L’affaire Audin
Maurice Audin a été arrêté par les parachutistes du général Massu, le 11 juin 1957 à Alger.
Depuis, nul ne l’a revu.
L’enquête du Comité Audin menée par Pierre Vidal-Naquet a établi que Maurice Audin est mort sous la torture.
Malgré plusieurs actions judiciaires, l’État français ne l’a toujours pas reconnu.
Maurice Audin a été arrêté par les parachutistes du général Massu, le 11 juin 1957 à Alger.
Depuis, nul ne l’a revu. L’enquête du Comité Audin menée par Pierre Vidal-Naquet a établi que Maurice Audin est mort sous la torture.
Malgré plusieurs actions judiciaires, l’État français refuse toujours de reconnaître sa responsabilité.
Le 11 juin 1957, Maurice Audin, enseignant de mathématiques à l’Université d’Alger et militant communiste, est arrêté par les hommes du 1er régiment de parachutistes. Il a 25 ans, et trois enfants. Selon l’enquête de l’historien Pierre Vidal-Naquet, il est assassiné sous la torture le 21 juin 1957 par le lieutenant Charbonnier, officier de renseignement servant sous les ordres du Général Massu, mais l’Etat refuse de reconnaître la vérité (voir notre page).
Charbonnier a été décoré de la Légion d’Honneur.
En juin 2007, Josette Audin a écrit à Nicolas Sarkozy, mais le président de la République ne lui a pas répondu.
Aujourd’hui Nicolas Sarkozy décide de décerner le grade de chevalier de la Légion d’Honneur à Michèle, la fille de Josette et de Maurice, mais Michèle Audin ne souhaite pas recevoir cette décoration.
« L’affaire Maurice Audin », qui remonte à plus de cinquante ans, est aujourd’hui presque inconnue – elle appartient à une période de notre histoire couverte par l’amnistie et l’amnésie.
Maurice Audin, mathématicien et militant contre la guerre d’Algérie, arrêté par des militaires français alors qu’il n’avait que 25 ans, a disparu à Alger en 1957. Après plus de cinquante ans d’enquête, la justice française a refermé ce dossier sans condamner les coupables ni reconnaître les faits : la torture et l’assassinat. Alger en revanche a commémoré cette année encore la disparition de Maurice Audin.
Une enquête inédite, intitulée Audin la disparition, comportant des témoignages de sa veuve Josette Audin, de l’historien Pierre Vidal-Naquet, de l’ancien ministre Robert Badinter et du journaliste Henri Alleg, a été diffusée en juillet 2010 sur la chaîne Public Sénat. Le documentaire est maintenant disponible en DVD.
« Le 11 juin 1957, j’avais vingt-six ans, j’habitais à Alger, rue Gustave-Flaubert, avec mon mari, vingt-cinq ans, et mes trois enfants, a-t-elle écrit au Président de la République. Des parachutistes de l’armée française ont fait irruption et ont emmené mon mari. Depuis cette date, je ne l’ai jamais revu. À mes questions, il m’a été répondu qu’il s’était évadé. » Cette lettre, envoyée le 19 juin 2007, n’a jamais reçu de réponse.
Alors que de nombreux éléments, dont l’enquête de l’historien Pierre Vidal-Naquet, établissent qu’il est mort sous la torture, la République n’a pas reconnu l’assassinat. Sur le plan judiciaire, l’affaire s’est terminée par un premier non-lieu en 1962, puis par un second en 2002 suite à la plainte contre X déposée, en mai 2001, après la parution du livre Services spéciaux Algérie 1955-1957 du général Aussaresses.
Le Sénat est revenu le 24 mai dernier sur cette la disparition de Maurice Audin à Alger en 1957, grâce à une question orale de la sénatrice Nicole Borvo Cohen-Seat [1]. La vérité sera-t-elle bientôt établie sur des faits qui se sont déroulés ... il y a 54 ans ?
Le Nouvel Observateur du 1er mars 2012 publie un extrait d’un document inédit qui permettra, espérons-le, d’établir dans quelles conditions, le jeune mathématicien Maurice Audin a “disparu” à Alger il y a près de 55 ans. D’après la thèse officielle, il se serait évadé, mais l’opinion générale est qu’il est mort dans les mains de militaires, après avoir été arrêté par des parachutistes le 11 juin 1957 pour être conduit au centre d’interrogatoire d’El-Biar. Depuis lors, Maurice Audin avait disparu, et sa femme, Josette, n’a pu obtenir de réponse à ses questions.
Au cours de ses recherches, Nathalie Funès, qui publie ces jours-ci un ouvrage sur Le camp de Lodi, a mis à jour un document inconnu jusqu’à présent : un texte écrit de la main du colonel Yves Godard, ancien commandant de la zone Alger-Sahel, aujourd’hui décédé. Ce texte inédit, conservé avec les archives que Godard a déposé à l’université Stanford, en Californie, est le premier document signé par un officier de l’armée française qui confirme l’exécution du jeune mathématicien algérois par un militaire.
Arrêté et torturé en juin 1957 à Alger par les parachutistes français, Maurice Audin n’a jamais été revu vivant. Dans un entretien publié dans Le Nouvel Observateur N° 2472 du 22 mars 2012 et intégralement repris ci-dessous, la veuve du mathématicien en appelle au chef de l’État pour qu’on lui dise la vérité sur la disparition de son mari.
La Ligue des droits de l’Homme s’adresse aux plus hautes autorités de l’Etat pour qu’elles répondent enfin à la demande de Josette Audin.
Il y a cinquante-cinq ans, Maurice Audin disparaissait... Arrêté et torturé en juin 1957 à Alger par des parachutistes français, Maurice Audin n’a jamais été revu vivant, et sa famille ne connaît toujours pas le sort qui lui a été réservé. Pour ne pas oublier, l’Association Maurice Audin a créé un Prix de Mathématiques qui récompense chaque année deux lauréats : un mathématicien algérien et un mathématicien français.
La cérémonie de remise de ces prix, pour les sessions 2011 et 2012, aura lieu vendredi 22 juin 2012, à 14 heures, dans un des auditoriums de la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand. Elle sera suivie d’un colloque : “Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie”.
A cette occasion, nous publions ci-dessous la lettre signée par François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, adressée le 26 mars 2012 à Gérard Tronel, président de l’Association Maurice Audin.
La cérémonie de remise du prix Audin de mathématiques s’est déroulée le 22 juin à 14 h dans le petit auditorium de la BNF en présence de 140 personnes. Le Président du jury, Wendelin Werner, a remis leurs prix aux lauréats. A l’occasion du cinquantenaire de la signature des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, Gérard Tronel a remis, au nom de l’association Maurice Audin, un prix exceptionnel à Hacène Belbachir et à Tahar Boulemezaoud pour leurs contributions à la coopération franco-algérienne.
