Autres pays arabes et Afghanistan
La revue médicale « The Lancet » publie une enquête de terrain qui, « sur la base d’une estimation prudente », chiffre à cent mille, dont une majorité de femmes et d’enfants, les personnes décédées à la suite des violences de l’occupation.
Le site Mouvements propose un intéressant dossier concernant le Darfour. Vous y trouverez notamment un entretien où Rony Brauman déplore que « l’idéologie interventionniste noie la réalité du Darfour sous un fatras compassionnel », et conclut en rappelant que « nous devons aussi nous défaire de l’idée qu’il revient aux occidentaux d’imposer l’ordre dans le monde. L’impérialisme, fût-il moral, est un désastre. »
Nous reprenons ci-dessous l’article écrit par les deux coordonnateurs du dossier.
Pour Immanuel Wallerstein, « la barbarie des autres, le devoir de mettre fin à des pratiques qui violent des valeurs universelles, la défense des innocents face à la cruauté des autres, la nécessité de faciliter la diffusion des idées universelles » sont « les quatre arguments de base qui ont toujours servi à justifier les “ingérences” des “civilisés” du monde moderne dans les zones “non civilisées” ». [1]
C’est bien ainsi que le président Nicolas Sarkozy justifie aujourd’hui l’implication croissante de la France en Afghanistan, oubliant les déclarations du candidat Sarkozy : « Si vous regardez l’histoire du monde, aucune armée étrangère n’a réussi dans un pays qui n’était pas le sien. »
Et c’est au nom de la civilisation que l’OTAN multiplie les bombardements et... les victimes civiles.
Nicolas Sarkozy a commencé son discours du 27 août 2008, devant les ambassadeurs français réunis à Paris, en évoquant l’Afghanistan :
« La France combattra les terroristes, partout où ils se trouvent, avec la conviction que le peuple afghan, appuyé par ses alliés, l’emportera sur la barbarie et pourra progressivement y faire face par lui-même ».
Ce qu’il n’a pas dit, c’est que la guerre menée par l’OTAN depuis bientôt six ans a renforcé les talibans, au lieu de les affaiblir. Les bombardements aériens renforcent le rejet par la population de ce qu’ils considèrent comme une occupation étrangère. Et il ne s’agit pas de bavures, mais bien d’une logique de guerre coloniale.
L’Afghanistan n’est pas sa première guerre hors de ses frontières : l’Algérie est un épisode particulièrement tragique dont on pouvait penser avoir tiré des leçons.
Combien faudra t-il encore rapatrier de cercueils pour que l’opinion se réveille de sa léthargie et que la classe politique ose dire l’absurdité d’un engagement militaire français dans les lointaines montagnes de l’Hindou Koush ? C’est la même question que posent à un an de distance, chacun à sa façon, le chroniqueur Roland Hureaux et l’anthropologue Emmanuel Terray.
Avec d’autres organisations, nous appelons, ce samedi 5 février à 14h30, à un rassemblement de solidarité avec les peuples en lutte de l’autre côté de la Méditerranée, sur le parvis des droits de l’Homme (devant la fac de droit).
Après plus de deux mois de manifestations dans toutes les villes de Syrie pour dénoncer la dictature et la corruption du régime de Bachar Al-Assad, celui-ci ne parvient à se maintenir en place que par le recours systématique à la terreur – les forces de sécurité tuant et torturant leurs propres concitoyens. C’est ce qu’illustrent les témoignages rendus publics par Human Rights Watch le 1er juin 2011 que nous reprenons ci-dessous. Vous trouverez à la suite un message de la présidente de la FIDH.
Selon l’ONU, au moins 2.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées depuis la mi-mars par les forces de “sécurité” du tyran syrien. Ali Ferzat est un des milliers de blessés : enlevé le 25 août 2011 à Damas, des sbires de Bachar al-Assad lui ont brisé les mains...
Pourquoi parler de lui ? ... C’est qu’Ali Ferzat est caricaturiste. Ses armes sont ses mains, qui combattent à coups de crayon les cruautés humaines. Nous n’oublierons pas Ali Ferzat, comme nous n’avons oublié ni le pianiste Miguel Angel Estrella dont les tortionnaires uruguayens brisaient les doigts il y a trente ans, ni le chanteur Victor Jara, assassiné le 15 septembre 1973 dans les geôles chiliennes, après avoir eu les doigts coupés à la hache.
