Andrée Viollis (1870-1950) fut une figure importante du journalisme français ainsi qu’une militante féministe, antiraciste et antifasciste. En 1935, elle publia un livre préfacé par André Malraux qui est vite devenu un classique de l’anticolonialisme : SOS Indochine. « Un livre coup de poing contre la bonne conscience coloniale », comme l’écrit l’historien spécialiste de l’Indochine Alain Ruscio dans le texte que nous publions ici. A lire alors qu’on commémore la bataille de Diên Biên Phu (13 mars – 7 mai 1954) perdue par l’armée coloniale française, qui décida de l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge, ratifiée par les Accords de Genève en juillet 1954. Andrée Viollis siégea au Comité central de la Ligue des droits de l’Homme de 1937 à 1947, elle a publié dans sa revue, les Cahiers des droits de l’Homme, en mars 1934, un récit de son voyage en Indochine avant qu’elle ne le reprenne l’année suivante dans SOS Indochine.
Un livre « coup de poing » contre la bonne conscience coloniale : Indochine SOS, d’Andrée Viollis (1935), par Alain Ruscio
S’il fallait écrire une histoire du reportage protestataire français face à la question coloniale, le livre d’Andrée Viollis, Indochine SOS, dont la première édition, préfacée par André Malraux, sortit en 1935, figurerait en toute première place. Venant après d’autres témoignages critiques sur la même région (Georges Garros[1], Léon Werth[2], Paul Monet[3], Louis Roubaud[4]…), ce livre eut un écho bien plus considérable, sans aucun doute dû au talent de l’autrice, mais aussi à sa date de parution : le Comité d’amnistie aux Indochinois, fondé en 1933, avait déjà fait un gros travail d’information ; en cette période de gestation du Front populaire, la gauche française était par ailleurs à l’offensive. Ce fut un livre-protestation, un livre-cri. SOS : c’est donc qu’il y avait danger de mort.
Andrée Viollis avant SOS Indochine
Le nom d’Andrée Viollis n’est sans doute pas le plus connu de la saga journalistique du XX è siècle. Elle a pourtant sillonné le monde et écrit un nombre infini d’articles. Des années 1920 à l’après Seconde guerre mondiale, sa plume fut l’une de celles qui comptaient dans les quotidiens français[5]. Rien ne prédestinait cette bourgeoise éclairée, née Françoise Jacquet de La Verryère, épouse du directeur du Temps, Gustave Téry, puis d’Henri d’Ardenne de Tizac (qui avait adopté comme pseudonyme littéraire Jean Viollis) à devenir une journaliste engagée à gauche, puis compagne de route du PCF. Sur les questions coloniales, elle fit un chemin rapide vers la contestation. En 1931, elle figurait encore dans le Comité d’Honneur colonial des États généraux du féminisme, qui se tenaient pendant la grande Exposition de Vincennes, sous les auspices de Lyautey et du Parti colonial[6]. Cette même année, en septembre, son journal, Le Petit Parisien, pense à elle pour accompagner Paul Reynaud, ministre des Colonies, en Indochine. La pratique était fréquente, alors, d’inclure dans la suite ministérielle des journalistes bien pensants, évidemment agréés, voire suggérés, par la rue Oudinot. Tous, peu ou prou – à l’exception d’Andrée Viiollis – reprendront, sur des modes divers, l’autosatisfaction du ministre : « J’ai traversé l’Indochine, et j’ai été émerveillé de l’œuvre de la France » (Paul Reynaud, Discours, Saigon, 15 novembre 1931)[7].
Le premier papier de Viollis, envoyé du bateau faisant route vers la colonie, salue les méthodes de travail « révolutionnaires » du ministre, son « esprit clair, aigu, rapide », qui sait aller « droit au cœur des choses »… Reynaud a voulu « faire pénétrer avec l’air, la lumière, tout un esprit nouveau » rue Oudinot, « connaissant la gravité de la situation en Indochine », bien décidé de se mettre dans la peau d’un « medecin en quête de remèdes » aux maux de la colonie (Le Petit Parisien, 23 septembre 1931).
