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Édition du 15 octobre au 1er novembre 2024

Des hommages et demandes de vérité après le décès de Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka

La mort de la veuve de Ben Barka a été suivie de nombreux hommages et demandes de reconnaissance des complicités du ministre Roger Frey et du préfet Maurice Papon.

La mort de Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka, le 26 juin 2024 à Paris, a suscité de nombreuses réactions rendant hommage à son combat inlassable et digne pour obtenir la vérité sur l’enlèvement de son mari, le 29 octobre 1965, par des hommes envoyés par le pouvoir marocain qui l’ont assassiné. Ci-dessous les communiqués publiés par l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante, l’Humanité, l’Association Josette et Maurice Audin (AJMA), ainsi que celui de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui demande que les plus hautes autorités de la France reconnaissent enfin les complicités du ministre de l’Intérieur d’alors, Roger Frey, et du préfet de police, Maurice Papon, dans la mort du leader tiers-mondiste et opposant marocain, Mehdi Ben Barka. Elles ont été pointées notamment dans un article publié par Mediapart le 29 octobre 2021 qui cite à leur sujet des sources et archives précises : https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/291021/ben-barka-la-complicite-de-frey-et-papon.


Communiqué de l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante

Reproduit sur le site du Mrap.

C’est avec une immense tristesse et une profonde douleur que nous annonçons le décès, mercredi 26 juin, de Madame Rhita Bennani, la veuve de Mehdi Ben Barka.

Ses enfants, sa sœur, son frère, ses nièces et neveux, ses petits-enfants, ses belles-filles et tous ceux qui la connaissaient la pleurent avec une peine insurmontable.

Ciment de la famille, elle était un repère pour toutes celles et tous ceux qui étaient attachés aux valeurs d’humanisme, de fraternité et de solidarité. Mammo pour les uns, mammi pour les autres, elle représentait un ancrage pour toute sa famille, un exemple de simplicité, de bonté et un refuge au cœur généreux et à l’écoute jamais démentis.

Grande dame, elle était animée d’une détermination sans égal, son courage et sa dignité étaient exemplaires, sa générosité sans limites.

Jusqu’à son enlèvement et sa disparition, elle avait accompagné son mari, Mehdi Ben Barka, dans toutes les épreuves de sa vie militante aussi bien contre le protectorat que pour l’édification d’un Maroc indépendant démocratique, partageant les joies et les peines de la vie familiale. À partir de 1960, au même titre que son mari, elle a subi les harcèlements de la police politique du régime, ce qui l’a obligée à quitter le Maroc en 1964. Elle n’y est retournée qu’en 1999, quand elle a décidé avec ses enfants de mettre fin à leur exil après la mort de Hassan II qu’elle tenait pour responsable de l’enlèvement et la disparition de son mari.

Au moment de l’enlèvement, elle se trouvait exilée au Caire et, avec le soutien de son frère Othmane Bennani, elle s’est consacrée à l’éducation de ses quatre enfants et des deux enfants de sa sœur décédée qui vivaient avec la famille de Mehdi Ben Barka. Grâce à ses hautes qualités humaines, elle a réussi à leur transmettre les valeurs portées par Mehdi Ben Barka.

Pendant près de soixante années, elle s’est consacrée, à côté de ses enfants et avec ses proches au long combat de la recherche de la vérité sur le sort de son mari afin de pouvoir faire son deuil et se recueillir sur sa dépouille. Les raisons d’Etat marocaine et française, le manque de courage politique des deux côtés de la Méditerranée l’en ont empêchée.

Elle laisse le souvenir d’une femme très digne, symbole de la résistance des épouses et des mères porteuses du flambeau de la lutte pour la vérité, contre l’oubli et l’impunité.

Elle s’est éteinte sans souffrance, sereine, entourée de ses enfants et de son frère Ali dont le dévouement et l’abnégation ont été remarquables particulièrement durant ces dernières années. Son empreinte sera à jamais dans nos mémoires. Nous nous engageons à l’entretenir.

Nous vous tiendrons au courant des modalités de son inhumation en région parisienne.