Dans un rapport publié le 11 novembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse le régime syrien de « crimes contre l’humanité » dans la ville de Homs, ses forces perpétrant de manière systématique des « abus » contre les civils dans leur répression du mouvement de contestation depuis huit mois. D’après HRW, 587 civils ont été tués à Homs, haut lieu de la contestation, entre la mi-avril et la fin août, et au moins 104 depuis le 2 novembre.
L’ONG s’inquiète également de la hausse du nombre de morts et des cas de torture dans les geôles du pouvoir. Le procédé est toujours le même : les forces de l’ordre enlèvent certains opposants, sans en informer les familles, qui quelques jours plus tard reçoivent un appel téléphonique de l’hôpital public leur demandant de venir récupérer le corps...
Mise en place par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, une Commission internationale indépendante a enquêté sur les évènements de Syrie. De fin septembre à la mi-novembre, elle a pu avoir des entretiens avec 223 victimes et témoins de violations présumées des droits humains.
Dans son rapport, remis le 23 novembre et rendu public le 28 [2], la commission déclare que « des crimes contre l’humanité ont été perpétrés par l’Armée et les Forces de sécurité syriennes depuis le début des manifestations en mars 2011 », ce qui engage la responsabilité directe de l’État syrien. Elle appelle le gouvernement syrien à ouvrir des enquêtes indépendantes et impartiales sur ces violations et à traduire en justice les responsables présumés.
Des associations et organisations toulonnaises lancent un appel à une manifestation de solidarité avec le peuple syrien. Initié par l’association Varois pour la Paix et la Justice en Méditerranée (VPJM), l’appel était, à la date du 12 mars, signé par la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la FSU et le PC.
Une manifestation est prévue à Toulon samedi 17 mars à 15h, sur le Parvis des droits de l’Homme.
Pour se joindre aux signataires et pour toute information : 06 73 34 35 66 (VPJM).
Une manifestation de même nature est organisée à Paris, jeudi 15 mars à 18h30, sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Un an et demi après le début de la révolte déclenchée par une contestation populaire qui s’est militarisée au fil des mois face à la répression du régime, les violences en Syrie ne connaissent aucun répit. « Le bilan des pertes humaines est ahurissant, les destructions atteignent des proportions catastrophiques et la souffrance de la population est immense », a déclaré le médiateur international Lakhdar Brahimi.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus de 26 000 personnes ont péri depuis mars 2011, près de 250 000 Syriens ont fui leur pays et 1,2 million ont été déplacés. Un éditorial du Monde s’alarme de ce qu’il qualifie de « crime d’État sans précédent ».
Bien qu’aucune perspective de règlement n’apparaisse, la plupart des observateurs sont convaincus que le régime d’Assad finira par tomber. Mais on peut s’interroger avec Akram Belkaïd sur ce qui va suivre ... car « au pire peut toujours succéder l’“encore pire” ».
Selon les conclusions du premier séminaire consacré à la prise en charge des « traumatismes psychiques dans les armées », organisé le 3 décembre 2012 à l’hôpital du Val-de-Grâce par le Service de santé des armées, plus d’un demi-millier de militaires français – près de 7 % de ceux qui y ont été engagés – souffriraient de troubles psychiques à la suite de leur participation à la guerre en Afghanistan [3]. Ce phénomène n’est pas limité à la France : une étude de la RAND Corporation, publiée le 17 avril dernier, estime qu’un militaire américain sur cinq revenant d’Irak ou d’Afghanistan, soit 300 000 en tout, souffrirait de troubles psychologiques ou de dépression majeure [4].
La prise en charge de ces « blessés psychiques » nécessite un dispositif spécifique dont le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé récemment le renforcement [5].
Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié le 2janvier 2013 une analyse menée par des statisticiens qui a conclu à l’établissement d’une liste de 59 648 victimes du conflit syrien entre le 15 mars 2011 et le 30 novembre 2012.
