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lundi 7 juillet 2014, rediffusion de “l’autre 8 mai 1945 – aux origines de la guerre d’Algérie”, de Yasmina Adi

Le 8 mai 1945 est une date clé pour l’histoire de France. Chaque année, on célèbre la victoire sur l’Allemagne nazie. De l’autre côté de la Méditerranée en Algérie, ce jour de gloire est un jour de deuil. Dans la liesse de la victoire en 1945, des Algériens ont revendiqué leur volonté d’indépendance. Ils subiront durant plusieurs semaines une violente répression conduite par l’armée française. Elle fera des milliers de victimes. Mais soixante ans plus tard, la répression du printemps 1945 en Algérie recèle encore de nombreuses zones d'ombre. Yasmina Adi a retrouvé de nombreux documents inédits, des archives du gouvernement français et des services secrets anglais et américains. Elle est allée à la rencontre de ces hommes et ces femmes qui ont vécu et subi cette répression. Elle donne la parole aux témoins français, algériens, ainsi qu'au premier reporter Américain arrivé sur les lieux. Cette enquête lève le voile sur les mécanismes et les conséquences de cette répression coloniale. Cet Autre 8 Mai 1945 est aux origines de la guerre d’Algérie.
Le 7 juillet 2014 à 20h35 sur LCP L’Autre 8 Mai 1945 – Aux origines de la guerre d’Algérie documentaire de Yasmina Adi (52 min)
[Mis en ligne le 5 mai 2008, mis à jour le 5 juillet 2014]

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Soixante ans plus tard, la répression du printemps 1945 en Algérie recèle encore de nombreuses zones d’ombres.
Yasmina Adi a retrouvé de nombreux documents inédits, des archives du gouvernement français et des services secrets anglais et américains. Elle est allée à la rencontre de ces hommes et ces femmes qui ont vécu et subi cette répression. Elle donne la parole aux témoins français, algériens, ainsi que le premier reporter arriver sur les lieux.
Cette enquête lève le voile sur les mécanismes et les conséquences de cette répression coloniale.

Interview de Yasmina Adi

Mêlant archives françaises, anglaises américaines et témoignages des protagonistes français et algériens, Yasmina Adi lève le voile sur les mécanismes et les conséquences de la répression coloniale du 8 mai 1945 en Algérie. Elle répond à nos questions.

  • Pourquoi avoir choisi un tel sujet ?

Yasmina Adi : C’est en plein débat sur l’article 4 de la loi du 23 février 2005 que m’est venue l’idée de ce documentaire. On discutait alors de l’inclusion dans les manuels scolaires du « rôle positif de la présence française en Afrique du Nord ». Une éventualité qui a fait resurgir la répression du 8 mai 1945. Une histoire absente de ces mêmes manuels scolaires à laquelle j’avais été sensibilisée par les récits de mes parents, originaires de la région de Constantine.

  • Comment s’est passée la réalisation d’un tel projet ?

Yasmina Adi : J’ai tenu à mener une enquête à la fois sur le terrain et en m’appuyant sur des documents inédits. En Algérie, j’ai réussi à retrouver 63 ans plus tard des témoins de premier plan de ces événements dans la région de Constantine, un très vaste département. Parmi ces acteurs majeurs : Chawki Mostefaï, le créateur du drapeau algérien créé pour les manifestations du 8 mai 1945, Aïssa Cheraga le porteur de drapeau de la manifestation de Sétif ou Lahcene Bekhouche, Messaoud Merghem et d’autres condamnés à mort en 1945 qui ne retrouveront finalement la liberté qu’en 1962 lors de l’indépendance de l’Algérie. Parallèlement, j’ai consulté en France les archives de police, du gouvernement général en Algérie et en France, et le peu d’archives militaires accessibles. Mais j’ai également enquêté en Algérie, en Angleterre et aux Etats-Unis.

  • Pourquoi avoir cherché des documents américains et anglais ?

Yasmina Adi : A l’heure où se créait l’Organisation des Nations Unies, les Anglais et les Américains sont présents en Algérie depuis 1942. J’ai voulu retrouver dans les archives des Alliés le compte-rendu de ces événements. Ma rencontre avec Landrum Bolling, premier journaliste étranger arrivé sur le terrain en mai 1945 m’a conforté dans ce choix. A l’époque, ses échanges avec les services secrets anglais et américains ont confirmé que ces forces ont été des témoins privilégiés de la répression. Les documents que j’ai trouvés à Londres et à Washington offrent un nouvel éclairage à cette page de l’histoire.

  • Comment interprétez-vous les déclarations du 27 avril 2008 de M. Bajolet, Ambassadeur de France en Algérie ?1

Yasmina Adi : Le prédécesseur de M. Bajolet, M. Colin de Verdière avait parlé en 2005 de « tragédie inexcusable ». Aujourd’hui, M. Bajolet parle d’ »épouvantables massacres », d’événements qui « ont fait insulte aux principes fondateurs de la République française et marqué son histoire d’une tache indélébile ». Prononcés à l’Université du 8 mai 1945 à Guelma, ces propos interviennent 5 mois après celui du président de la République Nicolas Sarkozy à Constantine, qui avait parlé d’impardonnables fautes et crimes du passé colonial français en Algérie. Au-delà de ces déclarations, il convient d’aller plus loin pour que la cicatrice laissée par cette répression puisse réellement se refermer. Cela veut dire donner les moyens aux historiens de faire toute la lumière sur cette page de l’histoire. Aujourd’hui, de nombreux désaccords persistent, comme par exemple sur le bilan de cette répression.

  • Pourquoi est-il si difficile d’avoir un bilan précis de cette répression ?

Yasmina Adi : En Algérie, on parle de 45 000 morts. Les historiens oscillent entre 6 000 et 25 000 morts et les autorités françaises reconnaissent aujourd’hui 7 000 morts. Des deux côtés de la Méditerranée, ce bilan a une valeur très symbolique : d’un côté, les traces d’une répression coloniale que l’on aimerait cacher ; de l’autre, des massacres qui symbolisent le début d’une volonté d’indépendance nationale. C’est aussi pour éviter cette instrumentalisation des chiffres que j’ai recherché les documents des services secrets alliés (anglais et américains présents en Algérie). Leurs documents font notamment état d’une enquête française jusqu’alors restée secrète.

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