Jean-Philippe Ould Aoudia, médecin et écrivain, est le fils de Salah Henri Ould Aoudia, l’un des six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés à Alger par l’Organisation de l’armée secrète (OAS) le 15 mars 1962, lors de l’attentat dit de Château-Royal. Il en a fait l’histoire dans L’assassinat de Château-Royal (Tirésias, 1992). Il préside l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons qui honore l’œuvre et la mémoire de ces six victimes de la folie meurtrière de l’OAS. Après avoir enquêté sur les disparus entre les mains de l’armée française en 1957 dans Alger 1957. La ferme des disparus (Tirésias, 2021), Jean-Philippe Ould Aoudia revient dans ce livre préfacé par Sylvie Thénault sur les crimes de l’OAS en s’appuyant sur des archives judiciaires et policières inédites car récemment ouvertes partiellement. A l’heure où le courant politique lepéniste largement issu de cette organisation criminelle pourrait accéder au pouvoir en France, son livre revêt une importance particulière.
Présentation de l’éditeur
L’écriture est un acte politique, et même, comme dans ces pages, un acte de justice. Bien souvent, elle est porteuse ou génératrice du positionnement raisonné de celui qui fait acte d’écrire. La mission de l’historien est en premier lieu d’établir le mieux possible la vérité historique à partir de témoignages, de documents ou d’archives, c’est la genèse de ce livre. L’historien cite les sources, exhume les pièces archivées, énonce les faits, ne censure pas, c’est la démarche de l’auteur.
Il est ici question de tous les crimes commis en Algérie par ceux qui voulaient arrêter le cours de l’Histoire en 1961-1962 et l’auteur est humainement lié à des assassinés. À ce titre, il dispose de ce droit imprescriptible d’arbitrer, de définir « le bien et le mal», de condamner et d’exiger que Justice soit enfin rendue. Car c’est aussi la force de l’auteur — fait rare —, d’avoir deux fonctions: celle de l’historien et celle du juge informé de la République ce qui donne à son travail une dimension plus large.
Le terrorisme ne peut être spécifié au bon vouloir des politiques, dépendre de l’opportunité d’une tragédie, d’un événement, de l’instant. Il est « terrorisme» dans son atteinte à la vie mais aussi à la démocratie. C’est l’enquête et la justice historiques de ce livre car ne pas dénoncer ces atrocités serait mettre en péril la République.
L’auteur fait acte de « salubrité» civile et citoyenne.
OAS Archives Inédites, Révélations porte au grand jour non pas simplement une inhumanité, mais des révélations qui intentent à tout citoyen, à la patrie, à la République. Il est juste et nécessaire que la Nation rende enfin hommage à toutes les victimes des terroristes de l’OAS.