Mais le pays dans lequel elle arrive est en ébullition. L’année précédente, la révolte de Yen Bay (nord) et l’insurrection paysanne du Nghe Tinh (centre) ont montré l’étendue du rejet du système par les peuples concernés. Les articles viollisiens du Petit Parisien sont cependant beaucoup plus mesurés, beaucoup moins accusateurs que le livre paru quatre années plus tard. On peut citer le dernier de la série : « J’ai voulu attendre le verdict de l’opinion sur le discours prononcé par le ministre des Colonies avant son départ. À part une poignée de spéculateurs aigris et certains fonctionnaires par trop rebelles au sacrifice, la plupart de ceux auxquels il s’adressait sont unanimes à célébrer, sous le charme de la forme classique, la clairvoyante générosité et le courageux bon sens de ce discours. Solutions définitives ? Non pas. Point de promesses impossibles à tenir, point de creuse idéologie, mais quelques réformes dont certaines ont reçu une exécution immédiate et surtout une orientation nouvelle des rapports franco-annamites qui permettra la coopération toujours plus étroite et plus confiante des deux races vivant sur le même sol » (Le Petit Parisien, 20 novembre 1931).
Voilà pour le traitement journalistique immédiat. Mais Andrée Viollis n’est pas femme à accepter des vérités dictées par une suite ministérielle. Durant le voyage, elle se lie d’amitié avec Pierre Herbart, très jeune journaliste anticonformiste, alors sympathisant communiste, bien plus politisé qu’elle. Herbart était en Indochine pour le compte de l’hebdomadaire de Barbusse, Monde. Il n’était évidemment pas de la suite de Reynaud. Ils mettent tous deux au point un stratagème : ils devaient se rejoindre à Saïgon, quelque temps après la fin du voyage officiel, puis en refaire certaines étapes, dans un esprit nettement plus critique. Herbart se donne peut-être le beau rôle en affirmant qu’il proposa ensuite « point par point » le plan, et même les détails, du futur livre[8].
Il y a, incontestablement, une marge entre le ton des articles du journal, fin 1931, et celui du livre, en 1935. Prudence ? Crainte de la censure ? Accélération de la radicalisation politique de l’autrice, due en particulier au simple constat de l’ampleur de la répression coloniale (nombreuses exécutions capitales, déportations en masse à Poulo Condore). Tout cela à la fois.
À son retour en métropole vient le temps des engagements – qui ne se démentiront plus jusqu’à sa mort. L’une des premières manifestations date du 9 mars 1933 : elle figure ce jour-là parmi les membres fondateurs du Comité d’amnistie aux Indochinois[9], aux côtés d’intellectuels marqués à gauche et à l’extrême gauche, Magdeleine Paz, Francis Jourdain, Félicien Challaye, Jean Longuet, Henri Barbusse, Marcel Prenant, Romain Rolland, Paul Langevin, Victor Basch, auxquels s’étaient joints des Vietnamiens de France. Le 16 mai suivant, le même Comité organise un grand meeting de protestation, salle des Sociétés savantes. Andrée Viollis y apparaît comme l’un des grands témoins, aux côtés d’autres intellectuels qui ont sillonné l’Indochine : André Malraux, Louis Roubaud ou Léon Werth…[10]
En décembre de la même année, Andrée Viollis publie quelques Notes sur l’Indochine dans la revue d’Emmanuel Mounier, Esprit. Le ton est déjà celui du futur livre. Ce qui lui valut une volée de bois vert du RP jésuite Jalabert, particulièrement agressif : « Madame Viollis », avec « une pointe de perversité », n’a interrogé que « des ennemis » ou « des suspects » ; pour conclure d’un rageur « que vaut cette “vérité“ ? » inspirée par un « groupement communiste, affilié au Secours rouge international »[11].
Désormais, rien de ce qui est colonial ne lui est étranger. En 1934, elle figure parmi les marraines et parrains français du Comité d’Action marocaine, sorte de vitrine légale du mouvement national.
Le livre
En septembre 1935, soit plus de trois ans après le périple indochinois de la journaliste, sort des presses un livre de 252 pages, Indochine SOS, destiné à devenir un classique, tant de la littérature de reportage que du cri protestataire. Le titre paraît avoir été trouvé par Andrée Viollis elle-même, durant son séjour, lors d’entretiens avec son collègue et ami, Pierre Herbart[12]. Il subsiste pourtant un doute : car la première apparition de l’expression, concernant l’Indochine, date d’octobre 1933, sous la plume d’André Malraux, le préfacier de Viollis. C’est dans cet article qu’il employa une formule destinée à passer à la postérité : « Pour supprimer toute équivoque, que ceci soit bien entendu : personnellement, ayant vécu en Indochine, je ne conçois pas qu’un Annamite courageux soit autre chose que révolutionnaire »[13].
L’ouvrage ne se présente pas comme une synthèse, mais comme une reprise de son journal. On y retrouve donc de nombreux paragraphes déjà publiés par Le Petit Parisien, mais aussi, mais surtout, des ajouts, des notations infiniment plus accusatrices.
