Kanaky/Nouvelle-Calédonie
« Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a émis un avis favorable au projet de décret fixant la date et les modalités d’organisation d’un recensement général de la population de Nouvelle-Calédonie en 2009. Le recensement se déroulera en juillet et août 2009 et contrairement à celui de 2004 comprendra des questions relatives à l’appartenance à une communauté. » [1]
La question devrait être : « à quelle(s) communauté(s) estimez vous appartenir ? », à laquelle on pourra répondre en cochant une ou plusieurs des neuf cases proposées (Européenne, Indonésienne, Mélanésienne, Vanuatuaise, Tahitienne, Vietnamienne, Wallisienne-Futunienne, Autre Asiatique et Autre tout court).
Cette façon de procéder, dans un pays où « le climat [reste] tendu » [2], est-elle un signe que l’on est décidé à entendre ceux qui disent : « Ne pensez plus pour nous. Laissez-nous venir à notre façon dans l’histoire du monde. Avec notre propre conscience de la terre, notre conception de la vie et du bonheur, de la place de l’homme parmi ses frères et du mode de satisfaction de ses véritables besoins. Laissez-nous poser notre pierre personnelle à l’édifice d’un pays multiracial. [3] » ?
La Ligue des droits de l’Homme s’invite dans le débat sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, avec une question : où est le fameux “tableau annexe” qui devait servir de base officielle, dès 1998, à l’élaboration de la liste électorale spéciale pour le scrutin décisif du 11 mai prochain?
Dans un long communiqué la LDH de Nouvelle-Calédonie dénonce l’inexistence du « tableau annexe » du 8 novembre 1998 et demande une déclaration officielle sur ce sujet. Les autorités, et en particulier l’Etat, auraient totalement « oublié » cette liste officielle d’électeurs prévue par l’Accord de Nouméa et qui aurait du être tenue à jour depuis 1998.
Une situation incompréhensible pour la LDH, car toutes les personnes susceptibles de remplir les conditions pour voter aux élections provinciales de 2014 auraient du être inscrites sur cette liste officielle. Sans cet « oubli » l’affaire des recours du FLNKS et ses conséquences politiques, juridiques et humaines n’existeraient pas aujourd’hui...
Après 136 ans passés en France, le crâne du grand chef kanak Ataï, décapité le 1er septembre 1878 en Nouvelle-Calédonie, a été officiellement restitué à ses descendants par Georges Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, jeudi 28 août. Jean-Marc Ayrault en avait pris l’engagement il y a un an au nom de la France, tout en rendant hommage aux accords de Nouméa (1998).
L’histoire d’Ataï, figure du combat indépendantiste, débute en 1878, vingt-cinq ans après la prise de possession de l’archipel par la France. Le grand chef avait pris la tête d’une révolte dans la région de La Foa pour protester contre les spoliations foncières de l’administration coloniale. La répression a fait plus d’un millier de morts chez les Kanak.
La restitution qui vient de se dérouler est importante : les accords de Matignon signés le 26 juin 1988, qui organisaient la redistribution des pouvoirs entre caldoches et Kanak, stipulaient que la tête devait être rendue à son peuple.

la Nouvelle-Calédonie ?
En vertu de l’accord de Nouméa (1998), un référendum sera organisé en Nouvelle-Calédonie le 4 novembre 2018. Il s’agit officiellement d’une « consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté ». Les « Néo-Calédoniens » sont amenés à répondre à la question suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». Hamid Mokaddem, philosophe et auteur de plusieurs ouvrages sur la Kanaky, montre dans cet article qu’il s’agit en réalité pour la France de « maintenir le statu quo », de « dissuader » les Kanaks de « revendiquer l’indépendance ».