« Etant donné que le conflit s’est poursuivi sans relâche depuis la fin novembre, nous pouvons supposer que plus de 60 000 personnes ont été tuées jusqu’au début 2013 », a déclaré mercredi la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay, qui a déploré que la communauté internationale n’ait « fait que bricoler pendant que la Syrie brûlait ».
A Bahreïn, petit archipel du Golfe, la dynastie régnante des Al-Khalifa est sunnite, alors que la population autochtone est en majorité chiite.
En février-mars 2011, un soulèvement populaire animé par des chiites réclamant une monarchie constitutionnelle a été réprimé par les autorités, avec le soutien de troupes venues des pays voisins du Golfe.
Depuis lors, le petit royaume reste secoué par des troubles : des Bahreïnis manifestent pour demander la démocratie et la liberté. La répression est dure – des condamnations, des morts par dizaines ... Des organisations de défense des droits de l’Homme et les Nations unies dénoncent, mais peu d’informations parviennent à l’extérieur : Bahreïn ne délivre pas de visas aux journalistes.
A voir : une émission de LCP consacrée à Bahreïn.
Dernière minute – Une manifestation de soutien : jeudi 14 février à 13h, place Igor Stravinsky, 75004 Paris.
Le 15 Mars prochain marquera les deux ans du début de la révolution syrienne. Le Comité de La Vague blanche, avec le soutien d’Amnesty International France, de la FIDH et de la LDH, organise ce jour-là un événement inédit, à savoir une manifestation internationale en solidarité avec le peuple syrien : « Une vague blanche pour la Syrie ».
Une guerre qui dure depuis 2 ans, des morts tous les jours – au moins 70 000 victimes depuis mars 2011. Lors du sommet européen du 15 mars 2013 à Bruxelles, François Hollande a réclamé la levée de l’embargo sur les armes pour l’opposition syrienne.
Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, s’exprime, à titre personnel, sur ce conflit et notamment sur le fait que la France veuille livrer des armes aux rebelles. Il avoue sa perplexité « parce que l’on ne sait pas très bien quel est l’objectif réel » : « s’agit-il de soutenir les forces qui entendent renverser le régime », ou « de rééquilibrer un rapport de forces pour obtenir un compromis politique? » « Est-ce qu’on livre des armes pour plus de violence ou, au contraire, pour parvenir à contenir la violence? »
« On a le choix qu’entre le pire et le moins pire. La question est : quel est le moins pire? »
Alors que le nombre de morts de la guerre en Syrie approche 100 000 et que le soupçon d’utilisation de gaz toxiques se fait plus insistant, un groupe de 13 organisations de défense des droits de l’Homme a soumis deux déclarations écrites concernant la Syrie au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies actuellement réuni à Genève. Les ONG y font part de leur inquiétude quant aux violations des droits de l’Homme toujours plus nombreuses dans le pays et qui visent en particulier les femmes syriennes, et elles appellent la communauté internationale à se prononcer fermement contre le climat actuel d’impunité dont bénéficient les auteurs de crimes internationaux.
Un massacre est un massacre et l’indignation ne doit pas être sélective. Après avoir déposé le premier président régulièrement élu de l’histoire de l’Egypte, la junte militaire a délibérément exécuté des centaines de ses citoyens. A balles réelles, dans la tête ou la poitrine, tirées par des hommes qui avaient reçu l’ordre de tuer. Les Frères musulmans ne représentent certes pas l’idéal des combattants de la liberté, certains – peu nombreux – étaient armés, mais l’essentiel des victimes restent des civils, abattus les mains nues. Le général Al-Sissi, le véritable homme fort du pays, a montré la vraie nature du régime qu’il entend instaurer par la force en Egypte. Une dictature militaire à la Moubarak. [...]
Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) dénonce dans un communiqué l’utilisation aveugle d’armes de destruction massive contre des populations civiles : cela constitue un crime contre l’humanité dont les auteurs doivent être déférés devant la Cour pénale internationale.
Nous reprenons à la suite un entretien où Rony Brauman expose qu’il lui semble nécessaire d’envisager des frappes ciblées car en ayant recours à des armes chimiques Bachar el-Assad a “franchi un seuil qualitatif”.