Sur l’étendue de la misère, après plus d’un demi-siècle de présence française. 1931 avait été une année de famine. Andrée Viollis avait vu « dans un immense enclos, entouré de barrières de bois, 3 à 4.000 créatures humaines, vêtues de loques brunes, si entassées et pressées qu’elles ne forment plus qu’une seule masse, agitée de remous, hérissée de bras de sarment, noueux et desséchés, qui tendent des corbeilles de jonc. Dans chaque être, toutes les tares, toutes les déchéances ; faces bouffies ou décharnées, dents absentes, prunelles éteintes ou chassieuses, plaies ulcérées ». L’autrice ajoute à ce tableau dantesque un constat plus terrible encore : « De solides agents bien nourris, en uniforme blanc, dirigent et disciplinent à coups de badine cette foule couleur de terre » Un Français d’Indochine commente devant la journaliste ce spectacle : « C’est un peu leur faute, à ces nhaqués (rappel : terme méprisant et raciste alors utilisé couramment pour désigner les Vietnamiens). Beaucoup de ces indigènes sont morts de faim. Andrée Viollis interroge un docteur : « À combien estimez-vous le nombre des morts ? », Réponse : « Pas moins de 10.000, mais 60.000 ne seront plus que des déchets, sans force pour travailler ni pour résister aux maladies ».
À l’opposé, elle constate que certains s’enrichissent énormément. Ainsi du système des régies sur le sel, pareille à la gabelle du Moyen-âge, sur l’alcool et l’opium : « Ici l’opium se vend à guichets ouverts et rapporte chaque année environ 15 millions de piastres à la régie française, qui en garde le monopole (…). La France contrôle également le commerce de l’alcool. Cet alcool grossier, mail distillé, contient des substances nocives qui nous débilitent, nous empoisonnent ».
Mais le peuple indochinois n’est pas présenté comme une victime soumise. Des résistances, des protestations s’organisent. André Viollis balaie d’un revers de main le trop facile argument anticommuniste, qui permet d’éluder les vraies questions : « On nomme indistinctement “communistes“ en Indochine non seulement les nationalistes désireux de voir appliquer à leur pays les principes démocratiques qu’ils ont puisés chez nous, mais les miséreux qui supplient qu’on leur vienne en aide et tous ceux qui, pour une raison quelconque, n’ont pas le don de plaire à l’administration ou à la police. À leur tour, ceux-ci relèvent cette dénomination et s’en font gloire. »
Comment réagissent les autorités ? Par la répression la plus dure. Andrée Viollis visite une prison :
« Français et Indiens couchent dans des lits avec paillasses, drap, oreillers, couvertures. Ils sont convenablement nourris et ont droit deux fois par semaine à la cantine ; ils portent des vêtements blancs, gardent des boys à leur disposition, peuvent posséder des livres, écrire quand il leur plaît ; ils reçoivent la visite de leur famille, de leurs amis, ont une a deux heures de récréation par jour et la faculté d’aller à l’infirmerie chaque fois qu’ils le désirent. Il en va autrement des prisonniers politiques : ils sont environ 1.500 dans des locaux destinés à abriter 500 détenus, entassés dans des salles empuanties par des tinettes, insuffisamment éclairés et aérés ; ils couchent à même le parquet sur des nattes crasseuses infestés de vermine ; aucun droit à la cantine, point de visites, point de lectures ».
Bien avant la décolonisation, 25 ans avant la généralisation de la torture lors de la guerre d’Algérie, Andrée Viollis témoigne. Les mots « tortures » et « courant électrique » figurent en toutes lettres :
« Il y a des tortures qu’on peut appeler classiques : privation de nourriture avec ration réduite à trente grammes de riz par jour, coups de rotin sur les chevilles, sur la plante des pieds, tenailles appliquées aux tempes pour faire jaillir les yeux des orbites, poteau auquel le patient est attaché par les bras et suspendu à quelques centimètres du sol, entonnoir à pétrole, presse de bois, épingles sous les ongles, privation d’eau, particulièrement douloureuse pour les torturés qui brûlent de fièvre (…). Attacher un bout de fil de fer au bras ou à la jambe, introduire l’autre bout dans le sexe ; relier un fouet aux fils de fer entrelacés à un courant électrique ; attacher une des mains du prévenu par un fil métallique que l’on branche ensuite sur le circuit. Chaque fois qu’on tourne le commutateur, la secousse est si violente qu’il est impossible d’en supporter plus de deux ou trois. »
Et Andrée Viollis écrit, dans la dernière page de son livre :
« Dans quinze ans, peut-être, nous autres Français d’Indochine, ne serons plus ici, et ce sera notre faute »…
Quinze ans plus tard… donc 1950. Ce fut en effet le début de la fin pour l’Indochine française, le premier grand revers du Corps expéditionnaire, en octobre. Mais Andrée Viollis ne le vit pas : elle était décédée le 10 août précédent. Quatre années encore, et ce fut Dien Bien Phu…
Andrée Viollis après SOS Indochine
Après la parution de son ouvrage, Andrée Viollis poursuivit son cheminement politique vers l’extrême gauche.