Au cours du colloque qui a suivi, La guerre d’Algérie, cinquante ans après, Henri Alleg, Roland Rappaport, Raphaëlle Branche, Mohamed Harbi, Nathalie Funès, Jean-Luc Einaudi, Gilles Manceron et Benjamin Stora, ont rappelé les circonstances dans lesquelles était née l’« Affaire Audin » et ce qu’elle avait de symbolique dans la mesure où elle avait généré des situations de non-droit « légalisées » par des procédures du type « pouvoirs spéciaux » et articles « ad-hoc » de la constitution de 1958. Le cas Audin n’est pas le seul dans lequel les autorités militaires, couvertes par les pouvoirs civils ont arrêté, torturé et fait disparaître des citoyens français et algériens. Les intervenants ont rappelé que la colonisation était à l’origine de crimes inadmissibles au pays des Droits de l’Homme et qu’il serait temps que la République française reconnaisse ses erreurs qui sont à l’origine d’actions criminelles non encore élucidées. L’« Affaire Audin » est emblématique dans la mesure où elle repose notamment les problèmes de la torture, du mensonge au nom de la raison d’Etat, et de l’amnésie collective que les gouvernements successifs ont justifié par un arsenal législatif de lois d’amnistie. La cérémonie s’est achevée par un rappel : nous continuerons à lutter pour connaître la vérité sur la mort de Maurice Audin, il y va de l’Honneur de notre pays et de l’instauration de relations fraternelles entre les peuples algérien et français.
Jean-Luc Einaudi nous a aimablement autorisé à reprendre son intervention, prononcée à cette occasion le 22 juin 2012,à la Très Grande Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand.
Son mari, arrêté en 1957, a disparu.
Josette Audin rend publique la lettre qu’elle a adressée sous forme manuscrite le 6 août 2012 au Président de la République. À un mois du déplacement de François Hollande en Algérie, elle lui demande de prononcer « une condamnation ferme de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d’Algérie. »
A l’occasion de la remise du prix Audin de mathématiques pour les sessions 2011 et 2012, le 22 juin 2012, à la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand, un colloque de journalistes et d’historiens, s’est tenu autour du thème des cinquante ans de l’indépendance algérienne et de la nécessité pour le nouveau pouvoir politique de faire éclater la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin, en 1957, durant la guerre d’Algérie. Plusieurs intervenants ont adjuré le nouveau Président de la République d’intervenir dans ce sens.
Au moment où il s’apprête à faire un voyage officiel en Algérie, le 19 décembre prochain, cette vidéo rappelle les moments forts de ce colloque et les appels des intervenants en direction du Président... appels restés jusqu’à présent sans réponse.
Dans un courrier reçu par Josette Audin, le chef de l’État, répondant à celui qu’elle lui avait adressé en août dernier, promet de lui remettre « l’ensemble des archives et documents en sa possession relatifs à la disparition » du jeune mathématicien communiste. Sans préciser s’il va lever le secret-défense.
L’historienne Raphaëlle Branche relativise la portée de cette annonce.
Le dossier du ministère de la Défense sur la disparition de Maurice Audin, disparu, à Alger le 11 juin 1957, après avoir été arrêté par des militaires français, est désormais consultable, selon un arrêté paru au Journal officiel du 23 février 2013 [2].
Cet arrêté du 1er février, signé du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est daté du jour où Josette Audin, la veuve de Maurice Audin, a reçu une copie de ce dossier des mains du ministre, conformément à l’engagement de François Hollande.
Peu de temps auparavant, Michèle Audin publiait Une vie brève, récit pudique consacré à son père.
Dans un livre paru le 9 janvier 2014 aux éditions des Équateurs, La vérité sur la mort de Maurice Audin, le journaliste Jean-Charles Deniau apporte des précisions sur la fin du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, disparu à Alger après avoir été arrêté et torturé par l’armée française, le 11 juin 1957.
Alors que sa famille tente depuis d’obtenir la vérité et que l’armée française campe depuis 50 ans sur sa version officielle – Maurice Audin se serait évadé de prison –, ce nouvel ouvrage s’appuie sur le témoignage du général Aussaresses. Ce dernier aurait reconnu peu avant sa mort que c’est bien lui qui, sur ordre du général Massu et avec l’assentiment du pouvoir politique, a fait liquider Maurice Audin en 1957.
Josette Audin, veuve de Maurice Audin, a émis des doutes sur les déclarations du général Aussaresses : « C’est bien que le général ait dit sa vérité mais c’est seulement SA vérité. Ce n’est pas forcément LA vérité. » Au-delà du cas de son mari, Josette Audin a par ailleurs appelé le président de la République à condamner officiellement les tortures organisées par l’armée française pendant la guerre d’Algérie.
Coïncidence ? ... le jour où paraît un livre qui apporte quelques éclaircissements sur la disparition de Maurice Audin en 1957 entre les mains de l’armée française, on apprend qu’un ancien militaire allemand, âgé de 19 ans à l’époque des faits, va être jugé, en Allemagne, pour sa participation au massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944.
Par contre, les généraux français qui ont conduit la guerre d’Algérie, avec les méthodes dont on découvre chaque jour un peu plus la brutalité, ont poursuivi leurs carrières sans être véritablement inquiétés. Ainsi que le demande Josette Audin, il serait temps que notre pays reconnaisse « ce qui s’est passé en Algérie, [...] comme le président de la République Jacques Chirac l’avait fait pour la rafle du Vél’d’Hiv. » Il ne s’agit pas de responsabilité individuelle, mais il faut que la politique conduite par les gouvernements de l’époque soit clairement condamnée.
L’enjeu est majeur. Les historiens poursuivent leur travaux de recherche et d’analyse des archives. Mais il est maintenant de la responsabilité des politiques de reconnaître solennellement les faits.
Le 11 juin 1957, Maurice Audin, assistant de mathématiques à l’université d’Alger, était arrêté par les parachutistes du 1er RCP. Depuis, nul ne l’a revu vivant. Dans un témoignage posthume, le général Aussaresses aurait reconnu avoir reçu du général Massu, officiellement chargé du maintien de l’ordre à Alger en juin 1957, l’ordre de le tuer.
