Musées et créations contemporaines

publié le 12 mars 2023
Musée des immigrations ou musée des colonies ? par Pascal Blanchard

L’article ci-dessous a été publié dans L’Humanité, le 3 décembre 2003.

Il est suivi d’un article de juin 2000 dans lequel Pascal Blanchard déclarait : le MAAO, voilà le lieu idéal pour rafraîchir la mémoire d’une France oublieuse de son passé de puissance colonisatrice.

 
bientôt un musée de l’immigration à Paris

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvrira ses portes en avril 2007, dans l’ancien Musée des colonies, à la porte Dorée. Explications avec Jacques Toubon, responsable du projet.

Le site internet de la Cité : http://www.histoire-immigration.fr/.

« La France a accueilli 30 millions de personnes au XIXe et au XXe siècle. 12 à 15 millions de Français ont aujourd’hui au moins un aïeul étranger à la troisième ou quatrième génération. »
Jacques Toubon

 
Le musée du Quai Branly en question

Avec le musée du Quai Branly, Jacques Chirac veut, à l’instar de son prédécesseur, laisser sa marque dans la capitale. A quelques semaines de l’inauguration, c’est surtout la polémique coloniale qui semble marquer les esprits.

Un article de Angelique Chrisafis, The Guardian du 7 avril 2006, repris dans le Courrier international du 20 avril 2006 [1].

 
“droit de cité”, par Aminata Traoré

Texte rédigé le 21 juin 2006 à l’occasion de l’inauguration du musée du Quai Branly [2].

[Première publication sur ce site, le 25 juin 2006,
mise à jour, le 2 juillet 2006.]

 
Guerre d’Algérie : trois projets de musée

Trois projets de musées, consacrés à la présence française en Algérie, ont été lancés dans le Sud par des élus et des associations pieds-noires. Suscitant une vive polémique contre la réhabilitation de l’entreprise coloniale.

Un article de Pierre Daum, publié dans Libération le 20 septembre 2007
 
la LDH se réjouit de l’ouverture de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration

La LDH a toujours considéré que le projet de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration — faire connaître et reconnaître l’apport de l’immigration en France à travers l’histoire des deux derniers siècles — était positif. C’est ce que Dominique Guibert, membre du Bureau national de la LDH, est venu dire lors de l’ouverture de la CNHI.

[Première mise en ligne le 4 oct. 07, mise à jour le 16 oct. 07]
 
“Algérie 1830-1962” aux Invalides : une exposition à ne pas manquer

Du 16 mai au 29 juillet 2012, le musée de l’Armée propose au grand public une exposition qui revient sur les 132 ans de présence militaire française en Algérie, de la conquête à l’indépendance, sans se limiter à la période de la guerre d’Algérie.

Les nombreux objets et documents présentés sont accompagnés par des dessins de Jacques Ferrandez, auteur et dessinateur des Carnets d’Orient, bande dessinée en 10 tomes qui constitue une fresque de l’Algérie coloniale.

“Algérie 1830‐1962. Avec Jacques Ferrandez”, exposition du 16 mai au 29 juillet au musée de l’Armée, Hôtel des Invalides, Paris 7e. Tous les jours de 10 heures à 18 heures, à l’exception du 4 juin. [3]

 
vies d’exil : des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie

Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration – toujours pas inaugurée officiellement – accueille jusqu’au mois de mai l’exposition “Vies d’exils, des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie”, une plongée inédite dans le quotidien des travailleurs algériens en France entre 1954 et 1962.

Pendant cette période, l’immigration, loin de ralentir, s’accélère au contraire, la population algérienne passant au cours de la période de 220 000 à 350 000 personnes. Fait nouveau dans l’histoire de l’immigration algérienne : il ne s’agit plus exclusivement d’une immigration masculine, et les familles rejoignent peu à peu leurs proches dans l’exil. Entre conflits nationalistes et répression policière, le difficile quotidien n’entame cependant pas la volonté des immigrés de vivre en s’insérant dans la société de consommation qui se profile alors en métropole.