Le 4 novembre 2018, les 174 154 électeurs de Kanaky/Nouvelle-Calédonie, qu’ils soient « sous statut civil coutumier » ou « sous statut civil de droit commun », sont appelés par référendum à répondre par OUI ou NON à la question « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». Trente ans après le drame d’Ouvéa et les accords de Matignon, sous quelle forme la décolonisation de ce territoire va-t-elle se poursuivre ? Une soirée/débat à Paris pour éclairer cette question.

fait son chemin
en Kanaky Nouvelle-Calédonie
Les résultats du référendum du 4 novembre 2018 montrent une progression du vote indépendantiste et sont un excellent résultat compte tenu de la composition du corps électoral. Un résultat très encourageant pour l’avenir de Kanaky Nouvelle-Calédonie. Nous publions ci-dessous la première réaction après l’annonce du résultat, publiée sur le blog de « AISDPK Kanaky » (de l’Association pour l’information et la défense des droits du peuple kanak) sur « Mediapart », par l’anthropologue Isabelle Leblic. Elle souligne que le vote indépendantiste est en progression dans toutes les régions.

un ouvrage qui met en débat
la décolonisation de la
Nouvelle-Calédonie
Un ouvrage collectif sous la direction de chercheurs travaillant en Nouvelle-Calédonie, Hamid Mokaddem, Scott Robertson et Ingrid Sykes, tout en mettant en débat leurs disciplines, savoirs et pratiques, s’interroge sur les nouvelles données du contexte néo-calédonien. Il se demande si ce territoire pourrait constituer un modèle pour construire de nouvelles théories sur le nationalisme, le développement économique, politique, esthétique et émotionnel. Un large collectif d’auteurs et d’éditeurs du Pacifique y contribue. Selon Alain Ruscio dont nous publions la note de lecture, il s’adresse bien au-delà des spécialistes de l’Océanie.

par Isabelle Merle
et Adrian Muckle
Une historienne et un historien de la colonisation spécialistes de l’histoire du Pacifique et plus particulièrement de la Nouvelle-Calédonie, Isabelle Merle et Adrian Muckle, ont publié un livre important qui offre, pour la première fois, une histoire du régime de l’indigénat sur la longue durée. Depuis ses origines les plus lointaines dans l’Algérie de la conquête jusqu’aux héritages les plus contemporains en Nouvelle-Calédonie, l’ouvrage débouche sur une réflexion sur l’exception coloniale à travers l’histoire singulière de la Nouvelle-Calédonie dont la mémoire continue de hanter les débats contemporains.

interrompre sa décolonisation ?
La date prévue pour le prochain référendum en Kanaky-Nouvelle Calédonie est le 6 septembre 2020. Le FLNKS, réuni le 22 mai en Bureau politique élargi, s’est prononcé pour un report de la date du référendum au 25 octobre ou au 1er novembre. Ceci, parce que le second tour des élections municipales étant fixé au 28 juin, le délai entre cette échéance et le 6 septembre est trop court pour une campagne spécifique au référendum. De son côté, le président de l’Union calédonienne a publié le 18 mai une lettre ouverte que nous reproduisons. Il constate que certains élus calédoniens et certains représentants de l’Etat ne se soumettent pas aux règles sanitaires qui régissent la sécurité des Calédoniens. S’ils devaient persister dans cette attitude, l’Union calédonienne appellera la population à protéger le pays par toutes les voies possibles et elle l’assumera.

par Isabelle Leblic
Un référendum d’autodétermination se tiendra le 4 octobre 2020 en Kanaky Nouvelle-Calédonie dans le cadre de l’accord de Nouméa de mai 1998 qui avait engagé ce territoire dans un processus de « décolonisation dans la République ». Il fait suite à celui organisé en 2018 qui, à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », bien que le non l’ait emporté avec une majorité de 57 %, avait connu un nombre de oui qui dépassait déjà les attentes. Conformément à l’accord de Nouméa, un troisième et dernier référendum pourra avoir lieu dans les deux années à venir si le non l’emporte à nouveau en 2020. À la veille de ce deuxième référendum, la chercheuse au CNRS Isabelle Leblic fait le point sur cette consultation qui représente une étape importante dans l’histoire de la Kanaky Nouvelle-Calédonie.

