Ceux qu’on a désignés sous le terme de harkis ne formaient pas un courant politique, ni n’avaient fait un choix idéologique les conduisant à s’engager comme supplétifs de l’armée française. Ils n’ont été ni des militants de l’Algérie française, ni des adversaires de l’indépendance de l’Algérie. Souvent isolés dans leurs campagnes et illettrés, vivant dans le dénuement comme la plupart des paysans algériens, ces hommes se sont retrouvés plongés dans le plus grand désarroi quand s’est instauré l’état de guerre.
Leur drame est le résultat d’une situation complexe où les deux belligérants ont exercé sur eux des pressions et des violences de toutes sortes pour s’attacher leurs services, ou pour les punir de faits dont on les accusait et que, la plupart du temps, ils n’avaient pas commis.
Au lendemain de l’indépendance, les harkis et leur famille ne représentaient aucun danger pour l’Algérie, et leur vie était censée être protégée par les accords d’Évian cosignés par le jeune État algérien. Pour ces raisons, les crimes commis contre ces personnes désarmées et le comportement des autorités algériennes qui les ont encouragés ou laissé faire constituent des violations fragrantes des droits de l’Homme.
Les harkis et leurs enfants ont payé un lourd tribut à la guerre d’Algérie, non seulement en termes de pertes humaines et de drames familiaux, mais en termes d’exil, et, pour ceux d’entre eux – la grande majorité – qui sont restés en Algérie, d’humiliations permanentes par le pouvoir politique qui les considère encore avec mépris et les prive de leurs droits élémentaires.
La persistance, plus de quarante ans après la fin de la guerre, de ce rejet d’une partie des enfants d’Algérie, les tracasseries dont ils sont aujourd’hui encore l’objet et leur diabolisation quotidienne dans la presse et le discours officiel, allant jusqu’à empêcher que des morts trouvent une sépulture dans la terre de leurs ancêtres, tout cela constitue de graves manquements aux droits de l’Homme auxquels l’Algérie a pourtant souscrits.
Quant aux familles de harkis qui ont pu gagner la France, leur enfermement dans des camps en marge du reste de la société française, leur traitement différent des autres rapatriés, apparaît comme la continuation de leur situation d’indigènes colonisés.
Depuis plus de quarante ans, les harkis, leur femme et leurs enfants vivant en France sont Français et sont souvent victimes de discriminations au même titre que les autres Français issus de l’immigration. Ils veulent vivre comme citoyens français à part entière, dignement, en hommes et en femmes libres dans une société française diversifiée, tout en gardant avec leur pays et leur société d’origine des relations fondées sur le respect et la dignité.
Issus du peuple algérien, ils ont partagé une partie de son histoire et ont encore des attaches très fortes en Algérie qui demeure la terre de leurs origines et de leurs ancêtres. Ils y sont liés, en dépit de toutes les tragédies auxquelles ils ont été mêlés.
A cet effet, ils s’engagent à mener auprès des dirigeants et des sociétés des deux pays les actions nécessaires pour panser les blessures et apaiser les cœurs et les consciences.
Ils souhaitent que les autorités françaises reconnaissent la tragédie qu’elles ont fait vivre à ces hommes et leur famille en les abandonnant alors que son devoir était de les mettre à l’abri de vengeances prévisibles étant donné la violence de cette guerre, en les traitant de manière discriminatoire par rapport aux autres Français d’Algérie et en les enfermant dans des camps dans lesquels ils ont vécu en parias.
Ils souhaitent que les autorités algériennes mettent fin à la diabolisation, aux maltraitances, au mépris et aux condamnations faciles qui ne tiennent pas compte de la situation infernale dans laquelle l’état de guerre avait plongé le peuple algérien. Que le gouvernement algérien exprime ses regrets quant au massacre des harkis. Ils demandent que les harkis et leurs enfants, en raison des attaches familiales très fortes qu’ils ont conservées en Algérie, puissent y revenir, y circuler sans entraves et s’y établir librement. Et qu’enfin ceux d’entre eux qui le souhaitent puissent trouver une sépulture dans la terre de leurs ancêtres.
Association Harkis et droits de l’Homme
La ligue des droits de l’Homme
La ligue de l’enseignement
Association Unir
Association Coup de soleil
- Harkis et droits de l’Homme (AHDH)
L’association met en oeuvre toute action conduisant
l’Etat français à reconnaître officiellement le traitement
indigne et discriminatoire que les Harkis et leurs
familles subissent depuis 1962. - La Ligue des droits de l’Homme
La LDH, par l’intermédiaire de sa permanence juridique
nationale ou de ses sections locales, assure un rôle
d’information et interpelle les autorités publiques dans
le cas de pratiques illégales ou qui portent atteinte
d’une façon ou d’une autre aux droits des individus. - La Ligue de l’enseignement
Mouvement d’éducation populaire, elle invite les
citoyens à s’associer dans la lutte contre les inégalités,
à débattre et à être acteurs dans la cité afin de
construire une société plus juste, plus libre et plus
solidaire visant à l’émancipation de tous. - Association UNIR
L’association lutte contre les discriminations par la voie
politique. - Association Coup de soleil
L’association a pour vocation de renforcer les liens
entre les gens originaires du Maghreb et leurs amis,
quelles que soient leurs origines géographiques,
culturelles ou historiques.