L’exposition, conçue et réalisée par les historiens Linda Amiri et Benjamin Stora, a été inaugurée le 8 octobre 2012, par Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la communication [4].

 
Benjamin Stora à la tête de la cité de l’histoire de l’immigration

L’historien Benjamin Stora a été nommé par Manuel Valls pour succéder à Jacques Toubon à la tête de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

Benjamin Stora est né à Constantine en 1950 dans une famille modeste de la communauté juive d’Afrique du Nord, qui a débarqué en France en juin 1962. Ses travaux d’historien sur la décolonisation, la guerre d’Algérie et l’immigration maghrébine en France l’ont particulièrement qualifié pour ses nouvelles fonctions.
« Sa nomination est à tous égards une bonne nouvelle pour l’institution qu’il va diriger, mais aussi pour la cause qui est la nôtre, la cause de l’égalité », a déclaré Louis-Georges Tin, président du CRAN.

Ci-dessous un enregistrement vidéo de la chaîne France24 dans lequel Benjamin Stora évoque l’évolution de l’immigration, suivi d’un article que le New-York Times a consacré à l’historien.

[Mis en ligne le 23 août 2014, mis à jour le 25]


 
Février 2015 : Assia Djebar n’est plus

La grande écrivaine algérienne Assia Djebar est décédée le 6 février 2015.
Un article d’El Watan retrace les étapes de sa vie.
Nous reprenons des extraits du discours qu’elle a prononcé lors de sa réception à l’Académie française en juin 2005 – elle était la première ressortissante d’un pays arabe à y être admise – suivi d’un entretien où Amel Chaouati rappelle l’implication d’Assia Djebar dans la lutte « contre le silence imposé aux femmes ».

 
Une exposition de Zineb Sedira

L’artiste plasticienne Zineb Sedira a grandi à Gennevilliers où ses parents ont émigré en 1961 depuis Bordj Bou Arreridj en Algérie. Elle a fait des études d’art en Angleterre, à la Central St Martin’s School of Art, la Slade School of Art, puis au Royal College of Art. Travaillant d’abord la photographie, la vidéo et les installations, elle a produit ensuite des objets et des sculptures. Ses œuvres témoignent d’un intérêt pour l’histoire coloniale et postcoloniale. Elle vit aujourd’hui à Londres mais travaille entre Alger, Londres et Paris. A Alger, elle a fondé l’Artist residency in Algiers (Aria), une résidence d’artistes qui soutient la création contemporaine.

 
De riches rencontres pour nous aider à comprendre l’héritage du passé colonial

Les études sur l’histoire coloniale et sur les traces qu’elle a laissées en France sont bien vivantes, en dépit des lamentations de ceux que ce travail nécessaire dérange dans leurs certitudes. Nombreux sont les chercheuses et les chercheurs travaillant sur ces sujets. Et leurs recherches sont indispensables à la compréhension d’une partie des difficultés de la société française — qui connait aussi d’autres formes de racisme et d’exclusion. Plusieurs rencontres sont organisées : à La Colonie, à l’Ecole normale supérieure et au centre Panthéon-Sorbonne, à l’Hôtel-de-ville de Paris et au Centre Condorcet à Aubervilliers, ainsi qu’aux archives de la Guadeloupe. Des échanges utiles pour nous aider à assumer l’héritage du passé colonial.

 
Quand un musée allemand enquête sur son passé colonial

Pour la première fois en Allemagne, dans une exposition intitulée L’angle mort, un musée enquête publiquement sur les origines coloniales de ses collections. Julia Binter, commissaire d’exposition, explique à Deutsche Welle de quelle manière la façon dont on regarde le passé peut modifier la façon dont on voit les « étrangers » aujourd’hui.
Un exemple à suivre dans les musées français ?