Avant le référendum sur l’indépendance qui a lieu le 4 octobre en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, Mediapart a publié aux éditions La Découverte, le livre Une décolonisation au présent, coordonné par Joseph Confavreux, avec un beau texte d’Edwy Plenel dont nous donnons de larges extraits. Leur force et leur qualité a provoqué une honteuse offensive de dénigrement de la part de ceux qui se proclament « loyalistes » et refusent la décolonisation. Une tribune publiée dans Le Monde le 16 septembre 2020 a cherché à utiliser le nom de l’un des fils du leader indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou pour leur reprocher « un paternalisme tout à fait colonial ». Cette manœuvre perverse a suscité la mise au point cinglante d’Edwy Plenel dans Le Monde du 1er octobre que nous reproduisons ici.

ne cesse de progresser
A l’occasion du deuxième référendum organisé le 4 octobre 2020 en Kanaky-Nouvelle Calédonie, la volonté d’indépendance et de décolonisation s’est exprimée plus fortement que lors du précédent. Le oui à l’indépendance est arrivé nettement en tête là où vivent en majorité des citoyens kanak : 84,6% dans la province des îles et 77,8% dans celle du nord (pour 29,1% dans la troisième province, celle du sud). Mais aussi dans des secteurs dont la population est de diverses origines. Au total, le oui a recueilli 46,7% de voix, pour 43,3% lors du référendum de novembre 2018. Une progression très encourageante dans la perspective du troisième référendum qui devrait avoir lieu dans deux ans.

le pouvoir colonial joue la tension
Une mobilisation massive est en cours en Kanaky Nouvelle-Calédonie sur le sort de l’usine Vale, dite usine du Sud. La multinationale brésilienne Vale a mis l’usine en vente et a annoncé le 9 décembre, l’avoir cédée au consortium Prony Ressources, contrôlé en partie par le courtier suisse Trafigura. C’est la souveraineté du peuple de ce territoire sur ses ressources minières qui est en cause. Or le pouvoir colonial joue la tension et répond par la répression. Il a été violemment mis en cause par le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS, indépendantiste), mais aussi par l’Instance coutumière autochtone de négociation (Ican). En solidarité avec les protestations en cours en Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’Association Information et Soutien aux Droits du Peuple Kanak (AISDPK) organise un rassemblement statique à Paris le mercredi 16 décembre.

à trois mois du troisième référendum
sur son indépendance
a rendu hommage au chef Ataï
Le troisième référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky prévu dans l’Accord de Nouméa de 1998 se tiendra le 12 décembre 2021. Les deux précédents scrutins ont été marqués par une nette progression du vote pour l’indépendance. A quelque trois mois de cette échéance qui pourrait représenter un moment décisif dans la décolonisation du territoire, la dépouille du guerrier kanak à la tête de la révolte de 1878 dans la région de Fonwhary sur la côte ouest contre l’accaparement des terres par la colonisation, a été l’objet d’un hommage important. En août 2014, la France avait restitué les restes d’AtaÏ à ses descendants. Le 1er septembre 2021, ils ont été inhumés solennellement dans un mausolée « à la mémoire du chef Ataï et et des victimes de l’insurrection de 1878 ».

Appel au report du référendum
fixé par le gouvernement
au 12 décembre 2021
Un ensemble d’associations, partis politiques et syndicats français se sont joints à la demande de différentes forces politiques de la société de Kanaky–Nouvelle-Calédonie pour demander le report de la date du dernier référendum d’autodétermination prévu par les Accords de Nouméa de 1998, qui a été fixée par le gouvernement au 12 décembre 2021 en dépit de la grave situation créée dans les campagnes par la crise sanitaire. Ci-dessous le texte de leur appel et la lettre qu’ils ont envoyée aux groupes parlementaires puisque cette date est du ressort du Parlement français. Il est important de relayer cette lettre aux députés et sénateurs que chacun pourrait connaître. Par ailleurs, le samedi 13 novembre est organisé à Paris, place Edouard Renard dans le 12ème arrondissement, un rassemblement à l’appel du Mouvement des Jeunes Kanak en France.

du 12 décembre 2021
montrent que l’idée d’indépendance progresse
Malgré la demande par l’ensemble du camp indépendantiste du report de la date du troisième référendum prévu par les Accords de Nouméa, les autorités françaises l’ont maintenu au 12 décembre, en contradiction avec leurs engagements antérieurs et avec les exigences de la population Kanak d’accomplir les deuils des victimes de la pandémie. Le boycott du scrutin a été massif. Les partisans du « non » à l’indépendance n’ont recueilli qu’une minorité (44 %) des suffrages des électeurs inscrits et ont perdu 5 783 voix par rapport au précédent scrutin. Les résultats définitifs contredisent les déclarations d’Emmanuel Macron validant un soi-disant refus de l’indépendance que ce vote exprimerait et montrent au contraire que la demande de celle-ci est croissante.

