L’antisémitisme, les Juifs, la Palestine
Une tentative d’élucidation du sens du mot « juif », avec des contributions de Maxime Rodinson, Alain Gresh et Georges Perec.
Voici la version paru dans Le Monde du 28-09-2004 sous le titre N’abandonnons pas l’obsession d’une paix juste et durable.
La première version de ce manifeste, parue dans Le Monde des 6/7 avril 2003 et dans L’Humanité du 7 avril 2003, a reçu plusieurs milliers de signatures.
Il y a soixante ans, les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 juifs parisiens, dont 4 115 enfants, étaient arrêtés par la police française au cours d’une opération baptisée cyniquement « vent printanier ». La plupart d’entre eux mourront à Auschwitz.
Les faits (décembre 2003).
Le communiqué de la LDH (février 2004).
La relaxe (mai 2004).
Commentaires de Guy Bedos et de Jean Bricmont.
Elie Barnavi , né à Bucarest en 1946, vient de quitter son poste d’ambassadeur d’Israel en France. Cet historien, spécialiste du XVIe siècle français et de l’histoire contemporaine des juifs et d’Israël, est un sioniste convaincu et militant de la gauche israélienne. Il analyse la récente vague d’actes antisémites.
Suite à des actes de violence racistes ou antisémites, la section LDH de Toulon a rendu publics les communiqués suivants - souvent rédigés avec d’autres associations locales de défense des droits de l’homme.
Antoine Spire met l’accent sur une nouvelle forme d’antisémitisme qui se développe à la faveur du conflit du Moyen-Orient et qui se cache derrière un certain discours « antisioniste ». [1]
Il y a des Noirs racistes, comme des Blancs ou des Juifs racistes. Etre descendant d’esclaves, de colonisés, de déportés, ne dispense personne de sa propre responsabilité.
A la suite du communiqué de la LDH, vous pourrez lire le texte de Jacky Dahomay, « L’innommable Raphaël Confiant ? », dont Le Monde a publié des extraits dans son édition datée du samedi 2 décembre, puis un compte rendu des déclarations de Raphaël Confiant.
La LDH rappelle que tous les êtres humains méritent le même respect et la même garantie de leur droit à vivre en paix.
Quel que soit le jugement que l’on pourra porter sur les mobiles des agresseurs d’un jeune homme juif dans le XIXème arrondissement, chacun sent que le risque d’une communautarisation et d’une ethnicisation des violences menace le vivre ensemble. C’est pourquoi la LDH appelle à lutter contre le cercle vicieux des violences, des peurs et des enfermements.
Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle dans un livre Comment le peuple juif fut inventé dont la version française est paru récemment [2]. Pour Shlomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv, contrairement à une idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David.
Shlomo Sand ne remet pas pour autant en cause la légitimité de l’existence et de la souveraineté de l’Etat d’Israël ; cependant celui-ci se discrédite, soutient-il, par son caractère exclusivement ethnique, engendré par le « racisme » des idéologues sionistes [3].
« Si nous, les Israéliens, voulons consolider notre nation, nous devons nous libérer des mythes qui appartiennent à une autre forme d’existence et redéfinir notre histoire nationale. L’histoire sur l’exode d’Egypte est bonne en tant que mythe et allégorie - elle célèbre la valeur de la liberté - mais nous devons reconnaître la différence entre mythe et histoire, entre religion et nation, entre une diaspora et un Etat, afin de trouver notre place dans la région dans laquelle nous vivons et développer une relation normale avec les peuples voisins. »
Retraçant l’histoire longue des communautés juives, Uri Avnery – membre fondateur et un des responsables de Gush Shalom – analyse avec une intelligence remarquable la contradiction, toujours irrésolue pour Israël, entre le fondement religieux basé sur les mythes bibliques et la réalité historique d’un état nation.
Le 14 mai 1948, veille de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben-Gourion a lu la déclaration d’indépendance d’Israël.
