la lente résurgence des massacres d’Algériens en octobre 1961, dans la mémoire collective française
Contenu

- 1972 : dans son livre La torture dans la République, Pierre Vidal-Naquet rappelle les massacres d’octobre 1961 : « Paris avait été en 1961, le théâtre d’un véritable pogrom [1] ».
- 17 octobre 1980 : Libération consacre un dossier de plusieurs pages, rédigé par Georges Mattéi et Jean-Louis Péninou, intitulé : « Il y a 19 ans : un massacre raciste en plein Paris ».
- 17 octobre 1981 : pour le vingtième anniversaire, Libération revient à la charge, suivi par Le Monde. Et, pour la première fois, les événements du 17 octobre 1961 sont évoqués à la télévision : Antenne 2 diffuse au journal télévisé de 20h un reportage de Marcel Trillat et Georges Mattéi, lancé en plateau par Patrick Poivre d’Arvor :
17 octobre 1981 : vingtième anniversaire de la rafle
Journal Télévisé de 20h, sur Antenne 2 (3min 58s)
Vingtième anniversaire de la manifestation FLN contre le couvre-feu à Paris, suivie d’une ratonnade policière qui fît 140 victimes parmi les Algériens. Des survivants racontent :
le journaliste et photographe Georges Mattei,
un maçon algérien rescapé après avoir été jeté dans la Seine avec 4 autres compagnons,
Eugène Claudius-Petit critique la politique de couvre-feu mise en place à l’époque par le préfet Maurice Papon, et la compare à la politique de l’Occupation.
Le reportage de Marcel Trillat alterne témoignages, images et photographies d’archives.
- janvier 1984 : parution du livre Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx.
- 1985 : parution du livre Les ratonnades d’octobre - Un meurtre collectif à Paris en 1961 de Michel Levine.
- 17 octobre 1985 : rassemblement au pont de la Tournelle, à l’initiative de SOS-Racisme.
- 1990 : création de l’association Au nom de la mémoire par Samia Messaoudi et Mehdi Lallaoui.
- 17 octobre 1990 : rassemblement, à l’appel du mouvement des Beurs civiques, d’environ 200 personnes au métro Charonne pour commémorer le massacre d’octobre 1961.
- 1991 : parution de La bataille de Paris de Jean-Luc Einaudi.
Le silence du fleuve livre d’Anne Tristan et film documentaire de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis.
- 17 octobre 1991 : manifestation à Paris à l’appel du MRAP, de la LDH, de l’UNEF, etc.
- à partir de 1992 : un rassemblement a lieu le 17 octobre de chaque année au Pont Saint-Michel, à l’initiative du MRAP, de la LDH et de nombreuses associations.
- 22 octobre 1997 : Libération publie un extrait des registres d’information du Parquet de Paris, une liste de 70 noms de victimes FMA - Français Musulmans d’Algérie – , tous marqués du tampon « MORT » et suivis de l’indication de la cause du décès : « homicide volontaire », et parfois de la précision « repêchage ». Des poursuites sont immédiatement engagées contre le conservateur qui a communiqué ce document.
- octobre 1997 : témoignage de Jean Luc Einaudi devant la Cour d’Assises de de la Gironde lors du procès de Maurice Papon accusé de crime contre l’humanité pour son rôle à Bordeaux pendant l’Occupation : l’historien rappelle les crimes du 17 octobre et souligne la responsabilité de Maurice Papon.

16 octobre 1997 : anniversaire de la rafle du 17 octobre 1961
Journal Télévisé de 20h, sur Antenne 2 (3min 20s) [2]
Au procès de Bordeaux, des témoins évoquent l’attitude de Maurice Papon pendant la guerre d’Algérie et notamment lorsqu’il était préfet de police de Paris. Interviews :
Mohamed Ouchik : « A ce moment-là, l’étau s’est resserré sur les Algériens. La police prenait des Algériens et les jettait dans la Seine ».
Elie Kagan, photographe de presse : « Ils ont chargé... C’est la peur... Ils ont tiré et les autres foutaient le camp ». « Des tas de journaux ont refusé mes photos ».
Joseph Gommenginger, ancien gardien de la paix, témoin des rafles : « Au fur et à mesure que les cars arrivaient, ils étaient déchargés manu militari, projetés à terre, frappés par une double haie de gardiens de la paix qui se disaient comité d’accueil. »
Jean-Luc Einaudi : « Plus tard, dans la nuit, il s’est produit des événements plus tragiques puisque une cinquantaine d’Algériens ont été tués, alors que Maurice Papon était présent à la Préfecture. Tués, puis ensuite, leurs corps ont été jetés à la Seine. »".
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Février 1997 : Maurice Papon, ancien préfet de police et ex-ministre de Valéry Giscard d’Estaing (1978 - 1981) porte plainte pour diffamation en février 1999, à propos d’un article où Jean-Luc Einaudi avait écrit : « En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de police agissant sous les ordres de Maurice Papon. »
- 26 mars 1999 : au terme d’un procès qui a permis d’entendre de nombreux témoignages démontrant la matérialité des faits décrits par Jean-Luc Einaudi, le tribunal déboute Maurice Papon de ses demandes et reconnaît que la répression policière du 17 octobre 1961 peut être qualifiée de « massacre ».

- 17 octobre 2001 : inauguration par Bertrand Delanoë, maire de Paris, d’une plaque commémorative au pont Saint-Michel « A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la répression sanglante de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 ».

[1] Pierre Vidal-Naquet, La torture dans la République, Éditions de minuit 1972, Petite collection Maspéro, 1975 page 113.
[2] Source : http://www.ina.fr///video/CAB971333....
D’autres extraits de journaux télévisés de 1996-1999 sont regroupés dans cette page.