soutenir les adversaires de l’accession
de la Nouvelle-Calédonie à l’indépendance ?
La présidente de la province Sud de la Kanaky Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès, figure de la droite anti-indépendance, est nommée au gouvernement français comme secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur et de l’outre-mer chargée de la citoyenneté. Cette ministre va-t-elle cumuler son poste avec la présidence de la province Sud ? Le dialogue sur l’avenir de l’archipel est au point mort après l’organisation le 12 décembre 2021 d’un référendum d’autodétermination dont la date était contestée par les indépendantistes. Après s’être félicité dès son lendemain que « la Nouvelle Calédonie ait choisi de rester française », ce choix d’Emmanuel Macron apparaît comme un mauvais coup contre le processus des accords de Nouméa. Les quatre composantes du FLNKS ont décidé qu’aucune ne se déplacera à Paris en septembre 2022 pour le Comité des signataires des accords sur l’avenir de l’archipel. Veut-on qu’un blocage du dialogue favorise de nouveau le développement de la violence ?
le 24 septembre 1853, l’amiral Febvrier-Despointes « prend possession » de la Nouvelle-Calédonie, au nom de la France, devant des missionnaires et 150 Kanak convertis : « A partir de ce jour, dit l’amiral, cette terre est française et propriété nationale. »
Depuis lors, l’histoire de la Nouvelle-Calédonie est jalonnée de violences et de massacres. L’explication réside-t-elle dans « cette incapacité fondamentale à considérer le Néo-Calédonien autrement que comme un sauvage à convertir et à civiliser » [4] ?
La note [2] a été ajoutée le 21 avril 2008.]
Extrait de Histoire de la France coloniale, 1991 ; réédition : collection Pocket 1996
Le texte intégral de l’accord : NOR : PRMX9801273X.
L’occasion de revenir sur l’accord de Nouméa.
Le projet de loi constitutionnelle, qui s’inscrit dans la continuité des accords de Matignon de 1988 et de Nouméa de 1998, a été adopté avec l’aide des députés de gauche.
mise à jour, le 14 déc 06]
Christiane Terrier, historienne, professeur à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) du Pacifique, a eu la lourde tâche d’animer une commission chargée d’élaborer un manuel d’histoire de la Nouvelle-Calédonie pour les écoles primaires de l’archipel – un ouvrage « destiné à des enfants qui sont les fils et filles des acteurs de cette histoire ».
suivi d’un entretien avec Alain Christnacht, un des rédacteurs de l’accord de Nouméa.
[Le Monde du 10 février 2007]
Les premiers manuels d’histoire et de géographie propres à l’école calédonienne viennent d’être distribués à tous les élèves du primaire (CE2, CM1, CM2).
Des Gaulois mais plus d’ancêtres, une découverte mais réciproque... La Nouvelle-Calédonie s’inscrit au coeur de l’histoire.
Vingt ans après les accords de Matignon et dix ans après celui de Nouméa, deux textes qui organisent l’évolution institutionnelle de l’archipel et prévoient la tenue d’un référendum d’autodétermination à partir de 2014, l’épreuve de force se poursuit entre l’Etat et le principal syndicat (indépendantiste) du territoire, l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités).
En 1970, Roger Laroque, maire de Nouméa, déclare : « Il faut faire du Blanc ».
En juillet 1972, dans une lettre adressée à son secrétaire d’État aux DOM-TOM, le Premier ministre, Pierre Messmer, écrit :
« La présence française en Calédonie ne peut être menacée sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres
communautés ethniques venant du Pacifique. À court et à moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’Outre-mer (Réunion), devrait permettre d’éviter ce danger, en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés ».
Ce scénario n’est-il pas en voie de réalisation dans un pays que l’on pensait engagé dans un processus de décolonisation ?
Dernière minute - Le président de l’USTKE condamné à 6 mois de prison ferme.
