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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

« Des colonisés ingouvernables » par Emmanuel Blanchard

Des colonisés ingouvernables. Adresses d’Algériens aux autorités françaises (Akbou, Paris, 1919-1940)


Présentation de l’éditeur

Le 6 rue Lecomte abrite, à partir de 1925, le Service des affaires indi­gènes nord-africaines. Rattaché à la préfecture de police, il est chargé de surveiller les travailleurs coloniaux qui ne sont ni pleinement fran­çais ni étrangers. Bientôt surnommé le « bureau arabe », il accueille plus de 300 personnes par jour, essentiellement des Kabyles venus travailler à Paris. Le SAINA est un organe principalement répressif mais il traite néanmoins de nombreuses plaintes venues des deux bords de la Méditerranée. Ces requêtes donnent à comprendre la si­tuation coloniale et l’expérience migratoire au quotidien : dettes de jeu, affaires familiales, demandes d’exonérations fiscales, dénonciation de faits de corruption, litiges fonciers, etc. Rédigées le plus souvent par des écrivains publics, elles sont la matière d’une micro-histoire intime et politique, qui relie la Kabylie et la métropole parisienne.

Explorant les quinze cartons d’archives, sauvées in extremis des caves humides d’une école, Emmanuel Blanchard a mené l’enquête. Les lettres exhumées révèlent les stratégies d’adaptation à l’État colonial de colonisés qui, finalement, n’apparaissent jamais autant « ingouver­nables » que lorsqu’ils demandent à faire valoir leurs droits, c’est-à-dire à être gouvernés comme des administrés, non à être commandés comme des sujets.


Sommaire

Avertissement

Préambule

Introduction 
• Une administration coloniale à Paris  
• Du « bureau des pétitions » à celui « des interventions »  
• Ombres des scripteurs et figures d’écrivains publics  
• Une histoire coloniale qui « remet le colonial à sa place »  
• Une diglossie heuristique  
• À l’échelle de la Kabylie 
• Structure du récit et parcours de lecture

Akbou, 12 mai 1934  
Chapitre 1 – La République au village kabyle  
• Des communes « mixtes »  
• Des douars oubliés 
• Le caïd du douar  
• La « crise du caïdat »  
• « L’économie morale » des relations entre les caïds et leurs administrés  
• Appartenances sociales et « héritages immatériels » occultés

Rue Lecomte, Paris (17e arr.), 4 janvier 1934 
Chapitre 2 – « Empêchez l’exode de vos mesquines »  
• Du « resserrement » au « rapatriement »  
• Une « émigration inéluctable »  
• Exigences de contrôles et revendications de la « liberté de voyage »  
• Circulations kabyles  
• Les rapatriements comme ultimes recours

Alger, mars 1934  
Chapitre 3 – Les répertoires des pétitionnaires  
• D’innombrables pétitions  
• Des appels à l’intercession  
• Un ordonnancement social des adresses à l’administration

Mizan, mars 1936  
Chapitre 4 – Des droits à (r)établir  
• Immigré-colonisé, de quel droit ?  
• « Trouver son juge en Algérie n’est point toujours facile »  
• La justice coloniale au miroir de l’émigration

Akbou, 12 septembre 1934  
Chapitre 5 – Une terre à défendre  
• Les formes multiples de la dépossession foncière  
• Des émigrés à la reconquête de la terre perdue ?  
• « Décolonisation » des terres et déprise agricole

Commune des Bibans, 4 février 1934  
Chapitre 6 – Ordonner les familles  
• Des femmes misérables et des familles fragilisées ?  
• Spectre et présence de la roumia  
• Des enfants illégitimes ?

Conclusion. L’adresse aux autorités comme « art de la présence » 

Bibliographie

Remerciements  


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