En décembre 1935, la parution simultanée des livres d’Andrée Viollis et de Félicien Challaye, Souvenirs sur la colonisation[14], est le prétexte à une réunion qui regroupe tous les intellectuels engagés à gauche à cette période. Challaye proposa de transformer le Comité d’amnistie aux Indochinois en une Association pour la défense et l’émancipation des peuples colonisés[15]. On aura noté le pas franchi : il ne s’agissait plus seulement de défendre des indigènes opprimés, mais de déboucher sur leur émancipation. Quatre présidents furent désignés, représentant l’éventail de la gauche française : Francis Jourdain, Andrée Viollis, Félicien Challaye[16] et Paul Langevin.
Durant l’épreuve de la guerre d’Espagne, l’écrivaine, mécontente de la politique de non-intervention, fait un pas supplémentaire vers les communistes. Au même moment, le PCF, soucieux de doubler L’Humanité par un quotidien moins étiqueté, moins militant, lance Ce Soir. Andrée Viollis quitte alors Le Petit Parisien pour intégrer la nouvelle équipe, autour d’Aragon.
Puis, c’est la guerre. Andrée Viollis prend part à la Résistance, malgré son âge (70 ans au début de la guerre). En décembre 1943 paraît une brochure clandestine, Le Racisme hitlérien : machine de guerre contre la France, évidemment sans signature. On apprendra après la Libération qu’elle avait été rédigée par la grande journaliste[17].
Après la Libération, l’Indochine va revenir en grand dans son existence. À l’autre bout du monde, un certain Ho Chi Minh a proclamé l’indépendance de son pays, redevenu le Viêt Nam. Andrée Viollis est l’une des premières, en France, à saisir la portée de cet événement, même si son vocabulaire reste quelque temps encore celui de l’ancien temps : « Il est encore temps, mais il est tout juste temps, de choisir : ou se faire de l’Annam une amie, une alliée fidèle et dévouée, que nous attacheront des liens spirituels et économiques, ou contraindre à la révolte un peuple désespéré qui, jamais, ne nous pardonnera » (Les Lettres françaises, 17 novembre 1945)[18].
Quelques jours plus tard, elle est passée au nom Viêt Nam. Plus qu’un changement de vocabulaire, il s’agit bien d’une prise de position de fond, à un moment où une partie du gouvernement, du monde politique et de l’état-major axe sa politique sur une division de la nouvelle République (opération Cochinchine) : « L’Annam, ou plutôt le Viêt-Nam, comme ils l’appellent, c’est-à-dire la patrie annamite, composée des trois pays de même race, de même culture et en majorité de même langue, la Cochinchine, l’Annam, le Tonkin, depuis les trois quarts de siècle et plus qui se sont écoulés depuis la conquête, n’a jamais accepté le colonialisme français » (Privilèges des femmes[19], 23 novembre 1945)[20].
Durant l’été suivant, alors que ce même Ho Chi Minh est en visite officielle en France, elle préside à la fondation d’une Association France Viêt Nam, avec l’ancien ministre du Front populaire Justin Godart et l’intellectuel communiste Francis Jourdain.
Lorsque la guerre d’Indochine commence, son Indochine SOS est devenu un étendard de la protestation. Le mensuel de Jean-Paul Sartre, Les Temps Modernes, publie un Dossier (mars 1947) auquel il donne ce titre. Son livre est par ailleurs réédité en 1949, cette fois par les soins du PCF [21]. Son préfacier est Francis Jourdain… Entre temps, Malraux a effectué le chemin inverse de celui de Viollis…
Andrée Viollis y a ajouté un paragraphe, actualisé, de conclusion : « Nul doute qu’en s’amplifiant et s’étendant, ce grand mouvement ne finisse par imposer la seule solution à la fois juste et logique : la paix au Vietnam par des négociations avec le gouvernement vietnamien dont le président est Ho Chi Minh ».
