Le 17 octobre 1961 est la date d’une manifestation pacifique de dizaines de milliers d’Algériens qui affluaient vers le centre de Paris pour protester contre un couvre-feu qui leur avait été imposé. Nous sommes alors à la fin de la guerre d’Algérie, qui avait débuté en 1954 et allait se terminer moins de six mois plus tard avec les Accords d’Evian, l’issue du conflit n’était plus un secret pour personne.
Et pourtant, cette marche pacifique a été réprimée avec une violence inouïe : près de 11 700 Algériens ont été arrêtés et plusieurs centaines d’entre eux décéderont ou disparaîtront, soit « la répression d’Etat la plus violente qu’eût jamais provoquée une manifestation de rue pacifique dans l’histoire contemporaine en Europe de l’Ouest », d’après les historiens Jim House et Neil MacMaster dans leur ouvrage de référence sur le 17 octobre 1961.
On ignore le nombre de personnes torturées, jetées dans la Seine, expulsées ou assassinés au cours de cette nuit et des semaines qui ont suivi, et on ne le connaîtra probablement jamais. Ce que l’on sait, c’est que cette répression meurtrière a été tue pendant plusieurs décennies et on ne découvrira officiellement l’ampleur de la violence perpétrée plus de trente années plus tard, en 1997, à l’occasion du procès fait à Maurice Papon pour complicité de crimes contre l’humanité pour sa participation à la déportation des Juifs de la Gironde pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour en discuter, j’ai le plaisir de recevoir deux invités. La première a marché ce soir-là et les suivants, elle s’appelle Zohra, et nous raconte ses souvenirs. Le second s’appelle Fabrice Riceputi, il est historien, auteur de l’ouvrage « Ici on noya les Algériens » paru en 2021 aux éditions du passager clandestin.