 
Artistes et écrivains peuvent-ils aider à penser le fait colonial ?

Le rédacteur en chef de la rubrique « idées » de l’hebdomadaire « Les Inrockuptibles », Jean-Marie Durand, a donné la parole à l’artiste plasticienne Sylvie Blocher autour de la question de la violence coloniale, en particulier des exactions commises par la France au Cameroun. Elles ont été la raison de son installation « Bien que je n’en ai pas le droit, je vous présente mes excuses » sur le carrefour de Bonakouamouang à Douala, pour la triennale SUD2017. Le jeune écrivain camerounais Max Lobé, qui vit en Suisse, s’est entretenu avec elle.

 
Le regard de l’artiste Kader Attia sur le passé colonial et la banlieue

Jusqu’au 16 septembre 2018, l’artiste Kader Attia présente, sous le titre « Les racines poussent aussi dans le béton », une exposition au MAC/Val, à Vitry-sur-Seine, qui porte un regard sensible et acéré sur le passé colonial de la France et les paysages de nos banlieues qui en sont la postérité. Nous reproduisons ici l’article que lui a consacré, le 3 août 2018, dans « Le Monde », Abdourahman Waberi, « Kader Attia : la banlieue, le bled et le monde », et plusieurs extraits du catalogue de l’exposition.

 
L’abominable institution de l’esclavage
à travers
les arts et les lettres

Publié à l’occasion du 170e anniversaire de l’abolition, en 1848, de l’esclavage dans les colonies françaises, ce livre de Marcel Dorigny, très documenté et préfacé par Maryse Condé, est aussi un livre d’art. Dans un entretien à « Libération » que nous reproduisons ici, l’auteur explique que les œuvres d’art ont eu un impact très fort dans la dénonciation de l’esclavage, au moins autant que les discours. Et il montre que des artistes continuent aujourd’hui d’œuvrer pour la mémoire de ce crime contre l’humanité.

 
Arts et colonisation
en débat

Sous le titre « Peintures des lointains », une exposition a lieu à Paris, au Musée du quai Branly, montrant comment l’entreprise coloniale européenne s’est accompagnée, du XVIIIe au XXe siècle, d’une production picturale abondante qui a construit une image mythique des pays et des peuples colonisés. Mettant en exergue leurs richesses et leur attrait exotique, elle a alimenté les désirs de conquête et de domination. De son côté, le livre collectif « Décolonisons les arts ! » propose de réfléchir à cette lente construction du regard qui a accompagné la mise en place tenace dans les esprits des préjugés de race.

 
art, littérature, philosophie,
la décolonisation
des savoirs,
selon Seloua Luste Boulbina

Dans son ouvrage, « Les miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (art, littérature, philosophie) », publié par Les presses du réel en septembre 2018, la philosophe Seloua Luste Boulbina entend montrer comment, dans les savoirs et dans les arts, le passé colonial peut être dépassé. Autrefois, la métropole et la colonie apparaissaient comme deux espaces distincts, en réalité déjà entremêlés. Les indépendances ont profondément modifié ce paysage. Le Sud est présent dans le Nord. Les affranchissements, les franchissements sont multiples. Les arts visuels, la musique, la littérature montrent des chemins.

 
Sur l’exposition « Le modèle noir de Géricault à Matisse »,
Françoise Vergès
dit son impression de malaise

Au Musée d’Orsay, jusqu’au 21 juillet 2019, l’exposition « Le modèle noir de Géricault à Matisse » porte sur la représentation des personnes noires dans la peinture et autres arts visuels « de l’ère de l’abolition de l’esclavage en France (1794-1848) jusqu’aux temps contemporains ». Françoise Vergès, présidente de l’association Décoloniser les arts, explique son malaise. Elle lui reproche notamment de n’avoir pas jugé utile d’expliquer quand, comment, et pourquoi, est intervenue l’invention du blanc et du noir, car, écrit-elle, « les Noir.e.s n’ont pas toujours été « noir.e.s ».

