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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Toul : le collectif « Pas de statue pour Bigeard » poursuit son combat

Le collectif « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains » nous a adressé un bilan de son action entreprise au printemps 2024 pour empêcher l’érection par la municipalité de Toul d’une statue glorifiant le tortionnaire parachutiste Marcel Bigeard.


Pas d’hommage à la torture coloniale !

Pas de statue de Bigeard, général tortionnaire colonialiste à Toul !

Le collectif « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains »   s’est constitué à Toul, au printemps 2024. Notre objectif est d’empêcher l’érection d’une statue du Général Bigeard dans l’espace mémoriel de la ville, le conseil municipal ayant accepté par délibération ce cadeau empoisonné de la fondation Bigeard, vouée au culte de ce « héros » militaire local autoproclamé, malgré sa participation avérée à des actes de torture, notamment pendant les guerres coloniales en Indochine et en Algérie .

Quel bilan ? Où en sommes-nous à ce jour ?

La municipalité reste muette, mais n’a pas pour autant renoncé à son projet. Malgré les interpellations du collectif, les arguments historiques, politiques et sociétaux objectifs mis en avant, malgré les nombreux soutiens d’historiens,  le maire a maintenu la décision du conseil municipal d’élever l’indigne statue du tortionnaire, à proximité du monument aux morts de 14/18 , et de celui en hommage aux résistants de la 2de guerre mondiale !!!

Une pétition sur change.org est toujours en ligne, lancée par le Collectif Histoire et mémoire et LDH Lorraine est toujours en ligne. (par deux canaux de diffusion, 3500 signatures)

Actions engagées 

Le 23 mars, les membres du collectif contre la statue Bigeard étaient rassemblés sur le parvis de l’hôtel de ville pour soutenir la délégation reçue par le maire : un dossier documentaire lui avait été transmis préalablement,  nous lui avons exposé nos arguments en opposition à l’érection de cette statue . Il reprend le mythe du héros local sans regard critique et met en doute la qualification des historiens experts par leur travail, dans les mêmes termes que les partisans du colonialisme.

Le 27 mars, une conférence-débat, animée par les historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi sur « Marcel Bigeard et la guerre d’Algérie » a été organisée à Toul par la LDH Lorraine et le collectif « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains ».

Plus de 150 personnes étaient présentes et très attentives à leur éclairage documenté sur les guerres coloniales : démonstration a été faite de l’implication du général et de ses paras dans les pires pratiques colonialistes françaises violentes. Sa légende, écrite en occultant soigneusement la torture et les disparitions forcées de résistants et de civils algériens , a été déconstruite.

Le 25 mai, avec diverses organisations politiques, syndicales ou associatives de gauche, antiracistes, humanistes, locales et régionales, le collectif a rassemblé plus de 250 personnes à Nancy, à quelques pas de la place Stanislas. Par les prises de parole, les pancartes, la musique et les chants engagés, nous avons aussi interpellé les passants pour expliquer : s’opposer à l’érection de la statue du général Bigeard, c’est défendre les droits humains, c’est se battre contre la torture et les crimes de guerre , c’est dire l’importance de la connaissance et du respect de toutes les mémoires pour construire une société fraternelle et antiraciste.

Le cortège s’est ensuite regroupé devant la préfecture pour déposer une motion contre la décision du conseil municipal de Toul d’honorer la mémoire d’un technicien de la torture. Nous attendons toujours un rendez-vous !

Le 29 mai, le collectif s‘est invité au conseil municipal de Toul.

Les élus se réunissant en séance du conseil municipal, les défenseurs du respect et de la mémoire des victimes, contre les disparitions et les tortures ont constitué un comité d’accueil aux élu.es devant la mairie, munis de porte-voix et de panneaux revendicatifs pour, une fois de plus, les interpeller sur leur mauvaise décision.

En juin, le collectif a été reçu au consulat d’Algérie à Metz, dans un échange chaleureux sur l’avenir des relations des deux pays, sur la reconnaissance mémorielle de la guerre d’Algérie . Nous avons convenu avec monsieur le consul de préserver cette relation amicale afin de développer l’amitié entre nos deux peuples.

En parallèle des interventions du collectif, des rencontres avec le député et le sénateur de la circonscription  ont eu lieu .Les fédérations des partis locaux de gauche ont désavoué plus ou moins nettement et publiquement la décision d’ériger la statue du général Bigeard.

Juin juillet (élections législatives) : ne voulant pas prêter le flanc à une extrême droite forte dans la circonscription, le collectif a suspendu toute initiative pendant les élections législatives ne voulant pas intervenir sur le résultat des élections.

Presse : depuis sa création le collectif a eu une audience dans les médias locaux, en ligne et nationaux (Humanité, Libération, Charlie , Blast …) Ces publications ont suscité un intérêt marqué dans les pays du  Maghreb, en Algérie particulièrement. L’indignation y est très forte à l’encontre de la décision du conseil municipal de Toul d’honorer Bigeard, qui a provoqué tant de souffrances encore vives envers un peuple luttant pour sa liberté et son indépendance.

Inévitablement, nous avons pu observer des réactions contre notre action, de la part des nostalgériques , des militants d’extrême droite et de leur presse qui encense le colonialisme , matrice de leur idéologie rance. La LDH a déposé plainte pour diffamation et apologie de la torture.

Un prochain rendez vous est donné le 20 septembre, à l’emplacement bétonné par la mairie pour fixer l’abjecte statue, que nous renommerons « square des droits humains ». Nous y poserons symboliquement la première pierre d’un futur musée de la colonisation, qui nous parait absolument nécessaire pour une reconnaissance courageuse de la politique coloniale de la France, dans toutes ses pratiques et ses conséquences, pour sortir du déni profond qui imprègne notre société et la fracture, pour un avenir sans secrets toxiques.

Ainsi que le disait Jean-Marie Tjibaou

« Nous voulons que soit brûlée la haine, et que soit clair le chemin de notre avenir, et fraternel, le cercle que nous ouvrons à tous les autres peuples. Tel est le cri que je lance »

Tel est le cri que nous lançons avec tous les peuples aspirant à disposer de leur destin, en mémoire de ceux qui ont lutté hier et en solidarité avec ceux qui luttent aujourd’hui.

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