A propos de l’intervention militaire en Syrie, vous trouverez
- ci-dessous : le plaidoyer d’Edgar Morin en faveur d’un compromis
- en bas de cette page un enregistrement vidéo de la harangue d’un député britannique, farouchement opposé à l’intervention
- un lien vers l’argumentation de Rony Brauman pour des “frappes ciblées”.
D’après le HCR – Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies – plus de deux millions de personnes auraient fui la Syrie, environ 10 % de la population. Plus de la moitié seraient des mineurs.
Ces réfugiés restent en majorité dans les pays voisins. Mais certains États européens commencent à manifester leur solidarité en prévoyant d’accueillir de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes.
La France continue à refuser d’accepter des réfugiés syriens bloqués dans les camps de réfugiés.
La France va prendre des mesures pour faciliter l’accueil des réfugiés syriens et en accueillir davantage, a annoncé jeudi le chef de la diplomatie Laurent Fabius sur la RTL, alors que plusieurs associations ont critiqué Paris pour sa politique d’asile. « Nous avons donné des instructions pour que la demande de droit d’asile puisse être instruite beaucoup plus rapidement que dans le passé », a déclaré M. Fabius, indiquant qu’il agissait en concertation avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. « Nous allons aller vers un accueil plus large de toute une série de familles qui ont une attache avec la France », a-t-il affirmé.
« La France doit accueillir les réfugiés syriens ! », ont déclaré plusieurs associations dans l’appel lancé mercredi, et repris ci-dessous.
La Ligue des droits de l’Homme, avec le REMDH et la FIDH, continue à apporter son soutien à l’opposition démocratique syrienne.
Avec Amnesty international, elle considère que de nombreuses autres actions concertées de la communauté internationale sont nécessaires afin d’imposer l’obligation de rendre des comptes et d’atténuer la crise humanitaire qui sévit dans le pays.
Alors que la « menace chimique est écartée » en Syrie, Rony Brauman estime que « pour ce qui est de la conduite de la guerre, rien n’a changé ». Et il appelle la communauté internationale à faire pression contre Damas contre ce qu’il appelle les « blocus de la faim ». Il était, vendredi matin 1er novembre 2013, l’invité de France Info.
Trois ans de guerre en Syrie... Banksy n’en peut plus : il a projeté sur des bâtiments de Moscou, Londres et Paris, un film d’animation qui dénonce la terreur sans fin et les milliers de morts du conflit.
Source : With Syria
Le fils du roi de Bahreïn, est soupçonné par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) d’avoir ordonné, voire d’avoir pratiqué lui-même, des actes de torture sur des dissidents politiques lors de la révolte qui a secoué son pays en 2011, dans le sillage du printemps arabe.
La FIDH, l’EECHR et la LDH demandent aux autorités françaises de prendre exemple sur la décision rendue aujourd’hui par la Haute Cour de justice de Londres en abandonnant l’argument d’une prétendue immunité du prince.
Niouzes : destruction du site de Palmyre (Syrie) et incendie de la mosquée d’Auch (France).
L’Arabie saoudite est de très loin le premier acheteur d’armes françaises, et les leaders politiques hexagonaux sont aux petits soins avec les dirigeants du royaume pour perpétuer cette manne. Cette « obsession saoudienne » fait bon marché des droits de l’homme et des risques d’utilisation des armes françaises dans le conflit actuel au Yémen, où la coalition saoudienne est accusée de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays européens, les ventes d’armes françaises font partie du domaine réservé de l’exécutif, sans transparence ni débat public. [6]
Ci-dessous le communiqué signé, le 23 mars 2016, par 8 organisations, dont la FIDH, suivi d’une motion votée par le Parlement européen le 25 février 2016.
En 2015, la France a enregistré une année record dans le domaine des exportations de matériels militaires, et les pronostics sont également favorables pour l’année 2016. Beaucoup s’en réjouissent car ces contrats vont se traduire par des créations d’emplois… Mais il ne faut pas oublier que le commerce des armes entretient des conflits dans le monde et conforte des régimes où les droits de l’homme sont violés de façon systématique. Les exemples de l’Arabie saoudite, du Yémen et de la guerre qui s’y déroule sont éloquents [7].