Soixante ans plus tard, un groupe de juifs britanniques a fait paraître dans le Guardian un texte déclarant qu’ils ne feraient la fête que « quand Arabes et Juifs vivront, égaux, dans un Moyen-Orient en paix ». Une prise de position à rapprocher du jugement réservé sur le sionisme exprimé par Sigmund Freud en 1930
« Le tournant n’est pas seulement celui de l’horreur et du massacre de masse des Palestiniens. Il y a deux points qui font des événements actuels ce qui est advenu de plus grave pour les juifs depuis Auschwitz. Le premier, c’est le cynisme, la manière ouverte de traiter les Palestiniens comme des sous-hommes, les tracts lâchés par des avions annonçant que les bombardements vont être encore plus meurtriers, alors que la population de Gaza ne peut pas s’enfuir, que toutes les issues sont fermées, qu’il n’y a plus qu’à attendre la mort dans le noir [...]. L’autre nouveauté, c’est le silence de la majorité des juifs. »
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Plusieurs centaines d’enfants ont été tués à Gaza en trois semaines. Combien de vocations à l’attentat-suicide cette “opération” aura-t-elle suscitées ? Si les leaders israéliens ne prennent pas conscience des effets dévastateurs de leur politique, d’autres massacres se produiront, suivis de cessez-le-feu... jusqu’au retournement du rapport de forces qui risque de se produire.
Rony Brauman [5]
est de ceux qui pointent cette perspective finale et poussent à un renversement des hypothèses fondamentales de la politique israélienne. Dans ce texte écrit alors que la bande de Gaza subissait une attaque massive, il disait voir dans l’exaltation grandissante en Israël du mythe de Samson et des martyrs de Massada comme une prophétie en cours d’auto-réalisation.
Le Monde a publié dans son édition du 29 janvier 2009 un texte de Jean-Moïse Braitberg intitulé Effacez le nom de mon grand-père de Yad Vashem
[6], extrait d’une lettre ouverte qu’il a adressée à Shimon Pérès.
Nous reprenons, avec la permission de Jean-Moïse Braitberg, la version intégrale de cette lettre ouverte qu’il a écrite « en tant que Français, militant des droits de l’Homme, indigné par l’instrumentalisation du génocide faite par Israël ».
L’historien Shlomo Sand, , professeur à l’université de Tel-Aviv, a publié l’an dernier un livre au titre provocateur Comment le peuple juif fut
inventé qui remet en cause certains des mythes fondateurs d’Israël [7].
Il a condamné le pilonnage de Gaza. Il rêve d’une république israélienne ouverte sur le monde arabe et qui serait l’Etat de tous ses citoyens...
L’essentiel est que les criminels de guerre soient traduits en justice. Mais en tant que patriote israélien, Uri Avnery préfèrerait que les Israéliens suspectés de crimes de guerre soient traduits en justice en Israël : « C’est nécessaire pour le pays, pour tous les officiers et soldats honnêtes de l’armée israélienne, pour l’éducation des futures générations de citoyens et de soldats ».
Cet article a été publié en hébreu et en anglais sur le site de Gush Shalom le 1er février 2009 [8].
Tandis qu’à Gaza un fragile cessez-le-feu se maintient depuis le 18 janvier 2009, les négociations se poursuivent pour la mise en place d’une trêve durable entre le Hamas et Israël, de nombreuses voix s’élèvent et demandent des comptes à Israël. Celle de Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix [9], est l’une d’elles.
Dans cet entretien publié le 4 mars 2009 dans le quotidien algérien Le Matin, il explique comment l’impunité dont a joui Israël jusqu’à présent a permis le crime.
Dans ce texte, écrit en 2001, Eyal Sivan dénonçait « l’amalgame systématique entre antisionisme et antisémitisme » utilisé comme « arme d’intimidation » pour jeter l’opprobre sur toute attitude critique à l’égard d’Israël.
Né en 1964 à Haïfa dans le nord d’Israël, Eyal Sivan a grandi à Jérusalem. Il quitte Israël pour s’installer en France, en 1985. Auteur de plusieurs courts-métrages, il a réalisé avec Rony Brauman le film Un spécialiste, portrait d’un criminel ordinaire, à partir des archives vidéo du procès d’Eichmann en 1962 à Jérusalem (un film qui s’appuie sur les travaux de Hannah Arendt et notamment son livre Eichmann à Jérusalem). Il est co-auteur avec Rony Brauman d’un Eloge de la Désobéissance.