[AFP - 22.04.2008] - Gérard Jodar, président du syndicat indépendantiste kanak USTKE, a été condamné lundi 21 avril, à 12 mois de prison dont 6 mois ferme, à la suite de violences avec les forces de l’ordre le 17 janvier, dans le cadre d’un conflit à la société de transport, Carsud. Le tribunal correctionnel de Nouméa a condamné M. Jodar pour provocation directe à attroupement armé. Vingt-deux autres militants de l’USTKE, ont également été jugés.
La Nouvelle-Calédonie a fêté le 25 juin 2008 un double anniversaire : les 20 ans des accords de Matignon qui avaient mis fin à des années de violences meurtrières entre les communautés caldoches et kanak, et les 10 ans des accords de Nouméa qui ont organisé la décolonisation progressive de l’archipel, avant un référendum d’autodétermination prévu entre 2014 et 2018. Cet accord, qui vise à instaurer une communauté de destin entre les Calédoniens, stipule que « des signes identitaires du pays devront être recherchés en commun pour exprimer l’identité kanak et le futur partagé entre tous ».
A cette occasion, le gouvernement collégial a adopté lors d’une séance spéciale un avant-projet de loi entérinant le choix d’un hymne et d’une devise ainsi que le nouveau graphisme des billets de banque.
à La Manufacture (2, rue des Ecoles, 84000 Avignon)
Réservations :04 90 85 12 71
Conception et interprétation : Sylvie Malissard
d’après Cannibale de Didier Daeninckx (1er éd. Verdier)
Compagnie Le Porte Plume 5 rue Goy 39800 Poligny
Contact 06 31 77 49 16 - cie.leporteplume@wanadoo.fr
Le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle qui vit l’affrontement du président sortant, François Mitterrand, et de son premier ministre, Jacques Chirac, la gendarmerie de Fayaoué, dans l’île d’Ouvéa, était attaquée par un groupe de militants indépendantistes. Quatre gendarmes sont tués, dont deux de sang froid dans des conditions peu acceptables ; les autres sont pris en otage.
Comme Gilles Perrault l’a écrit dans sa préface au rapport de la LDH, « une gestion intelligente de cette affreuse péripétie [aurait] permis de rétablir l’ordre et de récupérer les otages sans coup férir. Au lieu de quoi une poignée d’hommes politiques et de militaires choisirent de faire d’Ouvéa une Algérie de jadis en réduction. […] Une élection présidentielle était en cours et les victimes d’Ouvéa, gendarmes et ravisseurs mêlés, furent réduits au rôle d’agents électoraux involontaires. »
Des troubles se développent en Nouvelle-Calédonie depuis plus d’une semaine. Lundi 3 août, de violents affrontements ont fait une trentaine de blessés parmi les forces de l’ordre ; mercredi, six personnes, dont deux gendarmes, ont été blessées, l’un des deux gendarmes ayant été touché par une balle. Paris a décidé mercredi de dépêcher un escadron supplémentaire de gendarmes mobiles.
Le syndicat indépendantiste USTKE (l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) multiplie les manifestations et les blocages d’entreprises pour protester contre l’incarcération fin juin de cinq de ses membres, dont le président, Gérard Jodar. L’USTKE bénéficie du soutien en France du syndicaliste et député européen José Bové et d’Olivier Besancenot du NPA. Reprochant au gouvernement d’avoir ignoré des « signaux d’alerte » visibles selon lui depuis des mois en Nouvelle-Calédonie, Olivier Besancenot a estimé qu’il était « grand temps que l’État français lâche la grappe [...] au peuple kanak, qui a arraché de haute lutte le droit à l’autodétermination. »
Le statut de large autonomie de la Nouvelle-Calédonie avait été accordé à la fin des années 1980 après des affrontements sanglants entre indépendantistes et forces de l’ordre, qui ont fait 21 morts en 1998. Selon les accords conclus entre la France et les différentes forces politiques, l’archipel doit se prononcer entre 2014 et 2018 sur son indépendance, à l’occasion d’un référendum d’autodétermination. La situation sociale est marquée par de fortes inégalités sociales.