Le 2 décembre 1957, le mathématicien Laurent Schwartz organisait la soutenance de thèse de Maurice Audin, en l’absence de son auteur. L’historien Michel Winock a assisté à cette soutenance qu’il évoque dans La République se meurt. A la suite de son témoignage, nous reprenons la préface de L’Affaire Audin de Pierre Vidal-Naquet, constituée pour l’essentiel
d’un article de Laurent Schwartz publié dans l’Express du 16 janvier 1958.
La disparition de Maurice Audin entre les mains de l’armée française à Alger en juin 1957 a été évoquée à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement du 14 janvier 2014. Répondant au député François Asensi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a renouvelé l’engagement du président de la République : « le Gouvernement fait et fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l’établissement de la vérité. »
Ci-dessous :
- une vidéo de la question de François Asensi et de la réponse du ministre
- la transcription de cet échange
- un article paru dans le quotidien algérien El Moudjahid, le 13 janvier 2014 : « Nouvelles révélations sur l’assassinat de Maurice Audin : La vérité toujours occultée »,
- un lien vers une vidéo sur l’affaire Audin (extrait du JT 20h, France 2)
Les dernières déclarations du général Aussaresses rapportées dans un livre récent n’ont pas manqué de soulever une forte émotion de l’autre côté de la Méditerranée. Son affirmation sur l’usage du couteau pour assassiner Maurice Audin a particulièrement frappé les esprits, comme l’expose un historien algérien dans le billet qu’il nous a adressé et que nous reprenons ci-dessous.
Nous reprenons ci-dessous le compte-rendu publié dans l’édition du 22 janvier d’El Watan de l’intervention de Benjamin Stora le 20 janvier 2014 dans le cadre du Forum du quotidien algérien Liberté [3].
Concernant l’« affaire Maurice Audin », l’historien a fermement déclaré que « les autorités françaises ne peuvent plus se contenter de dire “on ne sait pas, il faut établir la vérité” », et il a conclu : « On sait ce qui s’est passé. Maintenant, il faut situer les responsabilités de chacun ».
Florence Beaugé, dont les articles publiés dans le Monde ont largement contribué à la relance des débats sur la torture à partir de l’année 2000 – voir ses interviews de Louisette Ighilhariz et des généraux Bigeard, Massu et Aussaresses – revient sur les déclarations de ce dernier concernant la mort de Maurice Audin telles que Jean-Charles Deniau les rapporte dans son ouvrage.
Selon la journaliste, Josette Audin attend non pas une « repentance » de la part de la France, mais une reconnaissance et une condamnation des crimes de guerre commis avec l’assentiment du pouvoir politique de l’époque.
De François Hollande, la veuve de Maurice Audin espère un geste « comparable à celui qu’a fait Jacques Chirac pour la rafle du Vel’d’Hiv ». Pour elle, il serait grand temps que la France regarde son passé en face, si elle veut enfin pouvoir tourner la page de la guerre d’Algérie.
Une soirée est organisée par la Ligue des droits de l’Homme, Mediapart, l’Humanité, avec les Amis de l’Humanité et les Amis de Mediapart, ouverte sur inscription, dans la limite des places disponibles
au Tarmac 159 – avenue Gambetta 75020 Paris
Nous demandons la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin
Projection du film Maurice Audin, la disparition de François Demerliac [4] et débat en présence de Josette Audin, suivis d’un appel pour la reconnaissance de ce crime d’Etat et des violations massives des droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie.
La soirée sera animée par l’historien Gilles Manceron, avec, notamment, les interventions de Raphaëlle Branche, René Gallissot, Sadek Hadjerès, Malika Rahal et Nathalie Funès.
La Ligue des droits de l’Homme, Mediapart, L’Humanité, avec les Amis de L’Humanité et les Amis de Mediapart organisent une soirée pour demander la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin, en juin 1957.
Jeune mathématicien communiste, il a été tué à Alger après avoir été arrêté par des militaires français. Les circonstances de sa mort n’ont jamais été élucidées et l’État français, que tout accuse, n’a jamais reconnu sa culpabilité.
Lundi 24 mars, à 19h, au Tarmac, 159 avenue Gambetta, 75020 Paris
(Métro Gambetta, Pelleport ou Saint-Fargeau), en présence de sa femme Josette :
projection du film Maurice Audin. La Disparition, de François Demerliac [5],
débat animé par Gilles Manceron (membre du Comité central de la LDH et coresponsable du groupe de travail « Mémoire, histoire, archives »),
avec, notamment, Raphaëlle Branche, René Gallissot, Sadek Hadjerès, Malika Rahal, Sylvie Thénault et Nathalie Funès,
suivis d’un appel pour la reconnaissance de ce crime d’État et des violations massives des droits de l’Homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie.
Inscriptions auprès du service communication de la LDH :
communication@lfh-france.org.
Tél. 01 56 55 51 15
pour la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin
Historiens et journalistes continuent à œuvrer pour que la vérité émerge sur les circonstances réelles de l’assassinat de Maurice Audin en juin 1957 durant la bataille d’Alger par les parachutistes du général Massu et ne cessent d’interpeller les autorités françaises sur cette question. La soirée-débat organisée ce 24 mars, au théâtre Le Tarmac à Paris, par la Ligue des droits de l’homme, Mediapart et L’Humanité, en présence de Josette Audin et d’amis du militant anticolonialiste, a été dédiée à cette quête de vérité. Sont intervenus notamment les historiens René Gallissot, Gilles Manceron, Malika Rahal, Alain Ruscio, et la journaliste Nathalie Funès, un appel a été adressé aux autorités françaises pour exiger la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin, ainsi que la reconnaissance des violations massives des droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie. [6]
Lundi 24 mars 2014, Mediapart, la Ligue des droits de l’Homme et l’Humanité organisaient au théâtre Le Tarmac un débat public autour de l’assassinat de Maurice Audin à Alger en juin 1957. Ce débat a été suivi d’un appel pour la reconnaissance de ce crime d’Etat et des violations des droits de l’homme par l’armée française durant la guerre d’Algérie.
