Une émission spéciale sur les
« enfants réunionnais dits de la Creuse »
trompés et déportés sous l’égide de Michel Debré
Contenu
Une émission spéciale sur les
« enfants réunionnais dits de la Creuse »
trompés et déportés sous l’égide de Michel Debré
L’émission « Réunionnais du monde »
propose une semaine spéciale
« enfants Réunionnais dits de la Creuse »
à partir du 20 juin 2022 à 18 h 30 sur Réunion 1ère
avec cinq témoignages qui seront diffusés chaque jour :
- Valérie Andanson, exilée dans la Creuse à 3 ans
- Virginie Lagrave, exilée dans les Deux-Sèvres à 23 mois
- Jean-Philippe Jean-Marie, exilé dans la Creuse à 12 ans
- Daisy Jamain, exilée dans la Loire Atlantique à 13 ans
- Stéphane Gourdon, exilé à Angers à 2 ans
Un rendez-vous télé à ne pas manquer
présenté par Katiana Castelnau.
Plus de 2 000 enfants réunionnais exilés de force
L’épisode a souvent été désigné comme l’affaire des « Réunionnais de La Creuse ». Il a commencé à être médiatisé quand, en 2002, cinq ans après la mort de Michel Debré, Jean-Jacques Martial, un Réunionnais transféré à l’âge de sept ans en 1966, maltraité et abusé sexuellement par sa famille d’accueil, a déposé plainte pour « enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation ». En réalité, ces enfants originaires de la Réunion ont été déportés dans une soixantaine de départements français. De 1962 à 1984, plus de 2 000 enfants, nés à La Réunion, furent l’objet de « transferts forcés » vers des départements de Métropole, dans l’intention de « freiner l’essor démographique de la population de La Réunion » et de « repeupler des régions touchées par l’exode rural ».
Michel Debré, battu aux élections législatives de novembre 1962 qui avaient suivi l’indépendance de l’Algérie, à laquelle il n’était pas favorable, avait décidé en mars 1963 de se présenter à La Réunion. Il l’avait découverte pendant la guerre d’Algérie, lors d’un voyage en juillet 1959, et il craignait de la voir sortir, comme l’Algérie, de sa situation coloniale. Il voulait aussi y combattre l’influence croissante du parti communiste réunionnais, fondé quelques années auparavant par Paul Vergès. Arrivé dans l’île en avril 1963, il a été élu député en mai et est devenu, de 1963 à 1988, le leader de la droite réunionnaise au pouvoir dans l’île, élu aussi pendant toute cette période au conseil régional de La Réunion.
Considérant que la démographie de l’île était une menace pour son développement, il a créé le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) et le Cnarm (Comité national d’accueil et d’actions pour les Réunionnais en mobilité), pour organiser le déplacement de Réunionnais vers la métropole. Et, dans le même but, il a mis en place l’exil forcé vers la Métropole d’enfants réunionnais vers des départements métropolitains. Face aux critiques indignées de personnalités engagées dans la protection de l’enfance, il a répondu que : « L’entreprise doit être poursuivie avec d’autant plus de constance qu’elle peut être combinée avec un admirable mouvement d’adoption que nous n’arrivons pas toujours à satisfaire ».
Les petits Réunionnais déplacés de force étaient issus des classes pauvres. Certains provenaient de l’Assistance publique. De nombreuses familles illettrées ont été contraintes par l’administration de signer les autorisations qu’elle exigait et dont elles ignoraient le contenu. D’autres ont été mises devant le fait accompli. On a menti aux parents en leur faisant croire que leurs enfants partaient pour un avenir meilleur et reviendraient régulièrement dans l’île. En réalité, la plupart n’ont jamais pu les revoir.
En 2013, sur la chaîne de télévision Réunion la première, une émission « Le Grand débat » intitulée « Les enfants de la Creuse » a contribué à faire connaître le sort que ces enfants ont subi. Autour du documentaire « Une enfance en exil » de William Cally (52 minutes), elle a suscité de nombreux témoignages et un débat qui ont eu un grand écho dans la population de La Réunion.
En 2013, le documentaire Une enfance en exil a aussi été diffusé par plusieurs stations de France 3. Et, le 7 avril 2016, France 3 Auvergne-Limousin a consacré dans son Journal télévisé un reportage « Grand format » aux enfants réunionnais transplantés dans le Cantal, avec notamment des images d’archives montrant Michel Debré justifiant cette politique par la démographie de La Réunion.