Qu’elle repose en paix.

Paris, le 27 juin 2024,
Bachir Ben Barka
.


Carnet de l’Humanité

Source : l’Humanité des 28 au 30 juin 2024, page 16.

Rhita Benani est décédée mercredi 26 juin à Paris. Issue d’une famille originaire de Rabat (Maroc), mère de quatre enfants, elle a mené une longue lutte depuis près de six décennies pour connaître la vérité sur la disparition de son mari, le dirigeant politique Mehdi Ben Barka, en octobre 1965. Son décès a été annoncé par l’Institut Mehdi Ben Barka-mémoire vivante par ces mots : « Elle était un repère pour toute celles et tous ceux qui étaient attachés aux valeurs d’humanisme, de fraternité et de solidarité. Mammo pour les uns, mammi pour les autres, elle représentait un ancrage, un exemple de simplicité, de bonté et un refuge au cœur généreux et à l’écoute jamais démentis. » Après des décennies d’exil en France, elle avait été autorisée, en 1999, à rentrer au Maroc.

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a également réagi : « Elle laisse le souvenir d’une femme très digne, symbole de la résistance des épouses et des mères porteuses du flambeau de la lutte pour la vérité, contre l’oubli et l’impunité. » L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.


Communiqué de l’Association Josette et Maurice Audin (AJMA)

Pierre Audin, fils de Josette et Maurice Audin, salue Rhita Bennani le 29 octobre 2019 devant la Brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain, là où Mehdi Ben Barka a été enlevé.

L’AJMA rend hommage à Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka, et exige la vérité sur l’affaire Ben Barka

Le 28 juin 2024.

Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka, est décédée à Paris le 26 juin 2024. Comme Josette Audin – dont le combat a été poursuivi par ses enfants, en particulier Pierre Audin, disparu en mai 2023 –, elle a lutté toute sa vie pour faire reconnaitre la vérité sur la disparition de son mari. Leader tiers-mondiste et opposant politique marocain, Mehdi Ben Barka a été enlevé en plein Paris le 29 octobre 1965 par des hommes des services marocains avec la complicité de policiers français.   

L’Association Josette et Maurice Audin (AJMA) rend hommage au courage de Rhita Bennani et exprime ses sincères condoléances à tous ses proches.

Il serait temps que, comme lors de la visite, en septembre 2018, du président de la République à Josette Audin, les plus hautes autorités françaises désignent clairement les assassins et commanditaires marocains de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, et leurs complices français, dont le ministre de l’Intérieur d’alors, Roger Frey, et le préfet de police de Paris, Maurice Papon.


Communiqué de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)

La LDH rend hommage à Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka, et exige la vérité sur l’affaire Ben Barka

Source

le 2 juillet 2024.

Rhita Bennani, veuve de Mehdi Ben Barka, s’est éteinte à Paris le 26 juin 2024. Toute sa vie, elle a lutté pour rechercher la vérité sur la disparition de son mari, leader tiers-mondiste et opposant politique marocain, enlevé en plein Paris le 29 octobre 1965 par les services marocains avec la complicité de policiers français. 

Aussitôt, elle a écrit au président de la République, le général de Gaulle, qui devait recevoir Mehdi Ben Barka durant son séjour à Paris, et il lui a d’abord promis qu’il établirait la vérité sur ce crime, puis, lors de sa conférence de presse du 21 février 1966, n’a plus parlé que de responsabilités françaises « subalternes ».  

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) salue le courage de Mme Bennani, sa détermination et la dignité de son combat que la Ligue a soutenu et partagé. Depuis bientôt soixante ans, dix juges d’instruction ont été nommés successivement par la justice française et leurs efforts se sont heurtés au refus des autorités des deux États, marocain et français, de les laisser procéder aux auditions et accéder aux documents nécessaires.

Il serait temps que la France désigne clairement les assassins et commanditaires marocains de l’enlèvement et de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, ainsi que leurs complices français, dont le ministre de l’Intérieur d’alors, Roger Frey, et le préfet de police de Paris, Maurice Papon.


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