Le débat, précédé de la projection du film Maurice Audin, la disparition (réalisé par François Demerliac), réunissait, en présence de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, une table ronde avec : Gilles Manceron, historien ; Sadek Hadjerès, membre en 1957 du secrétariat du PC algérien, rédacteur du site Socialgérie ; Raphaëlle Branche, historienne, maîtresse de conférence à l’Université Paris I ; René Gallissot, historien, professeur émérite de l’Université Paris 8 ; Malika Rahal, historienne chargée de recherches à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) ; Nathalie Funès, journaliste au Nouvel Observateur et Alain Ruscio, historien. Sont intervenus également au cours de cette soirée : Michel Broué, mathématicien, président des Amis de Mediapart ; Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité ; Edwy Plenel, directeur de Mediapart ; Charles Silvestre, journaliste, vice-président des Amis de l’Humanité.
Intervention de René Gallissot à la soirée “Nous demandons la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin” organisée le 24 mars 2014 par la Ligue des droits de l’Homme, Mediapart et l’Association des amis de l’Humanité au Tarmac, Paris.
Texte publié le 31 mars 2014, sur le site Internet d’El Watan.
Plus d’un demi-siècle après les faits, la reconnaissance des crimes
français commis en Algérie avance...
Mais la connaissance des faits bute sur les conséquences du long silence d’Etat qui a prévalu. En effet, des traces dans les archives ont été effacées. Les témoins et les acteurs disparaissent. Pourquoi n’ont-ils pas révélé ces faits quand ils les condamnaient ou les regrettaient?
Bernard Sigg a analysé leur silence.
Dans quelques jours, ce sera le 57e anniversaire de la disparition de Maurice Audin suite à son arrestation à Alger, par les parachutistes de l’armée française. Après l’“appel des 171”, deux personnalités, l’auteur dramatique Michel Vinaver et le psychanalyste Bernard Sigg, lancent chacun un appel pour la reconnaissance de la vérité sur la mort de ce jeune universitaire à Alger.
Le dramaturge Michel Vinaver, ce « récitant inlassable, depuis un demi-siècle, des fracas de notre temps » [7], a écrit Les Huissiers en 1957. Dans cette pièce, « il évoque explicitement la guerre d’Algérie et l’agonie de la IVe République depuis les couloirs et les bureaux d’un ministère, avec sa farandole de préposés et de politiques, de petites mains et de grands bavards » [1]. Michel Vinaver révèle aujourd’hui que la disparition de Maurice Audin à Alger en juin 1957 est à l’origine de cette œuvre, et demande qu’il « soit mis fin à un si long retard dans la reconnaissance des faits par l’Etat ».
Évoquant le crime dont Maurice Audin fut victime, le psychanalyste Bernard Sigg écrit qu’il « reste inoubliable parce qu’il est toujours nié par la République Française alors que c’est son armée qui, passant lois et limites, l’a commis ». Mobilisé en Algérie en tant que médecin, Bernard Sigg a refusé en 1961 de rejoindre un poste où son travail aurait consisté à maintenir en vie des personnes torturées. Il a alors déserté et n’est revenu en France qu’en 1965, au moment d’une amnistie. Il s’est alors investi dans le traitement des soldats traumatisés par la guerre.
Il est l’auteur du livre Le Silence et la Honte. Névroses de la guerre d’Algérie (Messidor, 1989) dans lequel il souligne notamment que les anciens appelés préfèrent taire leurs angoisses. [8]
À l’occasion du 57e anniversaire de son arrestation par les paras du général Massu, un nouvel hommage a été rendu à Alger à Maurice Audin. Vous pourrez en prendre connaissance ci-dessous dans un article qui demande aux autorités françaises de dévoiler le lieu de son inhumation et annonce que le prix Maurice Audin sera décerné le 18 juin à l’institut Henri Poincaré (Paris).
Nous reprenons également le texte de la lettre que Josette Audin a adressée au président de la République le 24 février dernier pour connaître la vérité sur les circonstances de l’assassinat de son mari. Elle lui demande de condamner « la torture et les exécutions sommaires commandées par les gouvernements successifs de la France pendant la Guerre d’Algérie. »
Pour terminer, un extrait d’un article de janvier dernier qui met en évidence des questions que l’on continue à se poser au sujet de l’“affaire Audin”.
La cérémonie officielle de remise du prix Audin de mathématiques (session 2014) a eu lieu mercredi 18 juin, à l’Institut Henri Poincaré, à Paris.
Le président de la République a adressé aux participants un message que nous reprenons ci-dessous. Il y évoque le sort tragique de Maurice Audin, sans apporter d’élément véritablement nouveau, ni sur les circonstances, ni sur les raisons de sa mort.
Ce message est le premier désaveu officiel de la thèse de l’évasion mise en scène par certains responsables du maintien de l’ordre de l’époque, et qui tenait lieu depuis lors, contre toute évidence, de vérité officielle. En effet, le président de la République a écrit : « M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention », confirmant ce qu’il avait déclaré la veille à Josette Audin, en réponse à sa demande du 24 février 2014.
Nous publions à la suite une lettre que Gérard Tronel, de l’association Maurice Audin, lui avait adressée peu de temps auparavant.
L’historien réagit à la brève déclaration du président de la République : « Maurice Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention ».
[9]
La cérémonie du prix Maurice Audin 2014 de mathématiques s’est déroulée en deux temps : les deux récipiendaires, une Algérienne et un Français, ont reçu leur prix le 12 mars 2014 à Alger ; une seconde cérémonie a été organisée à Paris, le 18 juin 2014, dans les locaux de l’Institut Henri Poincaré. Lors de cette dernière, François Hollande a adressé aux participants un message qui ne dit pas un mot des tortures infligées par des militaires français à Maurice Audin ni de son assassinat par eux, mais que l’on peut considérer comme le premier début de reconnaissance officielle de la responsabilité des autorités françaises de l’époque dans sa disparition en juin 1957.
Le président du prix Maurice Audin, Cédric Villani, était présent à Alger le 12 mars 2014, et c’est lui qui a présidé la cérémonie du 18 juin dernier. Cédric Villani est un mathématicien français né en 1973, professeur des Universités et directeur de l’Institut Henri Poincaré. Lauréat en 2010 de la médaille Fields [10], il s’investit beaucoup dans la communication, pour faire comprendre au plus grand nombre certaines avancées des mathématiques contemporaines.