 
Hommage à la cinéaste anticolonialiste
Sarah Maldoror

La cinéaste Sarah Maldoror est morte le 13 avril 2020 victime de la pandémie du coronavirus. Née en 1929, cette femme de théâtre et réalisatrice de nombreux films s’est impliquée dans les luttes de libération en Afrique et a partagé la vie du fondateur du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), l’écrivain angolais Mario De Andrade, avec qui elle aura deux filles. Son premier film, Monangambé, portait sur la torture et été réalisé en 1969 en Algérie. Elle a tourné aussi en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, au Congo et sur la guerre de libération de l’Angola. Ci-dessous, une évocation de son parcours, l’hommage que lui ont consacré ses filles, Annouchka De Andrade et Henda Ducados, et l’entretien qu’elle avait accordé en 1997 à Africultures.com.

 
Le photographe Marc Garanger
et son accueil 50 ans après la guerre d’Algérie
par les personnes qu’il avait photographiées

Quand Fatiha Saou nous a informés, le 28 avril, du décès intervenu la veille du photographe Marc Garanger avec qui elle était en contact régulier, nous lui avons demandé de nous dire comment elle l’avait connu et de nous parler du séjour qu’il a fait dans sa famille lors de son voyage en Algérie, en 2004, pour rencontrer les personnes qu’il avait photographiées lors de son service militaire en 1960. Elle explique que les femmes de la région avaient gardé un bon souvenir de ce jeune appelé qui avait été chargé par l’armée de faire leur photo d’identité. Elles avaient compris qu’il avait son propre regard et la volonté de se servir de son appareil pour montrer la beauté du pays, leur dignité, le courage des maquisards et dénoncer les violences de l’armée coloniale. Cinquante ans plus tard, elles ont toutes été heureuses de le retrouver et de se faire photographier de nouveau par lui.

 
« Peaux noires, masques blancs »,
une exposition de l’artiste Roméo Mivekannin​​

Dans son blog « La diagonale de l’art », dans Libération du 19 juillet 2020, Philippe Godin, professeur de philosophie, ancien rédacteur à paris-art.com et essayiste, reproduit un article de Flavien Louh décrivant avec enthousiasme l’exposition de Roméo Mivekannin, « ​ Peaux noires, masques blancs ​ », dont le titre fait référence au livre de Frantz Fanon paru en 1952 : « Certaines expositions bouleversantes entraînent vers de nouveaux lieux​. Ce sont des rencontres qui marquent,​ transforment et ​“Peaux noires, masques blancs” est de celles-ci.​ La première exposition personnelle de Roméo Mivekannin​, ​à la Galerie Eric Dupont à Paris jusqu’au 31 juillet, est à ne pas manquer. »

 
Des réactions à deux documentaires
sur la colonisation
diffusés par Arte et par France 2

Un débat s’est instauré au sujet des documentaires sur la colonisation diffusés récemment à la télévision par les chaines Arte et France 2. Les films « Décolonisations. Le bouleversement mondial », réalisés par Karim Miské et Marc Ball, accompagnés dans l’écriture par l’historien Pierre Singaravélou, diffusé le 7 janvier 2020 sur Arte. Et ceux de David Korn-Brzoza et Pascal Blanchard, respectivement auteur réalisateur et co-auteur et conseiller historique, « Décolonisations. Du sang et des larmes », diffusée par France 2 le 6 octobre 2020. Nous publions ci-dessous l’article de Nedjib Sidi Moussa publié par le site Middle East Eye, « Du sang et des larmes pour mémoire ? Pourquoi la série “Décolonisations” pose problème ». Ainsi que la chronique d’Anaïs Kien dans « Le journal de l’Histoire » sur France culture : « Comment raconter l’histoire des décolonisations aujourd’hui ? Le débat est ouvert ! ».

