Penser les inconséquences coloniales d’une grande partie de la gauche française
par histoirecoloniale.net
Au moment où se forme un Nouveau Front populaire, dans le but de lui donner le maximum de chances de réussite et en se gardant de toute querelle inutile pouvant nuire à l’unité entre ses composantes, nous tenons à inciter à réfléchir sur les compromissions et les inconséquences d’une grande partie de la gauche française des années 1930 à propos du projet colonial. C’était déjà le cas dès la première moitié du XIXème siècle, dans la période où est né le mouvement socialiste en France et dans d’autres pays. C’est resté une réalité au XXème siècle, lors de l’émergence des mouvements d’émancipation des peuples colonisés, marquée notamment par la naissance, dans l’immigration algérienne et maghrébine en France, de l’Etoile Nord-africaine, qui deviendrait le PPA, puis le MTLD, et d’où sortira le FLN algérien, ainsi que du Néo-Destour tunisien et du Comité d’action marocaine fondé en 1934 par Allal El Fassi et qui prendra le nom d’Istiqlal. Confronté à ces premiers mouvements indépendantistes, le premier Front populaire n’a pas su leur reconnaître le même droit à l’indépendance qu’aux peuples de l’Europe.
En ce début d’été 2024 où se constitue le Nouveau Front populaire qui est une réaction nécessaire pour faire barrage à l’accession de l’extrême droite au pouvoir en France, il nous semble utile de faire sur ce sujet un certain nombre de rappels. Peut-être cela pourra-t-il l’aider à éviter les inconséquences de son prédécesseur.
A lire dans notre dossier
• Alain Ruscio examine les positions des forces de gauche sur la question coloniale et dresse le bilan du Front populaire en la matière : Le Front populaire et les colonies, par Alain Ruscio
• Gilles Manceron questionne la compromission historique de la gauche française avec le projet colonial : Ligue des droits de l’Homme, socialistes et communistes et la question coloniale lors du premier Front populaire
• Dans cet extrait de Front Populaire, révolution manquée (1963), Daniel Guérin relate son expérience de la Commission coloniale de la SFIO : « On ne tient pas parole aux colonisés » : le témoignage de Daniel Guérin