Nous le remercions de nous avoir permis de reprendre le texte de son allocution du 18 juin dernier. [11]
La Ligue des droits de l’Homme organise à Lens [12] une manifestation pour rappeler que la République française persiste à ne pas répondre à la question : qu’est-il advenu de Maurice Audin depuis son arrestation le 11 juin 1957 à Alger par les parachutistes du général Massu ?
vendredi 19 septembre 2014, de 18h30 à 23h
au COLISÉE de LENS (12, rue de Paris)
La rencontre est organisée en écho à l’exposition Les désastres de la guerre 1800-2014 au Louvre-Lens [13]
où figure une œuvre de Jean-Jacques Lebel intitulée « Justice (L’Assassinat de Maurice Audin) » ainsi que le « Grand tableau collectif antifasciste » de 1960.
Les invités de la LDH évoqueront Les désastres de la guerre d’Algérie, en présence de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, et de Pierre Tartakowsky, président de la LDH.
La Ligue des droits de l’Homme a organisé vendredi 19 septembre 2014, au Colisée de Lens (Pas-de-Calais), une rencontre en écho à l’exposition Les désastres de la guerre 1800-2014 au Louvre-Lens,
sur le thème :
Ci-dessous deux vidéos qui en rendent compte.
Devant le TGI de Marseille, mardi 22 septembre 2015, le général Maurice Schmitt a poursuivi en diffamation Henri Pouillot, ancien combattant en Algérie devenu militant anticolonialiste, pour diffamation à propos de « l’affaire Maurice Audin ». Celui-ci avait remis le 5 septembre 2014 une lettre au général Pierre De Villiers, chef d’état-major des armées, lettre dans laquelle était dit :
« Le Général Maurice Schmitt (qui occupa les mêmes fonctions que vous actuellement, il y a quelques années) était capitaine à l’époque des faits, dans les fonctions d’officier de renseignements. Il rencontrait donc quotidiennement au QG de l’Etat Major d’Alger tous les autres officiers de renseignements du secteur ? Ils se retrouvaient pour faire le point sur leurs « résultats ». Le cas de Maurice Audin (comme celui de Henri Alleg) a donc été obligatoirement commenté très largement étant donné l’importance de tels « détenus ». »
Cette démarche faisait suite à la lettre du 18 juin 2014 du Président de la République à Josette Audin déclarant :
« Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. »
L’ANPNPA —Association des pieds noirs progressistes et leur amis — avait appelé à un rassemblement devant le tribunal : l’audience était l’occasion de demander enfin la vérité sur cet assassinat, sur ce qu’est devenu son corps, pour permettre à sa femme Josette et ses enfants Pierre et Michèle de faire enfin leur deuil. Le délibéré est prévu le 3 novembre.
Ci-dessous les liens vers des articles de ce site évoquant le rôle du général Schmitt et le recours à la torture pendant la guerre d’Algérie (cliquer sur les liens), ainsi que deux articles sur cette audience et le résumé d’un témoignage d’historien entendu par le tribunal.
- le général Schmitt condamné pour diffamation envers Louisette Ighilahriz
- En appel, Louisette Ighilahriz renouvelle ses accusations
- Nouvelles accusations de torture contre le général Schmitt
Le corps du militant anticolonialiste Maurice Audin, assassiné en juin 1957 par les parachutistes français, se trouve-t-il au cimetière de Ben Salah, près d’Oued Alleug ? Un an après un témoignage publié en août 2014 par le Quotidien d’Oran, la famille du mathématicien assassiné souhaite que les autorités algériennes donnent suite à ce témoignage et procèdent à des fouilles et à des tests ADN pour s’en assurer.
En août 2014, dans les colonnes du Quotidien d’Oran, Abraz Mustapha, dit Moh Djebbour, alerté par les aveux tardifs d’Aussaresses sur l’assassinat de Maurice Audin et le lieu possible de son enterrement, a fait un rapprochement avec un évènement qu’il avait vécu à l’âge de 12 ans : un enterrement effectué à la sauvette en 1957 par des parachutistes au cimetière de Ben Salah, près de Oued Alleug.
Ci-dessous : l’article publié en août 2014 dans le Qotidien d’Oran, suivi d’un article récent d’El Watan.
Il y aura bientôt soixante ans, dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien membre du Parti communiste algérien, était arrêté à Alger par une unité de parachutistes, avant de disparaître à jamais. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, plusieurs personnalités demandent au nouveau Président de la République de se saisir de ce triste anniversaire pour illustrer son engagement à « prendre des actes forts sur cette période de notre histoire », en faisant en sorte que la vérité historique sur cet assassinat soit enfin connue.
Communiqué LDH - La LDH demande la vérité sur l’affaire Audin
Le 6 juin 2017
Le 11 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien engagé pour l’indépendance de l’Algérie, a été arrêté par les parachutistes chargés du maintien de l’ordre à Alger et n’est jamais réapparu.
Les autorités françaises de la IVe République avaient confié, le 7 janvier, à la 10e division parachutiste commandée par le général Massu, les pouvoirs de police dans la ville. C’était la « Bataille d’Alger », où quelque trois mille Algériens arrêtés ont disparu. Le secrétaire général de la police d’Alger, Paul Teitgen, ancien résistant et déporté, qui refusait l’usage de la torture, a écrit le 29 mars dans sa lettre de démission : « Depuis trois mois nous sommes engagés […] dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre ».
Les autorités françaises ont affirmé que Maurice Audin s’est évadé. Cette version a été répétée jusqu’à un communiqué publié, le 18 juin 2014, par le président François Hollande, disant : « Les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. Audin ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention. » Mais cette reconnaissance n’a pas fait place à l’aveu sur les causes de sa mort.
Dans un livre paru peu avant rapportant ses confidences tardives, le général Aussaresses affirme qu’un ordre de l’assassiner a été donné par le général Massu. Comment Maurice Audin est-il mort ? Si un ordre de le tuer a été donné, qui l’a émis ou partagé ? dans quel but ? Soixante ans après les faits, il est temps que la France, dont les pouvoirs politiques successifs ont menti à sa veuve, Josette Audin, et entravé le travail de la justice, connaisse enfin la vérité.
La Ligue des droits de l’Homme s’associera, le samedi 10 juin, à 11h, à un dépôt de gerbes place Maurice-Audin, dans le 5e arrondissement de Paris.

