Jean-François Gavoury, dont le père a été tué le 31 mai 1961 par l’OAS, poursuit les responsables de l’ADIMAD pour « apologie de crimes ».
Aujourd’hui, [lundi 13 mars 2006] à 14 heures, Annie Robert, Jean-Pierre Papadacci et Jean-François Collin, tous responsables de l’ADIMAD1, vitrine du « combat pour l’Algérie française », sont cités à comparaître devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour « apologie de crimes ». Cette association, qui se fixe comme but « la défense de la mémoire de tous les martyrs et de toutes les victimes des ennemis de l’Algérie Française », est à l’origine de la stèle érigée en 2005 à Marignane à la gloire de quatre anciens terroristes de l’OAS condamnés à mort. Les activistes de l’organisation d’extrême droite honorés par ce monument dédié sans vergogne « aux combattants pour que vive l’Algérie française » sont Albert Dovecar et Claude Piegts, assassins du commissaire Roger Gavoury ; Roger Degueldre, à l’origine du meurtre, trois jours avant la signature des accords d’Évian, de six inspecteurs de l’éducation nationale à El Biar
2 ; et Jean-Marie Bastien-Thiry, organisateur des attentats manqués contre le général de Gaulle à Pont-de-Seine et au Petit-Clamart.
C’est Jean-François Gavoury, le fils de Roger Gavoury, commissaire central d’Alger, assassiné le 31 mai 1961, qui est à l’origine de cette procédure. Les auteurs de l’assassinat de son père ont été jugés par le tribunal militaire spécial de Paris le 30 mars 1962, reconnus coupables d’atteinte à la sûreté de l’État, homicide volontaire, complicité d’assassinat, association de malfaiteurs. Deux d’entre eux, Albert Dovecar et Claude Piegts, ont été condamnés à mort et fusillés le 7 juin 1962. Dans une contribution à l’ouvrage de Jean-Philippe Ould-Aoudia, la Bataille de Marignane, paru récemment, Jean-François Gavoury revient longuement sur le meurtre de son père, le parcours de ses assassins, et les raisons qui l’ont conduit, avec le soutien d’autres enfants de victimes de l’OAS, à engager cette action en justice. « Si l’imposture n’a pas de limites chez ces gens-là, écrit-il à propos de l’ADIMAD, la patience des victimes de leurs innommables déviances en connaît. Attirer l’attention sur ces boutefeux, falsificateurs de l’histoire, sur le fait qu’ils ne sont pas à l’abri de toute plainte ou dénonciation relève du devoir citoyen dès lors que les pouvoirs publics ne satisfont pas à cette obligation. »
À l’heure où l’activisme des réseaux de nostalgiques de la colonisation reprend de la vigueur, et où la loi du 23 février ouvre le droit à l’indemnisation des anciens de l’OAS condamnés3, ce procès prend évidemment un relief tout particulier. Il intervient quatre ans après celui du général Aussaresses, condamné en 2002 pour « apologie de crimes de guerre ».