Dans une guerre qui dure en fait depuis près d’un siècle, une issue ou un compromis auraient dû intervenir depuis longtemps. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? C’est l’une des questions auxquelles Pierre Stambul, du bureau national de l’Union juive française pour la paix (Ujfp), a tenté d’apporter des éléments de réponse, dans l’intervention reprise ci-dessous, qu’il a prononcée à Vannes le 29 janvier 2011 [10].
Pierre Stambul n’exprime pas la position de la LDH, notamment sur la campagne BDS – « boycott, désinvestissement, sanctions » –, mais, comme la LDH, il revendique le droit de critiquer la politique du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens [11].
Vous trouverez ci-dessous une lettre d’Une Autre Voix Juive envoyée au ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, au ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle et à la haute représentante pour les affaires extérieures de l’UE Catherine Ashton.
L’historienne Suzanne Citron répond ci-dessous aux “arguties sémantiques” des quelques “notables de la politique” – Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement et Bruno Le Maire – qui ont critiqué le discours prononcé par François Hollande le 22 juillet 2012, à l’occasion du 70e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Cette tribune de l’auteure de Mes Lignes de démarcation » (Syllepse, 2003) a été initialement publiée dans Libération, le 31 juillet 2012.
L’historien Shlomo Sand affirme que l’existence des diasporas de Méditerranée et d’Europe centrale est le résultat de conversions anciennes au judaïsme. Pour lui, l’exil du peuple juif est un mythe, né d’une reconstruction a posteriori sans fondement historique, qui fait des populations juives un peuple, uni par une même origine et possédant une histoire nationale commune. Il a développé ses points de vue dans un ouvrage publié en septembre 2008 aux éditions Fayard : Comment le peuple juif fut inventé.
Shlomo Sand est né en 1946 à Linz (Autriche) et a vécu les deux premières années de sa vie dans les camps de réfugiés juifs en Allemagne. En 1948, ses parents émigrent en Israël, où il a grandi. Il finit ses études supérieures en histoire, entamées à l’université de Tel-Aviv, à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris. Depuis 1985, il enseigne l’histoire de l’Europe contemporaine à l’université de Tel-Aviv [12].
Après une courte vidéo de Shlomo Sand avec Daniel Mermet, vous pourrez prendre connaissance d’un entretien que Shlomo Sand a donné en 2008 dans lequel il expose les réflexions qu’il développe dans son ouvrage.
Dans l’entretien qui suit, Pierre Stambul, militant libertaire et antisioniste radical, évoque ses racines juives : le Yiddishland où s’est développée une culture et des courants d’idées prônant une émancipation universelle.
Pour le co-président de l’Ujfp – Union juive française pour la paix –, auteur de Israël/Palestine, Du refus d’être complice à l’engagement [13], le colonialisme israélien est l’opposé du judaïsme multi-ethnique sans frontières de ses ancêtres – qu’ils aient été athées ou religieux.
Rappel – A l’invitation de l’intersyndicale – CGT, FSU, Solidaires – de l’Université de Toulon-USTV et de l’association Varois pour la Paix et la Justice en Méditerranée – VPJM – une rencontre-débat avec Pierre Stambul aura lieu lundi 18 mars de 18h30 à 21h, sur le campus de La Garde, amphi. Y’008.
« Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer juif. » C’est ainsi que l’historien israélien Shlomo Sand introduit son dernier ouvrage Comment j’ai cessé d’être juif : un regard israélien (Flammarion, 2013) [14].
Ci-dessous la note de lecture que Didier Epsztajn lui a consacrée sur son blog, le 29 avril dernier.
Pour l’Union Juive Française pour la Paix – Ujfp – le conflit entre Israéliens et Palestiniens ne peut être résolu qu’en mettant un terme à la domination d’un peuple par un autre, et en respectant le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, y compris le droit de créer son propre État indépendant. Le retrait d’Israël des territoires occupés depuis 1967 constitue une étape nécessaire à l’accomplissement de l’autodétermination palestinienne.