A l’occasion, le 12 janvier, d’une réunion d’hommage au mathématicien Gérard Tronel, fondateur de l’Association Maurice Audin récemment décédé, Cédric Villani est intervenu sur l’affaire Audin. Il a dit qu’après en avoir parlé avec le président de la République, Emmanuel Macron, il pouvait déclarer que : « Maurice Audin a été exécuté par l’Armée française ». C’est un petit pas de plus de la part de l’Etat français vers l’aveu de la vérité… accompagné de beaucoup d’hypocrisie et de lâcheté.

Dans un entretien à « l’Humanité », publié le 22 janvier 2018, Cédric Villani, mathématicien, médaille Fields 2010, député LREM, président du jury du Prix Maurice Audin de mathématiques, qui s’était associé en juin 2017 à l’appel pour la vérité sur la mort de Maurice Audin, a confirmé son engagement. Nous reproduisons cet entretien ainsi qu’un interview de l’historien Gilles Manceron repris, le 26 janvier, par le site « huffPost Algéria ». Par ailleurs, l’Association Maurice Audin s’est réunie le 30 janvier à l’initiative de son président, Pierre Mansat, et fera connaître prochainement ses initiatives. Elle a un double objectif : obtenir la vérité sur l’assassinat et pérenniser le Prix Maurice Audin de mathématiques en collaboration avec l’Institut Henri Poincaré, présidé jusqu’à récemment par Cédric Villani.