 
Les réflexions d’un historien britannique
à propos d’un monument ou d’une statue
de l’émir Abd el-Kader en France

Parmi les préconisations du rapport que Benjamin Stora a remis à sa demande le 20 janvier 2021 au président de la République, Emmanuel Macron, figure la construction, au moment du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2022, d’une stèle à l’émir Abd el-Kader à Amboise, où il a vécu en résidence surveillée de 1848 à 1852, ainsi que la restitution de son épée à l’Algérie. Rendre hommage à ce héros de la lutte du peuple algérien face à la colonisation française est une nécessité. Pour sa part, notre site a réclamé, dès octobre 2017, sur la suggestion d’Alain Ruscio, l’ouverture d’un débat sur l’installation d’une statue d’Abd el-Kader sur la place qui porte son nom à Paris, inaugurée par son maire, Bertrand Delanoë, en novembre 2006. Ci-dessous les réflexions à ce sujet de l’historien britannique Neil MacMaster.

 
𝐋̶𝐚̶ ̶𝐂̶𝐨̶𝐥̶𝐨̶𝐧̶𝐢̶𝐞̶,
fondée par l’artiste Kader Attia,
renait sous une forme nomade

𝐋̶𝐚̶ ̶𝐂̶𝐨̶𝐥̶𝐨̶𝐧̶𝐢̶𝐞̶ a été pendant trois ans et demi un lieu exceptionnel à Paris, 128 rue Lafayette, dans le 10e arrondissement. Inauguré le 17 octobre 2016 par l’artiste Kader Attia, qui invitait à venir y « partager le couscous de sa mère », après sa conférence avec le peintre et sculpteur italien Michelangelo Pistoletto, ce lieu a été le cadre d’un nombre impressionnant de rencontres sur le passé colonial et l’idée de réparation. Des universités françaises et étrangères y ont tenu des séminaires, des cinéastes y ont présenté leurs films, des auteurs ont participé à des débats autour de leurs livres. L’Association Histoire coloniale et postcoloniale qui publie ce site internet y a souvent été accueillie pour des rencontres. Obligée de fermer en mars 2020 en raison de la crise sanitaire, 𝐋̶𝐚̶ ̶𝐂̶𝐨̶𝐥̶𝐨̶𝐧̶𝐢̶𝐞̶ a lancé une souscription pour reprendre ailleurs ses activités. Et elle annonce une programmation nomade du 17 avril au 3 juin 2021 (et jusqu’au 1er août 2021 à Utrecht).

 
Deux journées consacrées à Abd el-Kader
au Mucem, à Marseille,
pour préparer une exposition en avril 1922

Une année avant l’ouverture d’une exposition que le Mucem a prévu de consacrer à Abd el-Kader du 6 avril au 22 août 2022, celui organise des rencontres en ligne les 7 et 8 avril 2021. Réunissant une douzaine de personnalités originaires d’Europe et de Méditerranée, historiens, anthropologues et collectionneurs, elles sont l’occasion d’une approche pluridisciplinaire et plurinationale de cette personnalité marquante à l’aide des recherches récentes, de sources nouvelles et de collections inédites. Ci-dessous le programme de ces rencontres et les liens de connexion. Par ailleurs, nous signalons ensuite la vingtaine de pages que notre site a publiées depuis 2002 sur la personnalité et les combats d’Abd el-Kader. Une exposition entourée de débats avait été organisée à Toulon en 2004 dont une version itinérante est toujours disponible.

 
Pour la création d’un
musée national de l’Histoire
de la colonisation

A l’initiative des élu.e.s Génération.s, de chercheur.e.s, historien.ne.s et militant.e.s engagé.e.s contre les discriminations, une tribune a été publiée le 15 avril 2021 par Libération et par Mediapart en faveur de la création en France d’un musée national de l’Histoire de la colonisation. Pour les signataires, dont le président de la Ligue des droits de l’homme, Malik Salemkour, une telle initiative apparait comme une urgence pour dépasser les polémiques stériles. Il est nécessaire de faire connaitre à tous cette histoire qui a participé à la structuration de la mémoire nationale, en particulier celle de la République. Ils demandent que cette page de notre passé soit regardée en face. L’histoire ne s’écrit pas avec une gomme.