À la tribune de la Chambre des députés, Jeannette Vermeersch, retrouvant la flamme des discours communistes des années 30, cite Andrée Viollis à l’appui de sa dénonciation de la sale guerre. Un militant appelé à une certaine notoriété, Henri Martin, emprisonné pour son action contre ce conflit, écrit à ses parents qu’il a réussi à lire, en prison, Indochine SOS : « Comme j’aurais voulu avoir ce livre sur le Chevreuil ![22] (…). Que de mensonges nous apprenions à l’école pour pouvoir nous faire tuer plus tard. Que nous apportons la civilisation aux peuples coloniaux, c’est-à-dire la liberté et le bonheur. Que ceux qui s’élèvent contre notre œuvre désintéressée sont de vulgaires pillards. Le mensonge est à la taille de l’exploitation coloniale. Il est inadmissible qu’un Français honnête ne s’élève pas contre. Ceux qui connaissent la vérité et qui ne disent rien sont des lâches » (Lettre à ses parents, 22 août 1950) [23]. Lorsqu’Henri Martin écrit ces lignes, la grande journaliste vient de s’éteindre.
Il n’est pas inintéressant de constater que, durant la guerre d’Algérie, le mouvement de protestation, en particulier contre la torture, se réclama de son livre-témoignage : Claude Bourdet, Daniel Guérin, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet avaient lu Andrée Viollis et affirmaient souvent combien Indochine SOS les avait marqués[24]. Son livre a connu en 2008 une seconde réédition aux éditions Les Bons Caractères, présentée et préfacée par Anne Renoult.
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La « sale guerre » d’Indochine une guerre importante, trop absente des débats mémoriels en France
[1] Forceries humaines. L’Indochine litigieuse. Esquisse d’une entente franco-annamite, Paris, André Delpeuch, Éd., 1926.
[2] Cochinchine, Paris, F. Rieder & Cie, Éd., 1926.
[3] Français et Annamites, Paris, PUF, 1925 ; Les Jauniers, histoire vraie, Paris, Gallimard, Coll. Les documents bleus, 1930.
[4] Viet-Nam, la tragédie indochinoise, Paris, Libr. Valois, 1931.
[5] Anne Renoult, Andrée Viollis, une femme journaliste, Angers, Presses de l’Univ. d’Angers, 2004. Voir également sa thèse, Indochine SOS. Andrée Viollis et la question coloniale, Thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, École nationale des Chartes, 2009.
[6] Régine Goutalier, « Les États généraux du féminisme à l’Exposition coloniale, 30-31 mai 1931 », Revue d’Hist. Moderne & Contemporaine, tome XXXVI, avril-juin 1989.
[7] Le Temps, 18 novembre.
[8] Pierre Herbart, La ligne de force, Paris, Gallimard, 1958.
[9] L’Humanité, 14 mars.
[10] L’Humanité, 14 au 17 mai.
[11] Études, octobre 1934.
[12] Pierre Herbart, op. cit.
[13] André Malraux, Marianne, 11 octobre 1933.
[14] Paris, Picart, 1935 ; repris sous le titre Un livre noir du colonialisme. Souvenirs sur la colonisation, Paris, Les nuits rouges, 1998.
[15] Anne Renoult, op. cit.
[16] Qui démissionna cependant immédiatement, à cause des divergences sur l’avenir des ex-colonies allemandes.
[17] « Nous rééditons ici, sans rien y changer, une de nos publications clandestines parue en décembre 1943. Nous sommes heureux de faire figurer cette fois le nom de l’auteur, l’écrivain bien connu Andrée Viollis, dont la grande voix courageuse prit dès le début notre parti », Lyon, Éditions de la Clandestinité, Mouvement National Contre le Racisme, 1944, cité par Elizabeth Brunazzi, « Andrée Viollis : A “Grand Reporter“ in the Intellectual Resistance, 1942-1944 », French Cultural Studies, Vol. 22, n° 3, August 2011.
[18] « Le drame de l’Indochine ».
[19] Hebdomadaire lancé et dirigé par Lucie Aubrac à la Libération.
[20] « Où va l’Indochine ? », citée par Anne Renoult, op. cit.
[21] Paris, Éditeurs français réunis.
[22] Henri Martin, ancien maquisard FTP, était parti en Indochine fin 1945, persuadé de combattre les Japonais. Le Chevreuil était le bateau sur lequel il fut affecté.
[23] Cité par Alain Ruscio, L’Affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d’Indochine, Paris, Éd. Le Temps des Cerises, 2005.
[24] Anne Renoult, op. cit.