Deux articles de Maud Vergnol, chef de la rubrique politique de « l’Humanité », publiés dans ce quotidien, les 14 et 15 février 2018, donnent de nouvelles informations et formulent de nouvelles interpellations du président de la République sur le sort du jeune mathématicien assassiné par l’armée française en juin 1957. Compte tenu de l’importance de ces publications, nous les reproduisons ici, tout en invitant nos lecteurs, pour suivre cette question dans ce quotidien, à s’y abonner à l’aide du lien ci-dessous.

Après le décès en août 2017 de son principal animateur, le mathématicien Gérard Tronel, l’Association Maurice Audin s’est relancée. Ella a publié, le 21 mars 2018, sur son site internet, une déclaration intitulée : « Maurice Audin, espoir, certitudes, détermination » et organise à l’Hôtel-de-ville de Paris, le 22 mai 2018, une table ronde sur le thème « L’affaire Audin, emblématique des pratiques de l’armée française pendant la « bataille d’Alger » en 1957 ». Nous reproduisons également diverses informations publiées sur son site sur la relance de l’affaire Audin.

Après le dossier que le quotidien « l’Humanité » a consacré le 29 mai 2018 à l’affaire Maurice Audin, c’est le quotidien algérien « El Watan » qui lui a consacré à son tour plusieurs articles dans son numéro du 8 juin 2018. De son côté, lors de son assemblée générale du 22 mai, l’Association Maurice Audin a appelé à un rassemblement à Paris, le 11 juin 2018, sur la place qui porte son nom, pour le soixante-et-unième anniversaire de son enlèvement par des militaires français lors de la « grande répression d’Alger » de 1957.

