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Édition du 15 novembre au 1er décembre 2024

Les victimes de l’OAS à Oran en 1962

L'ANPROMEVO – Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS10 – a décidé de rappeler ces autres victimes, trop souvent oubliées, de la guerre d'Algérie. Périodiquement, certains parlementaires s'informent auprès du gouvernement des perspectives concernant la reconnaissance du massacre d'Oran. Il s'agit en l'occurence des victimes des événements du 5 juillet1962.

La plus récente question écrite sur ce sujet a été posée le 10 octobre 2006 par Jean-Pierre Le Ridant. Le député UMP de Loire-Atlantique a adressé la question écrite ci-après au Ministre des anciens combattants :

Texte de la QUESTION : M. Jean-Pierre Le Ridant appelle l’attention de M. le ministre délégué aux anciens combattants sur les perspectives de reconnaissance du massacre d’Oran qui eut lieu le 5 juillet 1962. En effet, cette journée fut marquée par des atrocités perpétrées par des foules extrémistes, avides de sang, de revanche et voulant en découdre avec des populations sans défense. Ce jour-là, le général Katz, au nom de la raison d’État, a donné l’ordre de ne pas bouger aux 18 000 soldats français qui se trouvaient cantonnés dans leurs casernes. Le résultat ne se fit pas attendre. Dans cette terrible tragédie, plus de 3 000 personnes ont été assassinées. C’est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui préciser ce qu’il envisage afin que la mémoire de ces milliers de victimes françaises innocentes puisse être commémorée1. De plus, il souhaiterait savoir pour quelles raisons la cérémonie, qui était prévue à l’Arc de triomphe en mémoire des Oranais disparus le 5 juillet 1962, a été suspendue.

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Le Ministre lui a répondu le 16 janvier 20072.

Texte de la REPONSE : Le ministre délégué aux anciens combattants tient à rappeler que la République rend solennellement hommage aux combattants « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie le 5 décembre de chaque année. Conformément aux dispositions de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, les victimes civiles et les disparus en Afrique du Nord sont désormais associés à cet hommage national. À ce titre, dans le cadre de la cérémonie nationale du 5 décembre 2006, une plaque a été inaugurée par le Premier ministre, en présence du ministre de la défense et du ministre délégué aux anciens combattants, quai Branly, près du mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, pour rappeler la souffrance des familles confrontées aux violences, aux massacres ou aux disparitions. S’agissant de la cérémonie associative du ravivage de la flamme, qui devait avoir lieu le 5 juillet dernier à l’Arc de Triomphe, elle a fait l’objet d’un arrêté d’interdiction du préfet de police de Paris afin de préserver l’ordre, la sécurité et la tranquillité publique, compte tenu des risques de troubles annoncés.

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Après avoir pris connaissance de ces éléments, l’ANPROMEVO nous a adressé le communiqué ci-dessous.

Communiqué de l’ANPROMEVO

Paris, le 29 janvier 2007

La question écrite, posée le 10 octobre 2006 par Monsieur Jean-Pierre Le Ridant à Monsieur le ministre délégué aux anciens combattants, témoigne d’une certaine méconnaissance des « événements d’Oran » survenus le 5 juillet 1962 et quelques éléments irréfutables doivent être rappelés.

  • « Cette journée fut marquée par des atrocités perpétrées par des foules extrémistes, avides de sang, de revanche et voulant en découdre avec des populations sans défense ».

Nos compatriotes n’ont pas été victimes de foules plus avides de sang que celles qui chantent depuis 1795 : « qu’un sang impur abreuve nos sillons ! ». En réalité, ces malheureux Pieds-Noirs d’Oran ont payé de leur vie innocente les conséquences prévisibles des exactions multiples et graves commises par les extrémistes de l’OAS contre des populations algériennes, elles aussi innocentes et sans défense.

Le général Artus, commandant la Gendarmerie d’Oran, a fourni le 12 avril 1962 dans le cadre de sa déposition au procès du général putschiste Jouhaud, ces précisions sur les attentats de l’OAS : 1190 explosions de plastic et 109 attaques à main armée qui ont provoqué 137 morts et 385 blessés pendant les seuls quatre mois et demi de sa prise de fonction3.

Et s’il y avait des degrés dans l’ignoble, l’un des sommets fut atteint le 11 mai où 15 femmes de ménage furent abattues au révolver ou au poignard par les « combattants » de l’Algérie française.

« …Après les accords d’Evian, le général Katz n’osait plus transmettre les chiffres des victimes de peur de provoquer la rupture du cessez-le-feu. Et ce n’est pas lui, mais le préfet de police qui communiqua plus tard le bilan total …du 19 mars au 1er juillet 1962 on dénombra à Oran comme victimes de l’OAS : …66 Européens civils tués et 36 blessés ; 410 Algériens tués et 487 blessés »4.

  • « Dans cette terrible tragédie plus de 3000 personnes ont été assassinées ».

C’est le chiffre colporté par les associations qui instrumentalisent la douleur des rapatriés.