Nous reprenons ci-dessous un exposé [15] aux journées de Blois (11-12 octobre 2013) de Pierre Stambul, co-président de l’Ujfp, et auteur de Israël/Palestine, du refus d’être complice à l’engagement. Athée et antisioniste, Pierre Stambul se revendique comme juif, un attachement essentiellement lié au souvenir du génocide nazi. Ses parents étaient résistants dans la MOI – la Main-d’œuvre immigrée –, la famille de sa mère a été exterminée, son père qui a fait partie du groupe Manouchian a été déporté à Buchenwald. C’est au nom de ce judaïsme qu’il milite depuis 2002 dans l’Ujfp pour les droits du peuple palestinien et pour une paix au Proche-Orient fondée sur l’égalité et la justice.
Après les propos tenus par Dieudonné sur le journaliste Patrick Cohen, la direction de Radio-France a porté plainte et le parquet de Paris a ouvert une enquête pour incitation à la haine raciale.
L’humoriste a déjà été condamné une demi-douzaine de fois. Fin novembre, il s’est vu infliger en appel une amende de 28 000 euros pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur internet : dans l’une des vidéos incriminées, il transforme la chanson d’Annie Cordy « Chaud cacao » en « Shoah nanas ».
Chaque propos antisémite, chaque incitation à la haine raciale doit faire l’objet de poursuites pénales.
Déjà, en février 2004, la LDH avait publié un communiqué intitulé : « Condamner les propos de Dieudonné, préserver la liberté de création ».
Elle ajoute aujourd’hui : « Puisque Dieudonné a fait son fonds de commerce de la haine, il faut qu’il soit condamné à chaque fois qu’il l’exprime, et que les peines prononcées soient effectives et décourageantes. »
« On se trompe en pensant qu’on va régler la question à partir d’interdiction strictement juridique ». [AFP 9 janvier 2014] – La décision du Conseil d’Etat validant pour la première fois l’interdiction d’un spectacle de Dieudonné instaure un “cadre juridique lourd de conséquences pour la liberté d’expression”, s’est alarmé le président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) auprès de l’AFP. “Le juge n’a pas fait prévaloir la liberté d’expression sur l’interdit et c’est une décision qui est lourde de périls”, a commenté Pierre Tartakowsky.
“On se trompe en pensant qu’on va régler la question à partir d’interdiction strictement juridique. Le problème est d’ampleur”, estime le président de la LDH qui pense qu’il “faut mobiliser la pédagogie, la répression” et engager un “travail de long terme”.
Pierre Tartakowsky s’est dit par ailleurs “un peu surpris que le Conseil d’Etat puisse se réunir en moins de trois heures et prendre une décision sur quelque chose d’aussi important”.
La LDH avait mis en garde lundi contre toute interdiction préalable des spectacles considérant que ces décisions risquaient d’être “contre-productives” et de générer “de la sympathie” pour Dieudonné, condamné à multiples reprises pour antisémitisme.
Le célèbre écrivain israélien Yoram Kaniouk avait obtenu de la justice israélienne le droit d’être inscrit comme « sans religion » dans les registres d’état-civil [16]. L’enjeu était important car
Israël opère une distinction entre citoyenneté et nationalité : tout citoyen israélien possède en plus une nationalité – juive, arabe, druze, russe etc.
Mais “qu’est-ce qu’être juif ?” ...
Cette question touche à la définition même de l’État d’Israël :
peut-il décider de se définir comme « État juif », ainsi que Benyamin Netanyahou l’exige en préalable à tout accord avec les Palestiniens ?
Le gouvernement israélien impose aux Palestiniens de reconnaître Israël comme « État juif » en préalable à tout accord. Un prétexte pour faire échouer à coup sûr les négociations avec Mahmoud Abbas ? Le 1er mai, le premier ministre israélien est allé plus loin : Benyamin Nétanyahou veut désormais une loi qui « ancre le statut d’Israël comme État national du peuple juif ».
Jusqu’à présent pourtant, l’« État juif » n’a jamais pu être défini, comme le montre Sylvain Cypel dans l’article que nous reprenons ci-dessous de la revue Orient xxi – avec son autorisation.
Edgar Morin fait partie de ceux pour qui le mot juif, cessant d’être un substantif, est devenu un adjectif. C’est ce qu’il développe dans un article publié les 11 et 12 octobre 1989 dans Le Monde, et repris dans le livre Mes démons, Stock, 1994, pp. 165-178.