Le 11 juin 2018, à l’appel de l’Association Maurice Audin, un rassemblement a eu lieu Place Maurice Audin, dans le 5e arrondissement de Paris, soixante-et-un an après l’enlèvement à Alger par des parachutistes français du jeune mathématicien Maurice Audin, membre du parti communiste algérien. Nous en proposons un résumé en image. Le même jour, le mathématicien et député LREM Cédric Villani, qui a fait état à plusieurs reprises, ces derniers mois, des propos que lui a tenus à ce sujet le président Macron, a répété sa demande qu’il reconnaisse la responsabilité de l’Etat dans la mort de Maurice Audin.

Dans la foulée des publications de « l’Humanité » sur l’affaire Maurice Audin, un lecteur du journal a voulu lui aussi apporter son récit de militaire appelé sur les exactions commises par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Ce journal a publié le 11 septembre 2018 son témoignage courageux qui rappelle que les plaies de cette sale guerre ne sont toujours pas refermées. En quittant la France à 20 ans, il était loin de s’imaginer les exactions qu’il serait amené à voir commettre sous ses yeux. Depuis, il ne s’en est jamais remis. Deux rendez-vous ont lieu à la Fête de « l’Humanité » le 14 septembre 2018.

ET DÉCLARATION DE
L’ASSOCIATION MAURICE AUDIN
Le 13 septembre 2018, le Président de la République, Emmanuel Macron, a reconnu dans une déclaration, 61 ans après les faits, la responsabilité de l’État dans l’enlèvement, la torture, l’assassinat de Maurice Audin par des militaires français. Sa déclaration dépasse le cas de Maurice Audin pour qualifier les disparitions, la torture de ce qu’on a appelé la « bataille d’Alger » comme un système organisé de terreur. Il a décidé l’ouverture des archives pour faire la vérité sur cette page de notre histoire. Comme le souligne l’Association Maurice Audin, cette déclaration a une portée historique considérable.

Quand a été rendue publique, le 13 septembre 2018, la déclaration du président Macron sur l’assassinat par des militaires français en 1957 de Maurice Audin, une personnalité politique d’extrême droite s’est distinguée par son déni de réalité et ses contre-vérités. La dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, a cru bon de dire que « Maurice Audin a caché des terroristes du FLN qui ont commis des attentats ». L’historien Alain Ruscio fait un sort à cette inexactitude et précise l’engagement politique de Maurice Audin.

par Alain Ruscio
Nous publions en avant-première les bonnes feuilles relatives à l’affaire Audin dans l’ouvrage d’Alain Ruscio, « Les Communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962 », à paraître aux Éditions La Découverte en février 2019. Ce chapitre retrace utilement les réactions et les mobilisations en France, où Pierre Vidal-Naquet a joué un rôle important, dans les mois et les années qui suivirent l’assassinat du jeune mathématicien membre du parti communiste algérien par les parachutistes français.

par Mohamed Rebah
Sur le thème « Maurice Audin, affaire franco-française ou algérienne ? », une rencontre a été organisée à Alger le 27 octobre 2018. En présence de Mohamed Rebah, chercheur en histoire — qui, alors lycéen, avait reçu des cours particuliers de mathématiques de Maurice Audin —, de l’historienne Sylvie Thénault et du metteur en scène Lionel Armand qui a un projet théâtral sur l’affaire Audin. Elle a été suivie par des journalistes des quotidiens algériens « Reporters » et « Le Soir d’Algérie » ainsi que du journal français « L’Humanité ». En voici le résumé et l’enregistrement sonore à partir des éléments transmis par les organisateurs.

a été l’objet
de multiples hommages
Les réactions ont été nombreuses suite à la mort, le 2 février 2019, de Josette Audin. Militante du Parti communiste algérien (PCA) comme son mari, Maurice Audin. Elle avait vécu, à Alger, le 11 juin 1957, l’enlèvement de celui-ci par des parachutistes français, et, quand, peu après, ils lui ont annoncé son évasion, elle a compris qu’ils l’avaient assassiné. Pendant soixante-deux ans, elle a combattu pour connaître la vérité sur son sort. Ci-dessous les articles publiés par « l’Humanité » et « El Watan », ainsi que d’autres réactions à sa disparition.

et des réactions inquiétantes
dans l’armée française
Les animateurs de ce site, François Gèze, Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio, ont exprimé le 4 mars 2019 dans « Mediapart » leur inquiétude devant le fait que certains officiers français osent encore défendre la torture, et leur étonnement de ce que personne en France n’ait relevé cette prise de position scandaleuse. Ils demandent, par ailleurs, si la reconnaissance par le président Macron d’un crime d’État dans l’affaire Audin est l’amorce d’une rupture des autorités françaises avec l’incapacité à regarder en face l’histoire coloniale, ou bien un « coup » sans lendemain.

au cimetière du Père-Lachaise
rassemblement en hommage
à Maurice et Josette Audin
Le 11 juin 1957, des militaires français ont enlevé à son domicile d’Alger le jeune mathématicien Maurice Audin, militant du parti communiste algérien. Ce parti avait rejoint la lutte armée d’indépendance du peuple algérien. Il a été torturé puis tué par les militaires qui le détenaient. Son épouse, Josette Audin, qui a lutté toute sa vie pour savoir la vérité, est décédée le 2 février 2019. Pierre Mansat, président de l’Association Maurice Audin, a demandé de diffuser largement l’appel à leur rendre hommage, le 11 juin 2019, au cimetière du Père-Lachaise.

pour Maurice Audin
inauguré le 11 juin 2019
Au cimetière du Père-Lachaise à Paris, un vibrant hommage a été rendu par une foule nombreuse au militant pour l’indépendance de l’Algérie, torturé et assassiné en 1957 par des militaires français, et à son épouse décédée le 2 février 2019. Leurs enfants, Michèle et Pierre Audin, ont procédé à la dispersion des cendres de leur mère au jardin du souvenir, avant que les participants, munis de drapeaux algériens, se dirigent vers l’emplacement du cénotaphe, un monument érigé en mémoire de Maurice Audin, qui a été inauguré.