 
“Des hommes"
un film de Lucas Belvaux
inspiré du livre de Laurent Mauvignier

Comme le montre l’interview croisé - dont nous reprenons des extraits - réalisé par le journaliste de Politis Christophe Kantcheff réunissant l’historienne Raphaëlle Branche, autrice du livre Papa, qu’as-tu fait en Algérie ?, et le cinéaste Lucas Belvaux, qui a adapté le roman Des hommes de Laurent Mauvignier, ce film tout en faisant apparaître les traumatismes laissés chez les appelés par les horreurs de la guerre d’Algérie, montre aussi qu’ils y ont survécu différemment selon leurs personnalités et aussi leurs relations familiales. Plutôt que de parler du silence des appelés après la fin du conflit, l’historienne comme le cinéaste préfèrent souligner les « demi-dire » d’hommes que, bien souvent, leur environnement n’a pas souhaité entendre.

 
au MUCEM
« Marseille-Méditerranée
l’exil en partage »,
une table ronde de l’Association Ancrages

Dans le cadre de la Semaine culturelle méditerranéenne qui se déroule à Marseille du 22 au 30 novembre 2021, une table-ronde a lieu au Mucem le 25 novembre, organisée par l’association Ancrages, sur le thème : « Marseille-Méditerranée, l’exil en partage ». Il s’agit de mobiliser l’histoire des idées et des représentations pour éclairer les débats actuels en mettant en évidence l’ancienneté et la richesse des mobilités humaines ainsi que les conséquences tragiques produites aujourd’hui par les limitations des politiques d’accueil. Occasion de donner la parole à de jeunes historiennes, sociologues et écrivaines qui renouvellent à travers leurs livres et leurs travaux la vision des déplacements humains qui ont construit cette ville comme ils ont façonné ce pays.

 
Un film retrace la vie et l’engagement
de Fernand Iveton
« guillotiné pour l’exemple »
à Alger en 1957

Le film De nos frères blessés, inspiré du roman éponyme de Joseph Andras (2016), lui-même issu du livre de Jean-Luc Einaudi, Pour l’exemple, l’affaire Fernand Iveton, enquête, publié en 1986, préfacé par Pierre Vidal-Naquet, sort sur les écrans. Il restitue la vie brève d’Iveton (1926-1957), son amour pour Hélène, née Ksiazek, en 1921, près de Cracovie, épousée à Alger en juillet 1955, et son combat anticolonialiste pour l’indépendance de l’Algérie avec le parti communiste algérien. Comme l’écrit Pierre Vidal-Naquet : « Son communisme — est-il besoin de le souligner ? — n’est pas une adhésion directe et personnelle à l’ordre (ou au désordre) établi en URSS et dans les “démocraties populaires”, mais une protestation hautement morale et hautement politique contre l’ordre colonial, l’ordre infâme, raciste, qui règne à Alger ».

 
Une exposition au Mucem
et une autre, itinérante,
sur la personnalité exceptionnelle
de l’émir Abdelkader

Comme l’a signalé notre site, suivant une des préconisations du rapport Stora, une stèle à l’émir Abdelkader (1808-1883) a été inaugurée à Amboise où il a été détenu de 1848 à 1852 avec plusieurs membres de sa famille. Du 6 avril au 22 août 2022, une belle exposition lui est consacré au Mucem, à Marseille, qui restitue à travers 250 œuvres originales sa riche personnalité. Au même moment, une exposition itinérante créée par la Ligue des droits de l’Homme de Toulon, diffusée par l’Association Ancrages et soutenue par histoirecoloniale.net est proposée à toutes les institutions, Archives départementales, centres culturels et établissements scolaires, qui souhaitent l’accueillir. Elle montre l’importance du travail intellectuel de l’émir lors de sa détention à Toulon, puis au château de Pau et celui d’Amboise. L’occasion de redécouvrir un grand personnage des histoires algérienne et française.