Dans un rapport qui devait être remis au Premier ministre, le général Maurice Faivre et Jean Monneret, proches des cercles colonialistes, ont établi à 365 le nombre d’Oranais disparus5. C’est trop, bien évidemment, mais on est loin du « génocide » abusivement affirmé.

  • « Ce jour-là le général Katz, au nom de la raison d’Etat, a donné l’ordre de ne pas bouger aux 18 000 soldats français… ».

D’une part, tous les historiens attendent la découverte d’archives qui confirmeraient qu’un ordre pareil a bien été donné.

D’autre part, « du 19 mars au 1er juillet 1962, on dénombra à Oran comme victimes de l’OAS : 32 membres des forces de l’ordre tués et 143 blessés … »6.

A ce jour et à notre connaissance, aucune organisation de rapatriés n’a condamné ces crimes contre l’armée de la France. N’est-t-il pas contradictoire, de la part de ceux qui demeurent acquis à l’idéologie et aux actes de l’OAS, de reprocher de n’avoir pas été protégés par nos soldats que les commandos de l’OAS ont, sans relâche des mois et des mois durant, harcelés et attaqués, assassinés, tués et blessés ?

Se souviennent-ils, ceux qui veulent commémorer ce funeste 5 juillet 1962, que vingt jours auparavant, l’OAS avait assassiné le 14 juin 1962 le général Philippe Ginestet, commandant le corps d’armée d’Oran, en même temps que le médecin-colonel Mabille venus s’incliner à la morgue devant la dépouille mortelle du lieutenant-colonel Mariot, chef de corps du 5ème R.I. assassiné la veille par les « combattants » de l’Algérie française.

Notre association, qui regroupe des veuves et des descendants de victimes civiles et militaires de l’OAS, n’oublie pas les crimes commis par cette organisation contre nos soldats à Oran et en particulier : le lieutenant-colonel Pierre Rançon puis son successeur le commandant Maurin ; le chef de bataillon Bardy qui commandait les groupes mobiles de sécurité, enlevé et dont le cadavre fut retrouvé le 27 mars 1962 dans un terrain vague7 ; le commandant de Gendarmerie André Boulle, le lieutenant Ferrer et le sous-lieutenant Moutardier.

« Plus de 140 hommes et officiers ont payé de leur vie leur sens du devoir. Plus de 90 officiers dans ces 140 ont également été exécutés. Dans ces 90 : 6 commissaires de Police dont deux musulmans »8.

  • « …pour quelles raisons la cérémonie, qui était prévue à l’Arc de triomphe en mémoire des Oranais disparus le 5 juillet 1962, a été suspendue ».

La raison est simple et vérifiable9. : la manifestation avait été conçue comme un camouflage permettant à l’Adimad-OAS, qui s’active à réhabiliter cette organisation terroriste et raciste, d’y participer.

Des associations, des républicains, des patriotes, d’anciens résistants et d’anciens déportés ont estimé qu’il était indécent que ceux qui ont voulu renverser la République par le crime et l’attentat contre le général de Gaulle, que ceux qui revendiquent aujourd’hui encore la grandeur de ces forfaits commis contre les nôtres qui ont défendu la République au prix de leur vie, soient autorisés à ranimer la Flamme du souvenir de soldats inconnus, morts pour la France.

  1. Note de LDH-Toulon – Dans une question écrite analogue adressée au gouvernement le 24 mai 2005, Paul-Henri Cugnenc, député UMP de l’Hérault, n’hésitait pas à forcer le trait, ajoutant à ce qui précède : «Alors que notre pays a reconnu récemment le génocide des Arméniens par les Turcs, il lui demande de bien vouloir lui préciser ce qu’il compte entreprendre afin de commémorer la mémoire de ces milliers de victimes françaises, innocentes, sans défense devant la barbarie.»
  2. Question N° : 106845 QE

    Ministère interrogé : anciens combattants.
    Ministère attributaire : anciens combattants.

    Question publiée au JO le : 10/10/2006 page 10484.
    Réponse publiée au JO le : 16/01/2007 page 534

    Rubrique : anciens combattants et victimes de guerre. Tête d’analyse : Afrique du Nord

    Analyse : reconnaissance du massacre d’Oran, perspectives.
  3. Georges Fleury, L’OAS, éd. Grasset, Janvier 2003, p. 689
  4. Charles-Robert Ageron, in préface : Joseph Katz, L’honneur d’un général, Oran 1962, éd. L’Harmattan, 1993.
  5. Boris Thiolay, L’Express, le 13 septembre 2006.
  6. Charles-Robert Ageron. Op. cité.
  7. Georges Fleury. op. cité, p. 710.
  8. Déposition de René Jannin, préfet de Police puis directeur de la Sûreté nationale en Algérie, au procès du général putschiste Salan.
  9. D’une part sur ce site 1374 et d’autre part sur http://www.algerie-francaise.org/cgi-bin/ultra/UltraBoard.pl?Action=ShowPost&Board=board2&Post=366.
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