« Incapable de croire en une religion révélée », Edgar Morin écrit : « Je peux, comme Spinoza, être étranger à toute idée de peuple élu. Je peux et veux fonder ma philosophie sur le message de la démocratie et des philosophes d’Athènes et non sur celui des Tables de la Loi. »
L’une des causes de l’échec des discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens en avril dernier a été la condition imposée aux Palestiniens de reconnaître Israël comme « État juif » en préalable à tout accord. Le 1er mai dernier, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, insistait en annonçant une future loi qui « ancre le statut d’Israël comme État national du peuple juif » — voyez cet article.
Nous revenons sur le sujet en reprenant un entretien donné par Michel Warschawski en octobre 2005 dans lequel le militant anti-sioniste montre qu’« un État ne peut se définir comme juif et démocratique ». Cet entretien a été publié peu après le départ de Gaza de l’armée israélienne après une occupation de ... trente-huit années : le 12 septembre 2005, les troupes israéliennes se retiraient de la bande de Gaza, après que le gouvernement israélien d’Ariel Sharon ait fait évacuer les quelque 7 000 personnes habitant les colonies juives qui y étaient implantées.
Georges Galloway, député britannique antisioniste et pro-palestinien, a donné une leçon d’histoire à un auditeur juif. Par trois fois, ce dernier avait évité de répondre à la question que lui posait le député : « De quel droit la Grande-Bretagne peut-elle vous donner le pays de quelqu’un d’autre ? [17] ». Une allusion à la déclaration Balfour en 1917 par laquelle le gouvernement britannique déclarait « envisage[r] favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. »
La tribune reprise ci-dessous, publiée le 4 juin 2002 dans le journal Le Monde, n’a pas pris une ride. A l’époque, ses auteurs ont été vilipendés et poursuivis en justice : deux associations, Avocats sans frontières et France-Israël, ont engagé des poursuites contre eux pour “diffamation raciale”, accusation dont la Cour de cassation les a définitivement lavés. Pour aller plus loin, voir cet article : article 1389.
Aujourd’hui, douze ans après avoir été écrit, ce texte semble d’une actualité troublante [18]
« Nous n’avions aucunement l’intention d’offenser les clients », affirmait-on jeudi 28 août au siège galicien d’Inditex, la maison-mère de Zara. Le groupe d’habillement détenu par Amancio Ortega, l’homme le plus fortuné d’Espagne, avait, la veille, retiré au plus vite de son site de ventes par internet (accessible dans dix pays) et de ses magasins implantés dans quatre pays un T-shirt pour enfant à rayures horizontales bleues et blanches sur lequel était apposée une étoile jaune au niveau du cœur. Inditex assure que le design de ce tee shirt a été uniquement inspiré par les étoiles du shérif des films de western, comme l’indiquait le nom même de ce produit T-shirt tissu double face « Sherif » [19].
Cet « incident » a inspiré le billet hebdomadaire de François Morel du 5 septembre 2014, sur France Inter :
On connait le « jugement réservé sur le sionisme » de Sigmund Freud. Il l’a exprimé dans une lettre du 26 février 1930 en réponse à une demande de soutien à la cause sioniste qui lui avait été adressée. Il écrivait notamment ne pas pouvoir « éprouver la moindre sympathie pour une piété mal interprétée qui fait d’un morceau de mur d’Hérode une relique nationale et, à cause d’elle, défie les sentiments des habitants du pays. »
Les Juifs français eurent eux aussi, avant la seconde guerre mondiale, le plus grand mal à admettre le bien-fondé du projet de Herzl. C’est ce que Esther Benbassa rappelait dans un article paru en juillet 1997 dans la revue L’Histoire, repris ci-dessous.
Discours prononcé le 9 décembre 2014, par le Professeur Zeev Sternhell en recevant la médaille d’officier des Arts et des Lettres des mains de l’Ambassadeur de France à Tel Aviv. [20]
Un texte d’Edgar Morin, publié initialement dans Le Monde le 18 février 2004, et qui se termine par l’exclamation : “Que de tragédies encore, que de désastres en perspectives, si l’on n’arrive pas à faire entrer le réalisme dans le réel !”
“Une autre voix juive” désigne un manifeste signé par plus de mille citoyens français, artistes et intellectuels juifs, publié en 2003. Et il désigne également un collectif qui poursuit sa réflexion dans la ligne du manifeste.