 
Hommages à Abdelkader à Marseille
au Mucem et
au congrès de la Ligue des droits de l’Homme

Mettre en évidence la riche personnalité de l’émir Abdelkader (1808-1883), fondateur de l’Etat algérien et combattant contre la colonisation française, était l’une des préconisations contenues dans le rapport de Benjamin Stora remis au président de la République, Emmanuel Macron, en janvier 2020. Une grande exposition lui est consacrée à Marseille, au Mucem, jusqu’au 22 août 2022. En même temps, l’Association Ancrages diffuse une exposition itinérante qui peut être installée dans les établissements scolaires et les centres socioculturels et entourée d’explications et de débats. Elle a été présentée à Marseille le 6 juin 2022 aux délégués rassemblés pour le congrès national de la Ligue des droits de l’Homme.

 
Le souvenir de Maurice Audin
commémoré en Algérie
ainsi qu’à Paris et dans sa banlieue

Le souvenir de Maurice Audin a été rappelé, 65 ans après son assassinat par des militaires français en juin 1957 et 60 ans après l’indépendance de l’Algérie, pour laquelle lui-même et le parti communiste algérien dont ils était un membre actif avaient lutté. La délégation de l’Association Josette et Maurice Audin, qui s’est rendue en Algérie du 28 mai au 6 juin 2022, était présente lors de l’inauguration le 5 juin d’un buste de Maurice Audin dans le lieu symbolique qu’est la place Audin en plein cœur d’Alger. A Constantine, la délégation a associé à la mémoire de Maurice Audin celle de Raymonde Peschard, tuée par des soldats français en novembre 1957 alors qu’elle avait rejoint comme infirmière une colonne de combattants de l’ALN. Le 11 juin, à Paris, le cénotaphe de Maurice Audin au cimetière du Père-Lachaise et un square au Kremlin-Bicêtre où une œuvre de l’artiste C215 a été inaugurée ont aussi été le cadre d’hommages à ce militant anticolonialiste.

 
Débat à propos
de l’exposition Abd el-Kader
au Mucem à Marseille

Le Mucem consacre jusqu’au 22 août 2022 une grande exposition à la riche personnalité de l’émir Abd el-Kader, que notre site a annoncée dès son ouverture. Le journaliste Pierre Daum, tout en relevant qu’elle « a reçu un éloge unanime de la presse et de divers commentateurs », et en concédant qu’elle est accompagnée d’« un catalogue très intéressant », lui a consacré dans son blog personnel sur Mediapart un article qui lui reproche de donner « une vision coloniale de l’Émir ». Jacques Vénuleth, membre de la Commission nationale du Mrap pour un Musée national du colonialisme, lui répond qu’il n’a pas la même vision de cette exposition. De leur côté, notre site et l’association Ancrages diffusent une exposition itinérante qui complète et prolonge celle du Mucem.

 
Des débats autour de la
« Journée d’hommage aux harkis »
et du film « Harkis » de Philippe Faucon

La Journée d’hommage aux harkis du 25 septembre, instituée officiellement en 2003 et que les préfets avaient la charge d’organiser dans toute la France, a repris à leur sujet un récit mythique contraire à la réalité. Aux Invalides, la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, Patricia Mirallès, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, ne s’en est pas clairement démarquée. En revanche, le film « Harkis » de Philippe Faucon, qui sort sur les écrans le 12 octobre 2022, restitue la complexité de cette histoire. Il montre que l’armée française n’a cessé de leur mentir et que leurs sauveteurs étaient souvent ceux qui avaient désapprouvé auparavant sa pratique de la torture. Un livre rend hommage aux officiers qui, vis-à-vis de familles menacées en 1962 de violences extrajudiciaires, ont fait preuve de solidarité humaine.

