre contre ce jugement mais cet appel n’est pas suspensif.
Stèle : le dernier rassemblement ?
Les nostalgiques de l’Algérie française se réunissent ce matin devant le monument qui sera enlevé d’ici 6 jours
« Touche pas à ma stèle! » C’est en ces termes explicites que l’Association de défense des intérêts matériels et moraux des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française (Adimad) appelle à un grand rassemblement, ce matin, à Marignane. Plus de 300 personnes, dont des élus de l’ancienne majorité, sont attendues devant ce monument à la gloire de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS). Il avait été érigé, en juillet 2005, au cimetière Saint-Laurent Imbert avec l’accord de l’ancien maire (ex FN MNR) Daniel Simonpiéri. Ce rassemblement, prévu à 10h30, intervient à six jours d’un « ultimatum ». En effet, avant vendredi prochain, 7 novembre, la « stèle de la discorde » devra être enlevée. C’est ce qu’a imposé le tribunal administratif de Marseille à la mairie de Marignane. La justice avait donné raison à un collectif d’associations et à François Gavoury, le fils d’une victime de l’OAS, qui demandaient l’annulation de l’arrêté municipal du 23 juin 2005 autorisant l’érection de la stèle sur un lieu public.
« Je me dois d’appliquer une décision de justice »
Dans un communiqué envoyé à ses adhérents, l’Adimad, présidée par Jean-François Collin, n’hésite pas à comparer l’exécution de la décision du tribunal administratif à une « profanation » et un « déni de justice »… Le maire Eric Le Dissès, lui, ne veut pas verser dans la polémique. Mais il reste ferme. « En bon républicain, je me dois de faire appliquer une décision de justice. La stèle sera donc enlevée d’ici au 7 novembre. Elle sera mise à la disposition de l’Adimad. Et je tiens à rappeler que j’hérite de cette affaire et que si la mairie a été condamnée, ce n’est pas de mon fait… », souffle-t-il. EricLe Dissès avait bien tenté de trouver un arrangement pour calmer les esprits en proposant d’installer un nouveau monument sur le territoire communal avec une épitaphe neutre et non partisane (« Aux morts d’Algérie ») mais l’Adimad a refusé. Cela ne veut pas pour autant dire que ce projet est abandonné.
L’ultime recours des défenseurs de la stèle
L’Adimad ne compte pas baisser les bras. Et elle est bien décidée à utiliser tous les recours juridiques possibles. « Notre ultime requête pour faire annuler la décision du tribunal administratif a été rejetée jeudi mais nous avons saisi le tribunal de grande instance par voie de référé pour “atteinte à la propriété privée” », annonce Jean-François Collin, le président de l’Adimad. Une procédure qui paraît vaine dans la mesure où ce référé, qui n’est pas suspensif, ne sera pas examiné avant le 2 décembre, soit près d’un mois après l’enlèvement programmé du monument. Le feuilleton juridico-politique de la « stèle de la discorde », qui empoisonne le débat public depuis l’inauguration agitée du 6 juillet 2005, semble donc être sur le point de se terminer.