Après les violents incidents du début du mois, la situation est revenue progressivement au calme en Nouvelle Calédonie. Le 12 août une importante manifestation, constituée en majorité d’Européens, s’est déroulée à Nouméa pour exprimer le refus des violences.
De son côté, l’USTKE continue à réclamer la libération de son président et appelle à une journée de mobilisation le 22 août.
La Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen de Nouvelle-Calédonie appelle les partis politiques, les syndicats, les associations et les citoyens à « tirer dans le même sens » dans le cadre de l’Accord de Nouméa afin de mener une véritable politique de réduction des inégalités sociales, de plus grand respect mutuel et de meilleur partage des richesses.
La Nouvelle-Calédonie : vers un destin commun ?
Réflexions autour d’un processus d’indépendance
conférence-débat
samedi 3 juillet 2010 à 18 h
Mille Bâbords, 61 rue Consolat, 13001 Marseille [*]
Un film évoquant le drame d’Ouvéa en 1988 risque de ne pas pouvoir être diffusé en Nouvelle Calédonie.
Michel Rocard, dont le gouvernement est à l’origine des accords de Matignon, en 1988, s’est exprimé sur le refus du Cinécity de diffuser L’Ordre et la morale. « Je regrette profondément cette décision, a indiqué l’ancien Premier ministre. J’ai vu ce film. Il dit l’histoire et il la dit très correctement. Il est vrai que ce message est douloureux, mais il est vrai aussi qu’aucun peuple ayant été tragiquement divisé ne peut travailler à sa propre réconciliation sans assumer son histoire, et donc la connaître. » Michel Rocard a poursuivi en évoquant l’Afrique du Sud, qui « a su donner de cette conduite un exemple ». « Même en France il nous a fallu travailler sur Vichy, mieux connaître pour mieux comprendre », a rappelé l’ancien Premier ministre, pour qui « la société Hickson a choisi la régression culturelle ». [5].
Le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle qui a vu l’affrontement du président sortant, François Mitterrand, avec son premier ministre, Jacques Chirac, un commando de militants indépendantistes du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste), conduit par Alphonse Dianou, avait attaqué la gendarmerie de Fayaoué, dans l’île d’Ouvéa. Quatre gendarmes sont tués et seize autres emmenés en otages dans la grotte de Gossanah.
Le 5 mai, quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle, l’armée et le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) donnent l’assaut à la grotte. Deux militaires trouvent la mort et 19 Kanak sont tués, suscitant une vive controverse sur les conditions de leurs décès.
Aujourd’hui, la sortie en salle du film L’ordre et la morale de Mathieu Kassovitz relance la polémique. « Il y a eu une loi d’amnistie dans le mois qui a suivi. Je trouve cela aberrant », déclare l’ex-capitaine Philippe Legorjus. Celui qui était alors commandant du GIGN affirme que des indépendantistes ont été exécutés en 1988.
Mais ... le film pourra-t-il être vu en Nouvelle Calédonie ?
Collectivité spéciale de la République, la Nouvelle-Calédonie est engagée sur la voie de la décolonisation. Autonomie de gestion ou indépendance ? Le débat politique se poursuit, sur fond d’inégalités sociales et de fossé culturel persistant.
Une présentation de Jean-Paul Caillard, citoyen calédonien, publiée dans Hommes & Libertés, revue de la Ligue des droits de l’Homme, N° 155, juillet-août-septembre 2011.
Il dormait dans les réserves du Musée de l’Homme à Paris depuis la fin du XIXe siècle. Retrouvé en 2011, le crâne d’Ataï, chef de l’insurrection de 1878 contre les colons français, tué et décapité – lire Cannibale par Didier Daeninck –, va être restitué au peuple kanak.

Tel est l’engagement pris par le premier ministre Jean-Marc Ayrault en visite en Nouvelle-Calédonie, le 26 juillet 2013. L’occasion de rappeler que les restes mortuaires de résistants algériens à la colonisation française morts en 1849 ont été récemment retrouvés dans un musée parisien – le problème de leur rapatriement ne semble pas avoir encore trouvé de solution (voir cette page).