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Édition du 15 février au 1er mars 2025
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le centenaire de 14-18 et la réhabilitation des fusillés pour l’exemple

La Ligue des droits de l’Homme continue à porter la demande de réhabilitation des victimes de décisions injustes des conseils de guerre, des exécutions sommaires et autres sanctions arbitraires. Comme chaque année, elle était présente à Mazaugues (Var).

Communiqué LDH

Le centenaire de 14-18 et la réhabilitation des fusillés pour l’exemple

Lorsqu’à la veille du 11 novembre, le Président de la République a annoncé les grandes lignes du programme du centenaire, en 2014, de la Première Guerre mondiale, il a consacré un bref passage de son intervention à la question des fusillés pour l’exemple. Après avoir rappelé la déclaration importante du Premier ministre Lionel Jospin à Craonne en novembre 1998 et les propos tenus par le Président de la République Nicolas Sarkozy le 11 novembre 2008 à Douaumont, il a demandé au ministre de la Défense qu’une place leur soit accordés au musée de l’Armée aux Invalides et que les dossiers des conseils de guerre soient numérisés et rendus disponibles.

Tout en prenant acte de ces annonces, la Ligue des droits de l’Homme estime qu’elles ne répondent pas à la demande de réhabilitation des victimes de décisions injustes des conseils de guerre, des exécutions sommaires et autres sanctions arbitraires décidées par l’état-major qui ont malheureusement marqué le déroulement de ce conflit. Demande qu’elle a portée durant la guerre et dans la période qui l’a suivie et à laquelle, comme l’a montré un sondage récent, les Français sont majoritairement attachés.

Elle estime que la réflexion sur ces questions doit être poursuivie, sur la base des travaux d’historiens et notamment du rapport du conseil scientifique de la Mission du centenaire présidé par l’historien Antoine Prost. Elle se félicite de ce que le site officiel de la Mission ait décidé qu’il fera écho à ses analyses et propositions à ce sujet. Et pense que l’exposition organisée sur cette question du 15 janvier au 7 mars à l’Hôtel de Ville de Paris, ainsi que le colloque qui aura lieu à son ouverture, seront l’occasion de poursuivre la réflexion nécessaire sur les décisions qui restent à prendre en la matière.

Paris, le 12 novembre 2013

Une après-midi à Mazaugues

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Cette après-midi j’étais, en compagnie de quelques camarades de la Libre Pensée et de la LDH, sur le monument pacifiste de Mazaugues.

Sur ce monument qui est le seul monument pacifiste du Var on peut lire une inscription du conseil municipal : « A bas toutes les guerres ! Vive la république universelle des travailleurs ! » ainsi qu’une phrase de Jaurès : « L’humanité est maudite, si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement ».

Nous étions là, comme chaque 11 novembre, en mémoire de ceux qui furent fusillés « pour l’exemple » parce qu’ils n’entendaient rien à la légitimité de cette guerre.
Lorsque l’humanité obéit à la folie de la guerre le droit n’a plus de quoi faire régner la raison. L’état d’urgence implique la restriction de la justice au profit des tribunaux militaires : c’est la fin du droit, et c’est l’idéal républicain en sourdine.

La LDH, dans le même état d’esprit qui lui fit revendiquer la réhabilitation de Dreyfus, soutient activement la réhabilitation de ces fusillés. Être déserteur ce n’est pas un manquement aux devoirs, c’est au contraire la preuve d’un grand courage qui repose sur le principe fondamental qu’aucune vie ne mérite d’être retirée au nom d’une nation.

Monument aux morts de Mazaugues (Var)
Monument aux morts de Mazaugues (Var)

600 exécutions par fusillades après condamnation par un tribunal militaire. Mais ce n’est pas tout ! Il y a ceux qui ont vu leur condamnation à mort se transformer en exil, avec pas moins de 2000 soldats déportés dans les colonies et forcés au travail, dont nombre ne sont jamais revenus. S’ajoutent aussi ceux qui ont été exécutés sommairement pour un geste, une peur, une revendication …

Tout au long de notre histoire les guerres sont une constante dans l’action des gouvernements. Les sombres tâches qu’elles laissent dans le passé doivent être révélées au présent pour ne pas oublier l’horreur de la violence organisée, le désastre qui fait de l’homme un outil pour cette violence et qui renonce à le considérer comme un citoyen avec des droits.

Le président de la République a le pouvoir de réhabiliter ces victimes du processus de guerre. Cela serait un message fraternel pour l’Europe que nous voulons construire, ainsi qu’une grande avancée dans le rapport du pouvoir à la guerre. Une reconnaissance que la conscience humaine est plus forte que l’ordre des armées.

Toulon, le 11 novembre 2013

Julien Carboni

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