Le texte du manifeste est accessible sur le site http://uavj.free.fr/. En voici le début :
Parce que nous ne pouvons pas supporter l’horreur devenue quotidienne au Proche-Orient.
Parce que quelques institutions et quelques hommes publics monopolisent abusivement l’expression des Français juifs.
Parce que nous rassemble une certaine idée de l’humanité.
Parce que, devant les répercussions en France du conflit du Proche-Orient, la résurgence de l’extrême droite, et la recrudescence d’actes antisémites, nous sommes amenés à revendiquer publiquement la part juive de notre identité personnelle.
Nous avons décidé de nous exprimer collectivement. [...]
Le texte suivant, publié le 12 février 2015 sur le site de l’UAVJ, illustre les positions du collectif.
Après les attentats antisémites qui ont frappé Paris et Copenhague, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a appelé les juifs d’Europe à rejoindre Israël. Ces déclarations ont provoqué un tollé notamment de la part des autorités françaises pour qui les Français juifs ont leur place en France.
C’est en tant que Français juif que Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, donne la réplique au premier ministre israélien dans une tribune publiée par Le Monde du 24 février 2015 [21].
L’historien israélien Shlomo Sand répond à la tribune de Pierre-André Taguieff publiée dans Le Monde, à propos de l’antisémitisme en France. « De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l’identification dangereusement erronée entre : sionisme, Israël et juifs. Or, c’est précisément ce que font, sans relâche et sans distinction, les dirigeants d’Israël, le CRIF... et toi. »
Déconstruction et peuple juif. Malgré les difficultés, morales et politiques, Shlomo Sand, historien israélien, n’a cessé de poursuivre ses recherches basées sur la déconstruction des mythes historiques. Une sorte d’iconoclaste qui ne se plierait pas au grand mensonge national. Pas plus en Israël qu’en France où il a étudié. Avec Crépuscule de l’Histoire [22], il termine une trilogie commencée par Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008 ), suivi de Comment la terre d’Israël fut inventée : De la Terre sainte à la mère patrie (Flammarion, 2012).
Communiqué LDH du 8 mars 2016
Un Premier ministre pyromane
Le Premier ministre vient d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme et à la haine d’Israël, lors du dîner annuel du Crif.
En se livrant à cet amalgame, le Premier ministre emboîte le pas à tous ceux qui, du Crif à Benjamin Netanyahou, tentent de faire taire ceux et celles qui critiquent la politique du gouvernement israélien.
Pire encore, il alimente de la pire manière qui soit l’idée selon laquelle soutenir les droits du peuple palestinien équivaut à délégitimer l’Etat d’Israël.
La lutte contre l’antisémitisme, comme contre toutes les formes de racisme, exige des pouvoirs publics qu’ils s’abstiennent d’alimenter des discours mensongers qui ne peuvent qu’alimenter haines et conflits.
Lorsqu’on se préoccupe de la défense des droits des Palestiniens, une mise au point sur l’antisémitisme et sur les notions de sionisme et d’antisionisme est indispensable, ne serait-ce qu’en raison de l’instrumentalisation par certains de l’accusation d’antisémitisme pour chercher à disqualifier cette défense. Mais la tâche est d’autant plus difficile que la particularité du conflit israélo-palestinien est qu’il se trouve au confluent de plusieurs histoires : l’histoire de l’antisémitisme européen qui a nourri le projet sioniste, celle des ambitions coloniales de l’Europe qui l’a utilisé, et celle du mouvement légitime d’émancipation des peuples colonisés dans lequel s’inscrit la lutte du peuple palestinien. Réfléchir à la question palestinienne aujourd’hui implique de prendre en compte simultanément ces trois histoires.
Un article de Gilles Manceron, initialement publié le 9 mars 2016 sur le site du collectif Trop c’est trop.
Le Parlement européen a adopté le 1er juin 2017 une résolution de lutte contre l’antisémitisme qui s’appuie sur une définition contestable de l’antisémitisme.
Ci-dessous une tribune signée par un certain nombre d’auteurs, historiens, philosophes, sociologues, psychanalystes, qui ont travaillé sur l’antisémitisme [23].