 
« Décadrage colonial »,
une exposition à Paris
au Centre Pompidou

Depuis le 7 novembre 2022 et jusqu’au 27 février 2023, on peut voir au Centre Georges Pompidou l’exposition « Décadrage colonial » qui explore les rapports des photographes de l’entre-deux-guerres avec l’empire colonial et leur contribution à la diffusion de l’idéologie colonialiste ainsi qu’à sa contestation. Un livre publié par les éditions Textuel accompagne cette réflexion. Ci-dessous un entretien en vidéo avec Damarice Amao, commissaire de l’exposition et la transcription du riche podcast accompagnant les visiteurs. On lira également pour aller plus loin les ressources historiques déjà publiées par notre site sur l’exposition coloniale de Vincennes en 1931.

 
Le Tata de Chasselay, dans le Rhône,
et la mémoire vive des tirailleurs sénégalais,
par William Robin-Detraz

Depuis la sortie de Tirailleurs dans les salles de cinéma, les tirailleurs ont fait la une de l’actualité, à la fois avec une polémique montée de toutes pièces autour de propos d’Omar Sy et par les annonces opportunistes du gouvernement concernant les pensions de vieillesse des derniers tirailleurs. Peu de temps avant la sortie du film, une autre polémique, à la portée médiatique moindre, a marqué la commémoration des tirailleurs assassinés dans la région lyonnaise en juin 1940 et reposant à la nécropole du Tata de Chasselay. Ce cimetière particulier, édifié pendant la guerre en souvenir des soldats du 25e régiment de tirailleurs sénégalais, cristallise depuis les enjeux autour de la mémoire des tirailleurs. Retour sur ce lieu et sur les commémorations qui s’y déroulent depuis ce tragique mois de juin 1940.

 
Une réflexion sur les présupposés
du musée « universel »
par Françoise Vergès

Féministe décoloniale et antiraciste, Françoise Vergès mène depuis plusieurs années une réflexion sur les musées et la décolonisation des arts, thème du collectif qu’elle co-anime, « Décoloniser les arts », qui suscite différents débats dans le monde de l’art. Dans son dernier livre, publié le 3 mars 2023 par les éditions La Fabrique, Programme de désordre absolu. Décoloniser le musée, elle interroge « les présupposés mêmes du musée universel, produit des Lumières et du colonialisme, d’une Europe qui se présente comme la gardienne du patrimoine de l’humanité tout entière ». Ci-dessous la présentation de cet ouvrage ainsi que l’entretien qu’elle a accordé à Laura Raim intitulé « Faut-il vider les musées ? », diffusé le 1er mars 2023 dans l’émission Les idées larges sur Arte.

 
A propos du film « Tirailleurs » (1) :
Réflexions de Martin Mourre sur Thiaroye
et quelques enjeux postcoloniaux

Diffusé en France depuis janvier 2023, le film « Tirailleurs » de Mathieu Vadepied avec Omar Sy a déjà fait l’objet d’une page sur notre site avec un rappel historique par l’historien Alain Ruscio du sort de ces soldats venus de toutes les colonies françaises durant la Première guerre mondiale. Nous y revenons sous la forme de trois pages successives. Ci-dessous les réflexions de Martin Mourre sur l’épisode du massacre de Thiaroye et quelques enjeux postcoloniaux. Suivies de la reprise d’une contribution d’Emmanuel Blanchard à notre site sur la diversité d’origine des tirailleurs coloniaux dans la Grande guerre. Puis d’une page sur un sujet qui reste largement occulté : les expérimentations médicales pour lesquelles certains de ces tirailleurs ont été utilisés et qui ont provoqué chez eux une forte mortalité.